12 novembre 2010 à 21h29 - Le Télégramme
Une stèle (*) à la mémoire des Tsiganes internés à Plénée-Jugon en 1940, a été inaugurée, aujourd'hui. Les filles d’une rescapée du camp de Villeneuve étaient présentes.
C’est avec les larmes aux yeux que Monique et Bernadette Mouvaux ont évoqué, aujourd'hui, un épisode douloureux de la vie de leur
maman, Rachel Lainenn. "Elle n’avait que quatre ans quand elle a été internée au château de Villeneuve, avec son frère Albert et ses parents, Charles et Alphonsine."
Comme la famille Lainenn, 6.000 Tsiganes ont ainsi été privés de leur liberté pendant la Seconde Guerre mondiale. "Dans le département, le préfet interdit la libre
circulation des nomades en octobre 1940, a rappelé Gérard Le Cam, sénateur-maire de Plénée-Jugon. Tous les Tsiganes des Côtes-d’Armor sont rassemblés au château de Villeneuve à Plénée-Jugon, qui
est réquisitionné".
"Nous avons toujours évité de parler de ce sujet avec notre mère. Il y avait trop de souffrance, poursuit Monique Mouvaux. Le film de Tony Gatlif "Liberté" a été
pour nous un véritable déclic. C’est à ce moment que nous avons entrepris des recherches sur l’histoire de notre famille et sur l’internement administratif des gens du voyage".
"Pourquoi ce silence ?"
Aujourd'hui, à Plénée-Jugon, Monique Mouvaux a pris la parole pour dénoncer les six années d’internement arbitraire de sa maman dans plusieurs camps. Elle s’est
également indignée contre ceux qui "utilisent la peur de la différence, la culpabilisation de la pauvreté, le spectre de la délinquance et de l’insécurité pour opposer les hommes entre
eux".
"Pourquoi l’Histoire n’a rien retenu de cette chasse aux nomades ? Pourquoi ce silence ?, s’est interrogée Annick Audoux, de la Ligue des droits de l’homme.
Aujourd’hui, nous avons un devoir de mémoire envers ces Tsiganes".
* L’initiative est commune à l’association Itinérance 22, la Ligue des droits de l’homme, les Bistrots de l’histoire et la commune de Plénée-Jugon.
- Nolwenn Tirel