blog du Npa 29, Finistère
4 mai 2010
«La souffrance au travail n'est pas un problème individuel mais un phénomène collectif issu de méthodes de gestion du personnel»... Le syndicat FSU de Pôle emploi veut créer un observatoire interprofes- sionnel.
Comment aider les autres dans leur recherche d'emploi, quand on se sent soi-même mal dans son travail? De nombreux salariés de Pôle emploi vivent mal une profession qui a beaucoup changé en quelques années. Une centaine d'entre eux, venus des quatre départements bretons, participent depuis hier à un stage sur la souffrance au travail organisé par la Fédération syndicale unitaire (FSU) Bretagne.
«On est en train de perdre le sens de notre métier. Mais on se sent coupables d'être mal au travail, parce qu'on a en face de nous des gens qui se trouvent dans une
situation pire que la nôtre», explique ClaudineLemasson, conseillère à Saint-Brieuc et secrétaire-adjointe régionale du FSU de Pôle emploi.
Déshumanisation
Mais que se passe-t-il donc dans cet organisme public, issu de la fusion entre l'ANPE (enregistrement des chômeurs, aide à la recherche d'emploi) et l'Assedic(gestion des dossiers
d'indemnisation)? «La fusion a entraîné une nouvelle organisation du travail, avec une augmentation de la charge par agent. Chacun gère maintenant un "portefeuille" de 300 dossiers, au lieu de
suivre une soixantaine de demandeurs auparavant.
Ce seul terme de "portefeuille" en dit long sur l'état d'esprit qui préside à cette réforme, avec une hiérarchie très présente, une politique d'objectifs, un travail individualisé. Et cette nouvelle organisation a été mise en oeuvre et poursuivie alors que la crise est venue changer la donne, et augmenter la charge de travail», explique encore la représentante syndicale.
L'externalisation de certaines tâches, la mise en place de plate-formes téléphoniques, la pression pour un travail toujours plus rapide viennent encore accroître la
déshumanisation du métier ressentie par les conseillers. Ce n'est pas un hasard si des syndicalistes de France Télécom sont invités à ce stage: les salariés les plus désemparés de Pôle emploi se
reconnaissent dans la détresse de leurs ex-collègues de la téléphonie.
«Un phénomène collectif»
«Il faut cesser de considérer la souffrance au travail comme un problème individuel lié à une fragilité personnelle. A ce stade, c'est un phénomène collectif», estime Jean-Luc Le Guellec,
secrétaire général du FSU Bretagne et professeur de collège. Le syndicat envisage la création d'un observatoire interprofessionnel de la souffrance au travail.