Médecins et personnels ont manifesté leur mécontentement, hier. Ils s'inquiètent sur l'avenir de la prise en charge des patients. Et dénoncent une vision sécuritaire de ce secteur.
Une dizaine de psychiatres de l'établissement public de santé mentale Etienne-Gourmelen ont suivi une grève de deux heures, hier. Par ailleurs, une vingtaine de personnels se sont rassemblés à 14 h à l'appel de Sud-santé. Tous protestent contre le projet de loi relatif aux droits des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques. Le texte est actuellement en discussion à l'assemblée nationale. « Nous sommes très inquiets sur l'instauration d'un fichier des malades consultable par les services de la préfecture, affirme un médecin. Dans cette loi qui nous éloigne du soin, on prévoit également une garde à vue psychiatrique. On est dans le tout sécuritaire et non dans le soin. »
Une loi « anachronique »
Psychiatres et représentants syndicaux regrettent également le caractère anachronique de cette loi. « Cela fait 30 ans que nous travaillons sur un projet de psychiatrie ouvert sur la ville, affirme Patrice Houard de Sud-santé. Le projet de loi, c'est un retour en arrière manifeste. » Même appréciation du côté des médecins. « 80 % des personnes suivies à Gourmelen le sont dans des structures extérieures à l'hôpital (une quarantaine). Parmi les 20 % des patients hospitalisés, une minorité l'est sous la contrainte. Le projet de loi focalise sur ces personnes que l'on stigmatise. Ce texte est anachronique et rétrograde. » Un autre praticien hospitalier ajoute : « La contrainte doit être l'exception. Notre relation au patient est basée sur la confiance. »
Soins à domicile
Autre point de discorde, la notion de soin ambulatoire contraint. « On pourra soigner une personne de force chez elle, ajoute un psychiatre. Cela prive les patients d'un espace identifié ou des soignants peuvent accueillir librement la souffrance psychique. » Et Sud-santé de s'interroger sur les moyens : « Pour instaurer des soins à domicile, encore faut-il que l'intendance suive, affirme Patrice Houard. Or, nous sommes en suroccupation chronique. »
Un contexte difficile
Sud-santé pointe la situation difficile de l'hôpital. « La direction nous annonce déjà des remplacements difficiles pour l'été, précise Patrice Houard. Il manque notamment une quinzaine de postes d'infirmiers. Cela veut dire que le personnel ne pourra plus prendre ses trois semaines pleines de congés. Ce que nous voulons, c'est un plan global de santé mentale, non pas avec un projet de loi liberticide, mais avec des moyens. »