« Je travaille pour Doux depuis 37 ans, ça représente tout, toute ma vie, je leur ai tout donné. » Gisèle travaille sur le site de Châteaulin, à l'abattoir. Hier matin, elle n'a pas fait toutes ses heures. Elle est sortie manifester et « montrer son mécontentement » avec une petite centaine de ces collègues. Avec comme espoir que « l'activité continue encore et encore ».
Mais pour beaucoup ici, l'espoir est bien mince. « Que va-t-on devenir ? Qui dit la vérité ? La confiance dans le groupe est totalement perdue. Nous en avons ras le bol ! » La journée d'hier était d'autant plus importante pour les salariés que c'était le jour de la paie. « Mais nos salaires ne sont toujours pas versés. Je vais appeler ma banque... »
Les représentants syndicaux présents au Comité central d'entreprise (CCE) tentent de leur donner des explications mais surtout des informations.
Salaires versés dans la journée
En fin de matinée, un texto de Nadine Hourmant, Force ouvrière, tombe : « Les salaires seront bien versés dans la journée. »
Un premier soulagement pour les salariés mais qui est loin de répondre à toutes leurs questions. « C'est déjà ça, mais le mois prochain, et celui d'après ? Notre emploi n'est pas encore garanti. » Certains le disent franchement : « Dès lundi, je vais chercher un travail ailleurs, je ne sais pas où mais je veux partir. »
Une vague de licenciements annoncée
Et ce n'est pas rien de le dire. À la sortie du CCE, vers 16 h, les représentants syndicaux ont décidé de rompre les discussions. « On nous annonce une première vague de licenciements du côté administratif », explique Nadine Hourmant. Les 130 personnes travaillant au siège de Châteaulin seraient donc les premières visées. « Nous sommes abasourdis. Nous ne pouvons pas cautionner cela », souligne Jean-Luc Guillart, CFDT.
Pour les salariés présents c'est la chute. « Ce matin nous avions confiance, cette après-midi moins », déplore Valérie, salariée depuis sept ans. « Notre travail on se l'approprie, si on nous l'enlève, c'est comme une partie de nous-même qui s'en va aussi. » Nadine Hourmant ajoute « Plus on va, plus le groupe Doux nous casse psychologiquement et physiquement. On a voulu essayer d'y croire, aujourd'hui on n'y croit plus. »
Raymond Gouiffès, CGT, donne rendez-vous aux salariés le 11 juin au siège du groupe Doux à Châteaulin, lors de la venue de Guy Odri (ancien directeur général) et Herrick Pinguet (ancien secrétaire général).
Élodie RABÉ