Le ruisseau du Quinquis est régulièrement victime de pollution. Les riverains n'accusent personne. Mais regardent d'un oeil bizarre les entreprises du secteur. Visite sur place pour juger sur pièces.
Une balade pour juger
Pollué le ruisseau du Quinquis ? Des années qu'ils le disent ! Vendredi, le Carepa, collectif d'associations agissant pour le retour à l'eau pure et l'assainissement de cette rivière, en a apporté la démonstration à des élus et des représentants du Sivalodet. Une balade le long du ruisseau pour juger avec les yeux. Et ne plus nier l'évidence.
Au début, une eau claire
Direction la source d'abord, au pied de l'usine Doux dans la zone d'aménagement de Kergonan. Là, dans un trou, une cascade sort de terre. « L'eau est claire. Rien à dire ici », lance Youen Henry, le porte-parole du Carepa. C'est à une centaine de mètres seulement, de l'autre côté de la route de Rosporden, que ça se corse.
Les entreprises coupables ?
À deux pas de Quimper récupérations (une entreprise de récupération de métaux), le Quinquis jaillit d'une buse. Des bulles blanches flottent à la surface. D'où vient cette pollution ? Mystère. « On le saurait si le ruisseau était à ciel ouvert comme on le demande depuis longtemps », soupire Yves Le Ber, trésorier du collectif. Le Carepa ne veut « accuser personne »... Même s'il estime que la pollution provient vraisemblablement d'une ou de plusieurs entreprises du coin : Père Dodu, Monique Ranou, Point P, la société de transports Adam De Villiers, l'entreprise de nettoyage industriel Le Goff confort...
Des bassins inefficaces
Plus loin, on visite maintenant des bassins de rétention censés retenir l'eau. Problème, l'un, dans la zone de Kergonan, est... vide, malgré les pluies diluviennes tombées du ciel ces derniers temps. Et l'autre, près de l'Etap hôtel au pied de la voix express, déborde. « Ils ont été mal faits », peste Didier le Pacé. Cet agriculteur exploite une des deux dernières fermes de la vallée du Quinquis (en 1960, il y en avait une vingtaine). Et il en a plus qu'assez de voir, à la première averse, ses prés inondés parce que les bassins de rétention ne jouent pas leur rôle. « Avec ce que la rivière charrie, ça empoisonne mes terrains. Que fait la police de l'eau ? »
« Tout est grillé »
Il jette un oeil triste à la rivière. À cet endroit, elle est rouge. Puis noire. « Dire que mes enfants venaient jouer là il y a 25 ans, se souvient Eugène Bevan, trésorier du Carepa. C'était très poissonneux. Aujourd'hui tout est grillé. Il n'y a plus rien. » Youen Henry opine : « Comment voulez-vous que quoi ce soit vive là-dedans ? ! C'est tellement pollué que même les mauvaises herbes meurent ! » À peine a-t-il terminé sa phrase qu'on aperçoit un tuyau sortir de terre. Une eau blanchâtre en sort et se déverse directement dans la rivière. De l'autre côté du tuyau, derrière une bute, l'entreprise Cornouaille enrobée.
« Des hydrocarbures ? »
Alors ? Denez L'Hostis, élu municipal et vice-président de Quimper Communauté en charge du développement durable, secoue la tête : « Le Quinquis est pollué, c'est indubitable. Maintenant qu'y trouve-t-on ? Des hydrocarbures, des métaux lourds ? On n'en sait rien. Il va falloir mesurer. » À ses côtés, Martine Petit, adjointe chargée de la participation à la vie démocratique, assure que la Ville travaillera avec le Carepa « pour trouver des solutions ». Et Christine Salabert, présidente du Sivalodet, promet de « voir comment le syndicat pourrait intervenir ».
Une cinquantaine de plaintes
En attendant, Youen Henry a déposé une nouvelle plainte contre x pour pollution auprès de la préfecture. « Une de plus. Ça doit être la cinquantième. Et on n'a toujours pas de résultat. Avant les vacances, le préfet nous avait promis une table ronde à la rentrée. On attend toujours. »