François Hollande ne cesse de rappeler sa promesse électorale de "réduire la part du nucléaire à 50 % d’ici 2025". Mais que veut dire au juste cette proposition ?
Interview de Bernard Laponche
S’agit-il, ou pas, de fermer des réacteurs ? Et quelle trajectoire énergétique la France semble-t-elle prendre au vu des orientations actuelles ? Pour répondre à ces questions, nous avons sollicité le point de vue de Bernard Laponche, expert en politiques de l’énergie et de maîtrise de l’énergie et membre de l’association Global Chance.
1. Réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique, ça veut dire quoi exactement ?
L’expression "mix énergétique" (certains disent aussi quelquefois le "bouquet énergétique") est utilisée pour décrire l’ensemble des sources ou des produits énergétiques qui contribuent à une certaine production ou consommation d’énergie, avec la part de chacun.
On peut parler du mix énergétique de la consommation d’énergie primaire d’un pays (sources naturelles à l’origine des produits énergétiques que nous consommons : charbon, gaz fossile dit gaz naturel, pétrole, uranium, biomasse, hydraulique, éolien, solaire photovoltaïque ou thermique, géothermie), ou de sa consommation énergétique finale de gaz, essence, fuel, électricité, bois...(consommation par les utilisateurs finals : industrie hors industries de l’énergie ; transports ; résidentiel, tertiaire, agriculture).
Votre question porte en fait sur le mix énergétique de la production d’électricité et elle se réfère à l’engagement du Président de la République de "réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% aujourd’hui à 50% en 2025".
Pour l’année 2010, le mix énergétique de la production brute d’électricité en France est le suivant : 75% nucléaire (électricité produite à partir de la chaleur produite dans le réacteur nucléaire à combustible uranium), 10% fossile (combustion de gaz, charbon, produits pétroliers), 12% hydraulique (barrages), 3% autres énergies renouvelables (éolien, biomasse, photovoltaïque). Ces valeurs sont pour la France métropolitaine, y compris la Corse.