blog du Npa 29, Finistère
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lundi 4 février 2013 Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 180 (31/01/12)
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« 50 ans d’amitié » : le grand cirque officiel est lancé. Le traité de l’Élysée scella en effet à la réconciliation et le démarrage du moteur de l’unification européenne. Mais aujourd’hui, derrière les grandes proclamations, il y a la crise, dont le déclin inexorable de l’enseignement de la langue de l’autre est la manifestation tangible…
Depuis le début des années 80, les capitalistes français ont commencé à perdre des positions par rapport aux Allemands. Une
augmentation considérable du déficit commercial entraîna un affaiblissement du franc. La menace d’un bradage de l’industrie planait. Mitterrand appuya sur le frein et engagea très tôt des
discussions avec le gouvernement allemand (c'est-à-dire bien avant l’effondrement de la RDA) en vue d’aboutir à une monnaie commune à l’intérieur de la communauté européenne. C’est à ce moment
que fut donné le coup d’envoi de l’union monétaire, et non pas comme on le dit parfois dans une tractation entre Mitterrand et Kohl lors de la chute du Mur, « réunification contre abandon du
Mark ».
Tout en consentant un effort énorme en direction de ses nouveaux Länder de l’Est, le capital allemand a pu très largement bénéficier de la monnaie unique, en
réussissant à imposer aux salariéEs des régressions. Ce fut le fameux Agenda 2010 du gouvernement SPD-Verts sous Schröder. L'excédent du commerce extérieur allemand avec la seule la zone euro est
maintenant de l'ordre de 850 milliards d'euros.
Mais avec l’échec de l'euro comme contre-projet face au dollar, c'est la force qui poussait à intensifier la relation particulière entre la France et l'Allemagne qui
disparaît. Du fait des trop grandes oppositions entre capitaux nationaux, la tendance en Europe est donc à la dispersion.
Le tournant
Jusqu'à maintenant l'Allemagne avait grandement bénéficié de l'union monétaire et pouvait limiter l'impact de la crise. Mais plus il y a de pays touchés, plus la
crise s'approche de l'Allemagne. Le développement de la crise économique en France est un élément clé. Avec elle, sont progressivement sapées les bases de la relation privilégiée entre la France
et l'Allemagne, car la France n’a tout simplement pas la capacité de poursuivre la politique de Merkozy de la même manière. Elle va donc faire tout son possible pour obtenir une mise en commun de
la dette.
Un échec de l'euro serait un revers aux conséquences absolument dévastatrices pour le grand capital allemand et « l'amitié franco-allemande ». La monnaie allemande
devrait être réévaluée d'au moins 30 %. Mais quoi qu’il en soit, les conditions qui permettaient une alliance privilégiée – et donc une politique européenne commune – entre la France et
l'Allemagne sont en train de disparaître.
Reste la nécessité de construire une solidarité de combat des exploitéEs, par exemple dans la lutte commune contre les suppressions d’emploi dans l’automobile, chez Opel à Bochum comme chez PSA à Aulnay.
Pierre Vandevoorde