11 novembre 2012 -
Une nouvelle mobilisation contrele projet del'aéroport deNotre-Dame- des-Landes (44) a réuni, hier, à Rennes, entre 800 personnes, selon la police, et plus de 2.000, selon certains organisateurs. Une manifestation qui s'est ouverte par un défilé d'une centaine de tracteurs vers la place de la Mairie.
C'est vers 10h30 que les premiers tracteurs sont arrivés. Environ 70 engins, venus d'Ille-et-Vilaine mais aussi de Loire-Atlantique, se sont regroupés au sud de Rennes et une trentaine aunord. «On est parti de Vigneux-de-Bretagne (44), près de Notre-Dame-des-Landes, ce matin, vers 5h. On a formé un convoi de 25 tracteurs pour rejoindre Rennes après environ 120 km par les petites routes, explique Jean-Luc.
J'ai participé à toutes les manifestations depuis 2000. Alors, je devais être là, aujourd'hui aussi». Au cours de leur parcours dans lecentre-ville, les
agriculteursont déversé symboliquement de laterre devant leslocaux de Rennes Métropole pour «demander aux élus dudépartement de revoir leur position» sur ce dossier, puis place de la
Mairie.
Solidarité
Les paysans présents voulaient, avant tout, mettre en avant leursolidarité avec leurs collègues, directement touchés par leprojet d'aéroport qui devrait s'étendre
sur plus de 1.650 hectares. Philippe Bonenfant, agriculteur à Martigné-Ferchaud (35), est venu au volant de son tracteur pour participer à la mobilisation. «On est là en soutien aux gens de
là-bas. Cela peut arriver n'importe où.
C'est un projet du passé qui participe à la disparition de laterre agricole. Au rythme où l'on va, il n'y en aura bientôt plus. Il y a bien d'autres choses à faire
au niveau du transport pour tous. Ce n'est pas une priorité, c'est une aberration». Une solidarité portée également par l'ensemble des manifestants, venus entendre les différents discours
dénonçant un projet «inutile et imposé», engageant des «dépenses illégitimes et injustifiables» et aux conséquences environnementales «désastreuses».
Détermination
Les manifestants ont également fustigé «les méthodes employées» pour procéder aux expulsions en cours depuis le16octobre. Au vu de «l'opposition grandissante»,
certains n'hésitent pas à faire le parallèle avec un «nouveau Larzac» ou encore «un nouveau Plogoff». Ainsi, l'élu de Loire-Atlantique, Gilles Denigot a-t-il déclaré: «Le nucléaire, c'était aussi
un grand combat comme à Plogoff (29) et on a gagné. Et nous gagnerons aussi ce combat, tous ensemble. Notre détermination dans la lutte, c'est l'abandon de ce projet d'un autre temps».
Réoccupation de la Zad de N-D-des-Landes
Enfin, les deux associations ayant initié ce rassemblementrennais, le Collectif 35 et Copain 35, soutenu par différents partis et associations de gauche, ont déjà
appelé à un nouveau rassemblement de réoccupation de la Zad (zone à défendre), prévue samedi prochain sur le site de Notre-Dame-des-Landes.
Environ 2 000 personnes ont manifesté samedi dans le centre de Rennes contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
Cette manifestation contre le projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landes entend dénoncer un projet « inutile, coûteux, destructeur de la nature et des terres agricoles », alors que de nouveaux affrontements entre opposants et forces de l'ordre ont encore eu lieu cette semaine en Loire-Atlantique.
Parallèlement, une autre manifestation était organisée à Paris, à laquelle quelque 700 personnes, dont le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé et le député vert Denis Beaupin, ont participé, selon la police.
«Un sujet de désaccord entre les socialistes et nous»
«On est là parce qu'on pense que ce projet est un non-sens complet sur le plan écologique et économique», a déclaré M. Beaupin. «C'est un sujet de désaccord connu, acté entre nous et les socialistes», a-t-il poursuivi, assurant que cela ne remettait pas en cause la solidarité gouvernementale.
Ces deux manifestations étaient organisées avant un nouveau rassemblement, samedi prochain, à Notre-Dame-des-Landes.
A Rennes, tous les organisateurs ont d'ailleurs appelé à une «grande mobilisation» pour cette nouvelle action alors que sur le terrain se multiplient depuis mi-octobre des heurts entre opposants, certains occupant des fermes et des cabanes, et forces de l'ordre.
De la terre déversée devant l'Hôtel de ville
En début d'après-midi, certains manifestants, suivis d'une centaine d'agriculteurs au volant de leurs tracteurs, ont défilé dans le centre de la capitale bretonne et rejoint plusieurs centaines de personnes rassemblées sur le parvis de l'Hôtel de ville.
De nombreux manifestants portaient des tournesols, des drapeaux d'EELV, du Front de gauche ou du NPA notamment.
Symboliquement, de la terre a été déversée sur la place. «C'est de la terre qu'on veut, des gens qui peuvent en vivre, c'est pas du bitume, pas des avions», a commenté une oratrice, perchée sur la benne d'un tracteur.
«Halte au saccage du bocage», «La terre aux paysans», pouvait-on lire sur des banderoles accrochées sur des barrières ou sur des tracteurs. Mais aussi, comme à Paris, «Non à l'Ayraultport».
«La création de cet aéroport est incohérent et irresponsable»
Porté par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, le projet va couvrir «1.650 hectares, avec une surface à bitumer de 750 ha dans un premier temps», a assuré un organisateur.
Encourager la disparition de terres agricoles «par la création de cet aéroport est incohérent et irresponsable», a déclaré Gaëlle Rougier, conseillère régionale EELV à la région Bretagne, qui a fustigé la «destruction du bocage, de la lande, de la forêt et des zones humides».
Pour Patrick Anne, un porte-parole du Collectif 35 contre Notre-Dame-des-Landes, le projet est «inacceptable» dans la mesure où «il y a déjà un aéroport à Nantes, un à Rennes, un à Angers, un à Saint-Nazaire». Appelant à «être nombreux» samedi prochain, Marie et Camille, qui vivent sur place, ont assuré que «tant que nous sommes là, ni les travaux, ni la destruction de la forêt ne pourront commencer».
«Vinci dégage», ont aussi scandé des manifestants. La concession du projet, qui a vocation à remplacer l'actuel aéroport de Nantes en 2017, a été attribuée à ce groupe dans le cadre d'un partenariat public-privé.
Le projet est défendu par l'UMP et le PS majoritaire dans les collectivités locales concernées. S'y opposent, outre des agriculteurs et propriétaires qui refusent leur expropriation, des jeunes occupants anti-capitalistes, EELV, le Modem ou le Parti de gauche.
Le centre-ville de Rennes bloqué
En fin de matinée, 66 tracteurs qui se sont rassemblés à la Bintinais et 34 autres à Betton, convergeaient vers le centre-ville de Rennes et la place de la mairie. La gendarmerie mobile, de son côté, était déjà postée en début de matinée près de la gare de Rennes.
Vers midi, la manifestation et les tracteurs bloquaient la circulation sur l'avenue Janvier et rendaient difficile l'accès aux quais, en plein centre de Rennes. Une centaine de tracteurs ont convergé vers le centre de Rennes. Les manifestants se sont rassemblés place de la Mairie où de la terre a été symboliquement déversée.
Un autre appel à manifester est lancé pour le 17 novembre sur le site de Notre-Dame-des-Landes.