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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 11:23

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Si nous nous permettons une accroche aussi provocatrice, inspirée de la réplique « culte » de Gabin dans « La traversée de Paris », c’est parce que, au-delà de sa brutalité, elle nous semble bien résumer la tendance croissante de la part des gouvernements, en Belgique comme partout en Europe,

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à « responsabiliser » - comprenez culpabiliser, voire criminaliser [1] - les pauvres, les précaires et les bénéficiaires des divers régimes de protection sociale.


Tous coupables à un titre ou à un autre d’être des « inactifs » et « improductifs », accusés de grever les finances publiques et, surtout, d’être « fautifs » de leur propre sort – voire des profiteurs du système [2], puis celle de l’assurance-chômage deux ans plus tard par son correligionnaire Frank Vandenbroucke, mais qui s’est depuis propagée à l’ensemble du secteur social et de la santé [3] – y compris mentale [4].


Et un revirement complet de la philosophie sous-tendant le travail social, fondé sur un double postulat très idéologique : d’une part, le prétendu « Etat Providence » [5] aurait vécu, car bien trop « généreux » et de ce fait osbolète et intenable, crise économique oblige, et par dessus le marché (si on ose dire), il représenterait une dépense purement « passive », confortant en quelque sorte les pauvres dans leur condition, plutôt que de les inciter à s’en sortir.


Il ne se passe d’ailleurs plus une semaine sans qu’on entende l’une ou l’autre diatribe contre « l’assistanat », douteux néologisme d’inspiration néo-libérale [6]. En conséquence, de façon croissante, ceux taxés d’être des « assistés » sont suspects de se complaire dans leur statut, et sommés de se justifier, de rendre des comptes, de donner toujours plus de preuves de leur bonne foi [7] et de leur (bonne) volonté à se « reprendre en main » et à faire « des efforts »... le tout sous le noble alibi de leur « responsabilisation ».


Ce seraient donc à la fois des objectifs budgétaires et sociaux, mais aussi moraux, qui aurait été à l’origine de cette révolution copernicienne, prônant « l'activation » tous azimuts. Cela, que ce soit à travers une (re)mise au travail plus ou moins volontaire ou forcé(e), des formations fort peu qualifiantes, ou des projets « occupationnels » soi-disant désintéressés, mais visant le plus souvent à accroître « l’employabilité » de leurs participants [8]... le tout dans une perspective du « tout à l’emploi, tous au travail », quels que soient leur (piètre) qualité.


Bref, on assiste au retour au grand galop des « bons pauvres, méritants » et des « mauvais pauvres, blâmables », selon la conception moralisatrice et culpabilisante qui présidait aux oeuvres de charité, et qui a largement perduré jusqu’à la création de la Sécurité Sociale au sortir de la guerre. Laquelle a heureusement rompu avec cette approche « disciplinaire » - tout comme, trente ans plus tard, l’instauration du minimex et des Centres Publics d’Aide Sociale, remplaçant les antiques et caritatives « Commissions d’Assistance Publique »... des avancées hélas sérieusement mises à mal depuis le début des années 2000, on l’a dit

Qui est (in)digne ? Le système, sa crise et ses serviteurs... ou ses victimes ?

Qui plus est, suprème habileté, ce discours méprisant et souvent d’une rare violence est enrobé de considérations soi-disant humanistes et progressistes, au nom de la promotion de l’autonomie, de l’émancipation et de la « capacitation » [9] des individus. C’est l’éternelle rengaine en appelant à l’amour-propre et à la « dignité » de ceux contraints de faire appel à la solidarité collective... comme si ces derniers faisaient preuve de « laisser aller », voire de veulerie, du seul fait de ce recours !


Une injonction particulièrement choquante et paradoxale, alors que, tant qu’à parler d’indignité, ce qu’il faut fustiger, c’est bien plutôt que, en plein coeur de nos sociétés « riches » et même opulentes, un nombre toujours plus grand de personnes soient contraintes pour survivre de dépendre du chômage ou des CPAS. Sans parler de l’explosion de handicaps et de maladies liées à la surexploitation sur le marché du travail, ou au contraire à l’exclusion de celui-ci et à la misère qui s’ensuit.


Et, d’autre part, que face à cet afflux, les divers organismes de protection sociale en viennent à pratiquer une logique de plus en plus sélective et restrictive, entre réduction du montant et de la durée des allocations, limitation de leur octroi, et enfin, substitution d’avantages qui n’étaient certes pas inconditionnels, mais du moins « acquis » dès lors qu’on était un « ayant droit », par d’autres de plus en plus conditionnels... et conditionnés à des programmes et autres « contrats » arbitraires et imposés, dont la non « réussite » peut entraîner la suspension, voire la suppression pure et simple !


Bref, que l’ensemble de ces politiques interdisent à une fraction croissante de la population, et avant tout de ses couches les plus discriminées et vulnérables, d’avoir accès à une vie « conforme à la dignité humaine », pour reprendre la définition officielle de la mission des CPAS. Comment peut-on sérieusement prétendre remplir celle-ci tout en allouant des revenus de remplacement largement inférieurs au seuil de pauvreté et toujours plus « mégottés », et encore, en les assortissant de conditions « éliminatoires » ?

Sacrifiés « pour l’exemple »

Une évolution d’autant plus scandaleuse que, nonobstant le matraquage qui vise à nous convaincre que la sauvegarde financière de la Sécu (et de l’aide sociale résiduaire) serait à ce prix, l’ensemble de ces restrictions sont d’un « rapport » très faible par rapport au budget total du secteur [10]– sans compter le surcoût même de la mise en oeuvre de cette politique en moyens humains et matériels, procédures et contrôles divers... inflation de tâches administratives dont se plaignent tous les travailleurs sociaux, et singulièrement ceux des CPAS.


Monica De Coninck elle-même avoue d’ailleurs sans complexe que la prétendue « fraude sociale » tant conspuée est négligeable statistiquement et budgétairement... mais maintient néanmoins qu’elle doit être combattue implacablement, car elle saperait le soutien dont la protection sociale jouit au sein de la population. Donc, quand bien même les épouvantables et très marginaux « abus » sont en fait une paille dans les équilibres globaux, il faudrait exiger de chaque bénéficiaire d’une quelconque forme d’aide publique qu’il fasse la démonstration qu’il « mérite sa tartine »... pour paraphraser une assistante sociale acquise aux bienfaits de l’activation.

Vae victis...

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Denis Desbonnet, journaliste et animateur, actif dans la défense des droits des précaires.

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http://www.avanti4.be/analyses/article/salauds-d-assistes

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