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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 09:17

Par Sophie Péchaud (21 septembre 2012)


La « liberté de se prostituer », ultime argument du post-féminisme ?

 

Pour Sophie Péchaud, présidente de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AFVT), derrière cet oxymore se cache plutôt une théorie économique bien éloignée de toute pensée novatrice : le capitalisme. Ou quand la pénalisation de la prostitution devient une atteinte à la « liberté du consommateur »...

 

Se prostituer librement, voilà l’aboutissement ultime du post-féminisme, entend-on de manière dominante depuis longtemps, et plus encore depuis que la ministre des droits des femmes a affirmé sa volonté de pénaliser les clients de prostituées.


Depuis, tous les médias se sont empressés de donner la parole aux agent-e-s de la marchandisation du sexe.

 

Cet été, une émission sur France Inter [1] à travers la voix d’une productrice clairement de parti-pris, a ouvertement fait l’apologie de la « libre prostitution » pendant deux heures, réduisant la position abolitionniste au rang des combats féministes les plus ringards et dépassés.


« Faire le choix de se prostituer librement » représenterait désormais ce qu’il y a de plus visionnaire et progressiste, car « louer » son sexe, son anus ou sa bouche pour en faire commerce serait affirmer sa liberté sexuelle en disposant de son corps comme on l’entend. Pénaliser les clients de prostituées serait une atteinte aux libertés individuelles, à la « liberté du consommateur » dans une société ultra-sécuritaire [2].


La prostitution, produit capitaliste


À l’image de cette prétendue dérive répressive, la nouvelle loi sur le harcèlement sexuel tendrait à « faire du contrôle social, à mettre en place les mesures de l’ordre moral » [3]. Tribunes, articles, interviews, portraits.... Les bons petits soldats de la société patriarcale sont de sortie pour le retour de bâton. Discours progressiste ? Rebelle ? Punk ? Libertaire ? Vaste blague ! Néo-libéral, capitaliste, ringard, dépassé, sénile, snob... oui. « Post-féministe », c’est-à-dire après la mort du féminisme, certainement.


Car derrière la soi-disant « liberté de se prostituer », se cache (à peine) une théorie économique éculée vraiment très loin de toute pensée novatrice : le... le... capitalisme. Et une organisation politique et sociale tout à fait subversive : le patriarcat. Fichtre ! Le capitalisme et le patriarcat, c’est le nouveau féminisme !


Les personnes se réclamant d’un « nouveau féminisme » plus libre, plus « fun », ne disent rien de plus que les plus vieux théoriciens du libre-marché et toutes celles et ceux qui refusent de s’émanciper de structures patriarcales ancestrales. Tant qu’il y a de l’offre et de la demande... Ce bon vieux paradigme économique a la peau dure et les dents bien acérées. Qu’importe les personnes pourvu qu’on ait l’argent.


La liberté de se prostituer ? Une chimère !


Sur France Inter le 23 août, on a pu entendre ceci : « Vous avez des femmes qui pour arrondir leur fin de mois, se vendent pour quelques heures. Que ce soit triste, d’accord, mais c’est leur problème, ce n’est pas le nôtre » [4].

 

Tout est dit. Ce n’est pas le leur, ce n’est pas le problème de celles et ceux qui n’ont pas besoin d’arrondir leurs fins de mois. Ces hérauts du « féminisme moderne » vantent une illusion présentant la prostitution comme un choix, une liberté, un travail. Or, gagner de l’argent, subvenir à ses besoins, est une contrainte vitale pour toutes les personnes non-rentières, soit l’immense majorité de la population.

 

En faisant de la prostitution le « must » de la ré-appropriation de sa sexualité, ils et elles transforment de fait cette dernière en contrainte et non en plaisir. Quelle audace ! « La liberté de se prostituer » n’est qu’un oxymore de plus, une association de malfaiteurs.
 Comme toutes les chimères, elles ne sont jamais là où on les croit.


Sophie Péchaud, présidente de l’Association européenne contre les Violences faites aux femmes au travail (AVFT)

Notes

[1] Emission « Les Mutants » - Agathe André Le post-féminisme (1/2) : mères, épouses, victimes... et si les femmes étaient les ennemies de leur libération ? (18/08/2012) Le post-féminisme (2/2) : sexualités licites et illicites, le post-féminisme sera Queer ! (19/08/2012)

[2] Elisabeth Badinter (deuxième actionnaire et présidente du conseil de surveillance du groupe Publicis, créé par son père), dans l’émission Le post-féminisme (2/2) : « Pourquoi l’Etat doit se mêler de légiférer la sexualité ? Je trouve ça très grave.(...) C’est leur liberté d’adulte et du consommateur, si cette femme est consentante. »

[3] Alain Gérard Slama, dans l’émission « On refait le monde » / RTL / (02/08/2012)

[4] Régine Desforges, France inter, « 5 minutes avec Bruno Duvic » (23/08/2012)


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