link23 novembre 2010 - Le Télégramme
Négociations à haut risque aux Transports Le Gal. La société, en cessation d'activité, fait l'objet d'une offre de reprise du groupe Malherbe. Inquiets, les grévistes exigent des garanties. Hier à 22h, ils ont voté la levée de la grève.
Dimanche soir. Le personnel des Transports Le Gal se met en grève (la première depuis 30 ans) et s'installe devant les grilles pour une longue nuit. Ils ne sont que 30 à 22h mais au fil des heures d'autres chauffeurs se joignent au mouvement.
Jean-Michel Robert, délégué CFDT, abat ses cartes: il exige un rendez-vous avec Alain Samson, Pdg du Groupe Malherbe à l'origine de la seule offre de reprise de l'entreprise Le Gal, pour obtenir des garanties sur l'emploi et les conditions de travail chez Malherbe. Il demande la reprise de 75 et non 66 des 125 salariés.
Lundi, 6h.Les salariés sont toujours là. Xavier et Anthony, conducteurs, ont les traits tirés: «On a dormi trois heures et la nuit a été froide. Mais le moral est bon». 8h. Christian Le Gal, directeur, arrive et dialogue en vain avec les grévistes. Il ne comprend pas le mouvement: «Il y a eu communication: les salariés ont vu Malherbe il y a quinze jours et il a été clair. Au tribunal, il n'y a eu aucune remarque des salariés... Les rendez-vous, ils les auront. Pas besoin de faire grève. D'autant plus que le tribunal de commerce ne se prononce que mercredi». Au téléphone, on rassure les clients...
L'enjeu est important: sur le parking, les camions chargés attendent et la société n'a pour seul actif que son portefeuille clientèle que Malherbe se propose de racheter de même que l'enseigne. 10h. Maître Sophie Gauthier, administrateur judiciaire, arrive et rencontre Christian Le Gall. Elle va à la rencontre de Jean-Michel Robert mais ce dernier exige de la rencontrer accompagné de Jean-Paul Le Dantec, secrétaire régional CFDT Transports et lui demande de patienter plus d'une heure. Celle-ci s'étonne: «On est en plein contexte procédural et il n'y a pas eu de préavis. Il y a une inquiétude mais le cadre légal pour répondre aux observations c'est le comité d'entreprise de lundi prochain. Attention à ne pas porter préjudice, il faut laisser à l'entreprise toutes ses chances».
14h45. Averse! Les salariés se replient dans les garages avec les représentants syndicaux et l'administrateur. Au fil des heures se crée un clivage: d'un côté les jusqu'au-boutistes partisans de la poursuite de la grève et de l'autre ceux qui voudraient reprendre le travail. Car la poursuite du mouvement jusqu'à mercredi fait peser un gros risque: le retrait de Malherbe et la liquidation pure et simple des Transports Le Gal.
16h. Les syndicats entament une longue négociation avec Alain Samson par téléconférence. 19h. Malherbe propose: le maintien des contrats comme définis à l'origine (169 h) avec paiement des heures supplémentaires s'il y a lieu, une plage horaire plus large pour les sédentaires (8h-20h) la journée de grève payée, la priorité aux courses de 300km, et limiter le national aux régions Est et Rhône Alpes...
Les contrats seraient repris pour trois ans. 42 chauffeurs seraient gardés pour les longues distances et douze pour les courtes distances, selon une source proche des négociations. 20h. Les salariés votent à bulletin secret pour la poursuite de la grève (48 pour et 30 contre).
Le point d'achoppement: les heures supplémentaires. Christian Le Gal rappelle Alain Samson qui apporte des précisions: 186 h pour les longues distances et 180 pour les courtes. Renégociations...
22h. Les grévistes votent la levée de la grève. Les négociations se poursuivent ce matin.