La militante basque française Aurore Martin, membre de Batasuna, a été arrêtée jeudi 1er novembre à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) en exécution d'un mandat
d'arrêt européen émis par l'Espagne, pour être remise quelques heures plus tard à la police espagnole.
Joignant sa voix à tous les syndicats, organisations, partis politiques et militantEs progressistes qui ont dénoncé cette opération policière et exigé la libération
de la militante basque, la LCR condamne l’arrestation et l’extradition d'Aurore Martin et considère que les persécutions de militantEs et les services rendus entre flics français et espagnols ne
sont pas la bonne façon de solutionner la question basque qui ne se réglera que dans le cadre du droit à l’autodétermination du peuple basque qui n'a pas cessé de le réclamer depuis des
décennies.
LCR-Web
Indigne !
La militante basque Aurore Martin a été incarcérée vendredi 2 novembre à Madrid, après avoir été extradée vers l'Espagne par les autorités françaises. Son
extradition a provoqué l'incompréhension et l'indignation.
Aurore Martin a été arrêtée dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen émis en 2010 par l'Espagne.
Les autorités espagnoles l'accusent d'avoir participé à des conférences de presse et écrit des articles d'opinion au nom de Batasuna, parti interdit en Espagne, mais
légal en France. La jeune militante risque 12 ans de prison en Espagne.
Après avoir été présentée à l'Audience nationale, la plus haute instance pénale espagnole, le juge a envoyé Aurore Martin en prison inconditionnelle, sans
possibilité de libération sous caution. Elle restera en prison jusqu'à son procès.
De nombreux élus, de toutes les forces politiques, ont durement critiqué l'arrestation et l'extradition d'Aurore Martin.
Pour la première fois, la France livre une militante basque de nationalité française à l'Espagne pour ses engagements
politiques.
Seize élus basques du Parti socialiste, dont plusieurs députés et conseillers généraux, ont condamné ce vendredi l'exécution du mandat d’arrêt européen. «Nous
rappelons que les faits visés par l’Espagne ne sont pas répréhensibles en France : appartenance à un parti politique légal en France et participation à des manifestations publiques»,
soulignent-ils et demandent «le retour immédiat» d'Aurore Martin. En juillet 2011, François Hollande avait, lui aussi, manifesté son soutien à Aurore en réclamant une issue «favorable» et
demandant la clémence.
«Ce que Sarkozy et Guéant n'avaient pas fait, Hollande et Valls l'ont fait», a dénoncé Batasuna lors d'une conférence de presse. Batasuna accuse Manuel Valls d'avoir
rompu «l'accord tacite» impliquant de ne pas appliquer le mandat de capture européen.
Questions sur une arrestation
«Je n’ai aucune illusion, je sais où ça va se terminer et comment». C’était en mars 2011. Sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, la Française Aurore Martin,
membre du parti radical basque Batasuna, vivait cachée. Elle a finalement été arrêtée hier dans les Pyrénées-Atlantiques et remise aux autorités espagnoles. Le juge vient de décider son placement
en détention. Son arrestation suscite de vives réactions politiques en France, à droite comme à gauche.
Qui est Aurore Martin et que lui reproche-t-on ?
Aurore Martin est une Française de 33 ans, membre du parti radical basque Batasuna. En France, ce parti n’est pas interdit. Il l’est en revanche en Espagne où il est
considéré comme une organisation terroriste depuis 2003 pour ses liens présumés avec le groupe séparatiste basque ETA.
Depuis le 13 octobre 2010, après avoir tenté tous les recours juridiques possibles, Aurore Martin est sous le coup d’un mandat d’arrêt européen émis par Madrid pour
sa «participation à une organisation terroriste», à savoir sa présence à des réunions publiques de Batasuna, en 2006 et 2007, à Pampelune, en Espagne. Elle encourt douze ans de prison.
Cette arrestation était-elle prévisible?
Aurore Martin se savait recherchée. Dans un entretien à l’AFP en juillet 2011, la militante disait alors n’avoir «aucune illusion sur son arrestation». «Je ne
cherche pas une arrestation spectaculaire, je veux seulement qu’au moment où je serai arrêtée, cela se sache.»
A l'époque, elle venait d'échapper de peu à la police, ses sympathisants étaient parvenus à déjouer une rocambolesque tentative d’arrestation à Bayonne.
La militante s’était alors dite prête à «rencontrer» le ministre de l’Intérieur de l’époque Claude Guéant, mais «pas à négocier». Interrogée par l’AFP, elle
expliquait: «Je suis "dans la nature" mais je ne suis pas enfermée non plus. Je ne cherche pas à savoir si je suis suivie. Je vais là où j’ai envie d’aller en prenant quelques
précautions».
Assurant n’être ni «manipulée», ni «naïve», elle assurait «continu(er) à travailler au sein de Batasuna», travail qui porte sur un processus de paix au Pays basque:
«Pour moi, chaque jour dehors est un jour où je peux travailler, un bonus». «Je lutte non pas pour une non-incarcération, mais pour une non-extradition en Espagne», soulignait-elle, et «s’ils me
livrent à l’Espagne, ça créera un précédent et cela bouleversera tout le système juridique».
C'est en effet la première fois qu’un ressortissant français est remis à l’Espagne pour des faits liés aux affaires basques, selon une source policière, citée par
l’AFP. Précision juridique: depuis sa mise en place il y a dix ans, le mandat d’arrêt européen remplace le système d’extradition en imposant à chaque autorité judiciaire nationale de reconnaître,
moyennant des contrôles minimums, la demande de remise d’une personne formulée par l’autorité judiciaire d’un autre État membre.
Pourquoi maintenant?
Son interpellation intervient dans un contexte particulier, après l’entretien accordé lundi au quotidien espagnol El Pais par Manuel Valls. Le ministre de
l'Intérieur affirme que la France poursuivra «avec fermeté» son combat contre l’ETA tant qu’elle n’aura pas déposé les armes.
Dimanche, deux militants présumés de l’ETA ont par ailleurs été arrêtés à Mâcon, dont Izaskun Lesaka Argüelles, figure majeure du groupe séparatiste basque.
Rappelons que l’ETA a annoncé le 20 octobre 2011 qu’il renonçait définitivement à la violence mais refuse de déposer les armes et de se dissoudre, comme l’exigent la France et l’Espagne.
Qu'a décidé la justice espagnole ?
Jointe par Libération, Amaia Rekarte, l’avocate d’Aurore Martin, a indiqué que sa cliente avait été présentée à 10 heures, ce matin à Madrid devant l’Audience
nationale (la plus haute instance pénale espagnole, ndlr). «Le procureur a demandé son incarcération. Trois issues sont possibles: l’incarcération, la libération sous caution ou sans
caution».
En fin de matinée, le juge a décrété son placement en détention l’accusant d’un «délit d’appartenance à une organisation terroriste». Selon le quotidien Sud Ouest,
Aurore Martin a été incarcérée sans possibilité de libération sous caution.
La militante, qui se trouvait a priori seule dans son véhicule, avait été interpellée hier, jeudi, vers 16 heures par des gendarmes lors d’un contrôle routier
«fortuit» à Mauléon, selon la gendarmerie et le parquet de Bayonne.
Comment a réagi Batasuna?
Lors d’une conférence de presse au siège de Batasuna à Bayonne, ce matin, l’un des responsables, Jean-François Lefort, a jeté le doute sur le caractère «fortuit» du
contrôle routier qui a permis l’arrestation de la militante. «Nous réfutons la thèse d’un contrôle fortuit : au moment où Aurore Martin a été arrêtée, il y avait un important peloton de
gendarmerie à un autre endroit où elle aurait pu passer».
Il a aussi noté que le mandat d’arrêt européen n’avait pas été appliqué par l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant. «Il y avait un accord tacite que Valls a
cassé, une étape a été franchie», a-t-il dit. Pour Anita Lopepe, membre de la coalition basque EH Bai, «Valls s’aligne sur le Partido Popular, c’est un simple relais de Madrid à Paris». Elle a
estimé à «8 à 12» le nombre de militants basques français sous le coup de MAE non encore activés.
«Nous exigeons l’arrêt de toute forme de répression à l’encontre de tous les militants basques», a-t-elle ajouté, estimant que «la manifestation en faveur des
prisonniers basques prévue le 10 novembre de longue date prend encore plus d’importance aujourd’hui».
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