
Le sénateur du Val-d'Oise entend soutenir la politique du président François Hollande.
L'ancien numéro un du PCF, Robert Hue, sénateur du Val-d'Oise, a annoncé jeudi qu'il quittait le groupe communiste du Sénat (CRC) pour rejoindre le RDSE (à majorité Radicaux de gauche). "Je ne me retrouve plus dans la position qui domine dans le groupe et qui s'identifie à la politique du Front de gauche et de Jean-Luc Mélenchon, foncièrement hostile à ce que fait François Hollande", a expliqué Robert Hue. "C'est une question de cohérence, car j'ai soutenu François Hollande", a-t-il ajouté. "Depuis plusieurs années, j'ai soutenu le projet présidentiel de François Hollande, j'ai refusé de m'inscrire dans une stratégie de division opposant une gauche à une autre", souligne-t-il par ailleurs dans un courrier à la présidente du CRC, Nicole Borvo Cohen-Seat, qu'il a rendu public.
"Sans freiner les nécessaires critiques que l'on peut porter sur certains aspects de la politique du pouvoir, la responsabilité appelle le refus de s'enfermer dans je ne sais quelles tactiques partisanes", ajoute-t-il.
Le RDSE comportera désormais 17 membres et le CRC 20 affiliés. Robert Hue est sénateur depuis 2004. Il a été réélu en 2011. En 1994, il avait pris la succession de Georges Marchais à la tête du Parti communiste français (PCF). L'année suivante, cet ancien infirmier est candidat à l'élection présidentielle où il recueille 8,64 % des voix. Lors de l'élection présidentielle de 2002, Robert Hue ne remporte que 3,37 % des suffrages. Robert Hue a quitté le PCF pour créer en 2009 le Mouvement unitaire progressiste (MUP). Robert Hue a été maire de Montigny-les-Cormeilles (Val-d'Oise) de 1977 à 2009, année où il démissionne de son mandat.
Le Point.fr - Publié le 13/09/2012 à 14:00
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Il y a trente ans, Vitry et Montigny
Ce n’est pas un « bulldozer » qui a été utilisé pour détruire l’immeuble du 92 rue Victor-Hugo mais un « tractopelle », a tenu à préciser la mairie de Bagnolet… Le premier mot reste en effet lourd de sens, associé dans la mémoire collective à un événement, précédant l’élection présidentielle de 1981, qui avait marqué le début du déclin électoral du PCF. À l’époque, l’affaire du « bulldozer de Vitry » avait causé un émoi considérable.
Le 24 décembre 1980, la municipalité PCF de Vitry-sur-Seine (94) avait fait détruire au bulldozer l’entrée d’un foyer de travailleurs immigrés en cours de construction sur son territoire.
Le maire Paul Mercieca avait été soutenu par le secrétaire général de l’époque, Georges Marchais, et par le comité central du parti. L’Humanité du 6 janvier 2001 avait publié une lettre de Marchais, adressée au recteur de la mosquée de Paris, dans laquelle le secrétaire général déclarait notamment :
« Je vous le déclare nettement : oui, la vérité des faits me conduit à approuver, sans réserve, la riposte de mon ami Paul Mercieca (…) Plus généralement, j’approuve son refus de laisser s’accroître, dans sa commune, le nombre, déjà élevé, de travailleurs immigrés (…)
La présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés fait que la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes (…) C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage (…) Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine (…)
Se trouvent entassés dans ce qu’il faut bien appeler des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes. Cela crée des tensions, et parfois des heurts entre immigrés de divers pays. Cela rend difficile leurs relations avec les Français (…) Quand la concentration devient très importante (…), la crise du logement s’aggrave ; les HLM font cruellement défaut et de nombreuses familles françaises ne peuvent y accéder. Les charges d’aide sociale nécessaires pour les familles immigrées plongées dans la misère deviennent insupportables pour les budgets des communes. »
Peu après, le 8 février 1981, le maire de Montigny-lès-Cormeilles (95), Robert Hue, par ailleurs futur successeur de Marchais à la direction du PCF, organisait une manifestation devant le logement d’une famille marocaine que la municipalité accusait injustement et sans preuve de « trafic de drogue ».
En meeting électoral à Montigny douze jours plus tard, Georges Marchais y prononçait alors un discours passé à l’histoire1:
« Nous posons le problème de l’immigration, ce serait pour favoriser le racisme ; nous menons la lutte contre la drogue, ce serait parce que nous ne voulons pas combattre l’alcoolisme prise par notre clientèle (...) Pour la jeunesse, je choisis l’étude, le sport, la lutte et non la drogue (...) Alors, comme l’autre jour un dirigeant socialiste, ils crient tous en chœur : « pétainisme !» Quelle honte, quelle idée lamentable ces gens-la se font des travailleurs (…)
Je le dis avec toute la force de mon indignation, de telles attaques ne déshonorent que leurs auteurs et ils ne méritent que le mépris. »