Le gouvernement Rajoy continue de s’attaquer aux travailleurs
dans le contexte de la crise capitaliste, dont le continent européen est l’épicentre et l’Etat espagnol est l’un des pays les plus touchés.
Laura Varlet
Après avoir annoncé des plans d’austérité, des réductions de salaire, des attaques drastiques sur les conventions collectives qui ont amené, et amènent toujours, à plusieurs journées de lutte et mobilisations, et notamment à une journée de grève générale le 29 mars [1], le gouvernement s’en prend maintenant aux mineurs. Concrètement, il s’agit d’une coupe budgétaire qui prévoit la réduction de plus de 60% des aides de l’Etat à l’industrie minière du charbon, soit plus de 200 milliards d’euros.
Au même moment où le gouvernement de l’Etat espagnol négocie un plan de sauvetage de 100 milliards d’euros pour payer les banques
même si Rajoy et ses ministres refusent cette appellation de « plan de sauvetage », ils refusent de reculer dans leur plan de destruction de l’industrie minière. La politique du gouvernement Rajoy s’inscrit dans la continuité des deux gouvernements précédents, à savoir le « socialiste » Zapatero et le gouvernement du PP d’Aznar avant, qui ont déjà signé des accords, connus sous le nom de « Plan du Charbon », qui met en application les directives européennes en ce qui concerne la fin des subventions de l’Etat à l’industrie minière, et ce pour le plus grand bénéfice des entreprises multinationales du secteur énergétique.
Cette nouvelle attaque du gouvernement Rajoy contre les travailleurs met en danger la survie de milliers de familles et des populations entières qui dépendent en grande mesure de l’industrie minière.
La riposte des travailleurs n’a pas tardé. Cela fait plus d’une quinzaine de jours que la lutte des mineurs, leurs mobilisations, les affrontements avec les forces de répression et la solidarité qu’ils suscitent de la part de la population, se font sentir tout au long du pays. Plus de huit mille mineurs participent aux grèves qui se déroulent dans plusieurs régions.
Depuis le début de la mobilisation et de la grève, la lutte ne cesse de s’approfondir, avec des méthodes de plus en plus radicales. Tous les jours, on trouve dans les journaux espagnols des articles sur les affrontements qui ont lieu entre les mineurs et les forces de répression. Les barricades et le blocage des autoroutes et des voies ferrées font partie du paysage au Nord de l’Etat espagnol depuis fin mai.
Dans les Asturies, il s’agit de trois ou quatre autoroutes qui sont bloquées tous les jours par les ouvriers. Le 8 juin, par exemple, il y a eu 30 barricades et 4 blocages de voies ferrées dans toute la région. Un autre groupe de mineurs a campé devant la Mairie à Oviedo (la capitale des Asturies) jusqu’à être reçus par le gouvernement local.
Mais la lutte des mineurs ne se limite pas aux Asturies, elle fait tache d’huile en direction d’autres régions importantes comme l’Aragon et la Castille-Leon où les ouvriers font grève également et affrontent la répression du gouvernement.
A Leon, cela fait plusieurs jours qu’un groupe des mineurs reste enfermé dans un puits afin de protester et de se faire entendre. Le 11 juin, les autorités ont dû suspendre tous les trains entre Leon et les Asturies en raison des blocages des voies ferrées, ce qui montre ce que la détermination et la radicalité des travailleurs en lutte peut produire.
L’autoroute AP-66, reliant la ville de Leon et les Asturies, ainsi que d’autres axes importants pour le commerce et le transport des passagers restaient également bloqués. Dans les affrontements, qui sont monnaie courante, neuf mineurs ont été arrêtés et deux policiers ont été blessés.
Le 12 juin, les mineurs ont organisé une manifestation où ils ont fait appel à l’ensemble des travailleurs pour les défendre. Des centaines de mineurs avec leur casque et en tenue de travail, accompagnés d’une partie de la population, ont défilé dans la ville pour défendre la survie de ces milliers de familles qui dépendent du travail dans les mines pour pouvoir nourrir leurs enfants. Le même jour, un groupe des mineurs faisait irruption au parlement, comme une façon de plus de montrer qu’ils cherchent désespérément une solution à leur problème.
Sur les t-shirts qu’ils portaient, on pouvait lire leur opposition à la politique du gouvernement. Les vigiles n’ont pas tardé à les expulser de l’hémicycle de façon extrêmement violente.