Les représentants de Sud : Pascale Robardet (Brest), Jean-Paul Sénéchal (Quimper) et Francis Landouar (Morlaix).
Déficits
Les représentants des syndicats Sud des hôpitaux de Quimper, Brest et Morlaix tirent la sonnette d'alarme sur la situation budgétaire des établissements. « Pour la première fois
depuis de nombreuses années, les comptes sont dans le rouge, affirme Jean-Paul Sénéchal. Au centre hospitalier de Cornouaille (Chic), le déficit s'élève à 550 000 euros et à
Morlaix, il est de 277 000 euros. Nous n'avons pas les chiffres de Brest. C'est une situation inédite alors que les années précédentes, il y avait des excédents. »
Baisse des recettes
Pour le syndicat, cet état de fait est la conséquence d'une politique gouvernementale. « On diminue les missions d'intérêt général des hôpitaux qui doivent accueillir tout le
monde, précise le représentant du personnel. Cela ne concerne pas les cliniques qui réorientent les cas les plus lourds vers le public. Par ailleurs, dans le cadre de la
tarification à l'activité, la convergence des tarifs est également défavorable aux établissements publics. Bref, on diminue les ressources alors que les dépenses augmentent. Dans le même temps,
les tarifs des actes pris en charge par les cliniques augmentent. »
Le personnel souffre
La seule manière pour les hôpitaux de redresser la situation, affirme Sud, c'est de faire des économies sur le personnel. « Au Chic, par exemple, la direction a décidé de ne plus
embaucher. » Actuellement, le nombre de contractuels est de 600 sur 2 500 salariés à Quimper et de 300 sur 2 000 agents à Morlaix. « Ce sont des gens qui
coûtent moins cher mais ils ont un statut précaire », ajoute Francis Landouar, secrétaire de Sud à Morlaix. L'absentéisme stagne mais les accidents du travail et les maladies
ordinaires explosent. Globalement, les conditions de travail se dégradent dans les trois établissements.
Une loi contestée
Sud dénonce également les effets de la loi hospitalière de territoire. « On réduit les budgets pour pousser les hôpitaux à se regrouper et abandonner les activités
rentables, ajoute Jean-Paul Sénéchal. Dans le Sud-Finistère, les centres se spécialisent : chirurgie conventionnelle à Quimper, moyen séjour à Saint-Yvi,
rééducation à Concarneau. Il n'y a plus de proximité. »
Inquiétudes à Morlaix
Pour Francis Landouar, l'hôpital de Morlaix risque de passer d'établissement de référence à une position de « vassal » par rapport au CHRU de Brest. « Nous craignons de
perdre notre réanimation et notre direction générale. Et que va devenir le laboratoire ? Les personnels s'interrogent sur leur avenir. »
Blocage à Brest
Hier, une quarantaine de manifestants, emmenés par Sud et la CGT, ont débrayé pendant deux heures à la Cavale-Blanche pour réclamer 8,5 postes supplémentaires en réanimation médicale.
« Le personnel craint de mettre en danger la vie des usagers, faute de moyens. Il y a actuellement un infirmier pour cinq patients alors qu'il en faudrait deux,
pour respecter la loi, précise Pascale Robardet, secrétaire de Sud. Ce mouvement est largement soutenu par les médecins. Jeudi, d'autres actions sont prévues au niveau des
blocs opératoires. » Les salariés annoncent la possibilité de continuer la grève jusqu'à ce qu'ils obtiennent ce qu'ils veulent.