
Notre camarade Jean Gourmelen est décédé ce mardi après midi.
C'est un ami et un grand militant ouvrier Brestois qui vient de nous quitter. Syndicaliste CGT à l'arsenal, militant du Parti Communiste Internationaliste,de la
Ligue communiste, aux côtés notamment d'André Fichaut, il s'est battu toute sa vie pour la défense des intérêts immédiats et historiques de la classe ouvrière, pour une autre société, débarrassée
du capitalisme.
Internationaliste, il était de toutes les manifestations de soutien à la cause palestinienne...
A la création du Nouveau Parti Anticapitaliste, il avait pris sa carte, avec enthousiasme, mais aussi conscient des difficultés et du rapport de force actuellement
insuffisant pour sortir de la défensive et repasser à l'offensive pour contrer les attaques du patronat et du gouvernement.
Ces derniers mois, il confiait qu'à son avis, c'est à une véritable reconstruction du mouvement ouvrier qu'il fallait s'atteler
Pendant sa retraite, il est toujours resté attentif à l'actualité politique et sociale, jusqu'à participer ces dernières semaines aux manifestation contre la
réforme de Sarkozy-Fillon sur les retraites, bien que malade, amaigri et fatigué.
Notre pensée va à sa femme Simone ainsi qu'à ses fils.
Une cérémonie d'hommage aura lieu vendredi 17 décembre à 16h30 au Vern à Brest.
Note:
Sur l'histoire du PCI (4è Internationale) à Brest
http://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Bod%C3%A9ne

Bien sûr, je suis désolé et bien triste. La mémoire ouvrière perd un militant particulièrement aguerri et... un immense "conteur".
Qualité trop ignorée. J'ai rencontré Jean au mois de décembre 1962. Je rentrais du service militaire. Je me souviens parfaitement des circonstances. Je venais
d'être "reversé" à l'atelier Equipements (électronique) de l'Arsenal. Déjà jeune cégétiste, je venais d'adhérer au Pcf.
Ceci, comme par hasard, après être devenu le nouveau "matelot" d'Emile Guérenneur responsable de la section Cgt Equipements
et... secrétaire de la section communiste de l'Arsenal. Très occupé Emile me demande d'aller porter des tracts à Jean à l'Artillerie, un atelier de
Laninon voisin du nôtre. Jean est le responsable Cgt de cet atelier. Les tracts ne sont pas d'un contenu particulièrement "révolutionnaire". Ils relatent les démarches de la direction générale de
la Cgt Arsenal pour obtenir les "ponts" à l'occasion des fêtes de fin d'année, Noël et nouvel An. Emile me dit quelque chose du genre " ne t'inquiète pas, Jean est un peu "nounours", c'est un bon
camarade, il est au Parti".
Et voilà. A l'époque notre cellule s'appelle "Artillerie-Equipements". J'en deviens illico le secrétaire et je propose tout de suite de changer ce nom "ridicule" et
de, dorénavant, nous appeler cellule "Daniel Féry"... Nous sommes une vingtaine. Tout le monde approuve, Jean aussi... Ensuite, par son entremise, je rencontrerai Michel Tarquis, un autre
"nounours". Jean, tous les gars de l'Arsenal le surnomment Tito. Je l'avoue, ça ne m'intrigue pas du tout. Je trouve joli Tito. En espagnol ça veut dire "blond" ou quelque chose comme ça. Le
temps passe et plus tard je comprends que "nounours" - dans le langage coloré des cocos de l'arsouille, Emile, Pierre Cauzien, Frédo Pape et les autres, Gaby Paul ne parle pas ainsi - ça voulait
dire "trotskiste". Pourquoi ? La Yougo, Tito, les Carpates, ses ours. En ces temps lointains, les gars de l'Arsenal avaient de "l'esprit"...
Cet "esprit" lui aussi s'en est allé. Il faut dire qu'il n'y a plus d'Arsenal, seulement une Base navale, "Brest-Atomik-Base". Jean et Michel Tarquis me feront
rencontrer André Fichaut, selon eux, spécialiste de la "théorie sociale". Je le certifie, par delà les prises de chignon et de bec, il est vrai parfois rudes, je prenais toujours du plaisir à
discuter avec ces camarades. Ils m'obligeaient à me creuser la tête. Jean a quitté le Pcf sans bruit.
De toute façon, les communistes de l'Arsenal de l'époque ne voulaient rien entendre à une éventuelle "ouverture d'un processus d'exclusion". C'est peut-être aussi
pour cela que, dans leur écrasante majorité, ils sont allés voir ailleurs en 1986. Ma dernière rencontre avec Jean s'est produite au cinéma Les studios.
Jean était accompagné de son épouse. Nous nous étions promis de nous revoir lors de ma réinstallation définitive à Brest... La vie est belle mais impitoyable. Je transmets à toi et à tes
camarades, à son épouse, ses enfants, à toute la famille de Jean, mes condoléances et salutations attristées et fraternelles. Jean vivra dans nos combats.
Fraternité,
Louis Aminot