Un qui résiste aux bus gratuits, Cuillandre maire de Brest
12 novembre 2010 - Le Télégramme
Le bus gratuit fait son chemin en France. C'est en Bretagne, à Vitré (35), 18.000 habitants, qu'est né ce concept il y a bientôt dix ans.
Dans cette ville moyenne, l'an dernier, 315.000 usagers ont été transportés gratuitement.
«Les gens de l'extérieur sont étonnés. Il faut répéter plusieurs fois pour qu'ils comprennent. Ils ont tellement l'habitude de payer». Bernadette Doguet,
conductrice de bus depuis une quinzaine d'années à Vitré, est ravie de transporter gratuitement des centaines de personnes par jour.
Une fréquentation multipliée par sept
«Dans l'ensemble, les gens sont souriants. Il n'y a pas de contrôleurs. Si, demain, le service redevenait payant, ça râlerait sérieusement», poursuit-elle en
négociant un virage serré au pied du prestigieux château de la ville. Ici, le bus gratuit est une réalité depuis le premier mai 2001. «Sur proposition du maire, Pierre Méhaignerie, le conseil
municipal a décidé que la collectivité prendrait intégralement à sa charge le réseau», explique Pierre Lory-Forêt, directeur général des services de Vitré communauté qui, plus tard, en a hérité
la gestion. À l'époque, les bus de la ville ne transportaient que 47.500 personnes sur deux lignes. Ce service était déficitaire et coûtait plus de 190.000€ à la collectivité. L'an dernier,
315.228 personnes ont été transportées sur les huit lignes en service desservies par les bus de Kéolis, le délégataire de service. Et ce, pour un coût de 418.000€. La ville centre paye
actuellement 220.000€, le reste étant réparti entre les 36 autres communes de Vitré communauté.
Donner du pouvoir d'achat
Les habitants croulent-ils pour autant sous le poids des impôts locaux? Même pas. Selon une étude menée par la Trésorerie générale de Bretagne, les taux des trois
taxes de base (foncier bâti, foncier non bâti et taxe d'habitation) y sont inférieurs de25% à la moyenne nationale. «À l'origine, les élus voulaient donner un peu plus de pouvoir d'achat aux
familles et aux personnes âgées», poursuit Pierre Lory-Forêt. Des cartes de bus à plus de 200€ l'année, comme à Rennes, ça pèse sur un budget familial. Comme d'autres collectivités, Vitré
communauté aurait pu faire appliquer la taxe transport versée par les entreprises. Elle ne l'a pas fait, estimant qu'elle avait les épaules assez larges pour supporter la gratuité. «Le problème
serait différent si nous avions plus de lignes, plus de rotations et, donc, un parc de véhicules plus important. On circule mieux dans le centre-ville. L'extension du réseau a eu aussi un impact
sérieux sur le stationnement dans le centre-ville. Les gens ne prennent plus leur voiture pour un oui ou pour un non. Le bus est vraiment rentré dans les moeurs, poursuit Laurence Jaunault,
responsable transport de Vitré communauté. À présent, notre seul concurrent, c'est la marche à pied. Quand il fait beau, les bus se vident. Et se remplissent à la moindre averse».
Victime de son succès
Une récente enquête, menée auprès des usagers, faisait état de 98% de satisfaction. «Pourtant, il reste des choses à améliorer. Car nous sommes victimes de notre
succès. Sur la ligne 1, par exemple, il est difficile de trouver une place le matin. Les bus sont pris d'assaut par les lycéens». Un renforcement de la ligne, à certaines heures, est prévu. Autre
projet: la prolongation de la ligne boulevard de Laval jusqu'à l'aire des gens du voyage. «Dans un souci d'égalité de traitement de tous les usagers», précise Pierre Lory-Forêt. Bientôt, tous les
enfants pourront aller à l'école en bus.
Une douzaine de villes ont franchi le pas
En quelques années, la gratuité des bus s'est étendue à une douzaine de villes françaises.
Le modèle économique qui prévaut reste le financement par la taxe transport, versée par les entreprises de plus de neuf salariés. Équation qu'on peut difficilement
résoudre dans les plus grandes agglomérations aux réseaux plus musclés. La première ville à avoir franchi le pas, dans les années soixante-dix, est Colomiers, dans la banlieue de Toulouse. Dans
cette ville, la gratuité n'est pas un vain mot. En effet, outre les bus, le stationnement ne coûte pas un centime ainsi que la plupart des expositions artistiques. Au fil des ans, le réseau s'est
étoffé pour atteindre huit lignes aujourd'hui.
D'Aubagne à Mayenne
Compiègne, Châteauroux, Issoudun, Mayenne, Bar-le-Duc, Castres, Vitré, Manosque, Aubagne, Libourne et Figeac ont suivi le mouvement. Toutes tendances politiques
confondues. Pour le plus grand bonheur de l'extrême gauche qui défend, depuis longtemps, l'idée de transports publics gratuits. À Aubagne (13), la gratuité
pour tous a été instaurée l'an dernier. Auparavant, seuls les Rmistes et les plus de 60 ans en bénéficiaient. La fréquentation des bus a augmenté de 70%. Pour financer le réseau, la taxe
transport est passée de 0,6% à 1,5%. En contrepartie, les lignes ont été prolongées jusqu'aux portails des entreprises. En mairie, on assure que la fréquentation des parkings a baissé de 20% dans
l'hypercentre et que les commerces y sont plus fréquentés qu'avant. À Castres, dans le Tarn, qui a basculé vers la gratuité en octobre 2008, le nombre de passagers a bondi de 76%. Avant, la carte
annuelle coûtait 142€.
Baisse significative des incivilités
À Châteauroux, dans l'Indre, ville de 50.000 habitants, la gratuité est effective depuis 2002. Ici, en un an, le nombre de personnes transportées est passé de 1,5
million à 2,7millions. On a compté plus de 20% de nouveaux usagers. Et un nombre croissant de personnes n'hésitant plus à prendre le bus plusieurs fois par jour. En parallèle, et c'est très
intéressant, on a noté une baisse significative des incivilités dans les transports publics. À Libourne, en Gironde, le bus gratuit est entré en action le 28 août dernier. Il est financé par la
taxe transport qui a été portée à 1%. Dans les mois à venir, le réseau devrait s'étoffer avec la création de nouvelles lignes et la mise en circulation de nouveaux véhicules. La ville a aussi
dans ses cartons des projets de petites navettes électriques pour desservir le centre-ville. Plus près de nous, Mayenne (53) dispose également d'un service gratuit. Très modeste, il n'est composé
que d'un seul bus qui dessert quatre lignes, à raison de deux allers-retours par jour.
Note:
Que dit des transports gratuits un spécialiste des finances publiques (prof) comme le maire de Brest? Qu'il faut qu'à toute dépense corresponde en face une recette.
Si on dépense pour les bus, il faut que l'on aie des entrées. Celles-ci ne doivent pas venir des impôts locaux (chacun sent le vent du boulet dans la salle) mais des "gwenneks" (sous) des
"usagers-clients". Point barre! Taxer les patrons à 1% il n'en est pas question, ce serait des hausses d'impôts! Interdits en régime libéral, s'pas?
Et si vous voulez le mettre réellement en fureur, dites-lui, que l'augmentation de l'utilisation des transports publics va faire automatiquement diminuer les
accidents, donc les dépenses de la sécu, la pollution, les embouteillages, le stress... Il vous répondra que ce n'est pas son problème: en tant que maire, il n'en est pas responsable. Circulez!
Au passage on remarquera que la religion du libéralisme est moins intégriste chez la droite que chez les sociaux-libéraux.