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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 08:29

 

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 12:38


Par LILIAN ALEMAGNA (Libération)


 

C’est ce qui s’appelle vouloir reprendre la main. Après avoir vu - et revu - Jean-Luc Mélenchon parcourir les plateaux télés pour la sortie de son livre «Qu’ils s’en aillent tous», les communistes repointent le bout de leur nez: meeting à Paris lundi dernier avec Pierre Laurent, le nouveau secrétaire national, Marie-George Buffet et André Chassaigne, candidat à la candidature Front de gauche pour 2012; invitation mardi de ce même Chassaigne par les communistes de la RATP.

«On a besoin de remobiliser les troupes», explique-t-on au siège du parti, place du Colonel Fabien. Car après les cartons d’audience de leur camarade du Parti de gauche (PG) — 3,7 millions de téléspectateurs à l’émission de Michel Drucker «Vivement Dimanche» et un livre déjà tiré à plus de 50 000 exemplaires —, il y a grand besoin chez les communistes de refaire exister l’étiquette PCF.

«Pas d’homme providentiel chez nous»

La base et les cadres craignent de voir leur parti éclipsé par Jean-Luc Mélenchon et l’attelage du Front de gauche vampirisé par la personnalisation de l’ex-PS. «La force du Front de gauche sera collective ou ne sera pas, a prévenu Pierre Laurent, lundi soir, devant les siens et sous les applaudissements. Pas de femme ou d’homme providentiel chez nous mais des candidats respectueux du contrat partagé que nous construirons avec les citoyens».

Surtout, le «populisme» «assumé» de Jean-Luc Mélenchon agace. Pierre Laurent a envoyé un premier coup de semonce: «Le populisme ne peut pas être la construction du Front de gauche, a-t-il glissé en marge du meeting. Nous sommes en train de tourner ensemble ce bref épisode.»


Le président du Parti de gauche a d’ailleurs eu son homologue communiste il y a quelques jours au téléphone, conscient de l’inquiétude des cadres PCF.

Mais ne voulant pas de «polémique stérile», Pierre Laurent préfère embrayer sur la «construction populaire et citoyenne qui parie sur l’intelligence» pour préparer 2012. La direction du PCF souhaite ainsi relancer – ou plutôt entamer - le «programme partagé» du Front de gauche pour 2012: «Réseaux», «espaces citoyens», «forums» dont le premier devrait se tenir fin novembre, début décembre.

Mais toutes ces initiatives sont annoncées depuis des mois, sans grandes illustrations concrètes, si ce n’est les mobilisations communes dans les cortèges contre la réforme des retraites.

«Un candidat unitaire ni populiste, ni égoïste»

Et si Jean-Luc Mélenchon n’entend pas le message, la carte André Chassaigne pourrait être jouée davantage par la direction du PCF. Il n’est pas candidat «officiel» mais il fait consensus dans les rangs communistes. Ses discours s’adressent déjà à «la France qui veut changer d’ère», celle «des ouvriers» et «des paysans», «à l’ensemble des travailleurs». Et le message rassure les troupes.


Lundi, au meeting parisien gymnase Japy, tous les militants interrogés, parmi quelque 800 personnes, plaidaient pour une candidature de celui qui a réalisé en Auvergne le meilleur score national d’une liste Front de gauche au premier tour des régionales (14,26%). «On veut un candidat unitaire qui ne soit ni populiste, ni égoïste, explique Bruno, 47 ans. Chassaigne a des élans populaires dans le bon sens du terme.»


Mélenchon? «Il porte des valeurs que j’apprécie mais je ne veux pas qu’il fasse passer son intérêt personnel avant celui du Front de gauche», poursuit ce militant de Champigny-sur-Marne. «Ce côté agressif, sans aller sur le fond, ça me dérange», explique Rodolphe, 33 ans, adhérent à Suresnes.


«Chassaigne apporte une vision du PCF qui me plaît, poursuit Nicolas, militant à la Jeunesse communiste en Seine-Saint-Denis. C’est un élu de terrain, proche du peuple, qui a le souci de la démocratie. Mélenchon a de bonnes idées mais ce n’est pas une bonne chose que ce ne soit pas un candidat du PCF qui représente le Front de gauche alors que nous sommes la formation majoritaire. Si les militants PCF veulent que ce soit Chassaigne, ce sera Chassaigne», tranche-t-il.


Choisi au printemps par les formations politiques, le candidat du Front de gauche sera soumis à l’approbation des militants des différents partis. Pour les communistes, le vote est prévu en juin 2011, au prochain congrès.

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 11:53

Hara-Kiri 

Quarante ans après sa mort le 9 novembre 1970, bon nombre de politiciens, de droite surtout mais également de gauche, continuent à se revendiquer de l'héritage de de Gaulle en y puisant ce qui leur convient, qui son autoritarisme, qui son nationalisme, qui même un prétendu caractère social de sa politique. En fait, ce que tous vantent c'est la réussite de sa politique, que beaucoup auraient espérée pour eux-mêmes.

Le mythe du gaullisme prit sa source durant la Deuxième Guerre mondiale. Jusque-là, de Gaulle n'était qu'un obscur colonel partageant avec Pétain, son supérieur hiérarchique, les mêmes idées réactionnaires. Lors de l'annonce par Pétain de la capitulation du gouvernement français face à l'Allemagne, de Gaulle, nommé quelques jours plus tôt général de brigade à titre temporaire et sous-secrétaire d'État à la Guerre, se trouvait en mission à Londres. Refusant de rentrer, il lança le 18 juin son fameux appel via la BBC, déclarant que « la flamme de la résistance ne s'éteindra pas ». Ce faisant, il ne faisait que se positionner pour défendre les intérêts de la bourgeoisie française, mais en choisissant le camp des Anglo-Américains, s'opposant au choix de Pétain.

Au début, cet appel eut peu d'écho. Mais de Gaulle parvint à s'imposer comme le chef de la Résistance intérieure, grâce au ralliement des principales forces politiques, notamment de la SFIO* et du Parti Communiste, au sein du Conseil National de la Résistance.

À la Libération, de Gaulle devint logiquement le président du Gouvernement provisoire. La tâche de son gouvernement était de « redresser la France », ce qui voulait dire pour lui : redonner des assises solides à la bourgeoisie. Il ne put y parvenir que grâce à l'appui des partis de gauche et en premier lieu du Parti Communiste, qui participait pour la première fois à un gouvernement bourgeois.

De Gaulle resta au pouvoir jusqu'en 1946, date à laquelle, en désaccord avec l'Assemblée sur sa conception de l'État, le rôle des partis et la question des crédits militaires, il démissionna. Commença alors pour lui une « traversée du désert », qui dura jusqu'en 1958. Dans un premier temps, il créa le Rassemblement du peuple français (RPF), un parti d'extrême droite. Dans le contexte de la Guerre froide et grâce à la popularité de de Gaulle, le RPF connut un certain succès : il obtint quatre millions de voix aux élections de 1951 et 117 députés. Mais, affaibli par les défections successives de plusieurs dizaines de ses élus, le RPF fut mis en sommeil en 1955.

Retiré dans sa résidence de Colombey-les-deux Églises, de Gaulle dut attendre jusqu'en 1958 pour revenir au pouvoir. La bourgeoisie était alors confrontée à deux problèmes : celui des institutions et de l'instabilité gouvernementale, et celui de l'Algérie.

LA QUESTION DES INSTITUTIONS

L'instabilité politique de la IVe République était proverbiale. Pour la pallier, deux solutions étaient possibles : une réforme de la Constitution, rendant le gouvernement plus indépendant de la Chambre, et une modification de la loi électorale qui diminuerait la représentation du PCF. Aucun des partis du centre et de la droite n'était capable de les mettre en œuvre, si bien qu'entre janvier 1947 et janvier 1959 vingt et un gouvernements se succédèrent, certains ne durant que quelques jours.

Au problème institutionnel s'ajoutait depuis 1954 le problème algérien. Échaudée par sa défaite en Indochine, la bourgeoisie française savait qu'elle ne pouvait pas gagner la guerre d'Algérie et qu'elle devrait tôt ou tard concéder l'indépendance. Mais aucun gouvernement n'osait imposer cette solution, ni même faire état d'une volonté de discussion avec le FLN algérien.

Dans ce contexte, le recours à de Gaulle fut envisagé par bon nombre d'hommes politiques de droite. L'occasion de jouer les sauveurs lui fut fournie le 13 mai 1958. À Alger, avec la complicité de l'armée, les partisans de « l'Algérie française » s'emparèrent du Gouvernement général et constituèrent un Comité de salut public présidé par le général Massu, un gaulliste de longue date. Deux jours plus tard, ce dernier supplia « le général de Gaulle de bien vouloir rompre le silence en vue de la constitution d'un gouvernement de salut public ». Le général Salan, qui venait d'être investi de tous les pouvoirs civils et militaires, lança un « Vive de Gaulle ! » devant une foule d'Européens rassemblée à Alger.

En France, de Gaulle apparaissait non pas comme le sauveur de l'Algérie française mais comme le seul homme pouvant empêcher un coup de force de l'armée. Après quinze jours de crise, il vit se rallier à lui la quasi-totalité des hommes et des formations politiques françaises, Parti Socialiste compris.

Parvenu au pouvoir comme président du Conseil de la IVe République, le 1er juin 1958, de Gaulle se présenta devant l'Assemblée qui lui vota sa confiance, puis lui accorda les pleins pouvoirs pour six mois, ainsi que la possibilité de modifier la Constitution. Cette nouvelle Constitution, fondement de la Ve République, fut adoptée par référendum avec une écrasante majorité (79 % des suffrages). Parallèlement, la nouvelle loi électorale permit de réduire la représentation parlementaire du PCF. Avec 19 % des voix, il n'eut que dix députés aux élections de 1958.

Ainsi, c'est en se servant de la menace représentée par le coup de force des ultras d'Alger que ce général réactionnaire put imposer en France un projet politique qui était le sien depuis longtemps : une Constitution plus autoritaire, rendant le gouvernement plus indépendant de la Chambre et, au-delà, de l'opinion.

DE L'ALGERIE FRANÇAISE A L'INDEPENDANCE

En Algérie, tout en intensifiant la répression militaire, de Gaulle s'orienta vers une solution qui devait conduire à l'indépendance. En septembre 1959, il s'affirma en faveur de « l'autodétermination » de l'Algérie, ce qui lui attira l'hostilité des colons et de l'armée, marquée par la journée des barricades à Alger en 1960, le putsch des généraux en 1961 et le développement du terrorisme de l'OAS à partir de cette date. Contre l'extrême droite, de Gaulle s'appuya ouvertement sur les organisations de la classe ouvrière française, en particulier le PCF et la CGT, comme lors de la grève nationale d'un quart d'heure payée par beaucoup d'entreprises lors du putsch des généraux.

Les accords d'Evian conclus avec les dirigeants du FLN aboutirent à l'indépendance de l'Algérie en juillet 1962. Là encore, de Gaulle eut recours au référendum et fit plébisciter sa politique par 90 % des votants.

Quelques mois plus tard, il fit adopter une loi qui lui était chère, celle instaurant l'élection du président de la République au suffrage universel. Ainsi de Gaulle cherchait à institutionnaliser son rôle d'homme au-dessus des partis, de Bonaparte jouant de son prestige pour imposer ses solutions aux problèmes de l'heure.

Pourtant, avec la fin de la guerre d'Algérie, les antagonismes politiques et sociaux sur lesquels de Gaulle s'était appuyé disparurent d'autant plus rapidement qu'une conjoncture économique favorable permit aux centaines de milliers de « rapatriés » de s'insérer dans la société métropolitaine.

Le régime de type bonapartiste que de Gaulle avait instauré perdura jusqu'en Mai 68. Si la droite unanime lui accorda ses suffrages en juin 1968, la bourgeoisie ne lui pardonna pas de n'avoir pas su éviter les troubles sociaux.

L'usure du régime fut confirmée lors du référendum d'avril 1969, sur la création des régions et la réforme du Sénat. Mis en minorité avec seulement 46,7 % de oui, de Gaulle en tira les conclusions dès le lendemain en se retirant de la vie politique.

Il reste aujourd'hui de la période gaulliste un héritage institutionnel qui permet d'assurer une relative stabilité gouvernementale. Mais autant de Gaulle avait forcé les partis de droite à se regrouper dans un parti unique, autant ses successeurs sont obligés de jouer un jeu d'équilibre entre les forces de droite, qui s'opposent parfois âprement. Tout en continuant à remercier de Gaulle, fondateur de la Ve République, de les avoir dotés d'une Constitution leur laissant en grande partie les mains libres.

Roger MEYNIER

 

SFIO *: Section française de l'internationale ouvrière, nom du parti socialiste jusqu'en 1970, où il deviendra "le PS  de Mitterrrand".

 

Note:

 

Il y a bien eu en 1958 un "coup d'état"  soigneusement préparé par des réseaux gaullistes, court-circuitant et doublant les réseaux "algérie française" croyant travailler pour la même cause et qui se sont fait avoir. Un coup d'état sur lequel, à gauche, on ferme pudiquement les yeux, ou alors on dédouane "le grand homme" qui ne pouvait "participer à la cuisine".

 

Il y a une mythologie de gauche qui divise la droite entre une droite "atlantiste" pro-américaine ( à laquelle est allié le PS) et une droite "nationale", progressiste: de Gaulle. En fait cela correspondait pour le PCF  à une "alliance objective" avec la politique étrangère de l'Union Soviétique. Après les mêmes s'étonnent du transfert de millions de voix PCF à de Gaulle!


En réalité le succès de Gaulle fut de répondre à un soucis des plus hautes sphères de moderniser l'économie et l'état dans l'intérêt de la haute bourgeoisie.  Après la vétusté de la 3è et de la 4è  République, la 5è concentrait des moyens lourds (nucléaire, pétrole, Dassault, Concorde TGV), pour officiellement "la grandeur", en réalité pour le plus grand profit de la très haute bougeoisie. Cela faisait entrer la France dans les grandes puissances économiques. Qu'est-ce qui avant empêchait cela? L'extrême dispersion de l'industrie, de l'artisanat, du commerce... et de l'agriculture! 

 

Le grand oeuvre du gaulllisme c'est la concentration de l'économie, la constitution de monopoles, de trusts à la française, y compris dans le domaine agro-alimentaire, où comme par hasard il y a un versant russo-communiste français dans l'édification des grandes sociétés que deviendront les "coopératives" . Cela a dû faire réfléchir au Modef au moment où les petits paysans disparaissaient par milliers!

 


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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 11:29

 

Marcelino Camacho, leader historique du syndicat majoritaire espagnol Commissions Ouvrières (CCOO) et membre du Parti Communiste d'Espagne, est mort le 29 octobre à l'âge de 92 ans. À la chapelle ardente, installée au siège de CCOO, sont venus lui rendre hommage des centaines de travailleurs, militants syndicalistes ou de gauche, mais aussi les représentants du gouvernement, de la plupart des formations politiques et syndicales - ouvrières et patronales - du pays, et même le prince Felipe, le fils du roi d'Espagne.

Tous l'ont présenté comme un militant pour la liberté, certains saluant en lui le syndicaliste qui, sous la dictature de Franco, a contribué à créer le premier syndicat ouvrier de l'Espagne d'alors. Mais ils ont aussi et surtout rendu hommage à l'homme « ouvert, ferme, cohérent et défenseur d'un syndicalisme de pression-négociation ».

UN SYNDICAT CREE DE HAUTE LUTTE SOUS LE FRANQUISME...

Camacho, fils de cheminot, avait 17 ans quand il adhéra au Parti Communiste en 1935. Il combattit contre Franco, et, comme des milliers d'autres, dut subir la répression franquiste : prison, camps d'internement, travaux forcés et exil. De retour en Espagne en 1957, ouvrier à Madrid, il organise clandestinement les travailleurs, leur demandant d'entrer dans les syndicats franquistes, choix qui a permis de couvrir l'activité des militants*. C'était en 1964. Camacho est de nouveau arrêté et emprisonné en 1967, mais cela n'empêche pas CCOO de continuer à se développer.

À la mort de Franco en novembre 1975, CCOO, qui s'était construit au prix du sacrifice de centaines de militants, était toujours clandestin, mais il organisait des milliers de travailleurs, et les plus combatifs.

...MAIS RESPONSABLE DEVANT LA BOURGEOISIE

Et ce sont effectivement des milliers de travailleurs qui, dans la période d'effervescence politique qui a suivi la mort du dictateur, se sont mobilisés et rejoignaient les syndicats encore clandestins, en particulier CCOO. En 1976 les grèves se multiplient un peu partout.

Mais le syndicat, lié au PCE, voulait être reconnu et légalisé et ses dirigeants agirent pour ne pas étendre et unifier le mouvement. Le parti de Carrillo et de Camacho montrait qu'il était une force sur laquelle il fallait compter, mais montrait aussi par-là qu'il pouvait être un rempart efficace contre les mouvements sociaux.

La « transition démocratique » achevait de se mettre en place. La bourgeoisie passait sans la moindre difficulté du franquisme à un régime démocratique. À quelques mois des premières élections, le PCE acceptait et la monarchie et le drapeau « national » (franquiste, et non républicain). Il promettait même d'éviter tout conflit social en échange de sa légalisation, ce qu'il concrétisa en octobre 1977 par la signature des accords de la Moncloa, qui imposaient des sacrifices aux travailleurs. Si les syndicats n'eurent pas à les signer, Camacho (au Comité central du parti et depuis peu député) s'en fit le défenseur.

Le PCE pensait à cette époque devenir un grand parti de gouvernement. Mais ce rôle échut au Parti Socialiste (PSOE) et le PCE vit ses scores électoraux s'effriter. Après plusieurs scissions, son rôle devint de plus en plus marginal. Malgré les attaques du gouvernement socialiste contre le monde du travail, il fallut attendre 1985 pour que la centrale de Camacho appelle à la grève générale, la première depuis la mise en place du nouveau régime, et contre un gouvernement socialiste. Cette grève fut un succès mais elle resta sans lendemain.

Deux ans plus tard, Camacho était écarté de la direction de CCOO par Antonio Gutierrez, qui avait quitté le PC et prônait « l'indépendance syndicale ». Depuis, l'orientation « paix sociale » ne fait même plus l'objet de discussions.

Depuis une vingtaine d'années Marcelino Camacho s'était mis en retrait. Il critiquait parfois les actuels dirigeants de CCOO pour leur manque d'audace et leur docilité. Et il garde ainsi l'image dans le monde ouvrier d'un dirigeant plus combatif que ses successeurs.

Mais on ne peut pas oublier que ce sont des dirigeants syndicaux et politiques du PCE qui ont offert à la bourgeoisie espagnole une paix sociale qui a permis aux grands groupes capitalistes et aux banquiers de continuer à s'enrichir aux dépens du monde du travail

Helène GRILLET

 

Note du blog*:

 

C'est tout de même extraordinaire! Qu'est-ce qu'on a pas entendu sur la tactique de "l'entrisme", en tous temps et en tous lieux spécifique de ces comploteurs de trotskistes. Pour ceux qui ne lisent pas la presse "philo communiste", ou "néo stalinienne" ( celle des nostalgiques du "socialisme réellement existant" qui justifient par la même toutes les répressions de ces régimes, ben ouais!) résumons. Prenons au hasard l'exemple du cours de sciences politiques d'un haut responsable du PS à la fac de Brest vers 2004 par là.  Bon, il n'est pas admirateur des staliniens, officiellement, mais reprend leurs arguments.

Les trotskistes sont entrés au PS en 1934. Oui mais pas secrètement, "drapeau déployé"! Les jeunesses socialistes en 1934 voyaient sous leurs yeux en Autriche et en Asturies, des socialistes mener des insurrections armées contre le fascisme. Le PS et le PCF se divisaient violemment sous prétexte de "social fascisme". Pour mener la lutte pour l'unité ouvrière, les trostskistes étaient les bienvenus en particulier aux jeunesses sous l'étiquette officielle de "bolchéviques léninistes", tu parles d'un secret!

Pire pendant la guerre, la poignée de troskistes que les staliniens n'avaient pas assassinés se seraient livrés à de l'entrisme dans les organisations collaboratrices. Le groupe en question ne comptait que quelques unités et rien ne prouve que c'était un choix collectif. Que n'a-t-on entendu, en particulier lors de ce cours de "sciences politiques" . Et voilà que les "purs entre les purs", les staliniens espagnols faisaient de même "couvrir l'activité des militants". Si ç'avait été des trostkistes qui avaient eu l'audace de faire de même au lieu d'aller directement au poteau...

Soulignons pour finir que l'entrisme secret dans une autre organisation de gauche, pour la saper, pratique courante du courant lambertiste, c est autre chose.

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 11:20

Quel socialiste a dit à l’Assemblée, lorsqu’il s’est agi de voter une cotisation salariale supplémentaire pour financer les retraites : « Moi, après avoir dit et redit pendant quarante ans que tout le produit du travail doit appartenir au travailleur, je viendrai dire à ce travailleur : Il faut réduire vos salaires ? Je mettrai, moi, socialiste, ma signature en bas de cette réduction ? Non, c’est impossible ! » ? Ce député estimait en effet avec raison que toute cotisation salariale était une baisse de salaire, et était donc inadmissible, et défendait l’idée que c’était au seul patronat de prendre en charge, à 100 %, la retraite des travailleurs qu’ils avaient usés et exploités toute leur vie durant.

Ce député s’appelait Jules Guesde. C’était en 1910. C’est-à-dire à une époque, depuis longtemps révolue, où les socialistes étaient dans le camp des travailleurs.

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 11:01

 

Par Thibaut Schepman (9 novembre 2010)


Avec des revenus toujours en baisse et la disparition de milliers d’exploitations chaque année, la colère continue de gronder chez les producteurs laitiers. Elle se focalise peu à peu sur un acteur aussi puissant que méconnu, la Maison du lait, où groupes industriels et coopératives laitières font la loi. Enquête.


© Jean Larive


De beaux jeunes gens se séduisent en dévorant des tartines de fromage. Puis s’embrassent, le menton décoré par de sensuelles gouttes de lait. Les produits laitiers ? « Des sensations pures » et « nos amis pour la vie », ont martelé ces publicités. Plus récemment, la nouvelle réclame montre trois petits cochons qui terrassent un loup, yaourt et verre de lait à la main.

Derrière ces messages, se cache non pas un industriel mais le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL). Plus connu sous le nom de Maison du lait, cet organisme fédère depuis 1973 les acteurs du secteur laitier. Ensemble, ils s’entendent pour promouvoir la filière, par la publicité donc, mais aussi grâce à plusieurs centres de recherche scientifiques et économiques, à une revue (La Revue laitière française) et enfin par un lobbying auprès du ministère de l’Agriculture et des institutions européennes, à Bruxelles. Surtout, ce sont eux qui fixent le prix du lait.


Monopole syndical et industriel


Toute puissante et inter-professionnelle qu’elle est, cette structure est devenue la cible de la colère des éleveurs. En octobre dernier, des membres de la Confédération paysanne l’ont occupée pendant cinq semaines. Trois agriculteurs ont même mené une grève de la faim de 21 jours. Des méthodes inédites dans le monde agricole.


Ce n’est pas pour ses publicités que la Maison du lait s’attire les foudres de ceux qu’elle est censée représenter. Mais pour son rôle, moins connu, d’instance de décision du secteur. Une instance monopolisée par le syndicat majoritaire, la FNSEA, et par les industriels. Le collège des éleveurs est ainsi occupé par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), directement issue de la FNSEA. Pas d’élections donc, ni aucun moyen pour d’autres syndicats ou associations (Confédération paysanne, Association des producteurs de lait indépendant...) d’y être représentés. Le deuxième collège est réservé aux industriels (Bel, Bongrain, Danone, Lactalis, Nestlé...) regroupés au sein de la FNIL, et le troisième aux coopératives laitières (FNCL), dont les dirigeants sont souvent issus de la FNSEA et les pratiques de plus en plus proches de celles des groupes agroalimentaires.


Entente illégale sur les prix


Le rôle de ces fédérations est déterminant dans la gestion de la politique laitière française. Elles fixent, chaque trimestre, le prix du lait collecté dans les exploitations hexagonales. En mai 2008, cette prérogative est dénoncée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la fraude (DGCCRF). Ce qui provoque une levée de bouclier des colocataires de la Maison du lait. « Nous sommes allés voir Michel Barnier (le ministre de l’Agriculture de l’époque, ndlr) et nous lui avons dit que la DGCCRF nous empêchait de travailler. Nous lui avons donc demandé d’être de notre côté pour déposer un amendement dans la loi de finances et continuer de nous laisser faire », explique alors Jehan Moreau, représentant des industriels. Le directeur de la FNIL précise aussi avoir « appelé deux ou trois députés pour leur dire de voter l’amendement  ». Ce qui fut fait.


Le lobbying est passé, les tentative de régulation ont trépassé. La « Maison du lait » continue de fixer les prix, grâce à quelques petits artifices techniques : des émissions « d’indices de tendances des marchés nationaux » dont les acteurs de la filière sont «  autorisés à tenir compte dans leurs relations contractuelles ». Un tour de passe passe contraire à toutes les règles de la concurrence européenne mais soutenu par l’État français. Pour Gilles Psalmon, président de la Fédération des producteurs de lait (FNPL), cette délégation des pouvoirs permet de « ne pas être en guerre permanente sur le prix du lait ».


Racket obligatoire


Sauf que la guerre est arrivée. L’équilibre des prix ne convient plus à une bonne partie des éleveurs. Et pour cause : il se stabilise souvent en dessous des coûts de production. Suite à la baisse de 54% des revenus des producteurs de lait l’année dernière, les mouvements de protestation se sont multipliés. D’abord la grève du lait à l’automne 2009 : des milliers de litres de lait sont déversées dans les champs. Ensuite, la manifestation au Salon de l’agriculture 2010, organisée par l’Association des producteurs de lait indépendants (APLI). Puis encore des manifestations en septembre et, le mois suivant, l’occupation de la Maison du lait par plusieurs membres de la Confédération paysanne. André Bouchut, secrétaire général de la Conf’, y mène une grève de la faim pendant trois semaines avec deux autres militants. « L’inter-profession défend un modèle productiviste, non ancré dans les territoires et non rémunérateur pour les éleveurs, proteste-il. La fédération des producteurs de lait soutient ce modèle. Ce n’est plus tolérable !. »


Le système est d’autant plus pervers que ce sont les producteurs qui financent au trois quart cet organisme (38 millions d’euros en 2009) ! Et ce, via une contribution payée sur chaque litre de lait vendu, et joliment nommée « Contribution volontaire obligatoire ». Prélevée automatiquement par les collecteurs de lait, cette contribution est devenue intolérable pour les syndicats minoritaires, Confédération paysanne et Coordination rurale. Elle les contraint en effet à financer la fédération qui a bâti le modèle qu’elles condamnent ! « Il ne reste que deux solutions, estime André Bouchut. Soit l’inter-profession accepte les syndicats minoritaires en son sein, pour que l’on puisse défendre un autre modèle, soit elle le refuse et nous laisse cesser de payer notre contribution. » Une menace de taille pour les financements de la Maison du lait.


Producteurs laitiers : une espèce en voie de disparition


« L’interprofession valide des choix qui mènent à la disparition des éleveurs », dénonce Jean-Marc Thomas, responsable lait de la Confédération paysanne des Côtes d’Armor et membre du Cedapa (Centre d’étude pour un développement agricole plus autonome). Le nombre de producteurs est en baisse constante. 200.000 exploitations étaient recensées en 1990, 130.000 en 1998 puis seulement 85.000 aujourd’hui. Au moins 120.000 emplois supprimés en vingt ans ! Et le déclin n’est pas terminé. D’après les estimations de l’Institut de l’élevage, les producteurs laitiers ne resteront plus que 50.000 en 2015, 25.000 en 2035.

Les producteurs, y compris ceux de la FNSEA, sont de plus en plus isolés au sein de la Maison du lait. Les coopératives, des groupements de producteurs ayant choisi à l’origine de collecter et transformer eux-même leur lait, sont historiquement plus proches des éleveurs. Mais leur organisation de plus en plus gigantesque, comme l’immense Sodiaal qui possède notamment Candia, ont pris le pas sur la motivation initiale. Leurs intérêts se sont rapprochés de ceux des industriels. Ils ont créé ensemble leur propre lobby européen, l’Association des transformateurs laitiers (ATLA).


Quand l’agroalimentaire méprise les producteurs


« C’est en réalité la transformation qui définit les orientations stratégiques du CNIEL, les producteurs faisant globalement confiance à leur expertise » car « malgré leur forte contribution financière, [ils] n’ont aucune volonté hégémonique sur des sujets qu’ils maîtrisent mal », explique une note interne de 2004, récemment révélée par La France Agricole. En clair, les producteurs sont des paysans ignorants, laissez donc faire les businessmen : doit-on sentir dans cette note une pointe de mépris ? Publiée pendant l’occupation de la Maison du Lait, cette note n’y a pas réchauffé l’ambiance.

© Jean Larive

L’action de la Confédération paysanne et la défiance grandissante des producteurs de lait à l’égard de « leur » maison semblent cependant avoir fissuré l’édifice. Des négociations se sont ouvertes ce 9 novembre. Si, avec la Coordination rurale, ils parviennent à obtenir voix au chapitre, le CNIEL verrait gonfler les rangs des producteurs en son sein. Ceux-ci pourront alors espérer rendre les négociations sur le prix du lait moins asymétriques, voire défendre un autre modèle agricole.


Produire moins pour gagner plus


Celui-ci est déjà en germe. « Nous avons choisi la voie opposée au productivisme, explique Jean-Marc Thomas, installé en Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) avec sa compagne et un autre couple, en Bretagne. On s’en sort non pas en produisant plus mais en réduisant les dépenses de production. » Revenu aux bases de l’agronomie, avec le soutien du Cedapa, ils ont progressivement réduit à zéro les achats d’engrais et de pesticides en choisissant un système herbager adapté aux caractéristiques de l’environnement local. La production de l’exploitation a légèrement baissé les premières années, mais les économies de dépenses sont telles que les revenus des quatre salariés se sont maintenus, contrairement à beaucoup des autres éleveurs.


« Nous ne produisons que 400.000 litres de lait à quatre, quand le modèle productiviste en fabrique autant avec une seule personne. Mais nous parvenons à prendre du repos un week-end sur deux, et même quinze jours de vacances par an ». Si Jean-Marc reconnaît que la conversion est une période difficile et demande beaucoup d’expertise, le jeu en vaut la chandelle. Dans les fermes qui ont expérimenté le système herbager, la consommation d’énergie est réduite d’un tiers, celle d’herbicides est divisée par cinq et les excédents d’azote, notamment responsables des algues vertes, baissent de 44%, selon les études du Cedapa.


Dumping européen


Pour accompagner cet autre modèle agricole, il manque une régulation européenne qui empêche le dumping sur les prix, causé par une surproduction volontaire. « Il faut cesser de s’aligner vers le bas sur des modèles ultra productivistes et fixer des quotas : produire à peine plus que ce que l’on consomme en Europe pour réduire les importations entre pays », propose André Bouchut, secrétaire général de la Confédération paysanne. « Pour nous la nourriture n’est pas une marchandise comme les autres ».


Ces expérimentations et propositions ne vont pas réjouir les industriels qui siègent au CNIEL. Eux répètent qu’à chaque hausse de prix du lait français, des produits laitiers allemands et danois envahissent nos étals. Ne pourraient-ils pas également rogner sur une partie de leurs marges et dividendes ? Un autre partage des richesses agricoles et un autre modèle de production constituent probablement le chemin à suivre pour que les agriculteurs vivent simplement de leur métier, et que les consommateurs puissent continuer de savourer leurs « sensations pures ».

Thibaut Schepman

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 10:48

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Pour rappel, Michel Houellebecq est celui qui a écrit :

 

‎ "Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza,j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme à la pensée qu’il y avait un musulman de moins. "

 

et aussi :

 

‎ "L’islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire – pardonnez-moi – que d’enculer leurs chameaux".

 

Note: Mais bien sûr, c'est de la littérature! Il n'en pense pas un mot, c'est un personnage qui parle! Et la liberté d'experssion? On voit décidemment le mal partout.

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 10:17

Lettre à nos camarades de la gauche de la gauche qui ne savent plus à quels saints se vouer dans les débats sur la religion.

 

Nous sommes croyant-es et anticapitalistes. Cela peut paraître incompatible à beaucoup. Par ce texte, nous voulons engager le dialogue avec les autres militant-es de la gauche de la gauche, et leur faire partager pourquoi dans nos vies, dans nos métiers, dans nos engagements associatifs, syndicaux et politiques, ce sont toutes nos convictions - spirituelles et politiques - que nous engageons pour la justice sociale, sociétale et écologique. Nous pensons que cette part de notre culture militante a aussi sa place, dans le creuset de la nouvelle gauche radicale.

 

Les religions, réalité vivante et plurielle

 

Engagé-es dans le mouvement social, aspirant à l’unité de celui-ci, nous utilisons le patrimoine intellectuel commun qui permet une pensée propre au mouvement ouvrier de la question religieuse. Karl Marx, Walter Benjamin, Antonio Gramsci, Ernst Bloch, et plus près de nous Michaël Lowy ont produit des concepts et des approches qui permettent de dépasser les évidences, les clichés.

 

Ils nous rappellent l’importance de la dialectique. Aucune réalité sociale n’est un « en soi » par essence progressiste ou réactionnaire. « La religion » n’est pas une réalité qui y échappe. D’un côté, les religions et les croyants sont pris dans la lutte des classes, sans forcément s’y réduire. De l’autre, chaque réalité religieuse a sa propre sociologie, histoire sociale, des rapports aux institutions qui lui sont propres et bien sûr son propre monde de croyance. Mais qui ne sont pas indépendantes de la lutte des classes. Suivant les religions, les croyants peuvent plus ou moins peser pour obtenir des évolutions internes. Il ne faut pas chercher ailleurs l’extrême diversité des réalités religieuses.


Qu’y a-t-il de commun entre la religion d’un peuple amazonien et le catholicisme de la grande bourgeoisie française ? Entre le protestantisme de Jean-Marie Tjibaou et celui du télévangéliste de l’ultra-droite américaine Pat Robertson ? La théologie, matière vivante en débat permanent, n’est pas moins diversifiée – pour le meilleur comme pour le pire. Une observation objective oblige à admettre que toutes les positions politiques se retrouvent chez les croyants du monde entier, que les lignes de fractures, et donc les alliances possible ou impensables, ne passent pas entre croyants et non-croyants mais tout autant au sein des croyants que des non-croyants.

 

Si l’on accepte « les religions », comme une réalité diverse politiquement, il devient possible d’aborder ce débat à partir de nos propres bases. La droite au pouvoir nous inflige un matraquage médiatique, qui simplifie la question pour mieux l'instrumentaliser dans sa politique réactionnaire. Nous refusons d’entrer dans le débat par ce prisme réducteur !

 

Notre tradition militante

 

Il faut ouvrir la grosse boite de « la religion » pour penser plus justement. Partons d'un tout petit coin de la boite, celui où nous nous tenons : le Christianisme social qui depuis le XIXe siècle traverse le protestantisme (notre foi) et le catholicisme, ce qu'on appelle couramment les « chrétiens de gauche ». Ses combats ont participé à construire la gauche associative, sociale et politique, ici en Europe et jusqu'en Amérique Latine avec la théologie de la libération. Ce courant traverse donc, d’un côté le christianisme et, de l’autre, l’histoire de la gauche révolutionnaire et internationaliste.

 

Aujourd’hui, nos choix professionnels de travailler dans le social en milieu populaire, nos engagements sociaux et politiques dans le féminisme, contre le patriarcat et l'hétérosexisme, pour l'écologie et les sans-papiers enrichissent notre spiritualité, comme ils sont nourris par elle. Nous voyons une continuité entre notre spiritualité, nos colères et notre volonté d’un changement révolutionnaire de la société capitaliste.


Oui, dans la lecture des prophètes de l’Ancien Testament, dans les Evangiles de Jésus, nous entendons un appel à l'engagement au côté des exclus, des exploités, des rejetés, à la confrontation jusqu'au bout avec les logiques mortifères présentes dans la politique, l'économie et la religion. Certainement pas une invitation à subir le présent dans un retrait piétiste hors du monde en attendant le paradis.


Dans ces mêmes textes, nous lisons l'espérance qu'un jour viendra le Royaume de Dieu. Non pas la théocratie qui est notre pire cauchemar, mais la chute de toutes ces puissances mortifères : un monde de justice et d'amour où les identités de genres, de classes, de races, les oppositions entre l'humain et la nature, seront dépassées. Ernst Bloch appelait cela le « plus vieux rêve du monde ».


Notre engagement politique et social est le chemin de notre espérance. Nous traduisons notre foi en actes. Ceci montre bien notre conscience que c’est par les luttes politiques et syndicales, aux côtés de toutes les composantes de la gauche radicale, que nous construirons, ensemble un « autre monde ». Ce n’est pas au nom de Dieu que nous luttons, mais, souvent, sa parole nous accompagne et nous l’entendons dans nos slogans et nos chants de luttes.

 

Notre espérance

 

Les partis de gauche, les associations, les syndicats ne peuvent se le cacher : dans les luttes, de nombreux croyants participent à la bagarre de terrain. L’exemple du combat de la CIMADE parle à tou-tes.


Ces alliances participent à l'élargissement de la base sociale nécessaire à un projet de changement radical. À la limite, la présence des croyants, notre présence, tant qu'elle reste silencieuse, voire honteuse sur ce qui nous fait aimer, travailler, militer, ne gêne personne. Mais, comme toute personne qui s'engage, nous pensons que nos questions peuvent aussi participer à l'avancée du projet commun. Que même dans une société socialiste, il y aura des raisons de croire.

 

L'histoire totalitaire du socialisme au XXe siècle, mais aussi celle de la crise écologique actuelle, est celle de la prétention humaine à la maîtrise totale, d'une raison autosuffisante qui s'est crue capable de tout, d'un pouvoir sans limite dans sa toute puissance face à la société, à l'individu, à la nature.


Ce danger oblige à être intransigeant dans la construction de la société future sur le respect des libertés individuelles, sur l'installation de pratiques autogestionnaires. Toutes les occasions de faire l’expérience pratique dès maintenant de cet idéal, au sein des luttes comme dans notre vie quotidienne, doivent être saisies par tou-tes. En y prenant part, nous voulons être vigilant-es à ne pas laisser s’enfermer l'action commune dans une logique purement rationnelle qui ferait s’effacer l’individu derrière le collectif. Notre foi nous invite à concilier la logique de justice et la logique d’amour et de don, que nous entendons dans la Parole. La logique d'amour ne suffit pas, mais elle met sur le chemin de la justice, d’une justice poussée par l'amour jusqu'au bout de sa propre logique.


Notre foi joue aussi comme une ouverture nécessaire, en ce qu'elle nous dit que nous n'avons pas prise sur tout, que des réalités nous dépassent, qu'il y a du non maîtrisé. Les récits mythiques de la création nous font penser que la nature, la présence des autres, notre vie, nous ont été données, nous sont données gratuitement en permanence : nous ne pouvons pas en faire n'importe quoi, l'humain n'a pas la main sur tout.

 

Libre-arbitre et pratiques minoritaires subversives dans les religions

 

Notre tradition protestante (qui a contribué aux Lumières en instituant la lecture libre de la Bible hors du pouvoir du prêtre), nous fait aussi répondre au risque d'un socialisme sans liberté par l'importance donnée au libre-arbitre, à la liberté de conscience individuelle. Dans le même temps, nous pensons, avec le philosophe juif Levinas et le philosophe protestant Ricoeur, que chacun n'est lui-même qu'avec et à travers l'autre.


La prise en compte sérieuse de cette tension entre libre-arbitre et dépendance vis-à-vis de l'autre, notamment à travers la question complexe du consentement éclairé, n'élèverait-elle pas les débats actuels sur la prostitution ou le voile ? Elle invite aussi, dans les questionnements sur les religions et l'Islam, à faire des choix politiques qui, contre les institutions religieuses et les positions majoritaires souvent réactionnaires dans ces institutions, favorisent ce libre-arbitre, les pratiques minoritaires progressistes et leur capacité à subvertir les symboles, les rituels, les textes y compris ceux ayant jusque-là été utilisés dans un sens oppressif.


Nous en sommes les acteurs dans la lutte contre l'homophobie et le sexisme religieux. Nous nous posons des questions sur le voile. Mais nous ne voulons pas y répondre avant d'avoir fini de comprendre la question, ni surtout fini d'entendre comment celles qui sont directement concernées font bouger les choses.

 

Les raisons du coeur dans le mouvement social

 

La barbarie capitaliste, comme l'expliquait Marx, est aussi la réduction de toute chose à la mesure unique de l'argent, qui mutile la créativité humaine. Face à cela, il est nécessaire de mettre fin à la logique du profit et cultiver la diversité des façons d'être au monde. Comme dans d'autres domaines de la créativité humaine, dans les arts par exemple, d'autres valeurs que celles du mesurable sont mises en avant par la Bible, et encore plus dans les religions orientales ou amérindiennes : l'émerveillement, l'espérance, l'amour, la beauté...


L'humain a besoin de toutes ces dimensions. Il est un tout. Même s'il est utile qu'il rentre dans la fiction nécessaire du « militant uniquement rationnel », dans les faits, il ne laisse jamais « à la porte » de l'action politique ses goûts, ses rêves, ses imaginaires, son histoire personnelle ou familiale, ses croyances, son genre, son orientation sexuelle, son handicap... Vouloir lui faire laisser au placard ces dimensions, c'est oublier que les dimensions blanches, mâles, incroyantes, elles, ne le sont jamais. Non seulement une inégalité se crée ainsi, mais la vision qui s'exprime dans les débats est réduite à celle d'une minorité de la population.

 

Ne pourrions-nous pas accepter cette contradiction entre une raison purement rationnelle et cette raison du coeur ? Nos raisons du coeur, ce sont nos indiscutables, nos transcendances, y compris laïques : la Liberté, le Socialisme, la Justice... Loin de nous l’idée de mettre les raisons du coeur au-dessus du rationnel, du purement politique. D’un autre côté, qu'on le veuille ou non, une personne qui aurait l'impression que sa raison du coeur n'est ou ne sera jamais prise en compte (à tout hasard sa foi musulmane), quand celle de l'autre ou d'autres le seraient systématiquement (à tout hasard, le rejet viscéral de toute religion), perdrait à terme l'envie d'« agir ensemble ».


Au nom du fait qu'agir ensemble, c'est aussi construire une communauté humaine dans sa diversité, préfigurant la société de demain, une sollicitude dans le débat n'est-elle pas nécessaire ? Nous appelons simplement à un débat serein, qui respecterait cette tension, ferait une place aux raisons du coeur, aux côtés du rationnel nécessaire à la construction des luttes.

 

Notre place dans le mouvement social

 

Nous refusons l’idée que cette prise en compte de l’identité de chacun-e empêcherait le mouvement ouvrier d’avancer, nous sommes persuadé-es du contraire. Parallèlement, nous n’acceptons pas de nous laisser enfermer dans une logique selon laquelle on pourrait s’appuyer sur nous, croyant-es, pour grossir les rangs de la révolte et mieux nous convaincre, après, que nous nous égarons.


Nous assumons la tension entre notre spiritualité et nos convictions politiques, sur le fond comme sur la forme. Par là, nous souhaitons ouvrir une porte sur un militantisme où la justice sociale serait accompagnée de l’ouverture sur l’Autre, sur l’amour, sur l’émerveillement.

 

Prenons encore l'exemple des textes de référence des religions. La Bible, comme les mythes, les textes poétiques, à la manière des romans, de la peinture ou des chansons populaires permettent de dire le profond de l'homme, de sa noirceur comme de sa rêverie, de ses espoirs comme de son désarroi, de ses espérances... Pourquoi la référence biblique ou coranique ne prendrait pas place à côté de l'ensemble des références culturelles, de l'Illiade et l'Odysée, des textes de Marx... ou du Petit Chaperon Rouge ?


Cela implique que, dans le débat, les croyant-es n'exigent pas, pour leurs références spirituelles, le privilège de vérité surplombante. Qu'ils acceptent qu'elles puissent être critiquées, comme n'importe quels arguments ou références amenés dans la discussion, acceptés ou rejetés en fonction de leur cohérence avec l'ensemble des valeurs communes. Qu'ils s'interdisent d'utiliser l'accusation de blasphème contre les critiques de la religion. Cela implique à l'inverse que les non-croyant-es ne les rejettent pas d'emblée, sans entendre ce que ces références donnent à penser, pourraient leur dire.


Dans cette approche où les croyant-es ne revendiquent pas de privilège de transcendance pour ces textes, ils apparaissent comme une référence de plus dans le débat, pas moins, pas plus, légitime qu'une autre.

 

Laisser une place à la dimension croyante de la culture militante cela veut dire des efforts à faire. Mais cela signifie aussi, qu'en élargissant le canon de ce qui est légitime dans le débat, on réduit les inégalités entre ceux et celles qui maîtrisent les références classiques, blanches, bourgeoises, etc, et les autres. Élargir la palette de ce qui peut s'exprimer, se dire et se débattre, c'est se donner la possibilité collective de penser plus, d'agir plus nombreux-ses et plus complètement, vers un monde plus riche d'autre chose que d'argent et de biens manufacturés.

 

Il nous semblait, et il nous semble toujours, que la gauche de la gauche assumait désormais sa pluralité. Que la nouvelle gauche radicale n'avait plus peur de la pluralité des références qui, dans les faits, construisent chacun-e et contribuent à l'interprétation du nouveau référentiel commun de l'anticapitalisme, du féminisme et de l'écologie...


Nous disons seulement que nous sommes candidat-es à ne plus laisser la dimension croyante de notre culture militante au placard et à la mettre dans le pot commun, pour qu'elle y prenne sa place, ni moindre, ni plus sacrée qu'une autre.

Petite pincée de sel dans le grand pot-au-feu du débat de la gauche...

 

Héloïse Duché, membre de l'Eglise réformée de France, cadre d’un mouvement de scoutisme protestant, travailleuse dans le milieu associatif de l’Education Populaire, militante anticapitaliste

Stéphane Lavignotte, pasteur de la Mission populaire évangélique, directeur de La Maison Verte (Paris 18e), paroisse protestante inclusive et maison de quartier, militant écologiste, dernier livre paru, « La décroissance est-elle souhaitable ? » (Textuel). Tous les deux se réclament du Christianisme social.

 

Note du blog:

Trosky, Histoire de la révolution russe

link http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrrsomm.htm

Chapitre: La paysannerie devant octobre

...A cela il faut ajouter l'action de la pensée des sectes religieuses qui unissaient des millions de paysans. J'ai connu - écrit un auteur bien informé - beaucoup de paysans qui accueillirent ... La Révolution d'Octobre comme l'absolue réalisation de leurs espérances religieuses. "
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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 10:03

 

Il ne faut pas croire que les étudiants soient les seuls à bouger.
Ici, contre la fermeture d'une école en Ecosse.
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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 09:54

10 novembre 2010 à 14h38

 

Ce matin pendant plusieurs heures, l'équipe en place du service de préparation a décidé de débrayer, suite à un refus de la direction d'apporter des solutions à une surcharge de travail qui devient l'habitude.

 

" Depuis plusieurs semaines, notre charge de travail et la pénibilité de notre métier est augmenté, de plus en plus souvent la direction nous demande d'augmenter nos cadences qui passent de 1.500 à 1.700 jusqu'à 1.800 colis par jours à emmener à quai. La direction en est même arrivée à mettre des employés administratifs sur les quais pour pallier aux manques de personnels ". Les syndicats CGT et CFDT de l'entreprise n'excluent pas une intensification du conflit.

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