"Bernard Poignant prend l'eau avec Veolia" : autre titre du "Télégramme" et oui, il y a
plusieurs éditions!
24 septembre 2010 -Le Télégramme
Moment marquant, ce soir, du mandat de Bernard Poignant : le vote sur la gestion de l'eau potable à Quimper. Sauf surprise, le contrat de
Veolia sera reconduit. Mais la méthode du maire, qui a confisqué toutes les clés du débat public, lui a joué quelques mauvais tours.
L'hôtel de ville de Quimper depuis quelques semaines? Pour filer la métaphore footballistique, il ressemble, à moindre échelle, au quartier général des Bleus, à
Krysna, pendant leur «épopée» en Afrique du Sud. Avec un «traître» qui a osé parler à la presse. En d'autres temps, l'adjoint UDB chargé de l'eau, le bouillant journaliste sportif Georges Cadiou,
aurait peut-être apprécié le parallèle avec le foot. Ce coup-ci, c'est moins sûr. Car c'est de son «ministère», les politiques publiques de l'eau, qu'a jailli la zizanie.
Étude «orientée»
Tout ça à cause d'une échéance: février 2011. Pour Quimper, il s'agit de choisir: nouvelle délégation de service public à un opérateur privé ou passage en régie
publique pour la distribution de son eau potable. Le débat s'annonçait sans grandes aspérités pour la nouvelle majorité municipale qui, depuis 2008, a fait de la «démocratie participative» l'un
de ses maîtres mots. Et puis, lors de la précédente négociation avec Veolia, en 2001, Bernard Poignant n'avait-il pas fait sensation en obtenant une baisse de 40% du prix du m³ d'eau? Mais
depuis, la chambre régionale des comptes s'est émue, en 2003, de surfacturations effectuées par Veolia sur la période 1997-2000.
Sur les braises
Un quartier, le Braden, s'est élevé en 2004 contre des fuites dues à la pose, par Veolia, de nouveaux compteurs. C'est sur ces braises qu'est née l'association
EauSecours 29, qui prône un retour en régie. À tout le moins, elle demande à BernardPoignant de surseoir d'un an à la décision, lui rappelant à l'envi qu'il avait promis un grand débat sur le
sujet. Ses membres pourfendent également l'étude «orientée» d'un cabinet privé, Oxena, qui a plombé l'option régie. Bernard Poignant leur a toujours opposé un silence impérial, se retranchant
derrière la loi (mais laquelle?) et le choix du meilleur prix de l'eau. À ses yeux, on a affaire à une bande de dogmatiques qui ne représentent qu'eux-mêmes.
Mais à force de pointer quelques étonnantes pirouettes comptables de Veolia, les «zozos» en question ont fait sortir le débat de la confidentialité, au point de
faire venir à Quimper Danielle Mitterrand, farouche militante pro-régie, qui a drainé plus de 300 personnes à sa réunion publique, le 8 septembre. Entre-temps, le groupe Kemper l'Écologie à
Gauche, composante essentielle de la majorité municipale, a rappelé son attachement à un retour en régie. L'UDB aussi, mettant son seul élu, Georges Cadiou, en porte-à-faux. Et surtout, Bernard
Poignant a essuyé deux frondes sans précédent, suite à son choix de fermer trois écoles du centre-ville (il a dû faire machine arrière), puis en déménageant bientôt le cinéma Art et Essai de la
ville, sans étude préalable aucune.
Un million de déficit en 2008
Et la droite dans tout ça? Elle est atone, à l'image de son leader, Ludovic Jolivet, pourtant disert sur son blog. Le recours à Veolia semble faire l'unanimité. Son
autre porte-parole, Marcelle Ramonet, commerçante appréciée, ne tourne même pas de l'oeil quand elle voit le million de déficit affiché par Veolia en 2008. Nul doute qu'en 2009, la barre a été
redressée, même si les données restent encore inaccessibles. Probablement un hoquet passager de la démocratie participative.
Note:
Voilà de la presse locale incisive! (Bon faut dire que c'est contre la "gauche").
Eau secours 29 : « Les comptes sont gonflés »
jeudi 23 septembre 2010 Ouest France
L'association conteste les conclusions du rapport Oxena sur le coût d'une régie. Ils regrettent le manque de concertation avec la ville.
À quelques jours du vote par le conseil municipal du marché de prestation de service pour l'exploitation de l'eau potable, les membres de l'association Eau secours
29 montent au créneau.
Ils dénoncent le manque de concertation avec la municipalité : « Nous demandons en vain le cahier des charges des deux enquêtes du cabinet Oxena
qui ont coûté 64 000 € à la ville, explique Philippe Levallois. Nous sommes écartés de toute discussion. »
60 % des compteurs renouvelés
L'association revient sur les conclusions de l'étude qui pointe le coût important d'une régie municipale.
« Tous les comptes présentés sont gonflés, précise le militant. Les effectifs pléthoriques ne sont pas justifiés par des activités
d'exploitation. La régie nécessiterait 27 emplois à temps plein. Mais on ne sait même pas le nombre d'emplois prévus par Véolia dans sa nouvelle offre. »
Autre point de discorde : le renouvellement des compteurs. « Oxena prévoit que 60 % des compteurs devront être renouvelés
alors que la quasi-totalité du matériel a été changé lors du précédent contrat, ajoute Philippe Levallois. Cette dépense est abusivement imputée à la régie. Par ailleurs, la
réduction du nombre d'années d'amortissement gonfle également le coût de la régie. »
Pour Eau secours 29, « Il faut surseoir d'un an la décision du conseil municipal et reprendre la comparaison dans des conditions justes. Certaines
villes ou communautés d'agglomérations comme Montbéliard ou Rouen ont décidé de ne pas suivre les conclusions défavorables à la régie du cabinet Oxena. Pourquoi Quimper ne ferait pas de
même ? »
Les membres de l'association affirment d'ailleurs que dans ces villes qui ont choisi le retour en régie municipale, le prix de l'eau a baissé.