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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 11:01

 



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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 10:54

Olivier Besancenot lors d'une manifestation contre le ministère de l'Immigration en février 2010 (Gonzalo Fuentes/Reuters

Le Mouv

A la veille de la manifestation contre la réforme des retraites, Olivier Besancenot était l'invité lundi de La Matinale du Mouv, dont Rue 89 est partenaire.

De la perte de crédibilité d'Eric Woerth aux points de la réforme qui fâchent, en passant par ses relations avec le PS, le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste se veut toujours combatif, malgré ses derniers revers électoraux.


60% des Français souhaitent qu'Eric Woerth parte…

« Ils ont raison ! Quand Woerth va expliquer à tout le monde qu'il faut se serrer la ceinture, je lui souhaite bien du courage, vu qu'il a quand même deux ou trois petites bricoles et qu'il a la Légion d'honneur plutôt facile à tous ceux qui lui rendent un petit service. […]

C'est l'illustration qu'il y a une petite crise politique dans l'air, en plus de la crise économique et de la crise sociale. Aujourd'hui, même à droite, ils se cartonnent, ils sont divisés. C'est pour ça qu'il y a la possibilité de remporter quelque chose sur les retraites. C'est pour ça que les deux sont liés. » (Ecouter le son intégral)

 

« C'est de la vraie-fausse négociation »

Eric Woerth a invité les partis politiques à venir discuter de la réforme des retraites. Et vous ?

« Non, pas nous. De toute façon, […] c'est du bluff, c'est de la vraie-fausse négociation. On fait croire qu'on négocie quelque chose alors qu'on négocie rien. On n'arrête pas d'expliquer qu'on ne va pas bouger d'un cil sur le front de la réforme. » (Ecouter le son intégral)

 

S'il vous invite, vous n'y allez pas ?

« Non. Surtout pas avec lui, en plus. Je ne suis pas là pour ça. Je suis là pour dire si le fond de la réforme est juste ou pas. On nous bassine avec une réforme qui est, paraît-il, super nécessaire, sans nous expliquer pourquoi il y a le trou de la Sécurité sociale et sans nous expliquer qu'en fait il y a les moyens de financer une retraite à 60 ans.

Quand j'entends Lagarde qui dit qu'à 62 ans, on n'est pas encore usé ! Ça veut dire qu'il faut être usé pour partir à la retraire. Moi, j'estime que si on peut partir après une dure vie de labeur, profiter un minimum de sa vie, tant mieux. » (Ecouter le son intégral)

 

« 3% des richesses annuelles d'ici 2050 »

Que proposez-vous comme alternative au projet du gouvernement ?

« Le partage des richesses. Il y a le rapport du Conseil d'orientation des retraites, sur lequel le gouvernement s'appuie pour faire passer sa réforme [et qui prévoit jusqu'à 115 milliards d'euros de déficit par an pour financer les pensions d'ici 2050]… Dès qu'on parle de chiffres comme ça, les gens partent en courant, et ils ont raison.

Mais, ramenés au PIB, ça fait 3% des richesses annuelles d'ici 2050. Ça fait pas grand-chose comparé aux 17% qui partent chaque année sous forme de profits. Les profits, ces trente dernières années, n'ont pas été investis dans la production ou dans l'emploi, mais sous forme de dividendes pour les actionnaires. » (Ecouter le son intégral)

 

Les syndicats ne semblent plus vouloir discuter avec Eric Woerth, ne semblent plus le trouver très crédible…

« Il y a tellement d'affaires, il y a tellement de casseroles qui commencent à s'accumuler, que ça devient un peu compliqué d'avoir un interlocuteur. En plus, ce n'est pas lui l'interlocuteur : ce sera Fillon qui va s'expliquer à la télévision pour dire pourquoi, probablement, ils ne cèdent pas tout de suite.

Personne n'est naïf : même si on met un max de monde dans la rue demain [mardi], je n'imagine pas une seule seconde qu'il y ait Woerth qui débarque à la télé pour nous dire : “Ecoutez, j'ai entendu la rue, je retire la réforme. En plus, je démissionne, parce que j'ai un minimum de dignité.” Donc, il faudra une suite et une suite rapprochée. » (Ecouter le son intégral)

 

« Que tout le monde soit rassemblé »

Vous allez défiler aux côtés du PS et vous êtes invité à l'université d'été de Benoît Hamon mi-septembre. Est-ce que ça veut dire que tout lien entre PS et NPA n'est pas rompu ?

« Nous, on n'a jamais été pour rompre tous les liens avec le PS. Nous, on est pour être pragmatique. Quand il s'agit de s'opposer à une réforme dure et agressive, il faut que tout le monde soit rassemblé. […] Maintenant, il y a des désaccords politiques entre le NPA et le PS. Nous, on est pour le retour aux 37,5 annuités et pour l'abrogation des réformes Balladur depuis 1993. […]

On nous explique qu'il faut travailler plus longtemps donc qu'il faut faire plus d'annuités. Sauf qu'il y a une toute petite minorité de salariés qui arrivent à faire les 37,5 annuités. […] Donc la seule conséquence concrète et réelle des réformes, c'est que les pensions des retraites baissent. » (Ecouter le son intégral)

 

Photo : Olivier Besancenot lors d'une manifestation contre le ministère de l'Immigration en février 2010 (Gonzalo Fuentes/Reuters

En partenariat avec La Matinale du Mouv :

Le Mouv

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 10:46

Par Ivan du Roy (7 septembre 2010)


La réforme des retraites risque bien d’aggraver la situation des femmes. Toutes les inégalités, en matière de salaires, de précarité de l’emploi, de temps consacré aux activités domestiques, vont se cumuler au moment du calcul de l’âge de départ en retraite et du niveau de pension. Plusieurs parlementaires de gauche, soutenus par des associations et des syndicats, viennent de saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Explications.


Crédit photo : Daniel Maunoury

 

Les femmes vont-elles être victime d’une gigantesque discrimination si l’actuelle réforme des retraites est mise en œuvre ? C’est la question que posent neuf parlementaires de gauche (du PS, du PCF, des Verts, du Parti du gauche et de la Fédération pour une alternative sociale et écologique) [1] en saisissant la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Selon les élus, l’allongement de la durée de cotisations et le report de l’âge légal de départ en retraite induiront des discriminations indirectes à l’encontre des femmes. Celles-ci seront, bien plus que les hommes, obligées de partir plus tard en retraite ou de se contenter de pensions très affaiblies.


Qu’est-ce qu’une discrimination indirecte ? Elle est définie « comme la situation dans laquelle une disposition, un critère ou une pratique apparemment neutre désavantagerait particulièrement des personnes par rapport à d’autres, pour des motifs prohibés, comme le sexe ». À moins que la mesure en question « ne soit objectivement justifiée par un but légitime et que les moyens pour parvenir à ce but soient appropriés et nécessaires ». Le « but légitime » est ici la sauvegarde du système par répartition. Derrière l’apparente égalité de traitement, quelles seront les conséquences concrètes de la réforme ? Les femmes seront-elles sacrifiées sur l’autel de la diminution des dépenses publiques ? « Nous considérons que, compte tenu de l’état du marché du travail et du niveau de chômage, notamment celui des seniors, tout allongement de la durée de cotisation, comme tout report des âges légaux, ne peut aboutir qu’à une baisse des pensions servies, à l’opposé donc de la sauvegarde de la répartition », estiment les élus dans une lettre envoyée à la Halde le 1er septembre, et inspirée par un collectif composé d’associations et de syndicats (Attac, FSU, Solidaires, Fondation Copernic…).


Pension divisée par deux ?


Qu’en est-il ? Les inégalités entre hommes et femmes en matière de retraite sont déjà criantes. Les retraitées touchent une pension moitié moindre que celle des hommes : 745 euros en moyenne contre 1550 euros (en 2004). Plusieurs mécanismes de compensation, comme les majorations de pensions liées au nombre d’enfants ou les pensions de réversion pour les veuves, permettent de combler partiellement cet écart. Au final, la pension des femmes retraitées équivaut à 62% de celle des hommes, au lieu de seulement 48% avant le versement des droits familiaux ou des pensions de réversion [2]. Quand un homme touche 100 euros de pension, une femme ne perçoit que 62 euros.


Pourquoi un tel écart ? Il concerne les femmes déjà à la retraite, donc nées avant 1950. Des générations, surtout celles d’avant-guerre, davantage confinées aux tâches domestiques et peu présentes sur le marché du travail. Et lorsqu’elles exercent une profession entre deux congés parentaux, les femmes des années 50 et 60 perçoivent des salaires inférieurs de 35% en moyenne à ceux des hommes. Résultat : moins de la moitié de ces femmes partant aujourd’hui en retraite arrivent à valider une carrière complète, contre 86% des hommes.


Condamnée à partir à 67 ans ?


Contraintes à toucher des pensions plus faibles, elles sont souvent obligées de partir plus tard que les hommes pour faire valoir leurs droits. Presque la moitié des anciennes salariées du secteur privée nées en 1938 ont, par exemple, dû attendre au moins 65 ans – l’âge du taux plein – pour bénéficier de la retraite, contre seulement 16% pour les hommes du même âge qui ont pu valider leurs trimestres plus tôt. Illustration de cette précarité sexuée, parmi les 600.000 bénéficiaires du minimum vieillesse en 2004, quasiment deux sur trois sont des femmes [3]. Qu’en sera-t-il quand ce même âge passera de 65 à 67 ans ?


Pour les élus qui saisissent la Halde, la réforme ne fera qu’aggraver ces inégalités. « Toute augmentation de la durée de cotisation signifie donc qu’une proportion beaucoup plus forte de femmes que d’hommes devront, soit prendre leur retraite à un âge plus tardif (avec les difficultés notoires d’emploi des seniors), soit subir une décote plus forte, puisqu’elles seront en moyenne encore plus loin que les hommes de la durée exigée », écrivent-ils.

 

La Halde, elle-même le reconnaît : « Ces disparités résultent des discriminations liées à l’état de grossesse et au sexe dont les femmes sont victimes et qui impliquent qu’elles sont davantage pénalisées par des carrières interrompues, des temps partiels et des salaires moins importants », écrit sa présidente, Jeannette Bougrab, qui a pris l’initiative d’autosaisir la haute autorité sur la question, début juillet.


Dans ses rapports, le Conseil d’orientation des retraites (COR) se veut bien moins alarmiste. Si l’âge moyen de départ en retraite tend à reculer à cause de l’allongement des études et de la durée de cotisations, les conséquences négatives pour les femmes devraient être en partie compensées par leur plus grande participation au marché du travail. « Elles seraient donc moins nombreuses à attendre l’âge de 65 ans pour faire valoir leurs droits et les âges de départ en retraite des hommes et des femmes salariés du secteur privé auraient tendance à converger », positive le COR [4]. L’inégalité des pensions entre hommes et femmes devrait donc se réduire au fil des générations, entre celle qui part en retraite aujourd’hui (née en 1950) et celle qui partira dans une trentaine d’années (née en 1980), les hommes travaillant un peu moins – moins de carrières longues entamées avant 18 ans – et les femmes davantage.

 

Une inégalité inter-générationnelle ?


Cette vision optimiste oublie que les inégalités salariales et une grande précarité dans l’emploi persistent. En 2010, les femmes gagnent en moyenne 27% de moins que les hommes. À poste équivalent, qu’elles soient ouvrières ou cadres, les femmes touchent 10% de moins. Cette discrimination se répercutera sur le niveau des pensions dans vingt ou trente ans. Elle risque bien d’être amplifiée par la réforme mise en œuvre par le gouvernement.

Car, si les femmes sont bien plus nombreuses à travailler qu’il y a 50 ans, elles le font dans un contexte de grande précarité et d’interruptions répétées de carrière.

 

« L’augmentation de l’activité féminine s’est essentiellement produite via des emplois à temps partiel, parfois très courts comme récemment en Allemagne, où les femmes représentent 64 % des 4,8 millions de salariés occupés à titre principal sous un statut de mini-job, pour lesquels les droits à la retraite sont réduits », observent les économistes Odile Chagny et Paola Monperrus-Veroni [5]. « Pour la France, des simulations récentes montrent que si l’on tient compte du temps partiel, les femmes de la génération 1970 devraient connaître le même déroulement de carrière que les femmes nées dans les générations 1950. » Une précarité à laquelle s’ajoutera le risque du chômage en fin de carrière.


De quoi mettre à mal les rassurantes hypothèses du COR. « L’allongement de la durée de cotisations est à l’œuvre depuis 1993 avec la réforme Fillon et est déjà discriminatoire. On sait parfaitement que les femmes subissent davantage que les hommes le système de décote des pensions. Ce sont des mesures qui pénalisent de manière disproportionnée une catégorie de la population », déplore Christiane Marty, de l’association Attac.


Baisse du niveau de vie


Avant la crise, seule la moitié des femmes âgées de 55 à 59 ans occupait un emploi (51% en France, contre 58% en Allemagne et 77% en Suède). Leur situation ne va pas s’améliorer. Depuis la crise financière, la précarité s’est massivement développée, notamment sous forme de CDD. Au deuxième trimestre 2010, 60% des embauches sont des CDD de moins d’un mois ! Cette précarité « se manifeste aussi, et de plus en plus, par un sous-emploi durable, fait de temps partiel imposé et accepté faute de mieux, d’emplois non qualifiés qui se développent dans les services. Les femmes sont surreprésentées dans ce sous-emploi durable, à temps partiel et non qualifié, donc porteur de bas salaires », s’inquiète l’économiste Françoise Milewski.


En France, comme en Allemagne, en Italie ou en Suède, où sont mises en œuvre le même type de réforme, « c’est aux femmes que les réformes demanderont potentiellement l’effort le plus important en termes d’allongement de durée d’activité, et c’est également sur elles que pèsent les risques les plus élevés en termes de niveau de vie », assènent Odile Chagny et Paola Monperrus-Veroni. À moins de renforcer les dispositifs qui visent à compenser ces inégalités – augmentation du minimum contributif (595 euros aujourd’hui), valorisation du temps consacré à la vie familiale… – les femmes seront, avec les ouvriers, les plus défavorisées par la réforme. Toutes les inégalités qui frappent les femmes par rapport aux hommes – inégalités salariales, précarité de l’emploi, temps consacré aux activités domestiques et familiales... – se cumuleront au moment du calcul de la pension et de l’âge de départ en retraite. À la Halde de dire s’il s’agit d’une discrimination. Si son avis ne sera que consultatif, il pourra servir à contester la nouvelle loi et ses effets devant les tribunaux.

Ivan du Roy

Notes

[1] Marie-Hélène Amiable (PCF), Martine Billard (Parti de gauche), Danielle Bousquet (PS), Patrick Braouezec (Fase), Marie-George Buffet (PCF), Jean Desessard (Verts), Noël Mamère (Verts), Roland Muzeau (PCF), Anny Poursinoff (Verts)

[2] Lettre de l’Observatoire français des conjonctures économiques, mai 2008

[3] Chiffres tirés du sixième rapport du COR : « Retraites : droits familiaux et conjugaux. »

[4] 6ème rapport : « Retraites : droits familiaux et conjugaux. »

[5] Chroniques internationales de l’Ires, janvier 2008.

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 10:43

 



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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 10:21

20 juillet 2010

Les livres de Stieg Larsson et les films qui en ont été tirés continuent de hanter l’Europe. En 2008, «  L’homme qui n’aimait pas les femmes  » a été le livre le plus vendu dans les pays de l’UE, tandis que Larsson était le second auteur le plus vendu dans le monde. Quarante pays, dont le Vietnam et la Thaïlande, ont acquis les droits de ses livres et Hollywood produira sa propre version de sa trilogie.


[…] Auteur de la fameuse trilogie Millenium – trois volumes récemment adaptés au cinéma –, Stieg Larsson est mort d’une défaillance cardiaque avant la confirmation du succès de son œuvre populaire. Pourtant, celui-ci a été terni par des accusations et des conflits personnels dramatiques, au grand désarroi de ceux qui poursuivent ses autres combats, contre le racisme, le nazisme et l’oppression des femmes.


Une héroïne féminine


Larsson est né en 1954, à Umeå, une ville du nord de la Suède. A l’âge de vingt ans, il travaillait déjà comme journaliste indépendant. Collégien, il avait entamé des recherches sur le racisme et l’extrémisme de droite, qu’il poursuivra sa vie durant. On se souviendra de lui comme de l’un des meilleurs experts du racisme organisé et du nazisme en Suède et ailleurs : en 1995, il participait à la création de la fondation suédoise antiraciste Expo et de son magasine du même nom.


Sa trilogie et les films qui en sont inspirés portent la marque de son affiliation politique. Ce n’est pas un hasard si son «  héro  », Lisbeth Salander, est «  une femme qui hait les hommes qui haïssent les femmes  » (selon la présentation de l’un de ses films). Est-ce la une raison de son énorme popularité  ? Il a été établi qu’un tiers de la population suédoise ou plus possède au moins un livre de Larsson. Le public attendait-il une intrigue décoiffante, porteuse d’un message humain  ? Cette hypothèse est convaincante.


Hors du mariage, pas de salut  !


Cependant, les événements qui ont suivi sa mort soudaine, en 2004, […] ne se limitent pas à sa notoriété internationale. Dans le combat méprisable pour l’argent découlant de Millenium, Eva Gabrielsson, sa compagne et collègue depuis trente ans, est en passe de perdre non seulement le bénéfice financier mais aussi les droits de cette œuvre en faveur des plus proches parents de l’auteur, son père et son frère.


En tant que pourfendeur très bien informé de l’extrême droite suédoise qui n’avait pas sa langue dans sa poche, Larsson avait été la cible de violences et de harcèlement. Afin de rendre plus difficile le rapprochement entre sa compagne et lui-même, le couple avait décidé de ne pas se marier. En tant que concubine «  seulement  », Eva Gabrielsson a ainsi peu de droits légaux sur son héritage, en dépit du fait qu’elle a été associée à la création et à la publication de sa trilogie.


Selon elle, Larsson avait conçu cette œuvre, notamment comme moyen de financer la sécurité matérielle du couple. «   Il s’agissait de se faire plaisir avec ces livres, de divertir le public et de gagner de l’argent pour réduire notre travail professionnel et commencer à faire quelque chose qui nous plaise ensemble. Il y avait si longtemps que […] nous n’avions pas pu nous montrer en public ensemble  », dit-elle dans une interview de 2007.


Quand la gauche radicale refuse des millions…


Le testament de Larsson trouvé par Eva Gabrielsson, quelques années après sa mort, a créé la surprise dans la lutte autour de son héritage. Lorsqu’il était jeune, il avait été membre de la section nord du Parti socialiste suédois (alors l’Association des travailleurs communistes – KAF, Quatrième internationale). Il avait été un rédacteur régulier de son hebdomadaire Internationalen. En 1977, il déclarait par testament, qu’en cas de décès, il léguait tous son argent à cette section de son parti  : «  Quelle que soit la somme que je possède, je veux que cet argent aille au KAF  ».


Eva Gabrielsson avoue sa surprise lorsqu’elle a découvert ce testament. «  Mais c’était Stieg tout craché. Il est resté le même durant toute sa vie, n’oubliant jamais ses valeurs  », a-t-elle témoigné dans une interview.

Tandis que les médias suédois faisaient la Une sur ce testament et que les spéculations concernant sa validité faisaient rage, le Parti socialiste d’Umeå, la ville d’origine de Larsson, a pris la décision de rejeter les millions générés par son œuvre, qu’il justifie politiquement et sur la base de principes. Dans un commentaire sur le système d’héritage suédois, selon lequel les couples non mariés – dont les couples de même sexe, alors exclus des lois suédoises sur le mariage – n’avaient aucun droit sur l’héritage de leur conjoint, le Parti socialiste déclarait  : «  Les couples devraient pouvoir vivre ensemble par choix sans être exposés à l’insécurité et à la perte de leurs droits  ».


Poursuivre les combats de Larsson


Cette déclaration ajoutait  : «  La meilleure façon de rendre hommage à la mémoire de Stieg Larsson est de poursuivre son combat contre le racisme, contre l’extrême droite et pour une société qui respecte des valeurs et des droits égaux pour toutes et tous  ».


Ceci dit, la lutte pour l’héritage de Larsson n’est pas finie. Eva Gabrielsson dispose d’un large soutien du public en tant que partenaire légitime du travail de son compagnon. […]


Mais tandis que conflits et accusations entourent Stieg Larsson, […] l’un de ses livres relativement peu connus, publié en 2000, sur la protection des journalistes exposés à des menaces, est sur le point d’être mis à jour et réimprimé.


Larsson a sans doute connu un succès dont il n’aurait jamais pu rêver. Mais ironie de l’histoire, il le doit à ses livres grand public et non à son travail acharné pour la démocratie et l’égalité. Cependant, ses collègues, camarades et amis se souviennent et témoignent de la valeur de son œuvre plus sérieuse. Ses lecteurs-trices en perçoivent certainement aussi quelques traces, tandis qu’elles/ils se laissent profondément divertir par ses romans.


Linn Hjort



* Version française publiée en Suisse par « SolidaritéS » . Traduction de la rédaction. La version anglaise originale est disponible sur ESSF.

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 10:15

5 septembre 2010

Depuis quelques années, des groupes recrutant à l’extrême droite ont occupé le champ laïque en France, rendant ainsi très difficile la tâche des laïques anti-racistes et plus encore celle des laïques issus de l’émigration.

Commentaire de SIAWI [Secularism Is A Women Issue] sur l’information développée dans l’article ci-dessous.



 

 

Ils se disent “de gauche”, mais s’affichent avec des mouvements d’extrême droite. Ils s’affirment “laïques” et entendent “combattre le projet politico-religieux de l’islam”.


Les animateurs de Riposte laïque devaient organiser, à l’appel d’une association satellite, Résistance Républicaine, samedi 4 septembre, à Paris et dans plusieurs villes de province (dont Bordeaux, Lyon, Strasbourg et Toulouse) un “grand apéritif républicain de défense de la République laïque contrer l’offensive islamiste”. Ils en entendent aussi commémorer les 140 ans de la naissance de la IIIe République.


A Paris, le rassemblement a fait un flop et n’a réuni qu’une grosse centaine de personnes, encadrées par un important dispositf policier. Parmi la foule, on pouvait reconnaître des militants de l’extrême droite parisienne appartenant au GUD, au FN ou encore aux identitaires.


“On a passé une nuit ensemble, c’était très agréable et on remettra ça”


Créée en 2007, Riposte laïque est un journal, qui paraît sur le Net, et qui regroupe une quinzaine de rédacteurs et, selon les responsables, “500 contributeurs”.


Le 18 juin, avec le Bloc identitaire , un mouvement d’extrême droite, Riposte laïque avait tenu un “apéro géant saucisson pinard” [1] dans la capitale, réussissant à réunir plusieurs centaines de personnes. Au départ, cela devait avoir lieu un vendredi à 18 heures, rue Myrah, à la Goutte-d’Or, soit en même temps que la prière musulmane. Finalement, et après interdiction de la préfecture, le fameux “apéro” avait eu lieu à l’Etoile.


Issu de la dissolution d’Unité radicale en 2002 après qu’un de ses militants, Maxime Brunerie, a tiré sur Jacques Chirac, le Bloc identitaire n’est pas, cette fois-ci de la partie. “Ils n’aiment pas trop l’idée du bonnet phrygien. Nous avons des divergences idéologiques importantes avec eux. Nous sommes jacobins, eux régionalistes”, raconte Christine Tasin à l’origine du rassemblement du 4 septembre. En tout cas, elle récuse que “les identitaires soient des fachos”.


Bruno Larebière, cadre dirigeant du Bloc identitaire, par ailleurs rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute, confirme que le compagnonage avec Riposte laïque n’est pas fini. Il résume de façon lapidaire : “On a passé une nuit ensemble, c’était très agréable et on remettra ça.”

Avant leur rapprochement avec les identitaires, Riposte laïque avait déjà fait des appels du pied à l’extrême droite française. Le 18 mars, Pierre Cassen, le fondateur, a tenu une conférence au bar de l’ex-skinhead Serge Ayoub, le lieu de rendez-vous de l’extrême droite radicale parisienne. D’ailleurs M. Ayoub était encore présent le 4 septembre (il l’était déjà le 18 juin), comme on peut le voir sur cette vidéo à la minute (0′50) [2], signalée par notre lecteur TheBlackCat.


Le 17 juin, dans un entretien donné au site Marianne2 [3], le même Pierre Cassen affirmait que “dans tout le paysage politique il n’y a qu’une personne qui reprenne le discours sur la laïcité à son compte, c’est Marine Le Pen”. Il nous a d’ailleurs assuré que “Marine Le Pen n’[avait] pas un discours d’extrême droite. » Avant de reformuler : « Elle n’a pas un discours “classique” d’extrême droite.”


“Dérive doriotiste”


Pierre Cassen est “convaincu que les alliances traditionnelles vont exploser. Le vrai clivage c’est la défense de la République face à ceux qui, dans une idéologie mondialiste, veulent faire péter la France.”

M.Cassen a crée Riposte laïque à la suite de différends au sein de l’Union des familles laïques (UFAL) et au journal en ligne Respublica où il militait. Au sein du nouveau média, il ne voulait pas “de gauchistes antirépublicains, anti-flics et pour la régularisationde tous les sans papiers”.


“Des clivages sont apparus à l’UFAL et à Respublica avec Pierre Cassen et ses amis notamment sur la question de l’islam et de l’immigration, se rappelle Nicolas Gavrilenko, secrétaire général de l’UFAL et rédacteur en chef de Respublica. Sa conception de la laïcité bannit toute trace de religion dans la société civile.” M.Gavrilenko décrit “une dérive doriotiste [du nom de Jacques Doriot , qui, de communiste, a fini fasciste et collaborationniste], mais sans antisémitisme”. Pour Alexis Corbière, élu du Parti de gauche à Paris et militant laïque, le parcours de M.Cassen lui “rappelle Dieudonné. Plus tu lui tapes dessus, plus il se radicalise.”

 


M.Cassen, qui a milité notamment au PCF, à la Ligue communiste révolutionnaire et à la CGT du Livre, continue de se dire de gauche, même s’il cite en exemple Geert Wilders le populiste islamophobe néerlandais.


“L’islam est le fer de lance et outil de la mondialisation pour casser les solidarités sociales et la République laïque. C’est l’outil anti-social du capitalisme, veut croire M. Cassen. Aujourd’hui, le danger essentiel c’est l’islam. C’est-àdire un projet politico-religieux hégémonique qui ne peut s’accomplir que dans un esprit de conquête.”


Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques, estime que “l’on est dans une mutation idéologique. L’idée de République n’est de gauche que si elle se connecte avec un projet d’émancipation sociale. Ce n’est pas parce qu’on vient de la gauche qu’on y reste. L’inverse est vrai aussi. Ce qui est gênant, c’est la tentative de faire passer pour une posture de gauche quelque chose qui ne l’est plus.”


Abel Mestre et Caroline Monnot



Notes

* NB : Ceci est la version longue et actualisée de l’article paru dans Le Monde daté des 5 et 6 septembre.
http://droites-extremes.blog.lemond...

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 10:07

Par Front des Gauches le Lundi, 06 Septembre 2010


 

 

Dans le sillage de la crise grecque et sous l'impulsion de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds Monétaire Internationale (FMI), les gouvernements européens, qu'ils soient de droite ou sociaux-démocrates, ont lancé ou annoncent des plans d'austérité sans précédent.


Sous couvert de résorber les déficits publics dans la stricte orthodoxie du Pacte de stabilité de l'UE et pour « rassurer les marchés », les capitalistes et leurs gouvernements veulent appliquer un programme néolibéral de choc: baisse radicale des salaires et des pensions, augmentation de la TVA, allongement de l'âge de la retraite, privatisation des services publics, réduction des dépenses sociales (santé, éducation, allocations sociales, logement) dans le but de démanteler la Sécu, réformes des codes du travail et des lois sociales afin de faciliter les licenciements...


En Grèce, ce programme de choc concocté par le gouvernement, l'Union européenne et le FMI -  notamment comme condition imposée en échange du soi-disant « plan de sauvetage » adopté en mai dernier - fait froid dans le dos. Il représente une attaque et un recul inouïs du niveau de vie de la population:

  • Hausse de la TVA de 2% en moyenne (de 19 à 21% et 23% sur certains produits)
  • Augmentation des taxes (alcool: 20%, cigarettes: 63%, hausse des prix des carburants...)
  • Blocage des salaires publics et suppression des 13e et 14e mois des fonctionnaires (sortes de congés payés), ce qui représente une baisse de 15% des salaires
  • Réduction des effectifs publics par le quasi-gel des embauches (1 embauche pour 5 départs)
  • Blocage des pensions des secteurs public et privé
  • Recul de deux ans de l'âge de la pension de 63 à 65 ans, obligation de cotiser pendant 40 ans au lieu de 37 ans pour obtenir une pension complète, par ailleurs réduite de 45 à 60%
  • Réduction du salaire minimum qui passe de 740 euros à 592 euros
  • Gel de 3 ans des augmentations salariales dans le privé
  • Réduction de 800 millions d'euros des dépenses de chômage
  • Réduction de moitié des indemnités de licenciement
  • Hausse des tarifs des services publics et leur privatisation (eau, postes, énergie, télécoms, mais aussi ports, autoroutes, aéroports...)
  • Réforme et déréglementation du Code du travail pour augmenter la flexibilité et faciliter les licenciements

À des degrés variables, les divers plans d'austérité européens vont tous dans le même sens. Il s'agit ni plus ni moins que d'utiliser la question des déficits publics comme un pur prétexte pour accélérer et parachever la destruction des restes de « l'Etat-providence ». Nous sommes à un tournant: dans le cadre d'une concurrence intra-européenne et planétaire rendue encore plus acharnée du fait de la crise économique, l'objectif est de se débarrasser de toutes les « entraves » que représentent les conquêtes sociales obtenues par les luttes historiques du mouvement ouvrier et nous ramener ainsi, comme en Grèce, plusieurs décennies en arrière!


Cette régression sociale s'accompagne inévitablement d'une régression démocratique. Les partis traditionnels au pouvoir appliquent plus que jamais des politiques pour lesquelles ils n'ont pas été élus. Les budgets publics seront contrôlés par la Commission européenne et les Ministres des finances de l'UE avant d'être approuvés par les parlements nationaux.

 

Des Etats souverains tels que la Grèce sont dépossédés avec l'aval de leurs gouvernements de la gestion de leur économie en faveur de la Commission européenne, de la BCE et du FMI, institutions non élues, non démocratiques.

Les droits sociaux, les services publics et les dépenses sociales ne sont nullement la cause des déficits publics; nous ne vivons pas, loin de là, « au dessus de nos moyens » comme les idéologues de la pensée unique veulent nous le faire croire.

 

Le gonflement des dettes et des déficits publics est avant tout le résultat de plusieurs décénnies de cadeaux fiscaux au patronat et aux plus riches, au travers des réductions d'impôts, des cotisations patronales et des taxes sur le capital. Ces milliards de cadeaux et les gigantesques bénéfices engrangés sont allés alimenter la spéculation « libre et non faussée », débarassée de toute entrave et de tout contrôle par les divers traités européens.


Alors que les banques et les spéculateurs financiers sont les responsables de la crise financière de 2008, les gouvernements ont massivement volé à leur secours, sans contrepartie et avec l'argent des contribuables, alourdissant encore plus leurs déficits publics. Puisqu'ils se sont refusés à prendre directement l'argent dans la poche des grosses fortunes, ces mêmes gouvernements se retrouvent aujourd’hui contraints d'emprunter à des taux élevés aux mêmes banquiers et spéculateurs qu'ils ont sauvé de leur propre banqueroute et qui, à leur tour, ne se privent pas de spéculer sur ces dettes publiques alourdies, provoquant ainsi le prétexte mis en avant aujourd’hui pour justifier les plans d'austérité.


En Belgique, au-delà de leurs divergences et de leurs difficultés à composer un gouvernement fédéral stable, aucun parti traditionnel ne remet fondamentalement en question ce système capitaliste et sa logique néolibérale infernale. Quelle que soit la future formule gouvernementale, les partis au pouvoir appliqueront, chez nous aussi, des plans similaires d'austérité brutale afin de trouver dans la poche des salariés et des allocataires sociaux les 25 à 30 milliards d'euros « nécessaires » pour résorber les déficits et l'endettement publics.


En Grèce, Italie, Espagne, Irlande, Portugal, France, les travailleurs-euses et leurs organisations syndicales ont commencé à réagir au travers de grèves générales de 4 à 24 heures et de manifestations de masse. Face à l'offensive coordonnée et sans précédent du capital à l'échelle européenne, il est temps de passer à une riposte également coordonnée sur tout le continent.

 

Partis, syndicats et mouvements sociaux progressistes européens ont la responsabilité de s'unir autour d'un plan et d'un programme d'actions afin d'éviter d'être battus séparament, pays par pays. L'enjeu est clairement européen: une victoire de ces plans d'austérité dans plusieurs pays risque de démoraliser les travailleurs-euses dans les autres et de freiner leurs luttes et leurs résistances. A contrario, la victoire d'une mobilisation populaire montrera la voie à suivre, donnera confiance en leurs propres forces et à leurs capacités de gagner aux mouvements sociaux partout en Europe.


Le 29 septembre prochain, à la veille d'un sommet des ministres européens des finances, la Confédération européenne des syndicats (CES) organise une euro-manifestation contre les mesures d'austérité. Le Forum social européen a également lancé un appel pour ce rendez vous et la FGTB, la CSC et la CGSLB mobilisent en front commun (*). Des dizaines de milliers de salariés vont se mobiliser ce jours-là à Bruxelles et en Europe, notamment à travers des grèves générales de 24 heures en Espagne et en Grèce.


Le Front des Gauches, qui s'est constitué à l'occasion des élections législatives en rassemblant six organisations de la gauche radicale et écologique, participera lui aussi activement à la manifestation du 29 septembre, tout en prenant distance avec l'un des mots d'ordre avancé par la CES en faveur de la «  croissance ».

 

Selon nous, la « croissance » dans le système actuel n'est pas neutre, elle est conditionnée par la recherche du profit maximal et le productivisme capitalistes qui détruisent à la fois nos droits sociaux et notre environnement. La lutte contre la régression sociale passe avant tout par la défense et l'extension des droits sociaux, de l'emploi et des services publics, par une redistribution radicale des richesses dans la justice fiscale.


Face à la montée du chômage, ce n'est pas la « croissance » de profits accaparés par une minorité qu'il faut défendre, mais bien la « décroissance » du temps de travail, sans perte de revenus et avec embauches massives. A la logique mortelle de la course aux profits, il faut opposer la satisfaction des besoins sociaux par la mise sous contrôle publique des secteurs clés de l'économie tels que la finance, l'énergie, les transports et leur planification démocratique dans le respect des équilibres écologiques.


L'issue de la crise en faveur de la majorité sociale passe également par le rejet de l'Union européenne qui s'est une fois de plus dévoilée comme étant au service des banquiers et des spéculateurs. Il faut rompre avec cette UE, non pas en faveur d'un « repli national » tout aussi néfaste, mais au contraire afin d'ouvrir la voie à une toute autre Europe, celle de la solidarité entre les peuples.


C'est sur cette base que le Front des Gauches manifestera et apppelle tous les salarié-e-s et les allocataires sociaux à participer nombreux-euses à l'euro-manifestation du 29 septembre. Pour faire de cette date le point de départ d'une contre-offensive européenne et pour affirmer, ensemble, qu'en Belgique comme dans toute l'Europe, ce n'est pas à nous de payer leurs crises, que d'autres politiques sont possibles et qu'il faudra les imposer par une vaste mobilisation, unitaire et internationale.


Front des Gauches

(Parti Communiste, Parti Socialiste de Lutte, Ligue Communiste Révolutionnaire, Comité pour une Autre Politique, Parti Humaniste, Vélorution)


(*) Le tract du front commun syndical belge pour le 29 septembre dit correctement « non » à « l'austérité », mais dans sa version néerlandaise on parle d'austérité « sévère ».

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 09:19
mercredi 08 septembre 2010 Ouest France

Ils étaient encore plus nombreux qu'en juin à défiler contre la réforme des retraites hier. Parmi les manifestants, des femmes avec des carrières souvent en dents de scie... et des miettes pour retraites.

Reportage

Elles sont trois copines au milieu de la foule. « J'ai peu travaillé, j'ai élevé mes enfants. Ce qui fait que pour avoir une retraite à taux plein, je devrais attendre 65 ans, peste Monique, 54 ans. J'ai fait plein de petits boulots. Mais j'avais beau travailler quelques mois dans une année, mes trimestres n'étaient pas validés. Normalement, je devrais toucher 300 €. Mais avec la réforme... » Lourde ambiance.

 

Mais Monique reste légère. « Heureusement, j'ai un mari. Surtout, dites-lui de ne pas divorcer, sinon je suis dans la m... » Rires. « Non, sérieusement, je pense à toutes celles qui ont un boulot difficile, des parcours à trous, les divorcées qui ont élevé leurs enfants seules... Ça va être la misère. »


Une de ses amies opine. Fonctionnaire au trésor public, elle préfère taire son nom par peur que ça ne lui « retombe dessus ». Mais elle a quand même beaucoup à dire : « J'ai arrêté pendant sept ans pour élever mes enfants. Je vais devoir travailler jusqu'à 67 ans pour toucher 1 000 €. Une femme qui a trois enfants et 15 ans de service peut partir avant. Mais je ne rentre pas dans ce cas-là : mes deux premiers ont été conçus alors que je n'étais pas encore fonctionnaire. » Soupirs.

 

« Pourtant, j'ai fait des sacrifices. Après ma « pause », comme je ne retrouvais pas de travail à Quimper, j'ai été à Paris. C'est mon mari qui gardait les enfants. »


La mère, la fille et la petite fille à la manif


Un peu plus loin, Claudette, Juliette et Lily : la mère, la fille et la petite fille. Claudette, en retraite depuis ses 55 ans, touche 1 990 €. Mais l'avenir l'inquiète. « Quand je vois mon père qui paye 1 700 € en maison de retraite, je me dis que je ne pourrais pas y aller moi-même. » Sa fille, éducatrice spécialisée, enchaîne les CDD depuis des années. « Je m'occupe des SDF, des marginaux et des précaires... tout en étant précarisée moi-même. La retraite ? J'ai du mal à imaginer que j'en aurais une. » Et Lily dans son landau ? Rires. « On se disait justement qu'elle ne saura même pas ce que ça veut dire. »


Partout, dans le cortège, les filles pétillent d'humour. Mais ne veulent plus avaler de couleuvres. « Peu de femmes ont leurs trimestres complets pour faire valoir leur droit à la retraite, grince Marie-Cécile, conseillère à Pôle emploi. Moi-même, je me suis arrêté plus de dix ans pour élever mes enfants. Et je suis bien placé pour vous dire que les employeurs détestent les carrières à trous sous prétexte que vous n'êtes plus compétitive. » Décidément. « Pour la femme, retraite signifie deux fois moins d'argent et deux fois plus de mari », lâche, hilare, un manifestant. Parole d'homme... dans un monde d'hommes.


 

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 09:15


mercredi 08 septembre 2010

Ils sont des milliers à avoir battu le pavé mardi matin. Le mouvement s'annonçait d'ampleur, il l'a été.

Reportage

Aux tenues décontractées se mêlent d'inhabituels costumes-cravates. « Ça en fait du monde quand même », lâche cette manifestante rejoignant le rassemblement. Autre signe d'une mobilisation d'ampleur : la militante de Solidaires, qui doit lire le texte de l'intersyndicale, est coincée dans les embouteillages. Les représentants de l'intersyndicale (CFDT, CGT CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires et Unsa) sont sur le pont. Avec, en marge, FO qui scande « retrait du plan Sarko ».


Lunettes double foyers


Bonnes chaussures recommandées ! Le parcours s'annonce long. Marguerite a décidé de suivre les 2,8 km de manif. Un peu essoufflée sur la route. Normal à 76 ans ! Mais celle qui a élevé quatre enfants et fait des ménages toute sa vie en a vu d'autres.


Un temps Marguerite a décidé d'arrêter son travail « pour s'occuper des enfants ». Comme elle n'avait pas assez d'annuités, elle n'a pris sa retraite qu'à 65 ans. Le recul de l'âge de la retraite, elle sait ce que cela signifie ! Et n'hésite pas à le dire sans détour : « C'est dégueulasse. »


Non loin, dans ce cortège silencieux, comme si tout était déjà joué, Cathy, 43 ans, blouse blanche, lunettes double foyers, canne et fichu sur une perruque grise, fait de l'humour. Elle travaille à l'Ehpad (1) de Saint-Renan. « On aura bientôt le même âge que nos résidants ! », plaisante t-elle. Elle aussi explique qu'elle a pris un congé pour s'occuper de ses trois enfants. Elle a fait ses comptes. « En partant maintenant, je toucherais 720 €. Dans 15 ans, 100 € de plus. » Avec ça, « autant partir ailleurs », estime Cathy.


« Selon moi, c'est cuit »


Sophie, 33 ans, est infirmière. Elle est là « pour lutter contre la réforme qui, selon elle, est aberrante ». Sophie souffre déjà des « horaires atypiques et changeants ». Elle constate que ses « collègues plus âgées ont de plus en plus de mal à faire des nuits ». Elle s'inquiète : « Certaines ont pris des temps partiels au regard d'avantages qui ne seraient plus d'actualité. »


« Excusez-moi, je n'entends pas bien. Vous pouvez répéter ? » sourit Gilbert, 53 ans, noyé dans la foule. Il devient malentendant. Et « plus ça va, plus j'ai mal au dos, explique- t-il. Je ne me vois pas aller jusqu'à 62 ans ». Pour lui, c'est niet ! Jardinier, il a pris trois ans, « qui ne compteront pas pour la retraite », pour élever ses enfants. Gilbert se laisse gagner par la résignation : « Selon moi, c'est cuit. »


Françoise, 37 ans, suit le mouvement. Assistante commerciale, elle est au chômage depuis plus de deux ans. « Je ne supportais plus le rythme du travail dans le privé. » En pleine reconversion, la jeune femme se demande comment « ce trou » dans son parcours professionnel va être apprécié.

Dans le cortège, on pouvait apercevoir plusieurs politiques. Parmi eux : François Cuillandre, maire de Brest, Marc Coatanéa, secrétaire du PS en Finistère, Nathalie Chaline des Verts...


(1) Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 09:09

Social mercredi 08 septembre 2010 Ouest France

Alors qu'à la mi-journée, le ministère de l'Intérieur estimait à 450 000 le nombre de manifestants en France, dans les 114 cortèges qui s'étaient élancés, les comptages effectués par les journalistes de Ouest-France dans l'ensemble des villes de l'Ouest donnent un total de 350 000 manifestants dans l'Ouest, en comptant Nantes où une manifestation monstre a rassemblé au moins 50 000 personnes.


Le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly pensait avant le début de la manifestation à Paris «dépasser les 2 millions de manifestants, au vu des chiffres très importants» en province.


Dans l'ouest


La mobilisation est impressionnante et plus importante que le 24 juin, dans la plupart des villes de l'Ouest, comme à Nantes, donc, où le cortège pourrait dépasser les 50 000 manifestants, à Caen où 35 000 manifestants sont venus battre le pavé.


A Lorient, on approche les 20 000 manifestants, tandis qu'à Vannes ils étaient plus de 12 000 à prendre le départ de la manifestation.


Au Mans, le cortège a rassemblé au moins 15 000 manifestants. C'est autant qu'à Cherbourg, et un peu plus qu'à Brest (11 000) et Angers (10 000). A Saint-Brieuc, ils étaient plus de 18 000, à peu près 30 000 à Rennes et 13 000 à Quimper.


Dans de nombreuses villes, la mobilisation bat des records, comme à Pontivy (3000) ou à la Roche-surYon (15 000). Rarement depuis le CPE, les cortèges ont été aussi fournis.


A Saint-Nazaire, on compte 20 000 manifestants.

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