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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 08:01

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“Solidarnosc” a lutté pour le socialisme


Magdalena Ostrowska


Magdalena Ostrowska, journaliste au quotidien Trybuna et politologue, est rédactrice de la revue Rewolucja. Cet article est paru dans le supplément hebdomadaire Impuls n° 31 du quotidien Trybuna du 7 avril 2005.

La droite fait tout pour que l’expérience ouvrière de Solidarité tombe dans l’oubli. Car si l’on s’en souvenait, il apparaîtrait clairement que la lutte du NSZZ “Solidarnosc” (syndicat indépendant autogéré “Solidarité”) n’était pas une lutte pour établir le capitalisme.


Plus on s’éloigne de la rupture de 1989, et plus le mythe de la dite « première Solidarité » en tant que mouvement anticommuniste, allant vers l’économie capitaliste, se renforce. On ne mentionne presque plus la lutte de classe des ouvriers unifiés au sein de ce mouvement. Cela apparaît particulièrement maintenant, dans les débats qui accompagnent le 25e anniversaire de la naissance du NSZZ “Solidarnosc”.


Août 1980. Dans le point 6 des Accords de Gdansk il a été écrit : « les syndicats devraient en particulier participer à l’élaboration des lois sur les organisations économiques socialistes et sur l’autogestion ouvrière. La réforme économique devrait être fondée sur le principe d’une plus grande autonomie des entreprises et sur la participation réelle des conseils de l’autogestion ouvrière à la gestion ».

 

La lutte pour la création de l’autogestion ouvrière — car c’est de cela qu’il est question dans le programme mentionné — signifiait l’aspiration à la réalisation des principes du socialisme, que le pouvoir d’alors ne réalisait pas. Ce n’était pas une lutte pour le capitalisme.


La vague de grèves qui ont eu lieu alors a ouvert le processus de la création par en bas, par les ouvriers de leurs institutions, fondées non seulement pour mener telle ou telle grève. La tâche des syndicats dès ce moment ne se limitait pas aux seules revendications économiques car — comme il était alors affirmé — « la classe ouvrière a une chance réelle de se transformer en gestionnaire de l’entreprise et du pays, une chance réelle de réaliser un socialisme ouvrier et une démocratie des travailleurs » (1). Cette chance c’était la réforme socio-économique planifiée par le pouvoir.


En mars 1981 s’est tenue une conférence de “Solidarnosc” consacrée à l’attitude du syndicat envers l’idée de l’autogestion. « Le conseil ouvrier d’autogestion pour lequel il vaut la peine de lutter, c’est un conseil qui aspire à constituer une structure nationale qui reprendrait en main le pouvoir économique », écrivait en mars 1981 Henryk Szlajfer (2)


La lutte pour l’autogestion ouvrière est devenue dès juillet 1981 le principal front de lutte pour “Solidarnosc” et, en automne 1981, c’est devenu le principal thème de débats qui a conduit à la formation au sein de “Solidarnosc” de deux courants : les militants du « Réseau » (3) représentaient le courant modéré, au sein duquel dominait plutôt une attitude technocratique envers l’idée de l’autogestion, en tant qu’accès des ouvriers à la cogestion des entreprises ; les radicaux se sont regroupés au sein du dit Groupe de Lublin, propageant l’activité d’en bas et la constitution d’institutions qui rappelaient les conseils des délégués ouvriers connus en particulier par les deux révolutions russes (1905 et 1917).


Un acquis important du « Réseau » a été l’élaboration du projet de l’entreprise sociale, gérée par les travailleurs et indépendante de l’appareil bureaucratique central. Ce projet ne prétendait pas que les entreprises deviennent une propriété de groupe, mais seulement qu’elles soient gérées par les travailleurs.

 

Le Conseil ouvrier devait décider des principales orientations de l’entreprise, des salaires et des investissements ainsi que des nominations aux postes de direction. L’autogestion était aux mains de tous les salariés et sa représentation devait être constituée par ceux qui connaissent les besoins de l’entreprise et des salariés, alors que le directeur devait être un « spécialiste loué », qui répondrait devant le Conseil de son activité. En juillet 1981 le « Réseau » a obtenu le soutien de près de mille représentants des entreprises réunis à Gdansk qui aspiraient à transformer le mouvement pour l’autogestion en un mouvement social de masse.


Le Programme de NSZZ “Solidarnosc” adopté le 7 octobre par le Premier congrès national des délégués contenait les revendications élaborées au cours des débats concernant l’introduction de l’autogestion ouvrière. « Nous voulons une véritable socialisation du système de gestion et de l’économie », lisait-on dans l’introduction de ce programme (4). La partie VI du programme contenait le projet d’une « République autogérée ».


« Le Conseil ouvrier (des travailleurs) pourra être reconnu par notre syndicat comme un organe de l’autogestion ouvrière (des travailleurs) seulement lorsque l’entreprise obtiendra une véritable autonomie et que le pouvoir au sein de l’entreprise passera dans les mains des salariés au travers de leur conseil », affirmaient les radicaux du groupe « Indépendants » de Lodz et ils ont mis en avant des revendications plus radicales (5).

 

Le groupe des « Indépendants » — transformé en juillet en « Groupe de Lublin » (6) — proposait « si le syndicat se trouve obligé d’employer son arme la plus extrême [la grève], de se préparer à l’emploi d’une nouvelle forme de lutte — la grève d’occupation active, qui consistait en la remise en marche de la production et de la distribution des biens produits sous le contrôle des comités de grève » (7). Cette forme de grève était l’un des principaux moyens de lutte propagés par les radicaux.


Stefan Bratkowski, président de l’Association polonaise des journalistes, écrivait alors : « à une épreuve de force la nation peut répondre par la grève générale. Ce n’est pas un moyen de survie, mais les Polonais — ne l’oubliez pas ! — ont une surprenante capacité d’auto-organisation, une grève générale produira en quelques jours un tissu d’ententes spontanées, un réseau de comités d’entraide et de coordination qui collaboreront les uns avec les autres, les entreprises travailleront pendant la grève, la production et les échanges continueront, et seul le pouvoir n’aura rien à dire » (8).


Cette forme de grève n’impliquait pas seulement l’occupation de l’entreprise, mais la prise de son contrôle par le comité de grève sans arrêt de travail. L’adoption par Solidarité d’une telle méthode de lutte se fondait sur l’aggravation de la crise économique (9) et sur l’aspiration à ne pas interrompre la production.

 

La principale condition du succès de la grève active était de s’assurer à l’avance la coopération horizontale avec les fournisseurs et les distributeurs, c’est-à-dire de garantir une distribution et un transport aux mains des grévistes. « L’instauration du pouvoir économique des travailleurs permettrait d’accumuler les forces nécessaires à la solution de la question du pouvoir politique. Le développement de l’autogestion des travailleurs par la voie révolutionnaire conduirait à l’apparition de l’autogestion locale et territoriale, qui libérerait l’énergie de millions des citoyens », écrivait à la fin 1981 un des principaux propagateurs de cette méthode de lutte ouvrière, Zbigniew M. Kowalewski (10).

 

Le Groupe de Lublin, ayant tiré les conclusions des expériences des années 1956-1958 (11), propageait la nécessité d’un développement vertical et horizontal du système de l’autogestion ouvrière et de la coopération. Les initiatives de ce courant radical de Solidarité bénéficiaient alors de l’accord de la prof. Jadwiga Staniszkis : « car l’État s’étant avéré incapable de garantir le bien-être à la société, il faut le priver de la fonction de la gestion des moyens de production.

 

En ignorant les vieilles structures, il faut dans une telle situation prendre le pouvoir dans les entreprises et les régions » écrivait-elle (12).

Après Août [1980] au sein même du POUP [Parti ouvrier unifié polonais — le parti bureaucratique au pouvoir] des voix sont apparues revendiquant des changements profonds du parti et la coopération avec Solidarité, en tant que mouvement ouvrier authentique qui exprimait les justes revendications du monde du travail. Le « renouveau » devait consister en un retour aux sources idéologiques et en une élimination des phénomènes bureaucratiques, de l’isolement par rapport à la société et en la transformation enfin du parti en une véritable représentation des intérêts du monde du travail. « De plus, une partie importante des membres du parti de toutes les couches sociales voyait dans Solidarité et dans le mouvement autogestionnaire authentique la possibilité de réalisation des buts socialistes et la manière de reconquérir leur dignité salariale et civique » (13).


Décrivant les sources de l’ethos de Solidarité, le R.P. Jozef Tischner écrivait : « L’idéologie socialiste-marxiste elle-même, dont les slogans ont pénétré la conscience sociale, avait aussi une grande importance. L’ethos de solidarité peut être considéré comme une réalisation de l’idéal de la fraternité des travailleurs luttant pour la libération sociale. En fait, toutes les valeurs essentielles de l’ethos de solidarité sont comprises dans les valeurs du socialisme » (14).


L’aspiration à un changement social authentique, fondé sur le mouvement de masse dont les membres se sentent exploités, c’est la tradition historique de la gauche dans le monde entier. C’était aussi la tradition de Solidarité, au sein de laquelle un courant ouvrier de gauche n’avait pas manqué.


Malgré l’instauration de l’état de guerre et l’interdiction de Solidarité, en 1983 la Diète a adopté une loi instaurant des éléments d’autogestion dans les entreprises. Cet acquis fragmentaire de la lutte ouvrière fut définitivement liquidé par la transformation libérale de 1989.


1. Zwiazek zawodowy a kwestia wspolzarzadzania, [Henryk Szlajfer], „Biuletyn Problemowy” nr 1, édité par le Comité constitutif (Komitet Zalozycielski) du NSZZ “Solidarnosc” de l’entreprise EMA ELESTER de Lodz, en date du 15 décembre 1980.

2. Cité d’après Sz. Jakubowicz, Bitwa o samorzad 1980-1981 (La bataille pour l’autogestion 1980-1981), Londres 1989, p. 54)

3. « Siec », Réseau des organisations syndicales NSZZ “Solidarnosc” des entreprises principales.

4. Programme du NSZZ “Solidarnosc”, Tygodnik Solidarnosc n° 29 du 16 octobre 1981.

5. Samorzad robotniczy, Stanowisko NSZZ „S” MKZ Ziemi Lodzkiej (Autogestion ouvrière, Position du Comité constitutif inter-entreprises de NSZZ “Solidarnosc” de la région de Lodz) du 28 janvier 1981.

6. Ville ouvrière à l’est de la Pologne, à plus de 300 km de la grande cité de l’industrie textile de Lodz, où se réunissaient les conférences nationales de ce courant.

7. Program wyborczy grupy „Niezalezni” (Programme électoral du groupe des Indépendants), Lodz, 7 mai 1981.

8. Lettre aux participants au Ve Plénum du Parti ouvrier unifié polonais (1981).

9. Une crise économique de « sous-production » — d’insuffisance des biens !

10. „Solidarnosc” wobec kwestii wladzy (Solidarité face à la question du pouvoir), octobre-décembre 1981, réédité lors de l’exil de l’auteur à Paris, le 5 février 1982.

11. Lors de la montée révolutionnaire de 1956 — qui a imposé le changement à la tête de l’État-parti — l’aile gauche radicale avait imposé les conseils ouvriers, qui ont exercé un contrôle ouvrier dans les entreprises entre 1956 et 1958. Après avoir temporisé et exercé une répression sélective, en 1958 la nouvelle direction du parti a imposé une loi sur l’autogestion des entreprises, qui confiait la gestion à une « conférence d’autogestion ouvrière » composée de trois partenaires : la direction (nommée par la bureaucratie), la direction syndicale (idem) et les représentants des salariés (élus sur une liste unique). S’en était fini du conseil ouvrier… et les conseils encore actifs, isolés les uns des autres, furent rapidement liquidés.

12. Article paru dans “Niezaleznosc” (journal du NSZZ “Solidarnosc” de la région de Varsovie) n° 41 de mai 1981, cité par Sz. Jakubowicz, op. cit., p. 80.

13. Jakubowicz, op. cit., p. 88.

14. Jozef Tischner, W kregu filozofii pracy (Autour de la philosophie du travail), Paris 1985. Théologien proche du pape Jean-Paul II, Jozef Tischner avait alors propagé une philosophie progressiste dans le domaine du travail. Après 1989 il a sombré dans un anticommunisme d’inspiration reaganienne.


 

POLOGNE

Une révolution trahie


Zbigniew Marcin Kowalewski


Zbigniew Marcin Kowalewski, ethnologue de formation, a publié notamment Antropología de la guerrilla (Anthropologie de la guérilla, Caracas 1971), Guerrilla latynoamerykanska (Guérilla latino-américaine, Wroclaw 1978), Rendez-nous nos usines! (La Brèche, Paris 1985), Rap : miedzy Malcolmem X a subkultura gangowa (Rap : entre Malcolm X et la sous-culture des gangs, Varsovie 1994). En 1980-1981 il a été membre du praesidium de la direction régionale de “Solidarnosc” à Lodz et délégué au Premier Congrès du syndicat, où il a pris part à l’élaboration du programme adopté.


Invité à Paris par les syndicats CGT et CFDT de l’INSEE à la veille du coup d’État du général Jaruzelski (13 décembre 1981), il a été exilé et a animé la campagne de solidarité avec “Solidarnosc”. Il a pris part à la rédaction d’Inprekor — une revue de la IVe Internationale diffusée clandestinement en Pologne de 1981 à 1990. Il est actuellement rédacteur de l’hebdomadaire syndical Nowy Tygodnik Popularny et de la revue théorique Rewolucja (Révolution). Nous reproduisons cet article du mensuel Nowy Robotnik (Nouvel Ouvrier) n° 18 du 15 août 2005. Nowy Robotnik a remplacé le mensuel Robotnik Slaski (Ouvrier de Silésie) lorsque la rédaction de ce journal de la nouvelle gauche polonaise s’est élargie et que sa diffusion a pris une ampleur nationale.


Les bruyantes cérémonies de l’anniversaire de l’élan de “Solidarnosc” ont pour but de cacher son véritable caractère — une révolution ouvrière menée au nom des valeurs authentiquement socialistes.


« Une révolution peut être menée à sa perte de deux manières — en étant écrasée ou trahie. La tragédie de la révolution polonaise de 1980-1981 c’est qu’elle a perdu deux fois. Elle a été d’abord écrasée, puis trahie. Elle a été trahie par tous ceux qui au sein des élites politiques actuelles se réclament d’août 1980 et de leur « généalogie solidaire ». En restaurant le capitalisme ils ont trahi les intérêts sociaux que cette révolution exprimait et ils ont tourné le dos à toutes ses aspirations. » J’ai écrit cela dans Robotnik Slaski à l’occasion du vingtième anniversaire d’Août 1980 (1).


« Aujourd’hui, dans le cadre d’une falsification générale du caractère et de l’histoire d’Août et des événements des seize mois qui l’ont suivi, on tente d’en faire un « élan national anticommuniste », avec lequel ils n’avaient rien de commun. En même temps on efface toutes les traces qu’il est possible d’effacer (heureusement beaucoup ne se laissent pas effacer), qui indiqueraient qu’il s’agissait d’une révolution prolétarienne typique et classique. Depuis plus de 150 ans, c’est-à-dire depuis l’établissement de la domination capitaliste, de telles révolutions ont lieu de temps en temps à travers le monde, faites par les ouvriers au nom de la défense des droits, de la dignité et des intérêts de leur classe sociale.


« Le fait que ces révolutions sont orientées contre le capitalisme, alors que la révolution polonaise de 1980-1981 était dirigée contre un régime se prétendant socialiste ne change rien. Le soi-disant “socialisme réel” est apparu à la suite d’un double processus — d’une part le renversement du capitalisme et d’autre part l’accaparement du pouvoir politique et économique, qui aurait dû échoir à la classe ouvrière, par la couche bureaucratique parasitaire. Elle dominait cette classe et vivait de l’exploitation de son travail, bien que — contrairement au système capitaliste — les rapports d’exploitation n’avaient plus de racines sociales dans les rapports de production. » (2)


Il y avait une chance pour renverser la dictature bureaucratique, tout en préservant l’économie nationalisée et planifiée et sur cette base fonder le pouvoir ouvrier et commencer à construire un socialisme des travailleurs, autogestionnaire et démocratique. C’est la vérité qu’on tente de cacher aujourd’hui. Pourquoi alors NSZZ „Solidarnosc” est-t-il aujourd’hui assimilé à la restauration du capitalisme, qui a commencé dix ans après Août 1980 et qui a apporté à la classe ouvrière une exploitation accrue et brutale, correspondant à nouveau aux rapports de production, une dictature absolue du capital, sous laquelle il est même possible de ne pas payer aux travailleurs le travail qu’ils ont réalisé, la perte de toutes les conquêtes sociales, un chômage et une paupérisation de masse, la perspective de l’émigration à la recherche du travail et du pain ?


“Solidarnosc” transformé


Personne ne se demande si entre le “Solidarnosc” qui est apparu à la suite d’Août 1980 et celui d’aujourd’hui il y a une continuité. Pourtant cela n’a rien d’évident. Il y a une forme de continuité, mais aussi une discontinuité criante. La question essentielle, c’est qu’est-ce qui domine ? Et c’est la discontinuité. C’est pourquoi le “Solidarnosc” d’aujourd’hui d’une part revendique sa généalogie et d’autre part est totalement incapable de présenter l’histoire véritable du “Solidarnosc” de 1980-1981 et la falsifie.


C’est pour cette raison que les cérémonies commémoratives du 25-ème anniversaire d’Août, que les médias mettent autant en avant, ont lieu avec si peu de participants, que l’écrasante majorité des militants du “Solidarnosc” d’alors n’y prennent pas part et que la majorité écrasante de la classe ouvrière y est indifférente. C’est pour cela que n’y participent pas les représentants de ces syndicalistes et des comités de solidarité avec “Solidarnosc” d’Europe occidentale qui, lors de l’état de guerre (3) lui venaient en aide au risque de leur propre sécurité, animés par des mobiles de classe et internationalistes et non anticommunistes.


Détruit par l’état de guerre, “Solidarnosc” n’a jamais pu renaître en tant que mouvement de masse de l’autonomie et de la démocratie ouvrière. Ce qui lui est arrivé n’est pas difficile à expliquer. Lors d’une montée impétueuse de luttes ouvrières un tel mouvement peut se développer de lui-même durant un certain temps. Mais pour perdurer à la suite de défaites et être capable de se reconstruire — sans même parler de la possibilité d’une victoire décisive, qui ne peut être que l’établissement du pouvoir ouvrier — il a absolument besoin d’un parti, capable de préserver ses acquis politiques et de garantir son indépendance de classe et pouvant l’armer d’un programme correspondant et d’une stratégie de lutte efficace.


Une esquisse d’un tel programme — de révolution ouvrière antibureaucratique et de démocratie des conseils de travailleurs — est apparue en Pologne quinze ans avant Août. Je pense à la « Lettre ouverte au parti » écrite par Jacek Kuron et Karol Modzelewski (4). Après mars 1968 (5) l’opposition regroupée autour d’eux et les auteurs eux-mêmes ont discrètement abandonné ce programme et avec lui le marxisme.


Le programme de la « Lettre ouverte » était déjà étranger aux militants du KOR [Comité de défense des ouvriers, fondé par les opposants après la répression des grèves de juin 1976], lorsque ces derniers ont acquis une influence parmi les travailleurs. En automne 1980 Kuron, interrogé sur le marxisme, a réglé l’affaire en affirmant que c’était « une philosophie du mouvement social du XIXe siècle, depuis longtemps dépassée ».

 

A la fin de sa vie, en s’en prenant aux effets de la restauration du capitalisme, à laquelle il avait grandement participé, il affirmait de nouveau qu’il était marxiste. Dans les couloirs de la commission programmatique du 1er congrès de “Solidarnosc”, Kuron m’a traité de « naïf, qui croît encore les bêtises que nous avions écrit avec Karol dans la lettre ouverte ».


Si l’on regarde l’évolution de « l’opposition démocratique » d’une perspective historique, on est frappé par son attitude instrumentale envers la classe ouvrière, qui rappelle vivement l’attitude de Pilsudski (6) et de ses partisans. En défendant au sein du Parti socialiste polonais l’idée que « l’indépendance de la Pologne est pour le prolétariat », Kazimierz Kelles-Krauz mettait en garde contre ceux qui dans les faits considéraient que « le prolétariat est l’instrument de l’indépendance ». Ces derniers voulaient l’employer comme une force de frappe pour ouvrir grâce à lui la voie de la construction d’un État bourgeois. De là la célèbre sortie des pilsudskistes du tramway rouge. « Les ombres des ancêtres célèbres » revendiquées par Adam Michnik étaient un précédent qui a servi d’inspiration (7).


Experts du capitalisme


Le programme abandonné par Kuron et par le milieu oppositionnel regroupé autour de lui n’a été repris par aucune organisation ou groupe politique. C’est un paradoxe : les grandes luttes de classes en général ont une influence programmatique et politique vivifiante sur les milieux de gauche.

 

Elles conduisent au développement des organisations révolutionnaires existantes, à la naissance de telles organisations là où elles n’existent pas encore, à la radicalisation des ailes gauches des partis réformistes. Décembre 1970 [vague de grèves sur le littoral de la Baltique] a été une telle secousse que bien qu’Edward Gierek, nouveau dirigeant du POUP, soit parvenu à réduire la tension — relativement seulement, comme en témoigne la grève de Lodz — elle aurait dû conduire au moins à l’apparition d’une opposition de gauche radicale, sinon d’un noyau de parti révolutionnaire.


Mais rien de tel n’a eu lieu. De même après juin 1976, qui aurait dû être interprété comme l’annonce d’un grand orage. Pire, même Août 1980 n’a pas conduit à un changement sur ce terrain.


Il est vrai que l’opposition de gauche était soumise à un contrôle intensif de la police politique et aux répressions. Le procès de Kuron et Modzelewski et le « procès des trois trotskistes », comme les répressions des partisans du schisme sino-albanais au cours des années 1960 sont explicites. Cela a duré jusqu’à la fin, comme en témoigne un rapport qui a vu le jour au Ministère de l’Intérieur [polonais] en 1987 et qui a été préservé dans les archives de la STASI [police politique est-allemande]. Il indique que les moyens et les forces engagées pour poursuivre les trotskistes étaient sans commune mesure avec leur nombre et leur influence et que même une conférence des services spéciaux des « pays frères », tenue à Moscou, leur avait été consacrée.


Mais autre chose fut d’une importance beaucoup plus grande. C’est que « l’idéologie marxiste-léniniste » du régime, assimilée en Pologne alors par presque tout le monde au marxisme, était totalement vidée d’un contenu de classe. Elle ne pouvait pas servir pour élaborer un programme de revendications immédiates ou transitoires à l’usage d’un véritable mouvement d’autonomie ouvrière, ni pour la réflexion sur sa tactique et sa stratégie. Il fallait donc rompre avec cette idéologie et découvrir le marxisme à nouveau — en tant que théorie des conditions, des formes et des effets de la lutte de classes et en tant que programme politique.


Mars 1968 avait eu un effet à long terme d’une très grande importance, qui n’est généralement pas remarqué. Au cours de toute la période de l’après-guerre, en se fondant sur l’accord entre Piasecki et le général Sierov (8), la droite nationaliste-cléricale avait disposé d’une base institutionnelle et organisationnelle légale. La campagne de Moczar en mars 1968 lui avait permis de s’activer et d’élargir son influence. Dans le climat idéologique créé alors, cette droite s’était également épanouie du côté de l’opposition, souvent d’ailleurs en gardant des liens innombrables avec ses représentants du côté du régime.


La nouvelle crise profonde du « socialisme réel » en 1980 avait renforcé les tendances restaurationnistes au sein de la bureaucratie, en particulier économique, et parmi une frange de l’intelligentsia. De nombreux éléments restaurationnistes de cette dernière oscillaient entre la bureaucratie et “Solidarnosc”, conseillant aux deux une réforme économique marchande. Ils étaient influents au niveau de la direction nationale — et en particulier dans ses appareils et ses agences — que les travailleurs avaient bien plus de mal à contrôler démocratiquement que les commissions d’entreprise ou les directions régionales. A ce niveau les conseillers et les experts abusaient gravement de leurs fonctions pour déterminer la politique de “Solidarnosc”.


La démocratie étouffée


Le développement impétueux de l’auto-organisation et d’activité ouvrière indépendante, l’accumulation progressive des expériences dans les domaines de la démocratie ouvrière et de la lutte des classes, le développement de la conscience, les aspirations croissantes au contrôle ouvrier des entreprises, à l’autogestion ouvrière et à la planification démocratique — c’était une des faces de la médaille. L’autre, au fil du temps menaçant de plus en plus d’une impasse, c’était le manque d’un parti politique des travailleurs.


Cette sphère ne supporte pas le vide et par la force des choses elle est remplie par des courants politiques qui représentent d’autres intérêts sociaux. Lors du congrès national il y avait une lutte souterraine, qui éclatait rarement et pour de courts instants de manière ouverte, entre le courant du KOR, la droite nationaliste et les éléments qui s’orientaient en fonction de leur conscience ou ne serait-ce que de leur instinct de classe, largement plus nombreux mais atomisés, entre le courant radical du mouvement autogestionnaire des entreprises et les éléments non seulement conciliateurs envers la bureaucratie, mais représentant aussi des tendances restaurationnistes plus ou moins cristallisées, même si masquées, entre les partisans et les adversaires de la démocratie ouvrière, de l’indépendance envers l’Église catholique, de la lutte pour le pouvoir des travailleurs.


En général, sur les questions essentielles, la tendance classiste l’emportait. Mais lorsque les questions passaient des mains d’une assemblée aussi démocratique que l’était le congrès des délégués à l’appareil national, on pouvait craindre le pire. Sans doute la lutte la plus aiguë a-t-elle été menée lors de ce congrès au sujet des lois qui venaient d’être adoptées par la Diète sur l’autogestion des entreprises et sur l’entreprise étatique.

 

Désavouant le compromis passé dans son dos par Lech Walesa avec la Diète, le Congrès a voté qu’il « décide de soumettre au référendum dans les entreprises les passages des deux lois qui de manière flagrante vont à l’encontre de la position du syndicat et de ce fait menacent l’autogestion ». Le même Congrès a assuré que le syndicat « dans la lutte pour l’autogestion ouvrière et l’entreprise socialisée continuera à agir en accord avec la volonté des salariés » et a appelé à « former des conseils ouvriers authentiques selon les principes en accord avec la position du syndicat » et non avec les lois mentionnées.

 

Après le vote, que la majorité des délégués à ovationné, Jacek Merkel, un des principaux walesistes au sein du Praesidium de la Commission nationale (plus tard un des leaders libéraux de Gdansk) m’a dit : « Vous avez gagné, et alors ? Après le Congrès nous enterrerons ce référendum de toute façon. » Ce qui fut fait, en défense du compromis. Malgré le vote du Congrès, la question nécessitait de poursuivre la lutte interne. S’il n’y avait pas eu l’état de guerre, il y aurait eu de grandes probabilités qu’on puisse l’emporter. car dans “Solidarnosc” il n’était pas aisé d’aller à l’encontre des travailleurs des grandes entreprises. Ceux qui avaient leur soutien pouvaient aisément gagner y compris contre Walesa.


Contre les intérêts des travailleurs


Lorsque l’état de guerre a écrasé le mouvement de masse des travailleurs, tout a changé. Très vite leur volonté a cessé d’être prise en compte et d’être décisive. “Solidarnosc” a connu une métamorphose fondamentale. Une organisation de masse a laissé la place à des petits groupes et structures, qui se sont pour une large part laissés repousser vers les églises et qui ont été envahis par des groupes politiques de droite, conservateurs, nationalistes-cléricaux et libéraux. Leur programme commun c’était l’anticommunisme, l’alliance avec l’impérialisme et la restauration du capitalisme.


“Solidarnosc” qui a été reconstruit sur un tel fonds a perdu son indépendance de classe. Empêtré dans des intérêts hostiles à ceux des travailleurs, il ne pouvait que simuler leur défense tout en les bradant, jouant ainsi le rôle honteux de paravent syndical de la transformation capitaliste et néolibérale. Rien d’étonnant qu’il ait cessé d’être l’organisation de la majorité de la classe ouvrière et qu’il n’en compte plus dans ses rangs qu’une minorité réduite.


1. Commencée en juillet 1980 à la suite d’une hausse des prix, la vague des grèves a duré tout l’été 1980, s’élargissant à partir de l’entrée en grève avec occupation du chantier naval « Lénine » de Gdansk le 14 août. Cette dernière grève, élargie à l’ensemble des entreprises de la région, impose à la bureaucratie une négociation devant l’assemblée générale des délégués des comités de grève et parvient, le 31 août, à ce que le vice-Premier ministre M. Jagielski signe un accord qui prévoit que les comités de grève pourront créer des « nouveaux syndicats, indépendants et autogérés. Le 4 septembre les comités de grève des mineurs de la Haute-Silésie, centralisés dans la mine « Manifest Lipcowy » de Jastrzebie, imposent un accord similaire. Cf. Inprecor n° 82/83 du 31 juillet 1980 et n° 84 du 11 septembre 1980.

2. Robotnik Slaski d’août 2000.

3. Dans la nuit du 12 au 13 décembre 1981 le général Jaruzelski, qui cumulait les postes de premier ministre et de premier secrétaire du POUP, a réalisé un coup d’État en proclamant l’état de guerre. Des milliers de militants syndicaux furent arrêtés, les moyens de communication supprimés, le couvre-feu imposé et la grève générale fut étouffée par l’armée usine après usine (dans la mine « Wujek » de Silésie, où les travailleurs ont tenté l’autodéfense, l’armée à tiré faisant plusieurs morts). Le syndicat s’est rapidement réorganisé clandestinement, mais la répression efficace (arrestations et surtout licenciements à répétition) a fini par couper les structures syndicales de leurs racines dans les entreprises. La direction syndicale clandestine s’est avérée incapable de prendre la direction du soulèvement spontané qui, le 31 août 1982, avait fait descendre dans les rues plusieurs millions de manifestants. Après cet échec, le mouvement de masse a reflué.

4. Lettre ouverte au POUP, Cahiers rouges, Maspéro, Paris 1969.

5. En mars 1968 l’opposition polonaise avait organisée une manifestation contre la censure d’une pièce de théâtre. En réponse à la répression de cette manifestation les étudiants de la plupart des villes polonaises se sont mis en grève. Ce mouvement a été durement réprimé et le régime, sous l’inspiration du Ministre de l’Intérieur, M. Moczar, a déclenché une campagne antisémite afin de liquider la gauche communiste. Une vague d’émigration a suivi cette répression.

6. Jozef Pilsudski, animateur de l’appareil militaire du Parti socialiste polonais (PPS, l’aile indépendantiste du mouvement ouvrier polonais) a scissioné avec son secteur après l’échec de la révolution russe de 1905. Organisateur de la Légion polonaise auprès de l’armée autrichienne durant la Première guerre mondiale, il a pris le pouvoir à Varsovie le 11 novembre 1918, proclamant l’indépendance du pays et abandonnant publiquement l’idée du socialisme (d’où l’expression « quitter le tramway rouge à l’arrêt “Indépendance” »). En 1926 il réalise un coup d’État — avec l’aide des syndicats dont la grève empêche les secteurs loyalistes de l’armée d’intervenir !), instaure un État fort et organise la répression du mouvement ouvrier, dont le PPS, tout en préservant une façade parlementaire.

7. A la fin des années 1970 Adam Michnik, qui avait débuté son activité oppositionnelle en fondant le Club étudiant des « chercheurs de contradictions » en 1966 et fut un des animateurs du mouvement étudiant de 1968, a diffusé un essai sous ce titre, dans lequel il réhabilitait les traditions de la droite nationaliste polonaise.

8. Dirigeant de l’aile fasciste de la résistance polonaise, Piasecki fut arrêté par l’Armée soviétique en 1945 et a passé un accord avec le général stalinien Sierov, gouverneur de Varsovie, s’engageant à ramener la droite cléricale polonaise vers le nouveau régime. A ce titre il a disposé d’une maison d’édition et d’appuis institutionnels jusqu’à sa mort, tentant même par moments de faire concurrence à la hiérarchie catholique.

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 07:52

Au royaume de Mr Woerth, l'honneur n'est pas légion. Mr Woerth a la légion facile, surtout pour ceux qui lui rendent service.

 

Après Mr de Maistre, gestionnaire de la famille Bettencourt qui embauche la femme d'E. Woerth, c'est au tour de Mr Godet, comptable chargé des comptes de la campagne municipale et du micro parti de Mr Woerth, d'être décoré.

 

Mr Woerth va devenir champion du conflit d'intérêt et des petits cadeaux en tout genre pour service rendu...

 

Mais E. Woerth a de la chance : il n'est pas Rom et ne vient pas d'un quartier populaire de Grenoble. Non, c'est le ministre du travail qui veut faire travailler les salariés au-delà de 60 ans pour faire des économies!

 

S'il reste un zeste d'honneur à Woerth, qu'il démissionne. Sinon la rue se chargera de le faire partir, lui, sa loi.....Et sans décoration.

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 07:48

tziganes-crix-gamm-e

 

 

Le ministre de l’Intérieur s’est vanté d’avoir démantelé 40 camps de Roms en deux semaines, et en a rajouté en parlant d’expulser une partie de leurs habitants.


S’attaquer aux miséreux pris comme des boucs émissaires pour faire oublier les horreurs du capitalisme, c’est bien là la politique crasseuse des nantis de tous temps. Cela rappelle fâcheusement la chasse aux juifs et aux tziganes à l’époque de Pétain et de Vichy.


A bas le racisme, les frontières et le nationalisme. Vive l’internationalisme, la solidarité de tous les travailleurs du monde.

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 16:32

Jon Telleria (DR).

 

La justice française a extradé jeudi vers l'Espagne le journaliste et militant basque Jon Telleria. Madrid le soupçonne d'être un dirigeant de la plateforme de jeunesse indépendantiste Segi, autorisée en France mais interdite depuis trois ans dans le royaume ibérique. Il risque douze ans de prison pour des activités uniquement politiques.


Jon Telleria travaille à Info Zazpi, radio d'information trilingue basée à Urrugne, petit village du Pays basque français à coté de Saint-Jean-de-Luz où il réside.


Jeudi, cet homme d'une trentaine d'années, sous la menace d'un mandat européen lancé par Madrid, a été arrêté chez lui par la police française et remis directement à la police espagnole. Le matin même, la cour d'appel de Pau donnait raison à la justice espagnole et rejetait le recours de Jon Telleria qui demandait l'annulation de son extradition.


La justice ibérique ne poursuit pas Telleria pour un attentat, ni pour détention d'armes, encore moins pour « complot de malfaiteurs ». Le militant a été extradé à la demande du juge de l'audience nationale espagnole Fernando Grande-Marlaska car ce dernier suspecte Telleria d'être un dirigeant de la plateforme politique indépendantiste Segi.

Autorisée en France, Segi est interdite en Espagne depuis janvier 2007 pour des liens supposés avec le parti politique Batasuna, lui même déclaré illégal en 2003 car suspecté d'être la vitrine politique de l'organisation armée ETA.

En mai, Paris extrade trois membres présumé de Segi

La justice espagnole reproche à Jon Telleria de faire de la politique : il a participé à des réunions politiques et à des conférences de presse, et tout particulièrement, en avril 2009, à la « Gazte martxa », une marche indépendantiste qui s'est tenue à Saint-Jean-Pied-de-Port sur le territoire français.


Bien que la nature des faits paraisse banale, en Espagne, l'appartenance à Segi est assimilée à du terrorisme et, comme une quarantaine de jeunes détenus par les autorités espagnoles depuis 2009, Telleria risque de passer douze ans à l'ombre des murs d'une prison ibérique.


Or, si la condamnation encourue est disproportionnée, l'extradition de Telleria n'est pourtant pas un cas unique et ne semble d'ailleurs pas préoccuper les autorités judiciaires françaises. En mai, Paris a déjà renvoyé vers le royaume ibérique trois militants basques de nationalité espagnole suspectés aussi d'appartenir à Segi : Asier Colona, Gaizka Likara et Carlos Renedo.

Londres et Rome contre l'extradition de militants basques

« La position de la France dans ce dossier est d'autant plus scandaleuse que la Grande-Bretagne et l'Italie n'ont pas donné suite à des demande analogues d'extradition », explique Txomin Catalogne, un jeune Basque français, dirigeant de Segi.


Hasard du calendrier, le jour de l'arrestation de Jon Telleria, les autorités britanniques ont refusé l'extradition du Basque Garikoitz Ibarlucea Murua, jugeant « disproportionnée » la condamnation encourue par ce jeune militant en Espagne.


Ces dernières semaines, les autorités italiennes ont également refusé la demande d'extradition de trois jeunes Basques espagnols, estimant, de leur coté, qu'à part leur appartenance à Segi, aucun délit ne leur était reproché dans le dossier fourni par la justice espagnole.


En juin 2010, Fermin Martinez, Artzai Santesteban et Zurine Gogenola avaient été interpellés à Rome alors qu'ils allaient tenir une conférence de presse devant le parlement italien, au moment même où le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero rencontrait son homologue italien Silvio Berlusconi.

« Assimiler Segi à ETA tient de l'acharnement »

« Aujourd'hui, assimiler le groupe politique Segi à ETA tient de l'acharnement de la part du gouvernement espagnol et rentre dans une stratégie populiste permanente », explique Txomin Catalogne.


La plateforme de jeunes indépendantistes se contente de coller des affiches, d'organiser des manifestations et des concerts à caractère politique.

Autre élément important : ETA n'a pas commis un attentat depuis plus d'un an, épuisé militairement et discrédité politiquement dans le camp même de la gauche indépendantiste basque. Pour les experts de la question, la fin de l'organisation armée semble proche.


Voilà pourquoi, dans la gauche basque indépendantiste, on comprend d'autant moins cette logique de répression accrue au sein de la jeunesse militante.


Photo : Jon Telleria lors de la « Gazte martxa », une marche indépendantiste qui s'est tenue à Saint-Jean-Pied-de-Port (DR)

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 16:24


comment créer de nouvelles colonies

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 16:19

 

Sarkozy, ses amis riches, l'extrême droite,

essayent de détourner l'attention sur l'Islam, la burqa, les Roms, les jeunes pour cacher les cadeaux, l'accaparement des richesses par les  financiers, la bourgeoisie et les banquiers

pour les plus pauvres, c'est terrifiant

pour le reste de la population c'est également une dégradation brutale des conditions de vie, de travail, des salaires, de liberté

Chômage

mensonge d'état

(ce n'était qu'en 2008 !)

teaser restructuration

harcellement

teaser restructuration

 

LACI j’me reveillais - chomage et invalidité suisse
Enregistré dans : culture, International, crise economique, Misere, precaires, chomeurs — 14 août, 2010 @ 1:00

LACI j'me reveillais

chomage et invalidité suisse

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 16:11

amitiés particulières

Bouclier fiscal,

les riches et Sarkosy

le seul chèque de 30 millions d'euros à la Bettencourt donné par l'état (l'article de Marianne c'est le quart du budget des restos du coeur (les comptes de l'association) qui sauvent des centaines de milliers de personnes de la faim (les chiffres des personnes aidées, 800 000)

la droite, c'est pas cher !

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 15:56
Justice samedi 14 août 2010 Ouest France

Le 30 mars, la Cour d'appel de Paris leur a accordé près de 30 millions d'euros d'indemnités.À ce jour, pas un centime n'a encore été versé. Le ton monte.


Le 30 mars 2010, dans la salle des pas perdus du palais de justice de Paris, les multiples parties civiles concernées par le procès de l'Erika affichent une relative satisfaction. La Cour d'appel vient de confirmer, pour l'essentiel, le jugement de première instance. Mieux, et c'est une première juridique mondiale, elle reconnaît, notamment aux collectivités publiques victimes de la marée noire, un droit à indemnisation pour « préjudice écologique ».

Cependant, dès le prononcé du jugement, des voix s'élèvent pour tempérer cet enthousiasme. La cour parisienne a, certes, jugé Total, l'affréteur, civilement responsable de la catastrophe, mais le dispense de condamnation pénale. Une histoire de télescopage entre le droit français et une convention internationale limitant les responsabilités des compagnies pétrolières en cas de pollution par hydrocarbures.

 

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« Face au silence »


Du coup, seuls trois prévenus sont condamnés à payer solidairement près de 30 millions de dommages-intérêts : Antonio Pollara, gestionnaire de l'Erika, Giuseppe Savarese, son armateur, et la société italienne de classification Rina qui avait expertisé le navire.


« Ils sont insolvables ou ont organisé leur insolvabilité ! » s'étaient inquiétées certaines parties civiles bénéficiaires des indemnités accordées par le tribunal. Cinq mois plus tard, les faits semblent leur donner raison. À ce jour, personne n'a reçu le premier centime. Alors que le jugement de la cour d'appel était immédiatement exécutoire, un pourvoi en cassation n'étant, dans ce cas, pas suspensif.


Récemment, l'ancienne ministre de l'Environnement, Me Corinne Lepage, qui défend les intérêts d'une dizaine de communes côtières, dont Mesquer, en Loire-Atlantique, s'est fâchée : « Rina ne paie pas. Nous allons rentrer dans une voie d'exécution forcée de sa condamnation. Rina est une société qui a pignon sur rue, c'est inacceptable. »


L'exécution forcée du jugement. C'est aussi la voie que choisissent des entreprises privées, commerçants et particuliers, qui attendent en vain le versement de dommages-intérêts. « Face au silence des sociétés condamnées à payer », Me Emmanuel Ludot vient de déposer une assignation devant le juge de l'exécution du tribunal de Paris, avec une demande d'astreinte de 5 000 € par jour de retard. Cet avocat du barreau de Reims représente les intérêts de cinq victimes de la marée noire.

 

Il a engagé cette procédure au nom d'un Finistérien, exploitant d'un service de transports de passagers, dont la société avait été conduite au dépôt de bilan par la marée noire. L'assignation de Me Ludot sera examinée par le juge le 14 septembre. Il se dit aussi prêt, s'il le faut, « à attaquer l'État italien » dont les liens avec la Rina sont patents. L'avocat rémois s'étonne par ailleurs de « la docilité et du peu de réaction des collectivités publiques ».

 

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Viser Total


Loïc Le Meur, maire PS de Ploemeur (Morbihan), dont la commune fut la première touchée par la marée noire, et l'un des élus les plus pugnaces dans la recherche des responsabilités de cette catastrophe, reconnaît que le jugement du 30 mars est resté lettre morte. À mots couverts, il ne cache pas ses doutes sur la capacité des victimes à obtenir leur argent. La Rina est couverte par garantie d'assurance, mais celle-ci serait très inférieure au montant de la condamnation.


Pour Loïc Le Meur, l'enjeu réel est ailleurs : « Il faut obtenir la reconnaissance de la responsabilité pénale de Total », dont la solvabilité n'est pas douteuse. Les avocats de la commune de Ploemeur, associée à plusieurs autres collectivités, dont la Région Bretagne, mettent une dernière main à leur pourvoi en cassation.


Jean-Laurent BRAS.

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 15:46

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 13:08
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