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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 12:59
par Olivier Besancenot

L’UMP et le gouvernement se livent cet été à un concours de « lepénades » dangreux et nauséabond.
Après Hortefeux et la dénaturalisation et Lefebvre faisant le lien entre délinquance et immigration, c’est Ch. Estrosi, ministre de l’industrie, qui n’a jamais levé le doigt face aux patrons voyoux licencieurs, qui demande de choisir entre être« Français et voyou » (sic !), sans parler du député Eric Ciotti qui veut enfermer les parents d’enfants délinquants.

Et pourquoi pas ne réserver la nationalité qu’aux policiers ?


Ce mélange intolérable des genres démontre que la droite au pouvoir est prête à tous les amalgames racistes pour tenter de dissimuler les déboires économiques et judiciaires du gouvernement.


Jusqu’où iront-ils ?


Désormais, plus rien ne s’oppose vraiment à l’entrée de Marine Le Pen au gouvernement lors du prochain remaniement.


Pour dénoncer la politque sécuritaire et raciste du gouvernement, le NPA appelle à manifester massivement le 4 septembre et à remettre la question sociale au coeur du débat politique le 7 septembre par la grève contre le projet de loi sur les retraites.

 

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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 12:54

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Le Télégramme - 8 août 2010 -

Le Festy Gay a réuni plus de 6.000 personnes hier, dans la commune de Gourin(56). Record battu pour la troisième édition du festival de la fierté homosexuelle.

Folle ambiance hier soir dans les rues Gourinoises! Le Festy Gay organisé dans cette petite commune de 4.000 habitants, au coeur du centre Bretagne, a connu un très gros succès.

 

Un public encore plus large que les années précédentes a participé à la manifestation dès plus festives. Ils étaient ainsi plus de6.000, toutes générations et milieux confondus, à accompagner l'association «Les Folies gourinoises» dans son événement. Une chaude ambiance conviviale a régné tout au long du défilé, sur un parcours de quelques centaines de mètres depuis la rue de la Gare, à la place de la Victoire.

 

Sur fond de musiques électro, de salsa ou autres rythmes et à bord de chars, drag-queens, gogos, transformistes et autres personnes costumées ont mis de la vie dans les rues de la ville. Filles et garçons légèrement vêtus se sont trémoussés devant les décorations des chars.

Faire la fête

«On est avant tout là pour faire la fête et aussi pour dire que nous sommes fiers de qui nous sommes et revendiquer notre identité sexuelle», témoignaient des danseurs sur le char du Starman (boîte de nuit gay locale).


Partageant leur gaieté et bonne humeur, leur envie de fête et leur esprit de liberté, les «oiseaux de nuit», dansant dans des costumes sexy ou humoristiques, ont entraîné une immense foule dans ce crazy Festy Gay.


Confectionnés par des établissements gays de Quimper, Lorient, Brest, Saint-Brieuc, Angers et Carhaix, les chars étaient occupés par de joyeux festifs venant de toute la région. Invitant le public à monter le temps de quelques pas de danse, beaucoup acceptaient l'invitation.

 

Parmi les spectateurs, les commentaires fusaient: «Y'a plein de couleurs», «C'est joli», «C'est la fête», «Ça délire sans se prendre la tête». Les organisateurs, eux, tenaient à rappeler que, au-delà de la fête, la manifestation a pour but de favoriser la lutte contre toute forme de discrimination et d'exclusion, notamment pour des motifs physiques, d'identité ou d'orientations sexuelles.

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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 12:50

11 août 2010 - Le Télégramme

Le prix Nobel de physique Georges Charpak et d'autres scientifiques invitent à «renoncer» au projet de réacteur Iter.

 

«Le coût de construction d'Iter venant de passer de cinq à 15milliards d'euros, il est question d'en faire subir les conséquences aux budgets de financements de la recherche scientifique européenne», menaçant «de nombreuses recherches autrement plus importantes», s'inquiètent-ils.

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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 12:46

 

11 août 2010 à 11h21 - Le Télégramme


Suite aux manifestations pour la défense de l'hôpital de Carhaix, manifestations qui remontent à plus d'un an, un employé communal a été convoqué ce matin à 10 h dans les bureaux de la police judiciaire de Brest. Il a reçu sa convocation lundi, sans que ne soit précisé la nature exacte de ce qu'on lui reproche. Estimant "qu'il n'est pas normal que les personnels soient inquiétés", des élus carhaisiens sont venus le soutenir, le maire en tête.

"Les élus ont toujours dit qu'ils revendiquaient leur attachement à l'hôpital de Carhaix et qu'ils assumaient pleinement les manifestations", a déclaré Christian Troadec. Une trentaine de personne campent pacifiquement devant le commissariat.

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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 12:28

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ASSOCIATION FRANCE-PALESTINE SOLIDARITÉ
GROUPE DU PAYS DE CORNOUAILLE

Communiqué

    La politique israélienne de colonisation et de répression se poursuit. Un plan directeur israélien, récemment adopté, prévoit une expansion sans précédent de la politique de colonisation et de nettoyage ethnique à Jérusalem-Est. Les manifestations de protestation contre l’expulsion des habitants arabes y sont réprimées de plus en plus brutalement.


    La colonisation israélienne va reprendre de plus belle en Cisjordanie, où les heurts se multiplient entre les Palestiniens et les colons à l’agressivité croissante. La résistance non-violente des villageois palestiniens est durement réprimée (des volontaires français viennent d’en faire les frais). La police israélienne a démoli il y a quelques jours un village bédouin “interdit” dans le Néguev avec l’aide de civils israéliens, parmi lesquels des lycéens.


    Malgré quelques allègements par les Israéliens, le blocus de la bande de Gaza est maintenu. La responsable de la politique étrangère de l’Union européenne a récemment demandé qu’il soit levé. Mais ces bonnes paroles n’ont été suivies d’aucun acte concret. Le gouvernement américain fait pression sur le président de l’Autorité palestinienne pour une reprise des négociations; mais dans le même temps les Israéliens ne mettent aucun frein, bien au contraire, à leur politique de colonisation.


    Devant une telle situation, le groupe du Pays de Cornouaille de l’Association France-Palestine Solidarité n’entend pas, même en cette période d’été, relâcher son soutien aux Palestiniens. Il appelle à participer au piquet de la solidarité avec le peuple palestinien le jeudi 12 août prochain, à 18 h, rue Kereon, à Quimper.


Pour le groupe de l’AFPS du Pays de Cornouaille,
Yves Jardin

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10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 10:52

 




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10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 10:45

Une plaque de la grotte de La Marche, France, datant d'environ 14 000 ans (Marcos Garcia Diez/Rue89)

 

(De Madrid) Il faut cibler juste, entre deux expéditions dans les grottes du Nord de l'Espagne, pour parvenir à joindre Marcos García Díez. Ce préhistorien œuvrant pour le gouvernement régional de Cantabrie est l'un des commissaires de l'exposition « Sexe en pierre » (« Sexo en piedra »), qui sera inaugurée fin septembre près du gisement archéologique d'Atapuerca, au Nord de l'Espagne, l'un des plus importants d'Europe.

Il décroche finalement son téléphone après une visite matinale, enthousiaste à l'idée de présenter bientôt au public son idée phare :

« La sexualité liée au plaisir, à la sensualité et non à la seule reproduction existait déjà il y a entre 35 000 ans et 10 000 ans [période du paléolithique supérieur, lorsque l'Homo sapiens est arrivé en Europe, ndlr]. Les bases de notre comportement sexuel actuel se trouvent à cette époque. »

C'est une quinzaine de gravures sur pierre et de sculptures représentant des humains dans le détail (relatif) de leur anatomie -chose rare selon le préhistorien- qui l'ont convaincu de monter cette exposition. On y (re)découvre, selon lui, les positions les plus variées, des scènes de masturbation, des godemichés, un cas potentiel de zoophilie et même un voyeur.

Le travail commun d'un préhistorien et d'un urologue

En discutant avec un ami urologue, passionné de préhistoire, Javier Angulo, naît l'idée d'un livre, co-écrit en 2005, puis de cette exposition, une première en Espagne. Marcos García Díez se souvient :

« Les rapports scientifiques évoquant ces dessins étaient toujours très aseptisés, éminemment descriptifs. »

Le puritanisme aurait en effet empêché pendant des décennies les paléontologues d'entrer dans le détail de ce qu'ils découvraient :

« Vous les imaginez décrire en 1930 ou 1960 les scènes apparaissant sur ces plaques ? Ils se sont cantonnés pendant longtemps à observer la société d'il y a 35 000 ans à travers un prisme prude. »

Les deux commissaires ont, eux, osé l'interprétation, en s'appuyant sur les clefs complémentaires fournies par leurs parcours de préhistorien passionné d'ethnologie et d'urologue calé en gynécologie et sexologie.

Des godemichés en os ou en pierre

Des Vénus paléolithiques, célèbres représentations aux attributs féminins hypertrophiés, seront présentées lors de l'exposition. Elles illustrent « le concept de femme liée à la reproduction », souligne le commissaire de l'exposition :

« Mais nous découvrons aussi un monde percevant le sexe comme un plaisir. Il existe ainsi une gravure sur une plaque de pierre montrant une femme à quatre pattes devant une personne. Et, chose très rare, une autre personne en retrait semble les observer.

Nous n'avons connaissance que d'une scène de ce type, nous ne pouvons donc pas affirmer que le voyeurisme était répandu, mais il semble bien qu'il ait existé. »

L'exposition évoquera également les vestiges sculptés en os ou en pierre, « très lisses » et de forme phallique, qui pourraient « avoir été utilisés comme des godemichés » :

« Nous avons observé cette pratique dans des sociétés dites primitives actuelles. Mais nous ne saurions pas dire qui, des femmes ou des hommes, les utilisaient. »

Une gravure explicite trouvée sur une plaque en pierre dans la grotte de La Marche, près de Poitiers, en France, ainsi que d'autre vestiges de l'époque découverts en Europe, indiquent d'autre part, sans l'ombre d'un doute selon Marcos García, que le sexe oral existait aussi à l'époque.

Certains observateurs voient deux femmes dans cette scène. Et s'appuient sur d'autres fameux vestiges, comme les femmes de Gönnersdorf, une gravure de deux femmes enlacées trouvée en Allemagne, pour affirmer que l'homosexualité existait déjà à l'époque.

Tabou scientifique autour de l'homosexualité pendant la préhistoire

Pas si vite, avertit Marcos García, qui nuance l'interprétation de la plaquette de La Marche :

« Est-ce une femme ou un homme ? Difficile à dire. Une série de gravures pourraient effectivement laisser entendre que l'homosexualité existait bien à l'époque, d'autant plus que ces personnes nous sont identiques, biologiquement. Mais il est scientifiquement difficile de le prouver à partir des dessins. »

Pour Jim Neill, auteur des « Origines et le rôle des relations homosexuelles dans les sociétés humaines », il est « inévitable que des pratiques homosexuelles aient été répandues chez les peuples paléolithique ». Depuis les Etats-Unis, il explique :

« Les comportements homosexuels couramment observés chez les primates […], et surtout les comportements sexuels plus élaborés des grands singes, plus proches des humains, montrent que que le fort potentiel de relations homosexuelles est une caractéristique générale parmi les grands primates, y compris les humains. »

Mais là aussi, comme autour des scènes hétérosexuelles les plus osées, un grand silence a pesé pendant longtemps. La faute, selon Jim Neill, au « tabou très fort autour de l'homosexualité qui a régné dans les communauté scientifique et académique jusqu'à récemment ».

Photo : une plaque de la grotte de La Marche, en Poitou-Charentes, datant d'environ 14 000 ans (Marcos García Díez). Le catalogue de l'exposition n'étant pas encore édité, cette photo est la seule disponible

« Sexo en piedra » - Exposition à la fondation Atapuerca, dans le Nord de l'Espagne, du 23 septembre au 8 décembre.

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10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 10:18
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NPA
7 août 2010

Une lutte sans merci se déroule entre les défenseurs de la forêt de Khimki en Russie, enacée de destruction par le projet d’autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg, et le pouvoir russe soutenant les responsables du chantier, parmi lesquels la firme française Vinci.


Les financements européens sont à l’arrière plan des projets.

La bataille des habitants de Khimki, appuyés par les écologistes et les militants politiques d’opposition, dure depuis des années. Procès, lettres ouvertes aux autorités, pétition signée par plus de 8.000 personnes, rassemblements, manifestations - tous les moyens ont déjà été utilisés pour obtenir une révision du tracé de l’autoroute, afin de préserver la forêt, ceinture verte autour de la capitale.


Rien n’y a fait. Le 15 juillet dernier débutait l’abattage surprise des premiers hectares. Depuis, malgré les actions écologistes dans la forêt, l’intervention de députés de la Douma fédérale, l’examen du dossier par la Chambre civique fédérale, l’avis défavorable à l’abattage émis par la Procurature, les coupes continuent.


Fin juillet la lutte s’est durcie avec l’utilisation obscure de bande de mercenaires « inconnus », la multiplication des interpellations et arrestations. Les deux militants antifascistes solidaires de cette lutte ont été arrêtés à leurs domiciles, Alexei Gaskarov et Maxime Solopov, qui risquent 7 ans de prison sans parler des menaces physiques en cours de détention.


Le NPA exprime sa totale solidarité avec la population, les écologiques, les militants antifascistes qui résistent à cette destruction programmée. Il soutient les actions en cours prévue en Russie et celles qui s’organisent en France et dans le monde.

 

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Russie – Abattage de la forêt de Khimki : Chronique de la violence et d’une justice arbitraire


7 août 2010

 

Alors que les incendies font rage aux alentours de Moscou et que les températures dépassent tous les records pour la région, à Khimki, petite ville voisine, c’est un tout autre combat qui est en train d’être mené.

 

Cela fait en effet plusieurs années que le mouvement de défense de la forêt de Khimki, composé majoritairement de citoyens, se bat pour empêcher la destruction du dernier poumon de la ceinture de Moscou au profit de la construction d’une autoroute reliant Moscou à Saint-Pétersbourg.

 

Le début des travaux entamés sans autorisation légale a suscité l’indignation des habitants de Khimki, ainsi que de nombreux citoyens et représentants de la société civile, majoritairement moscovites, venus sur place les soutenir. Sans cette mobilisation d’une ampleur inattendue il aurait suffit d’une semaine pour raser la forêt de Khimki. Les militants s’accrochent mais la ville est depuis lors le théâtre d’une violence pas seulement policière sans précédent. (NdT.)



 

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La confrontation physique entre les représentants de la société civile et les forces de l’ordre associées à des structures criminelles parties à la construction de l’autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg a commencé dès le début de l’abattage de la forêt de Khimki.


Le 16 juillet, à l’endroit des travaux où les militants écologistes avaient monté un camp de protestation, un inconnu a agressé le leader du mouvement de défense de la forêt de Khimki, Evguenia Tchirikova. Il l’a frappé à la main de manière à casser son téléphone portable et l’a ensuite heurté à l’aide du pare-choc de sa Jeep.


Une plainte a été déposée auprès de la police le jour même mais au jour d’aujourd’hui (le 7aout) on n’a aucune nouvelle du développement de l’affaire. Dès le départ, des points de surveillance par des sociétés privées de gardiennage ont été installés près du camp pour effrayer les militants. Les gardiens faisaient régulièrement des rondes dans le camp pour proférer des menaces.

Le 17 juillet, ces mêmes gardiens sont entrés dans le camp et ont menacés les activistes avec des matraques en fer.

Le 22 juillet, des activistes se sont rendus pacifiquement à la Mairie pour remettre une pétition. La police les a brutalement dispersés et 5 personnes ont été arrêtées.


Le 22 juillet, la société « Po-teplotekhnik », en charge de la déforestation, a engagé un sous-traitant (l’entreprise « Lestorg ») et renforçé la surveillance. Mais en plus du personnel de sécurité « officiel », fourni par l’entreprise privée « Vityaz », des inconnus à l’apparence criminelle et ne portant aucun signe d’appartenance à une agence de sécurité légale ont été engagés. Ces individus étaient très agressifs, ils ont même tenté de s’en prendre à un journaliste de la BBC et de « Radio Svoboda », afin d’empêcher les tournages vidéo. Les activistes ont tout de même pu se frayer un passage jusqu’au lieu d’abattage et obtenir l’interruption des travaux « jusqu’à présentation des documents d’autorisation ».


Dans la nuit du 22 au 23, un nouveau camp fut installé là où avaient commencé d’autres travaux. Au levé du jour une cinquantaine de personnes portant des masques blancs se sont introduites dans le camp. Il s’agissait de jeunes hommes bien bâtis, probablement des membres de clubs de supporters et de groupements néonazis. Ils menaçaient les activistes de mort. La déforestation a pu reprendre sous leur surveillance.


Un détachement de la police est arrivé sur place mais est reparti sans même régler la situation ni établir l’identité des hommes masqués. C’est à ce moment que la leader du mouvement de défense de la forêt de Khimki, Evgenia Tchirikova, ainsi que d’autres militants, se sont vu obligés de se jeter sous les roues d’une voiture de police, afin de préserver la sécurité des activistes qui allaient se retrouver seuls à seuls avec des criminels plus forts qu’eux.

Après l’arrivée sur place des caméras de télévision, les hommes masqués ont commencé à faire preuve de beaucoup plus de retenue. Certains militants ont tenté d’établir le dialogue avec eux, leur expliquant qu’ils étaient utilisés pour défendre un projet illégal et empreint de corruption. Profitant de la confusion, certains activistes ont de nouveau réussi à pénétrer le lieu de l’abattage et à arrêter les travaux.


Suite à cela, et malgré le fait qu’aucun document d’autorisation n’avait été présenté, des divisions de police et des forces spéciales (OMON) ont été déployées pour la protection des ouvriers au travail. Les hommes masqués n’intéressaient visiblement pas les policiers arrivés dans le camp le 23 juillet. Ils ont donc commencé à arrêter sauvagement les militants et les journalistes se trouvant aux alentours du lieu d’abattage.


Lors de son arrestation la journaliste de « Novaya Gazeta » Elena Kostioutchenko a été sérieusement blessée aux vertèbres cervicales. Margarita Popovka a pour sa part été traînée jusque dans le combis par des policiers qui la tenaient par les cheveux. Comme les hommes en uniforme refusaient d’énoncer la cause de l’arrestation et même de se présenter, cela ressemblait beaucoup plus à un enlèvement qu’à une opération de police de routine. La déforestation a ensuite continué sous la surveillance conjointe de la police, de l’entreprise privée de sécurité et de militaires dont on ignore la provenance.


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Le 26 juillet, des activistes sont arrivés sur place avec le député de la Douma d’Etat Anton Belakov. Une fois de plus, l’absence de documents autorisant la destruction de la forêt a pu être confirmée. De plus, même la présence du député n’a pu empêcher le recours à la violence : l’activiste Dionis Georgis a été attaqué par des hommes armés sans insigne permettant de les identifier, qui l’ont jeté sur le sol et l’ont roué de coups de pieds. Les policiers présents sur instance du député se sont vus contraints de les arrêter. Aucune plainte n’a cependant suivi. De toute évidence, les agresseurs ont été relâchés par la police dès que occasion de le faire en l’absence des caméras et de témoins s’est présentée.


Le 28 juillet à 17 heures devait avoir lieu une rencontre entre Mr. A.T Semtchenko, le directeur de l’entreprise « Po-teplotekhnik » en charge des travaux de déforestation, et des représentants de la société civile ainsi que des citoyens. Mais au dernier moment les défenseurs du projet ont de nouveau refusé le dialogue. Les citoyens hors d’eux se sont alors rendus à la forêt de Khimki, pour tenter de faire barrage de leur corps à l’abattage illégal.

Vers 19 heures, un des militants, Mikhaïl Matveev, s’est enfoncé dans la forêt jusqu’au lieu d’abattage. Il fut alors agressé par un groupe d’hommes portant des masques noirs. Il a été jeté sur le sol et battu. On lui demandait qui il était et d’où il venait, la carte mémoire ainsi que la batterie de son appareil photo lui ont été volées. Quand on l’a finalement laissé partir, Mikhaïl s’est adressé aux agents de police en poste sur la chaussée avoisinante. Mais ceux-ci ont refusé d’inspecter la forêt, rétorquant « qu’il n’y avait personne », et ont refusé de prendre sa déposition. Après un certain temps, un autre activiste, Alexandre Glibin, pu de nouveau apercevoir un groupe d’hommes masqués, mais ils étaient accompagnés d’employés de l’agence de sécurité privée et de la police.


C’est plus ou moins à ce moment que des groupements de jeunes anarchistes et antifascistes ont attaqué la Mairie de Khimki. La police n’a pu s’interposer et a même du déserter les lieux. Le camp des militants écologistes sur le lieu d’abattage est ensuite devenu la cible des forces de police, bien qu’aucun d’entre eux n’ait pu prendre part à l’attaque de la Mairie.

Vers 22 heures, une quinzaine de personnes se trouvaient près de la zone de travaux illégaux dans la forêt de Khimki. Les activistes donnaient des interviews aux journalistes et montaient leurs tentes.


Un détachement de la police composé d’une quarantaine de personne fit une apparition surprise. Ils déclarèrent que, sur ordonnance du Gouverneur de l’Oblast de Moscou, les activistes devaient quitter la forêt. Indiquant les restes d’un feu de bois éteint depuis longtemps, ils accusèrent les défenseurs de la forêt d’allumer du feu. Malgré l’absurdité des déclarations de la police, et vu l’évidente inégalité des forces, les militants commencèrent à rassembler leurs affaires et à sortir de la forêt. Mais à ce moment, un combis fit son apparition au coin de la chaussée. Les policiers ordonnèrent à toutes les personnes qui venaient de quitter la forêt d’y monter. À la question de savoir de quoi étaient accusés les militants, ils répondirent « nous vous expliquerons plus tard ». Les activistes montèrent de force dans le combis et furent conduits au bureau de police n°2 de Khimki. 15 personnes furent arrêtées.

 

D’entre eux, 5 journalistes et un assistant de député ont été relâchés. Les 9 personnes restantes ont passé la nuit et la matinée dans des cachots étouffants. Les militants ont été fouillés devant l’entrée de leur geôle. Eveguenia Tchirikova et Elena Maximova ont été contraintes de se déshabiller. Les autres activistes se sont vu privés de leurs objets personnels, y compris de leur téléphone portable. Evguenya demanda à être relâchée car ses 2 enfants mineurs d’âge (9 et 4 ans) étaient restés à la maison. Ce à quoi les policiers sous l’ordre du commandant Chkouratov ont répondu par la négative.


Le lendemain, 14 personnes ont été transférées du poste de police vers le tribunal situé au 1, Rue Spartakov à Khimki. Il s’est avéré qu’ils étaient accusés de « manifestation non-autorisée », « allumage de feu de bois » et « opposition à la police ».


Le juge est apparu vers 16 heures et l’audience a commencé. À la fin des débats, vers 19 heures, une seule affaire avait été traitée. De plus, le juge n’a pas jugé utile de consulter les dépositions de certains témoins ni les nombreuses photos et vidéos présentées. Toute l’accusation a été fondée sur les déclarations de deux policiers. Au final, Elena Maximova a été jugée coupable et condamnée à une amende de 700 roubles. La police menaçait de ramener ceux qui n’étaient pas passé en jugement au poste.

Sachant que cela était illégal, les activistes demandèrent au juge une convocation leur permettant de se présenter eux-mêmes en temps indiqué au tribunal. Le juge répondit par un « je ne vous retiens pas » et des convocations en bonne et due forme furent remises aux activistes, qui quittèrent le tribunal vers 19-20 heures et rejoignirent leurs maisons respectives.


Mais en chemin, ils se rendirent compte qu’ils avaient été pris en filature. Une partie d’entre eux parvint à se cacher, mais ils ont du quitter Khimki. Trois personnes furent à nouveau arrêtées sous prétexte de « remise de convocation ». Ils ont finalement passé quelques heures dans des voitures de police puis au poste. De plus, pour une raison inconnue, au lieu de leur remettre une convocation on leur a ordonné de se présenter au poste de police le lendemain matin à 9 heures, faute de quoi ils pourraient bien être poursuivis au tribunal pénal.


Le jour suivant des raids ont été menés par la police dans les appartements des militants, surtout dans le but d’effrayer leurs parents et de déterminer où ils se trouvaient. Les policiers n’ont pas vraiment pu justifier les raisons de leur arrivée. Le 30 juillet la police s’est également rendue à la demeure de certains militants : chez Alexandre Mitenkov à 6 heures du matin, chez des parents d’Evguenia Tchirikova vers 9h. C’est là qu’a commencé la campagne d’intimidation permanente des activistes et des membres de leurs familles.

Pendant ce temps la déforestation suivait son cours. Des représentants des mouvements sociaux et des figures politiques de Moscou commencèrent à se rendre sur place afin de s’y interposer. Le 31 juillet le leader du parti « Yabloko », Sergueï Mitrokhin, se trouvait sur les lieux. Il se tenait avec son assistant sur un tas de rondins. Voyant le commandant Chkouratov, chef du commissariat n°2 de Khimki, escalader pour venir le rejoindre, Sergueï Mitrokhin se mit à descendre. Alors qu’il descendait le commandant Chkouratov le frappa dans le dos et il tomba.


Le 31 juillet vers 17 heures, le défenseur de la forêt Guennadi Rodin fut arrêté dans la forêt de Khimki. Le chef de la police, après avoir vu son t-shirt « la Russie est pour la forêt de Khimki » a ordonné qu’il soit arrêté sur le champ. Il monta de force dans une voiture et fut conduit au commissariat n°2 de Khimki. D’autres activistes et des connaissances de Guennadi, ainsi que des journalistes et défenseurs des droits de l’homme appelèrent le commissariat n°2 pour savoir ce qu’il en était de lui. Mais la police leur répondit qu’il n’y avait aucun Guennadi Rodin au poste. Sous la pression de la société civile, les policiers lui ont permis de rencontrer ses proches vers 21h. Ils ont pu lui apporter de la nourriture. À 2h du matin il fut relâché, les policiers lui ayant arraché la promesse de se présenter au poste lundi à 9h.


Pendant ce temps, dans la nuit du 31 au 1er août, vers une heure du matin, le défenseur de la forêt Youri Vladimirovitch Petin fut agressé dans la forêt de Khimki. À ce moment l’abattage battait son plein. Alors que Youri tentait de s’approcher des travaux illégaux il fut aveuglé par une lampe de poche et frappé à la tête. Quand il revint à lui on lui demanda qui il était, d’où il venait et s’il entretenait des rapports avec les antifascistes. Youri fut ensuite dépouillé : on lui prit son appareil photo, son téléphone portable et sa pompe à vélo.

Le 1er août la campagne d’intimidation des activistes fut prolongée. Au matin trois policiers se sont présentés chez des proches d’Evguenia Tchirikova lui donnant l’ordre de se rendre à 11h le 2 août au commissariat situé au 4, Rue Gogol, en tant que témoins. Cependant, la convocation ne portait ni la mention, ni le numéro de l’affaire pour laquelle ils étaient appelés. Les policiers s’adressaient au frère d’Evguenia, l’obligeant à signer la convocation à sa place et menaçant de poursuites pénales si elle ne se présentait pas. L’objectif évident de ces actes était d’empêcher Evguenya d’assister à la réunion des habitants de Khimki prévue le 2 août sur le champ Starbeevski.

Le même jour une dizaine d’hommes armés s’en sont pris au militant Sergueï Agueev, qui était en train de montrer le lieu d’abattage au correspondant d’un magazine allemand. Ils l’ont menacé physiquement et exigé l’arrêt de la visite et de la séance photo.


Le 2 août sur le champ Starbeevski devait avoir lieu une rencontre pacifique entre les représentants du mouvement de défense de la forêt et de simples citoyens, pour discuter de la situation et chercher de futures solutions au problème. Mais cette réunion a été brutalement dispersée par les forces spéciales. Plus de 10 personnes ont été arrêtées, dont Sergueï Mitrokhin et d’autres acteurs de la société civile de Moscou et Khimki. Au commissariat on tenta une nouvelle fois de confisquer aux activistes leurs téléphones portables et leurs affaires personnelles.


Le 4 août, les forces spéciales de la banlieue de Moscou arrêtèrent grossièrement Evguenia Tchirikova alors qu’elle sortait du Centre de la presse indépendante. En violation de la loi sur la police, la force physique a été employée alors qu’elle ne tentait même pas de se cacher ou de s’opposer à son arrestation. Les policiers refusèrent de se présenter ou d’énoncer la raison de son arrestation. Il apparu plus tard qu’elle avait été arrêtée dans le but de « déposer un témoignage ».


Le 5 août, après que les témoignages aient été déposés au département des affaires intérieures de la ville de Khimki (Rue Gogol n°6), Evguenia Tchirikova et Yaroslav Nikitenko se sont vu priés par un groupe de policiers de les accompagner au tribunal. Yaroslav Nikitenko refusa car aucune convocation ou attestation ne lui avait été présentée. Il fut alors jeté vulgairement à l’arrière du combis, avec recours à la force. Il fut fouillé sans raison apparente et son téléphone portable lui fut confisqué. Evguenia Tchirikova non-plus ne s’est pas vue remettre de convocation.


Le tribunal a une fois de plus ignoré les déclarations d’autres témoins et toute l’accusation a été fondée sur les déclarations de quelques policiers. Evguenia Tchirikova a été condamnée à 2300 roubles et d’amende et Yaroslav Nikitenko à 800 roubles.

Evguenia Tchirikova


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10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 09:56

Par Ernest Mandel le Lundi, 09 Août 2010


 

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Ce texte est tiré d’un livre assez insolite, publié par Ernest Mandel en 1986. Cet intellectuel marxiste de renom, disparu il y a quinze ans, le 20 juillet 1995, a été sans doute l’un des penseurs qui ont le plus profondément influencé la génération de 68. Connu en particulier pour ses travaux économiques, notamment le Traité d’économie marxiste (1964) et Le capitalisme du troisième âge (1972), il s’est aussi intéressé à un grand nombre de questions dans de multiples domaines. Il aborde ici l’histoire sociale du roman policier, en particulier dans la France de l’après 68. De nombreuses idées de lecture pour l’été (LCR-Web)


Au cours des dix dernières années, un nouveau sous-genre de roman policier est apparu. Comme il se devait, il est né en France. C’est un pur produit de Mai 68 et de l’après Mai 68. On pourrait l’appeler «polar révolutionnaire », ou « nouveau roman noir », ou encore littérature néo-populiste.


Mais peu importe l’étiquette, il s’agit de saisir la tendance générale, la nature du genre, celle d’une mise en question radicale de la société dans son ensemble, de l’Etat et de ses appareils, y compris de la police, y compris des détectives privés. La violence, qui est toujours la caractéristique principale du genre, n’est plus avant tout criminelle et individuelle, ni exceptionnelle, comme dans le roman d’espionnage. C’est la violence institutionnelle quotidienne – ou, si l’on veut, le terrorisme d’Etat – qui est catégoriquement dénoncée, à laquelle s’oppose l’insignifiante mini-violence des laissés-pour-compte.


Contre la violence de l’Etat


(…) les romanciers appartenant a cette catégorie (…) prennent généralement conscience du fait que la révolte individuelle – ou de petits groupes – contre la violence institutionnelle n’a aucune chance. L’aspect romantico-donquichottesque encore présent chez les grands ancêtres du roman noir – Hammett, Chandler, Ross MacDonald – et qui revient chez Trevanian, Cook et les autres, a ici disparu. Si ce nouveau sous-genre est typiquement français, et ne pouvait être que français en fonction de ce qu’a été l’évolution (et la potentielle révolution) sociale des vingt dernières années, il possède néanmoins quelques antécédents anglo-saxons.

 

Un Américain du nom de Jim Thompson, qui après un moment de gloire fut quasiment oublié durant deux décennies, a écrit, avec Le Démon dans ma peau (1966) [Folio-Policier, 2002 ; titre original anglais : The Killer Inside Me], l’exemple le plus hallucinant du récit (de l’assassin) à la première personne. Le meurtrier est ici un flic psychopathe et sadique, qui essaie de détruire quelques-unes de ses victimes en les noyant sous un torrent de banalités. L’univers maudit de Jim Thompson ressemble à l’univers néo-populiste français, mais il n’en possède pas la dimension nettement politique.


Un ancêtre anglo-saxon plus engagé est l’écrivain Sam Greenlee (The Spook who sat by the Door, 1969) [Ivan Dixon en a tiré un film en 1973] (…). Mais si cet auteur partage les préoccupations politiques, clairement révolutionnaires de beaucoup d’auteurs néo-populistes français, il n’a pas leur lucidité. Il charrie l’illusion qu’une petite minorité résolue s’adonnant à la guérilla urbaine pourrait venir à bout de la bourgeoisie américaine, de son Etat et de son armée.

 

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Le « néo-polar » de Jean-Patrick Manchette


Le néo-populisme français est l’enfant littéraire légitime de Mai 68, mais sa filiation passe par l’école dite du «néo-polar », essentiellement représentée par John Amila, Francis Ryck, Jean-Patrick Manchette et Frédéric Fajardie. Le plus important de ces auteurs est incontestablement Jean-Patrick Manchette [1942-1995 – L’intégrale de Manchette a été rééditée par Gallimard en 2005, dans la collection Quatro], qui a écrit, avec L’Affaire N ‘Gustro (1971) [Folio-Policier 1999], calquée sur l’affaire Ben Barka, une féroce parodie du «néo-polar » à thèse. L’ambiguïté des personnages s’étend a ceux présumés de gauche (la gauche respectueuse, comme disait Sartre), avec leurs illusions mille fois contredites par l’histoire, avec leur impuissance devant la violence de l’Etat et de l’extrême droite. On aurait pourtant tort de faire croire, comme l’ont écrit certains critiques, que Manchette essaye de blanchir ou de présenter sous une lumière favorable les assassins de Ben Barka, leurs complices et leurs indics. II n’en est rien. Le caractère pleutre et falot de plusieurs d’entre eux rend ce crime d’autant plus ignoble lorsqu’on s’aperçoit de quels instruments somme toute pitoyables « la raison d’Etat » est amenée à se servir.


Les opinions gauchistes de Jean-Patrick Manchette sont indéniables. Dans Nada (1972) [Folio-Polar 1999], la férocité de la répression policière est dépeinte de manière cinglante. Mais le côté délibérément tordu et ambigu de ses récits permet qu’ils puissent être mal compris, voire même appréciés par des lecteurs apolitiques, sinon par des cinéastes et des critiques de droite. Une manière de présenter comme dérisoire toute action politique, parce qu’inefficace et condamnée à l’échec, rend finalement cette littérature moins « désintégratrice » par rapport au système qu’elle n’en donne l’impression de prime abord.


De ce point de vue, Jean-Patrick Manchette poursuit une certaine tradition anarchisante et gauchiste. En jetant dans le même sac les possédants et les révolutionnaires, tous caractérisés par la même prétendue absence de lucidité et d’humanité généreuse, cette tradition finit par faire gober au lecteur la vieille «sagesse » des classes dominantes – devenue le lieu commun véhiculé par une fraction des masses populaires –, celle du «Plus ça change, plus c’est la même chose » et du «Il y a toujours eu des riches et des pauvres, des dominants et des dominés ».

 

Conclusion au premier degré: ça ne sert à rien de se révolter. Conclusion au deuxième degré : que les choses restent comme elles sont, on ne peut tout de même rien y changer ; cultivons notre jardin, pour le plus grand bien des puissants s’entend. Comme quoi, révolte individuelle et révolution sociale ne s’épaulent pas automatiquement.


Il est vrai que Jean-Patrick Manchette restreint apparemment son rejet au seul révolté individuel: « Le terrorisme gauchiste et le terrorisme étatique, quoique leurs mobiles soient incomparables, sont les deux mâchoires du même piège à cons. (...) Le desperado est une marchandise, une valeur d’échange, un modèle de comportement comme le flic ou la sainte. (...) C’est le piège qui est tendu aux révoltés, et je suis tombé dedans. » Comme il ne fait guère de distinction entre « révolté » et « révolutionnaire » et que le révolutionnaire est pour lui inexistant et impossible (« le marxisme est une duperie »), cela revient finalement au même. Son succès est d’ailleurs dû en partie au fait qu’il exprime, à sa manière, l’immense désenchantement de l’après Mai 68, renforcé plus tard par la déception de l’après Mitterrand.


Un polar prolétarien ?


Autre chaînon intermédiaire entre le roman noir classique et le nouveau roman noir, Jean Amila [Jean Meckert, 1910-1995]. Après ses premières œuvres qui le rattachent a Léo Malet, père du roman noir français, il réalisera, dans Le Pigeon du faubourg (1981), ainsi que dans quelques autres romans, une sorte de synthèse entre le «  polar  » à proprement parler et le roman prolétarien qui s’efforce de faire comprendre au lecteur la réalité de la condition ouvrière, surtout artisanale d’ailleurs [Parmi ses romans réédités, on trouve Le Boucher des Hurlus (1982), Folio policier Gallimard, 2002].


En revanche, Francis Ryck [Yves Delville, 1920-2007], qui n’a rien d’un gauchiste, prendra en compte la plupart des thèmes d’après Mai 68 qui domineront la littérature néo-populiste. La Peau de Torpédo (1968) [Jean Delannoy en a tiré un film en 1970] et Drôle de pistolet (1969) [adapté au cinéma par Claude Pinoteau, 1973] mettent en scène des marginaux et des révoltés s’obstinant a porter des chiquenaudes à une société inhumaine qu’ils ne réussissent ni a comprendre ni a combattre avec un tant soit peu d’efficacité [Parmi ses derniers livres : La discipline du diable, L’Archipel, 2004 et La Casse, Scali, 2007].


Georges-Jean Arnaud, qui occupe une place à part dans cette transition, est le plus prolixe des écrivains français (plus de trois cents romans !). Il avait débuté en 1952 avec un polar traditionnel, Ne tirez pas sur l’inspecteur et, à partir des années soixante-dix, il débouche sur le « polar politique anticapitaliste » : dénonciation de l’establishment nucléaire dans Brûlez-les tous, aliénation de l’individu par le modèle de consommation bourgeois dans Le Coucou (1978), dénonciation de la CIA et de tous les scandales de « l’Amérique paranoïaque, celle de Nixon et du Ku-Klux-Klan, de la John Birch Society et des repus », dans la série Le Commander [Fleuve noir, 1961-1986].


Après Frédéric Fajardie [1947-2008] (Tueurs de flics, 1979), qui fit l’effet d’une bombe par sa rage violente, et dont les romans portent les traces d’une certaine fascination militariste chère à la Gauche prolétarienne défunte, le nouveau roman noir (ou roman néo-populiste) atteint toute sa lucidité politique de critique sociale avec des auteurs comme Jean-Francois Vilar, Didier Daeninckx, Thierry Jonquet, Gerard Delteil et Pierre Marcelle.

 



Jean-François Vilar


Jean-François Vilar, ancien militant de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), lié à la tradition surréaliste, met en scène avec C’est toujours les autres qui meurent (1982) [Actes Sud, 2008], Passage des singes (1984) [J’Ai Lu, 1998], Etat d’urgence (1985) [J’Ai Lu, 1998], Bastille Tango (1986) [Actes Sud, 1998], des personnages d’extrême gauche ou d’ex-extrême gauche (journalistes type Libération, exilés latino-américains, brigadistes rouges italiens) qui se heurtent à la toute-puissance meurtrière des flics. Comme chez nombre d’auteurs de romans noirs, ce n’est pas seulement « le système » qui tue, chez Jean-François Vilar, c’est aussi la police au sens littéral du terme qui est coupable de meurtre. Ainsi, dans C’est toujours les autres qui meurent, un commissaire de police vaguement social-démocrate déclenche une tuerie à Beaubourg... alors qu’un président de la République social-démocrate vient d’être élu.


Etat d’Urgence est un livre remarquable, l’un des meilleurs romans à suspense de ces dernières années. A Venise, dont l’atmosphère équivoque est bien évoquée, séjourne un cinéaste qui a sacrifié son talent au succès commercial pour pouvoir terminer un film sur le terrorisme. Il est accompagné d’un brigadiste repenti censé l’inspirer pour le scénario. Aux scènes du Carnaval, animées par la fine fleur intellectuelle vaguement décadente de toute l’Europe, se mêle une folle entreprise de chantage à la terreur menée par les Brigades rouges, qui finit par menacer de noyer la cité des Doges sous une marée noire. Flics et brigadistes s’affrontent, puis la mafia tranche le conflit a sa façon, guidée par un « parrain » lié à la fois aux milieux du cinéma, du terrorisme et aux forces de l’ordre, et qui s’offre en outre le luxe d’acheter le cinéaste. Tout se termine à nouveau par un massacre général perpétré par la police.


Jean-François Vilar prête au chef mafieux des propos résumant avec pertinence un certain après Mai 68 : « Cette histoire de terroristes est très bien. Le repenti est l’emblème tragique de notre époque. L’espoir, le reniement, les procès... » Quand les mafieux s’adonnent à la sociologie politique et se piquent de psychanalyse, il n’y a plus qu’a tirer l’échelle. Ou a écrire des romans noirs...


De Daenincks à Jonquet


Didier Daeninckx s’est surtout fait remarquer avec Meurtres pour mémoire [Gallimard, Série Noire 1984 ; folio policier, 1999], roman qui a le mérite de rappeler l’assassinat par la police, le 17 octobre 1961, à Paris, de centaines d’ouvriers algériens manifestant contre la guerre d’Algérie. Daeninckx est proche du PCF, et pourtant l’inspiration de ses livres, surtout de Meurtres pour mémoire, fait plus penser à l’extrême gauche, pour qui se souvient des positions que soutenaient à l’époque les uns et les autres. Tous ses livres, qui connaissent un succès considérable dans les pays de l’Est, sont marqués par le souci de l’histoire oubliée, ce que d’aucuns appellent les « cadavres dans le placard », c’est-à-dire par le désir de ressusciter les vaincus de l’histoire.


Thierry Jonquet, militant de la LCR, a écrit deux sortes d’ouvrages : d’une part des romans politiques et, d’autre part, des romans noirs se situant dans des milieux de marginaux, voire dans des asiles psychiatriques. La deuxième catégorie a peut-être été davantage appréciée par la critique et par un large public. La Bête et la Belle (1985) a été choisi comme n° 2000 de la fameuse Série noire.


Thierry Jonquet a publié ses polars politiques sous le pseudonyme provocateur de Ramon Mercader (2). Dans Du passé faisons table rase [folio policier, 2006], un secrétaire général du PCF visiblement calqué sur Georges Marchais, et présenté comme choisi et manipulé par le KGB, s’efforce de déjouer, au moyen de meurtres systématiques, des tentatives de chantage dont il pourrait faire l’objet. La manipulation réciproque des services d’espionnage impérialiste et stalinien, la grisaille et l’absence de convictions politiques profondes des appareils de toute sorte, la réification et l’instrumentalisation extrême des hommes et des femmes de ce milieu sont décrites de manière convaincante.


En fait, il y a un cordon ombilical qui relie les romans politiques aux romans noirs de Thierry Jonquet. La coupure quasi schizophrénique des personnages de La Bête et la Belle correspond à la coupure non moins nette des agents mis en scène dans Du passé faisons table rase. Ici, un instituteur propret et ponctuel à souhait qui entasse d‘innombrables sacs d’ordures dans son appartement. Là, des professionnels de la surveillance, de la délation, du chantage et de l’assassinat « pour la cause » (celle du « communisme » et de la « liberté »), qui mènent une vie quotidienne de petits-bourgeois médiocres, se délectant de pêche et d’aventures érotiques minables.


« C’était fou. Un exemple de comment les gens ne s’entendent pas, de la coupure de la sphère privée et de la sphère publique, du domestique et du public », affirme Thierry Jonquet dans une interview accordée au journal Le Monde (21·22 avril 1985). Et il poursuit : « Le regard du polar est outrancier, très scandalisé. Il ressemble tout à fait a un regard de militant. » Derrière l’effort de lucidité, il y a aussi son vécu, qui l’a extrêmement sensibilisé. Thierry Jonquet est marqué par une expérience professionnelle. Il a travaillé comme ergothérapeute dans un hospice de vieillards et dans des hôpitaux psychiatriques. « J’ai reçu ça dans la gueule, j’en ai bavé de cet hosto, cela m’était resté en travers de la gorge, je voulais le dire, et pour cela, le polar, ça collait. » De là son obsession pour le comportement « anormal » dans la « normalité » bourgeoise, voire pour les malades mentaux.


Jouir de la violence ?


Jean-Bernard Pouy (Suzanne et les ringards, 1985), moins politique dans ses romans que Jean-Francois Vilar, Didier Daeninckx ou Thierry Jonquet, est également moins amer et plus tendre dans son style, plus indulgent pour l’humanité telle qu’elle est [ses derniers titres : La récup’, Fayard noir, 2008 ; Mes soixante huîtres, Folie d’encre, 2008 ; Rosbif saignant, Coop-Breizh, 2009 ; Cinq bières, deux rhums, Baleine, 2009].


Gérard Delteil [Gérard Folio], auteur prolifique versant volontiers dans le pastiche, y compris dans Meurtre dans l’Orient-Express, narre dans Solidarmoche (1984) [épuisé] une sombre histoire d’infiltration, par plusieurs services secrets de l’Est et de l’Ouest, d’une activité de soutien aux syndicats clandestins en Pologne. Il a le mérite d’une prise de position claire en matière de culte de la violence : « Je n’aime pas non plus les polars complaisants, genre sado-maso, style SAS. On peut montrer l’horreur et la violence pour les dénoncer, pour exprimer sa révolte contre les atrocités, mais on peut aussi prendre un plaisir malsain à décrire des scènes de torture, de massacres de camps de concentration, de viols. Tout le problème est dans cette complaisance, à laquelle je vois mal comment on pourrait échapper dans des livres basés justement sur le principe de procurer au lecteur le maximum de délicieux frissons d’horreur à propos d’atrocités subies par d’autres. » (Interview publiée dans Cahiers pour la littérature populaire, n°6, été 1986) [son dernier roman, Speculator, L’Archipel, 2010, se déroule dans le monde de la finance].


Pierre Marcelle (Terrain lourd, [Fayard, 1981]) pratique lui aussi le pastiche dans Le Bourdon [écrit avec Hervé Prudon, Jean-Luc Lesfargues, 1982], une adaptation fort savoureuse du Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo.

René Belletto (L’enfer, 1985) doit sa force au passé révolutionnaire latino-américain de certains de ses protagonistes, qu’il évoque avec une grande efficacité [son dernier titre, Hors la loi, P.O.L., 2010, parle d’un type qui se trouve toujours au mauvais endroit au mauvais moment…].


Daniel Pennac est plutôt un gros calibre littéraire. Mais le thème d’Au bonheur des ogres [1985, rééd. Folio 1997] – une secte démoniaque qui opère dans le sillage des persécutions antijuives nazies – est assez invraisemblable.

Frédéric Krivine, un jeune espoir du suspense, s’est révélé grâce à son remarquable Arrêt 0bligatoire (Denoël, 1986) [autres titres : Un souvenir de Berlin, Denoël, 1990 et Des noires et une blanche, Mille Et Une Nuits, 1995].

Tous ces auteurs ont en commun, outre le rejet d’une société corrompue, corruptrice et inhumaine, une vue assez sévère sur les individus, tous plus ou moins tarés, qu’elle a produits. Avec eux, il n’y a ni héros ni héroïnes. On est aux antipodes du « héros positif » de feu le « réalisme socialiste », genre en voie de s’éteindre lentement également dans la littérature soviétique. Les personnages, y compris ceux ou celles avec lesquels les auteurs paraissent s’identifier, sont marques par le doute, l’hésitation, le sentiment d’impuissance, le remords, l’ambiguïté, la culpabilité, un tantinet de paranoïa sinon de haine de soi-même. Encore une fois, l’après Mai 68 est passé par là.

 

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Un réalisme du désespoir


C’est dans ce sens que le nouveau roman noir reprend en partie la tradition du populisme, voire du naturalisme d’antan. Si toute la littérature dite policière du dernier quart de siècle apparaît en quelque sorte comme la littérature réaliste par excellence de notre époque, si elle fournit un miroir dans lequel la réalité sociale est mieux reflétée que dans l’analyse minutieuse des états d’âme ou dans les sempiternelles images d’Epinal, de la gauche autant que de la droite, une dimension de la réalité humaine en est pourtant absente.


En effet, dans la vie de tous les jours, le sublime côtoie l’infâme, le courage se retrouve côte a côte avec la lâcheté, la constance et la fidélité sont autant présentes que la capitulation et la trahison, l’oppression sociale suscite toujours le rejet actif et la résistance, le mouvement d’émancipation n’a pas disparu, l’effort tenace et millénaire de changement social délibéré se poursuit, malgré les échecs et les déceptions. De cela, le nouveau roman noir ne s’en fait pas l’écho. C’est pourquoi il est en fin de compte moins réaliste qu’on ne le dit. Mais n’est-ce pas lié à la nature même d’une littérature centrée sur le crime et la violence et donc, par la force des choses, tournée davantage vers le sol que vers le soleil?


La société française ne serait pas ce qu’elle est si, à côté du « polar révolutionnaire », ne subsistait pas le polar traditionnel « intégriste » bourgeois, voire ouvertement contre-révolutionnaire. Quelques nouveaux talents y ont également surgi, avant tout Hugues Pagan, inspecteur de police et ancien philosophe. Ses personnages ambigus différent peu des prototypes « divisés » de Thierry Jonquet. Signalons notamment son Last Affair (1985).


En revanche, dans la série des SAS de Gérard de Villiers, dans les romans de Jean Bruce et chez leurs innombrables suiveurs triomphe un manichéisme facile et puéril, fait d’un anticommunisme viscéral, d’un racisme à peine déguisé, de sexisme, d’un rejet brutal de la décolonisation, d’une réhabilitation sans fard du nationalisme cocorico et du colonialisme français. Cette littérature, en général d’une pesante monotonie malgré ses prétentions à l’excitation et à l’exotisme, assure une fonction sociale précise au service de l’idéologie dominante. Autre chose est de savoir si elle remplit cette fonction de manière efficace. Là, le doute est heureusement de plus en plus permis.


En Amérique latine aussi…


Les mêmes causes ayant les mêmes effets, le Mexique – et dans une moindre mesure l’Argentine – ont vu, eux aussi, une vague de « neo-polars » ou de romans noirs progressistes déferler sur la scène littéraire, après la radicalisation prérévolutionnaire que connurent ces pays à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. Contentons-nous de mentionner quatre auteurs argentins : Tizziani avec Noches sin Lunas ni Soles (1975) ; Alberto Speratti avec El Crimen de la Calle Legalidad (1983) ; Osvaldo Soriano avec une jolie parodie, Triste, solitario final (1973) [Trad. française : Je ne vous dis pas adieu, Grasset, 1999] ; Juan Carlos Martelli avec El Cabeza, considéré comme le chef-d’œuvre du roman policier argentin. (Les trois derniers écrivains se sont exilés loin de la dictature.)


Les auteurs mexicains sont mieux connus et plus appréciés au plan international. Ils le méritent certainement. Le plus ancien du groupe est Paco Ignacio Taibo II, qui a également rédigé un ouvrage érudit sur les origines du Parti communiste mexicain. Anarcho-syndicaliste de vocation bien que très ami du Parti communiste cubain, il est le créateur du détective prive Hector Belascoaran Shayne, qu’il « tue » dans No habra final feliz (1981) [Pas de fin heureuse, Rivages/Noir, 1997]. Ou, plus exactement, il le fait tuer par les flics, comme c’est le cas dans de nombreux romans noirs français. A cette différence près qu’il s’agit ici d’une police non officielle manipulée par la police « officielle » et par le gouvernement, les fameux « faucons », auteurs du massacre des étudiants de l’été 1968 sur la place Tlatelolco, à Mexico.


A côté de Paco Ignacio Taibo II, il faut signaler Rafael Ramirez Heredia, avec Trampa de métal ; Raul Hemandez Viveros ; Rafael Bernal, avec El complot mongol (1969) [Le complot mongol, Serpent noir, 2004], considéré par d’aucuns comme le meilleur polar mexicain, écrivain cependant moins engagé que les autres auteurs mentionnés. Il faut aussi accorder une place particulière au remarquable Morir en el golfo (1985) [La mort à Vera Cruz, Seuil, 2002], de Hector Aguilar Camin, ouvrage qui dénonce la complicité entre la bureaucratie syndicale dite des charros et l’appareil d‘Etat, y compris la police.


Comme ce fut le cas deux décennies plus tôt pour des auteurs comme Robbe·Grillet et Nabokov, la vogue récente du polar en Amérique latine a amené des romanciers célèbres comme Carlos Fuentes, Guillermo Thorndyke, Jorge Ibarguëngoitia, Mario Vargas Llosa, Cortazar et Gabriel Garcia Marquez, à flirter avec le roman policier.


Une société criminelle


La conclusion s’impose d’elle-même. L’histoire du roman policier est une histoire sociale, car elle apparaît comme inextricablement liée a l’histoire de la société bourgeoise – voire de la production marchande – et surdéterminée par elle. A la question de savoir pourquoi l’histoire de la bourgeoisie se reflète dans celle de ce genre littéraire bien particulier, la réponse est celle-ci : l’histoire de la société bourgeoise est aussi celle de la propriété ; l’histoire de la propriété implique celle de sa négation, c’est-à-dire l’histoire du crime. L’histoire de la société bourgeoise est aussi celle de la contradiction de plus en plus explosive entre, d’une part, des normes mécaniquement imposées de comportement et de conformisme social et, d’autre part, les passions, les désirs, les besoins des individus, contradiction qui se décharge dans des transgressions de plus en plus violentes des normes, y compris par des crimes. La société bourgeoise, née de la violence, la reproduit constamment et en est saturée. Elle provient du crime et elle conduit au crime, commis à une échelle de plus en plus industrielle. En définitive, l’essor du roman policier s’explique peut-être par le fait que la société bourgeoise, considérée dans son ensemble, est une société criminelle.


Ernest Mandel


Ce texte est tiré du dernier chapitre de l’ouvrage d’Ernest Mandel intitulé « Meurtres exquis. Histoire sociale du roman policier », préfacé par Jean-François Vilar, et publié aux éditions « La Brèche » à Paris, en 1986. Republié en Suisse dans le bimensuel « solidaritéS » n°171 (09/07/2010)

 

Jean-Patrick Manchette (1942-1995)
et l’Histoire

Elfriede Müller
Traduit de l’allemand par Céline Chanclud

 

Jean-Patrick Manchette © Jacques Robert

Manchette, surnommé le Chandler1 français ou bien encore le Rimbaud du polar2, est devenu avec le temps une icône culturelle. Il a renouvelé le roman noir français et a transformé en profondeur ou plutôt radicalisé le genre : "du point de vue de l’écriture, à travers la concentration linguistique du style, et du point de vue du contenu, à travers une politisation conséquente de la thématique"3. Jean-Patrick Manchette, sympathisant de la gauche radicale, a adhéré au syndicat étudiant l’UNEF en 1960, a commencé à militer pendant la guerre d’Algérie, puis s’est engagé aux côtés de La Voix communiste4 à Rouen, et enfin, a participé aux événements de 1968. A partir de 1965, il se rapproche des situationnistes. Manchette gagnait sa vie en travaillant comme professeur d’anglais. Parallèlement, il a commencé à traduire des romans ainsi que des essais et à écrire des scénarios et des dialogues pour le cinéma ou la télévision. Il a traduit 30 romans noirs de l’anglais, en partie avec sa femme. Manchette n’a pas commencé à écrire particulièrement plus tôt que ses confrères. Il fut cependant publié bien avant et, pour cette raison, peut-être considéré comme un précurseur et avant tout un auteur solitaire, qui a influencé le genre nouveau. Il a ouvert le chemin à une génération de nouveaux auteurs, qui ne sont pas toujours parvenus à égaler son talent littéraire ou qui ont abordé d’autres thématiques ou sujets de fiction : Frédéric H. Fajardie, Didier Daenninckx, Jean-François Vilar, Thierry Jonquet, Jean-Bernard Pouy, Dominique Manotti et beaucoup d’autres encore.

Manchette a ancré le roman noir dans la réalité et n’a jamais penché pour la nostalgie et le romantisme, contrairement à d’autres auteurs. Les descriptions pittoresques des milieux parisiens ou marseillais, comme on les trouve chez Le Breton ou Simonin, n’intéressaient plus Manchette. Fidèle à la révolte de 68, sa littérature est dirigée tout d’abord contre les autorités ("La première démarche d'un auteur de romans noirs est en fait de tuer (symboliquement) l'autorité et ses représentants : le père ou le patron"5). Ainsi, sa première oeuvre, L'Affaire N’Gustro6, parue en 1971, fit l’effet d’une bombe : "Le polar, pour moi, c'était – c'est toujours – le roman d'intervention sociale très violent"7). Manchette s’est inscrit dans la tradition du roman noir américain des années 20. Comme dans les années 20, la contre-révolution des années 70 triomphe dans le monde entier renouvelant ainsi le roman noir. Toutefois, cette forme de roman n’est que le substitut d’une révolution. Bien qu’il soit difficile de rivaliser avec le cynisme des romans de Manchette, ce dernier revient toujours implicitement aux tentatives d’émancipation de la gauche et défend, comme André Vanoncini l’a écrit, les certitudes morales de mai 688.

L’œuvre de Jean-Patrick Manchette n’est pas seulement constituée de fiction, mais aussi de nombreuses critiques littéraires, critiques de films et d’un essai de théorisation du genre. Manchette a écrit 10 romans noirs. Il a incarné la génération déçue des militants de 68 comme aucun autre. Ceci explique qu’une partie du lectorat traditionnel de romans policiers l’ait désavoué. Le journal d’extrême droite Minute a même reproché à Manchette, dans un article intitulé La Série Noire va-t-elle-disparaître ?, d’être responsable du déclin du roman noir : "un certain gauchisme de salon (représenté par des) auteurs français comme le médiocre et prétentieux Jean-Patrick Manchette...(...)". "Que ces messieurs se disent bien que le détective contestataire et hostile à la guerre du Vietnam, cela rase profondément les amateurs de romans noirs"9). Cependant, Manchette connaîtra très vite le succès, car il est parvenu à conquérir un nouveau public de romans noirs, comme le suggère un article du Monde de 1972 : "L'ultra-gauche à la Série Noire")10. On peut dire que Manchette était à partir de 1972 un auteur établi, qui pouvait vivre de sa plume.

Le Grand Prix de la littérature policière 1973 décerné à Manchette pour son roman O dingos, ô châteaux ! assoit définitivement sa reconnaissance. La revue spécialisée Polar lui a consacré un numéro spécial en 1980 et Claude Mesplède a comparé son originalité à celle de Simenon et bon nombre de ses romans ont été portés à l’écran11. En 1991, Manchette apprend qu’il est atteint d’un cancer. Il décède en 1995.

 

 

L’Affaire N'Gustro – L’Histoire pour narration

Son premier roman est qualifié par Jean-Paul Schweighaeuser12 du plus obsédant et accompli de ses ouvrages. Manchette y traite en détail d’un pan de l’histoire de façon moins impressionnante que d’autres auteurs de roman noir, qui ont commencé à écrire après 1968. Toutefois, ce premier roman porte sur un évènement historique concret, l’affaire Ben Barka.

Les évènements historiques : L’Affaire N'Gustro prend pour thème l’enlèvement du marocain Al Medhi Ben Barka, membre de l’opposition. Il s’était battu pour l’indépendance de son pays et avait été enlevé le 29 octobre 1965 à Paris par les services secrets marocains, vraisemblablement avec la complicité du gouvernement français, puis torturé et assassiné13. Après l’indépendance de 1956, le parti de Ben Barka, Istiqlal, s’est scindé en deux fractions. Une fraction acceptait de participer au pouvoir, mais la fraction démocratique Union des Forces Populaires du Maroc, quant à elle, refusait d’occuper les postes de ministres. Ben Barka appartenait à la seconde fraction politique. Il a très rapidement acquis une grande popularité, raison pour laquelle il fut accusé d’avoir organisé un complot contre le roi Hassan II. Il partit donc en exil. Pendant son absence, le gouvernement marocain condamna les exilés à mort. Son assassinat fut orchestré par l’ancien ministre de l’Intérieur, le général Oufkir, qui se trouvait à Paris le samedi 30 octobre 1965. Ahmed Dlimi, le directeur de la sûreté nationale marocaine, et un certain Chtouki, chef des services secrets marocains, se trouvaient également à Paris. Le commissaire Maurice Bouvier a conclu dans son enquête que Ben Barka avait été arrêté par deux policiers français, Louis Souchon et Roger Voitot. Ben Barka est monté dans un véhicule, où se trouvait également Antoine Lopez, un agent secret français. Ben Barka a été conduit à Fontenay-le-Vicomte (Essone) dans la villa d’une personne associée à l’affaire, Georges Boucheseiche. Puis on perd sa trace. Son corps n’a pas été retrouvé jusqu’aujourd’hui. Le 3 novembre, l’ambassade marocaine donne une réception officielle en l’honneur du ministre de l’Intérieur, Mohamed Oufkir, de son homologue français, Roger Frey et de l’ancien préfet de police, Maurice Papon, qui sera également le héros d’un autre roman noir (Meurtre pour mémoire de Didier Daeninckx). Parmi les suspects, on comptait un journaliste et un réalisateur de film. Figon, le réalisateur, a publié ses aveux dans le journal L'Express du 10 janvier 1966 : "J'ai vu tuer Ben Barka". Figon affirme avoir vu Oufkir assassiner le membre de l’opposition avec un poignard provenant de la collection d’armes de ladite villa. Avec cette représentation, Manchette balise également le genre en mutation du roman noir, car, comme son confrère Paco Ignacio Taiblo II l’a formulé : "Les assassins sont les ministres de l'intérieur, les chefs de la police. Ce sont eux"14. Figon sera retrouvé mort à son domicile peu de temps après, comme Butron, le héros de Manchette. La police conclura au suicide. La police française condamne Oufkir par contumace à la prison à perpétuité. Le juge Louis Zollinger condamne 12 autres personnes. La condamnation d’un ministre étranger par la justice française, fait jusqu’alors unique en matière de droit international, a gelé les relations franco-marocaines pendant 12 ans. En 1975, le fils de Medhi Ben Barka dépose une nouvelle plainte. En 1982 seulement, le gouvernement socialiste autorisera M. Pinsseau, le juge chargé de l’affaire, à consulter les documents de la SDECE (les anciens services secrets français) concernant Ben Barka. L’enquête est encore ouverte aujourd’hui. De nombreux acteurs associés à cette histoire ont entre temps disparus. Ainsi, Oufkir se donna la mort le 16 Août 1972. Il a été prévu en 2003 d’apposer une plaque commémorative à proximité de la brasserie Lipp, lieu de l’enlèvement. Le maire de Paris a reçu une demande à ce sujet. Les représentants des Verts et le maire socialiste, M. Delanoë, ont accueilli cette requête positivement15. Le 18 avril, le conseil municipal de Paris a décidé d’attribuer le nom de Mehdi-Ben-Barka à une place située à proximité de la brasserie Lipp. Les représentants de l’UMP gaulliste se sont abstenus.

La fiction : Mis à part les dénominations (le ministre de l’Intérieur se nomme Georges Clémenceau Oufiri) et le pays concerné (le Zimbabwe), Manchette s’en tient strictement aux faits historiques : "L'élément documentaire, sans lequel il n'est pas de bon polar"16. "Le dire vrai", expression de Michel Foucault, pousse également Jean-Patrick Manchette, puis d’autres auteurs après lui, à travailler sur des cas refoulés de l’histoire. Manchette travaille un peu à la façon d’un historien, avec les traces qu’il reste encore à sa disposition. Dans le roman de Manchette, le parti des opposants politiques se divise également en deux fractions. L’histoire est narrée par un jeune fasciste membre de l’OAS, Henri Butron. Il s’agit d’un monologue intérieur. Celui-ci enregistre ses aveux sur une cassette, qui sera finalement détruite par la police. Une grande partie de l’histoire se déroule à Rouen, où Manchette a commencé à militer contre la guerre d’Algérie. Butron sera assassiné par les services secrets du Zimbabwe. La police française maquille l’assassinat en un suicide puis détruit la cassette contenant l’aveu ainsi que les clichés pris par Butron pendant l’enlèvement.

Un fait particulièrement intéressant : tout comme le massacre de centaines d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, qui a par ailleurs inspiré Didier Daenninck, l’affaire Ben Barka a longtemps été étouffée devenant même un sujet tabou. Dans L’Affaire N’Gustro, Manchette attaque ouvertement la presse, qu’il accuse de s’être rendue complice du pouvoir par son silence. Blasé et direct, il s’en prend au Nouvel Observateur, dans son roman intitulé Le Nouvel informateur.

Flashs : Ce roman inhabituel, dont l’actualité semble toujours aussi brûlante, contient déjà tous les éléments qui rendront le style de Manchette si direct : "Magouilles de la société capitaliste, police corrompue, journalistes et intellectuels de gauche nullissimes, ton volontairement agressif et provocateur, mélange d'argot et de style fleuri, références littéraires constantes"17). Toutefois, Manchette ne construira plus jamais la trame de ses romans à partir d’événements historiques. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne fera plus jamais aucune allusion dans ses 9 autres romans, mais il procèdera plutôt par flash ou référence.

L’historiographie, sujet prisé par d’autres auteurs de romans noirs après 1968, n’apparaîtrait chez Manchette plus que dans Que d'OS !18 et son roman fragmentaire La Princesse du sang19. A la fin de sa vie, Manchette remet de nouveau l’Histoire au centre de ses romans. Au début des années 90, il prévoyait d’écrire un cycle de romans sur les années 80 : Les Gens du mauvais temps. Il ne reste malheureusement qu’un fragment, que son fils achèvera d’écrire après sa mort : La Princesse du sang.

Dans Que d'Os !, Manchette prend pour thème la collaboration qu’il traite de manière burlesque. Un ancien collaborateur, aujourd’hui devenu trafiquant de drogue, fait enlever sa fille. Le journaliste juif Haymann aide Tarpon, un détective privé incompétent en lui apportant ses connaissances sur l’occupation allemande et le national-socialisme. A l’inverse de l’Affaire N'Gustro, il ne s’agit pas d’un incident historique concret mais de crimes commis de nos jours (enlèvement et trafic de drogue) qui conduisent à des crimes irrésolus du passé (la collaboration).

Dans La Princesse du Sang, le personnage principal est une jeune femme, la photographe Ivory Pearl, qui rend visite à l’agent secret anglais Samuel Farakhan, qui l’avait recueillit pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce roman incomplet est un tour de force, un voyage à travers l’histoire mondiale. L’anti-héros, Aaron Black, aujourd’hui marchand d’armes, a passé deux ans à Buchenwald. Il était membre du KPD (Parti communiste allemand), avait pris part à la révolte de Hambourg, où il était responsable de la distribution des munitions. Lors de la guerre d’Algérie, Black a fourni des armes aux rebelles, bien qu’il travaillait alors pour les services secrets. En voulant faire un reportage sur Black, la photographe, replonge ainsi dans son passé incandescent. A l’origine, cette intrigue met en scène un anti-héros survivant du national-socialisme, thème que Thierry Jonquet reprendra dans Les Orpailleurs20. Les événements historiques sont abordés dans leur dialectique. Ainsi évoque t-il la torture et la mise en esclavage d’anciens membres de la résistance dans la guerre d’Algérie, sans pour autant développer des évènements historiques concrets dans le détail comme pour L’Affaire N'Gustro.

Pourquoi devient-on plus intelligent à la lecture des romans de Manchette ? L’analyse de la société la plus pessimiste de Manchette repose sur la critique marxiste de la valeur et la critique situationniste de l’industrie culturelle qui menace aussi ceux qui combattent la société. Il se qualifiait lui-même comme un auteur de référence, dont les références ne sont pas toujours très évidentes. Manchette utilise des références théoriques (Debord, Trotzki, Hegel, Reich) et littéraires (Baudelaire, Leiris) sous forme de collage, un peu à la façon de Walter Benjamin dans Le Livre des Passages (Passagen-Werk). Manchette introduit la fragmentation de l’action pour soutenir l’attention du lecteur : "Le propos de Manchette est d'éveiller son lecteur, de le rendre plus lucide"21). L’action n’est pas traitée de façon linéaire chez Manchette : dans L’Affaire N'Gustro, le héros meurt au début sans que l’on sache pourquoi. Manchette veut décrire un milieu, un individu, qui milite dans l’extrême droite, et veut dénoncer la raison d’Etat : "D'ailleurs l'ensemble du roman est une histoire vraie à peine déguisée22".

Manchette écrit dans un style béhavioriste. Le béhaviorisme est un courant de recherche psychologique et sociale fondé par l’américain J. B. Watson23. Il étudie le comportement des êtres vivants et cherche à en cerner les caractéristiques psychiques et sociales. Le béhaviorisme s’appuie sur les sciences naturelles et se limite au comportement humain empirique et quantifiable. Le comportement sera ainsi interprété comme le résultat d’un processus d’apprentissage par le schéma "stimulus-réponse". Ce courant revendique l’objectivité et sera culturellement influencé par la journalisme et le cinéma. Dans l’interprétation de Manchette, le béhaviorisme s’élève contre un système de représentation irréaliste, contre la sentimentalité ou encore contre la rhétorique et la paresse du lecteur.

Les personnages de Manchette : Les personnages de Manchette sont des anti-héros brisés, comme Eugène Tarpon, ancien policier devenu détective. Il est incompétent, sans culture et a laissé tomber son métier après avoir tué un manifestant par mégarde. Dans L’Affaire N'Gustro, Butron, le narrateur à la première personne est issu d’une famille bourgeoise, une famille de médecins et il s’ennuie : "J'ai rien à foutre. J'ai une bagnole. J'ai du pognon"24. Il pense ainsi se sortir intact du jeu morbide auquel il a participé. Cependant, il n’est que le simple rouage d’une grande manipulation, dont les protagonistes l’utilisent. Ils se débarrasseront de lui sans pitié. Tout comme Gerfaut, l’anti-héros de Le Petit Bleu de la côté ouest, Butron est en proie à une crise existentielle. Tous les héros de Manchette ont, non seulement perdu leurs d’idéaux, mais aussi leur identité. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ils sont tous voués à l’échec, sans exception. Dans les romans de Manchette, l’existence individuelle se limite surtout au bon fonctionnement de l’engrenage du système capitaliste.

En 1977 paraît Le Petit Bleu de la côté ouest, une attaque frontale contre la société capitaliste. Georges Gerfaut, un cadre supérieur marié, malheureux, car sans idéaux, est poursuivi par des tueurs. Dans ce texte, la critique de la valeur de Marx atteint son paroxysme, car le personnage du roman, Gerfaut, n’est rien d’autre qu’un jouet aux mains des rapports de production. Les adaptations cinématographiques de ses œuvres, réalisées en autre par Chabrol, ont toujours été critiquées et refusées par Manchette, fidèle à la tradition situationniste. Dans les années 80, Manchette connaît un passage à vide : "Il m'a semblé qu'on était battu en France, en Espagne, qu'on avait été battu au Portugal, battu en Italie et que le mouvement polonais était en train de se faire battre. En 80, en France, on venait d'élire un immonde président de gauche qui avait déjà essayé de prendre le pouvoir en 68, qui avait raté heureusement. Enfin ce coup-ci, il était arrivé. C'était terminé, on était entré dans les sales années 80 et je ne pouvais plus écrire."25

Pour résumer, nous pouvons constater que Manchette a abordé dans ses romans presque tous les thèmes historiques inhérents au XXième siècle. Il en fait des références. Ne prenons qu’un seul exemple : L'affaire N'Gustro. Il (re)construit ici un évènement historique, qui attend toujours d’être élucidé et investit par l’histoire. Les personnages de Manchette sont de purs anti-héros à la seule exception près de Tarpon.

Manchette, auteur phare de romans noirs des années 70, genre qu’il a su, à cette époque, renouvelé avec succès, et qu’il remet en question juste après son établissement, restant ainsi fidèle à la tradition situationniste. Manchette est également celui qui, chronologiquement, a été au plus près des événements de mai 68 et qui en 1976 croyait toujours à la possibilité d’une révolution sociale comme celle qui fut menée en 6826. Faute de révolution s’opère cependant une mutation fondamentale dans le roman noir français, mutation amorcée par Manchette. Enfin, force est de constater que c’est précisément Manchette, qui refusait ladite littérature établie, qui a rehaussé le niveau littéraire du roman noir, amorçant ainsi son intégration à la littérature générale.


1 Gérault, Jean-François: Jean-Patrick Manchette. Parcours d'une œuvre. Paris 2000. S. 6. | retour |
2 Gérault, S. 7. | retour |
3 Brenner, Rudolf: Die Entwicklung des modernen französischen Kriminalromans. In: Compart, Martin und Thomas Wörtche (Hrsg.): Krimijahrbuch 1990. Köln 1990. S. 102f. | retour |
4 Einer libertär-trotzkistisch geprägten Zeitschrift. | retour |
5 Gérault, S. 88. | retour |
6 Série Noire 1407 | retour |
7 Manchette, Jean-Patrick: Chroniques. Paris 1996. S. 12. | retour |
8 Vanoncini, André: Le Roman policier. Paris 2002. S. 104. | retour |
9 Minute, 20 mars 1974. | retour |
10 Le Monde, 7 décembre 1972. | retour |
11 Nada 1973 von Claude Chabrol, Folle à tuer 1975 von Yves Boisset, Trois hommes à abattre 1980 von Jacques Deray, Pour la peau d'un flic 1981 von Alain Delon, Le choc 1982 von Robin Davis und Polar 1983 von Jacques Bral. | retour |
12 Schweighaeuser, Jean-Paul: L'Affaire N'Gustro de Jean-Patrick Manchette. Fiche Roman n°54. In: Encrage n° 01/02/1986. S. 33f. | retour |
13 Vgl. Daoud, Zakya und Maâti Monjib: Ben Barka. Une vie, une mort. Mesnil-sur-l'Estrée 2000. 14 Derogy, Jacques und Frédéric Ploquin: Ils ont tué Ben Barka. Paris 1999. Guérin, Daniel: Les Assassins de Ben Barka. Dix ans d'enquête. Paris 1975 und 1982. Arnaud, Robert auf France Inter: L'affaire Ben Barka, Sonntag den 25. Oktober 2000. Perrault, Gilles: Notre ami le Roi. Paris 1990. Violet, Bernard: L'affaire Ben Barka. Paris 1995. Intervention de la famille de Medhi Ben Barka aux rassemblements du 29 octobre 2003. In: Yabiladi, 30.10.03. | retour |
14 Taibo II , Paco Ignacio. In: Du drapeau rouge au roman noir. S. 71. | retour |
15 En mai 2004, un ami, le journaliste Oliver Morel, était à la recherche de cette plaque commémorative. Il s’est rendu dans la brasserie Lipp et s’est renseigné. Les serveurs n’avaient jamais entendu le nom de Ben Barka mais ça rappelait toutefois quelque chose au gérant. Il demanda alors : « Ca n’aurait pas un rapport avec le terrorisme? » | retour |
16 Manchette, Jean-Patrick: Alive and kicking. "Polars", charlie mensuel n° 135, avril 1989. In: Chroniques, S. 122. | retour |
17 Gérault, S. 19. | retour |
18 Super Noire 51, 1976. | retour |
19 Rivages Thriller 1996. | retour |
20 Série Noire 2313, 1993. | retour |
21 Gérault, S. 57. | retour |
22 Gérault, S. 57. | retour |
23 J.B. Watson: Psychology from the standpoint of a behaviorist. New York 1919. | retour |
24 Manchette: L'affaire N'Gustro. S. 91. | retour |
25 Manchette, Jean-Patrick. In: Du drapeau rouge au roman noir. L'œuf 1997. S. 63. | retour |
26 Manchette, Jean-Patrick: Cinq remarques sur mon gagne-pain. In: Les Nouvelles littéraires, décembre 1976. | retour |
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10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 09:48
Bien sûr sans oublier celle du NPA à  Port Leucate !

Université d'été des Objecteurs de Croissance

Plus d'infos : www.les-oc.info
Le monde a changé ? Le monde à changer !

49e Université de Peuple & Culture


27 > 31 Août - Brest


 

 

Plus que jamais l’expansion et l’accélération massives des violences sociales, économiques, culturelles et écologiques à travers le monde nous traversent et nous ramènent individuellement et collectivement à la ‘‘haute nécessité’’ de penser, d’agir et de penser notre agir. C’est ce que Peuple et Culture en tant que mouvement d’éducation populaire souhaite interroger par l’organisation, à partir de cette 49e Université et tout au long des 3 années à venir, d’un débat exigeant, permanent et ouvert largement à une diversité d’approches, de pensées et de pratiques.

Conférences plénières, ateliers, témoignages, rencontre d’écrivains, théâtre, cinéma documentaire…

Quatre jours ouverts à tous, mêlant échanges de pratiques, apports théoriques, activités de détente et soirées festives.

> ... voir le programme complet au format PDF

Trois problématiques au programme :

Vendredi 27 Août

17 h :

Accueil des participants

20 h :

La fin de la pauvreté ? de Philippe Diaz en projection libre

Samedi 28 Août

Richesse, pauvreté et inégalités :

Des riches de plus en plus en riches et des pauvres de plus en plus pauvres et nombreux...

9 h :

Ouverture de l’Université d’été

9 h 30 :

Séance plénière : La France inégale


> Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités

11 h :

Séance plénière : Mécanismes et idéologies à l’œuvre dans la mondialisation


> Susan George, politologue, présidente d’honneur d’ATTAC-France

15 h :

Activités culturelles et de détente

17 h :

Ateliers

21 h :

Cinéma documentaire


Les hommes debout de Jérémy Gravayat

La mémoire de l’exploitation et celle de la misère, d’hier à aujourd’hui.

> En présence du réalisateur

Dimanche 29 Août

Relégations, migrations et entraves à la liberté de circulation des personnes :

Très diversifié, le phénomène des migrations et mobilités humaines, libres ou forcées, intérieures ou extérieures, se heurte aux ostracismes, barrières et persécutions qui à nouveau s’aggravent.

9 h :

Séance plénière


> Sara Prestianni, MIGREUROP

> Odile Schwertz-Favrat, FASTI

15 h :

Activités culturelles et de détente

17 h :

Ateliers

21 h :

L’imaginaire : entre poétique et politique


Rencontre avec :

> Gary Victor, écrivain

> et Malik Duranty, poète, slameur et militant du collectif Martinique-à-venir

Lundi 30 Août

Culture(s) en question(s) :

‘‘créolisation’’, cosmopolitisme, universalisme... Les conceptions de la culture, les imaginaires et les pratiques en débat dans les constructions de la vie démocratique.

9 h :

Séance plénière


Et tant pis pour les gens fatigués : émancipation et démocratie

> Jacques Rancière (sous réserve), philosophe, professeur émérite à l’Université de Paris VIII

11 h :

Séance plénière : table ronde


Art, culture et transformation de la société : les enjeux

> Malik Duranty, Gary Victor

> Majo Hansotte, chargée de mission ‘‘Citoyenneté’’ pour la Direction Générale de la Culture (Belgique)

> Jean Hurstel, président de Banlieues d’Europe

14 h 30 :

Séance plénière : table ronde


Art, culture et émancipation : engagements et pratiques

> Malik Duranty, Gary Victor, Majo Hansotte, Jean Hurstel

16 h 30 :

Table ronde de clôture

20 h :

Repas et soirée de clôture


> De ta parole offerte aux quatre vents par la compagnie du Tizal, d’après Ecrire en pays dominé de Patrick Chamoiseau

> ‘‘Musiques, danses et chants de toutes les couleurs’’ avec de multiples invités de Peuple et Culture Finistère

Renseignements / Inscriptions / Programme complet :

> ... Visualiser la version imprimable et complète du programme

(description des ateliers et des activités et bulletin d'inscription à renvoyer)

Union Peuple & Culture :

universite2010@peuple-et-culture.org - 01 49 29 42 80

Peuple & Culture Finistère :

pecfinistere@gmail.com - 02 98 42 40 70

_______________________________________________

Le capitalisme enlaidit le monde
11ème Rencontres d'été : penser l'actuel, avec Jean-Paul Dollé

Rencontres et débats autour du thème de "l'inhabitable", avec la participation de Jean-Paul Dollé, philosophe, enseignant à l'école d'architecture de Paris la Villette.

Crise mondiale et expropriation

« Nulle part mieux que dans l’˝immobilier˝ ne se montre cette transmutation métaphysique qui transforme la chose en ˝produit˝. En effet, pour que l’immobilier devienne une activité hautement rentable, il faut qu’au préalable se modif...ie radicalement la conception que les mortels se font de l’essence de l’espace et changent en conséquence leur manière d’habiter sur terre et de construire leur habitat. »

Le philosophe Jean-Paul Dollé, professeur à l’école d’architecture de Paris-la Villette, propose une approche originale de la crise économique mondiale survenue en 2009.

Ce n’est pas par hasard, que cette crise historique trouve son origine dans les conditions d’accès à la propriété foncière de la population pauvre de l’État le plus puissant du monde capitaliste. Ce n’est pas un hasard non plus si ce sont des familles noires, celles des descendants d’esclaves, qui ont les premières subi les effets des subprimes et ont dû, dans de très nombreux cas, abandonner leur logement. La question de la propriété, et en premier lieu celle de la maison cristallise en effet plusieurs déterminations très puissantes, spécifiques à la fois à l’histoire du capitalisme et à celle de son développement américain particulier : quand la réappropriation du corps permet historiquement de s’arracher au servage dans les sociétés traditionnelles d’Europe, la propriété de sa maison constitue quant à elle le premier rempart contre la violence de la société de la conquête américaine. Les esclaves, massivement « importés » d’Afrique pour les besoins de la culture et de l’industrie, ne disposent quant à eux ni de la propriété du corps ni, a fortiori, de celle du logement. C’est chez eux, et chez leurs descendants actuels, que l’idéal capitaliste de propriété trouve son expression la plus urgente. Seul le système à haut risque des subprimes, habilement déguisé, pouvait permettre à ces populations pauvres d’accéder à la propriété. Ils furent les premiers à pâtir de l’éclatement de la formidable « bulle » provoquée par lui.

Horaires :
Jeudi 26 août : 17h-20h
Vendredi 27 août : 10h30-19h
Samedi 28 août : 11h-13h


Lieu : Cloître de l'école régionale des Beaux-Arts
30, rue Hoche Rennes
(ENTREE LIBRE)
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