Gros succès du meeting unitaire de toute la gauche : conclusion du meeting par Gérard Filoche
En défense des retraites, jeudi 6 mai à la Bellevilloise, à Paris, salle trop petite, 400 à l’intérieur et 400 à
l’extérieur
Il me revient de conclure ce meeting tout comme ce fut le cas pour le première initiative de ce type, que nous avions organisé ensemble le 4 décembre dernier, en
défense de la non imposition des indemnités des accidentés du travail, avec Copernic, Attac, toutes celles et tous ceux qui sont à cette tribune… et comme la fois précédente, il me revient
d’insister en faveur de l’unité réalisée, et de son importance. C’est précieux que dans cette salle, vous tous, et sur cette tribune, Cécile, Pierre, Razzy, Jean Luc, Olivier, Annick, Jean
Marie, Willy… vous toutes et tous soyez ensemble. Que toutes les nuances se soient exprimées, soient présentes, L’unité est une construction, un combat, une pratique opiniâtre, elle est
indispensable pour gagner et on peut, on doit, on va gagner.
Et pour cela, des meetings comme celui-là, on va en faire deux cent, et plus en France. Edwy, il n’y a pas seulement Marseille, mais Lyon, Toulouse, aujourd’hui
trois nouveaux ont été connus, à Nice, Auxerre, Rouen, … tous ceux qui sont sur cette tribune vont faire le tour de France dans les semaines qui viennent, il y aura d’autres initiatives en juin
à Paris, en septembre…
Regardez sur le site « exigences-citoyennes-retraites.net », la liste est impressionnante, jusqu’en fin du mois de juin… plusieurs par soirées… Ca
prend.
On fera flèche de tout bois, dans cette campagne unitaire, par tous moyens d’action, en réclamant un référendum, en organisant une votation citoyenne, en
soutenant la grève générale interprofessionnelle du 27 mai, en imposant le débat de fond, partout, pour désintoxiquer l’opinion des mensonges, des manipulations de la propagande
gouvernementale. Il y a du travail a faire encore et encore dans les six mois à venir, pour expliquer, expliquer encore pourquoi c’est réaliste de défendre nos retraites à 60 ans.
Car si on écoute Parisot, et c’est rarissime que cette femme soit optimiste, on va tous vivre cent ans en 2050, il y en a qui voient des nains partout, elle voit
des centenaires partout. Et elle voit des « trous » pire des « trous cumulés » dans le financement de nos retraites. Si on la croit, il y aurait 2600 milliards manquants en
2050… elle ne voit que les « trous cumulés » pas les recettes cumulées (car sinon elle décompterait 120 000 milliards de recettes sur la même période…).
Nous faire travailler plus, qu’est ce que cela veut dire quand s’étendent la souffrance au travail, le stress, les accidents cardiaques et vasculaires, vers 55/65
ans ? Or l’espérance de vie ne croît que d’un demi trimestre à partir de 60 ans, pas d’un trimestre comme ils le prétendent. A 60 ans il n’y a que ans 20 d’espoir de vie en moyenne. Est-ce
trop pour en profiter ?
A partir de 55 ans, 2 maladies sur 5 sont liées au travail. A partir de 60 ans, c’est 3 maladies sur 5. La souffrance est telle que 2 salariés sur 3 sont inaptes,
malades et qu’ils sont licenciés, écartés du travail par les employeurs à partir de 55, 56, 57 ans.
S’ils allongent les annuités de cotisations, cela frise l’escroquerie : car il y a deux salariés sur trois qui ne peuvent cotiser le nombre d’annuités
exigées depuis la loi Fillon. Un sur trois cotise plus longtemps pour arriver à avoir tous ses trimestres, il faut arriver c’est vrai, pour y parvenir, dans ce cas, à 61, 62 ans…Mais la
majorité des autres, 60 % n’y parviennent pas, et le dernier rapport de l’Insee, photographie du marché du travail de 2008, montre que la moyenne des trois tiers des salariés, a baissé, ce
n’est plus 37,5 annuités cotisées, mais 36,5 cela a baissé !
Dans la vie réelle, pas dans les rapports bidons, pas dans les prospectives, mais dans la vie réelle, les salariés français travaillent en moyenne 36,5
annuités ! Alors quand on vous dit qu’il va falloir travailler 42, 43 annuités, c’est vous faire sauter à la perche sans perche. Ca ne marchera pas, bien sur.
Maintenir les « seniors au boulot » c’est du baratin (surtout quand 25 % des « juniors » sont sans emploi !). Christine Lagarde,
elle, a affirmé, lorsqu’elle a suspendu le droit de ne plus rechercher d’emplois à partir de 57 ans, elle a expliqué « à 57 ans, on n’est pas foutu »… Est-ce à dire qu’on a droit à la
retraite « quand on est foutu » ?
Les plus belles années de la retraite, c’est entre 60 et 65 ans. Les plus dures années au travail, c’est entre 60 et 65 ans. Et rappelons ce que dit l’Insee, sur
l’espérance de vie « en bonne santé », la statistique est de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes… et de 59 ans pour les ouvriers.
Vous savez les assurances, celles qui vous mettent des prospectus dans vos boîtes à lettres pour remplacer la retraite par répartition par des fonds de pension
individualisés, elles ont des tables de mortalité, c’est à dire qu’elles calculent que si vous travaillez un an de plus vous avez six mois de moins d’espérance de vie, si vous travaillez deux
ans de plus vous avez un an de vie en moins…
En fait c’est grâce à la retraite à 60 si l’espérance de vie s’allonge, sinon si on travaille plus, on mourra plus tôt. Il faut donc garantir un niveau de
retraite décent pour en profiter : 60 ans à taux plein, 75 % de taux de reversement, calculées sur les 10 meilleures années dans le privé, ou sur les 6 derniers mois pour les
fonctionnaires, indexée sur les salaires, on y a droit.
Et pour financer cela, il ne faut pas escroquer les gens en prétendant augmenter d’impossibles « annuités » de cotisations, il faut, pour garantir la
prestation et augmenter les salaires et les cotisations sociales. Le gouvernement bloque les cotisations, les recettes, les salaires, refuse de contrôler les licenciements, crée du chômage et
veut bloquer la prestation, les retraites.
Nous voulons l’inverse, garantir la prestation, moduler les cotisations sociales, patronales, partager le travail, que tous cotisent, notamment pour y parvenir.
Le COR a dit qu’avec 0,37 point de hausse annuelle des cotisations sociales on pouvait garantir nos retraites en revenant sur toutes les contre reformes depuis Balladur.
C’est cela que nous voulons. 60 à taux plein ! Travailler mieux, moins, tous ! Une vraie retraite à 60 ans, c’est possible, pas un mois de plus, pas un
sou de moins !
Gérard Filoche
* Cet article a été publié le 7 mai 2010
Retraites : être ou ne pas être pour l’allongement de la durée de cotisation
Manifestez le 1er mai : Pas un mois de plus, pas un sou de moins !
Relayons nous pour argumenter en défense de nos retraites, on va gagner, car le sarkozysme, en face, ment, trompe, mais ne tient pas debout devant la raison : Jean Jacques Chavigné nous le
dit, il faut trancher
Etre ou ne pas être pour l’allongement de la durée de cotisation
C’est la question et il n’y a pas de réponse intermédiaire qui ménagerait la chèvre et le chou, les actionnaires et les salariés. Soit on est pour l’allongement
de la durée de cotisation, soit on est contre. Affirmer le droit à la retraite à 60 ans c’est indispensable mais cela ne suffit pas.
Si l’on allonge la durée de cotisation, cela ne pourra pas se faire sans diminuer, de nouveau, le montant des retraites, contrairement à la fable
sarkozyenne.
60 % des salariés du secteur privé ne sont plus au travail lorsqu’ils prennent leur retraite. Ils sont au chômage (indemnisé ou non), en maladie ou en
invalidité. Leurs droits à la retraite sont donc restreints et le montant de leur retraite forcément diminué. Un allongement de la durée de cotisation accentuerait ce phénomène de paupérisation
qui toucherait progressivement la grande majorité des retraités.
Si on refuse l’allongement de la durée de cotisation, il faut trouver le moyen d’équilibrer nos régimes de retraites sans diminuer le montant des pensions.
Cela ne peut se faire qu’en augmentant les ressources des régimes de retraites par répartition. C’est l’option que le gouvernement et le Medef ont, d’emblée,
exclue du débat public. C’est cette option qu’il faut les obliger à prendre en compte.
Les chiffres du COR
Prendre prétexte des derniers chiffres du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) pour ne pas prendre position sur l’allongement ou non de la durée de
cotisation n’est pas tenable.
Soit on estime qu’il n’est pas possible de faire de prévision au-delà de 5 ans et dans ce cas il n’y a aucune raison d’allonger la durée de cotisation, le déficit
actuel étant le produit direct de la crise 2008-2009 et non pas un déficit structurel.
Soit on prend au sérieux les chiffres du COR et ses prévisions à 40 ans. Il n’y a alors aucune difficulté à les retourner contre le gouvernement Sarkozy. Le COR
prévoit, en effet, non seulement un « besoin de financement » de nos régimes de retraite d’un montant annuel de 115 milliards d’euros en 2050 (c’est la seule chose que Sarkozy a
retenue) mais aussi un doublement du PIB en 40 ans, soit une augmentation de 1 950 milliards d’euros (constants, une fois neutralisée l’inflation) de la richesse nationale.
Ce qui signifie qu’une fois financé les 115 milliards d’euros du COR, il restera encore 1 800 milliards d’euros pour augmenter les salaires directs, financer
l’assurance maladie, les investissements publics et les investissements privés productifs.
Le problème n’est donc pas un problème démographique mais bien un problème de répartition des richesses. Le gouvernement et le Medef veulent capter les fonds qui
devraient revenir aux retraités au profit des actionnaires et de leurs dividendes. Cela nous ramène au choix initial : soit les actionnaires, soit les retraités.
Jean-Jacques Chavigné
* Cet article a été écrit publié par Gérard Filoche le 24 avril 2010
Interview de Gérard Filoche à l’Humanité « Les décisions collectives doivent l’emporter »
Un consensus national sur les retraites, tel que le propose Manuel Valls, est-il possible ?
C’est absolument impossible vu les propos du gouvernement. Avant même que la concertation s’engage, Éric Woerth a écarté toutes solutions ayant trait aux impôts,
aux cotisations sociales et aux prélèvements qu’il qualifie d’obligatoires. Sarkozy prétendait que tout serait mis sur la table, ce n’est pas le cas. Comme l’a suggéré à un moment donné le COR,
le meilleur levier à actionner serait la modulation des cotisations sociales.
Nous voulons une retraite à 60 ans avec
un nombre d’annuités réaliste, c’est-à-dire moins
de 40, puisque les Français travaillent aujourd’hui en moyenne 36,5
ans, selon l’Insee. Les pensions doivent être calculées en fonction des dix meilleures années de salaire et non sur vingt-cinq ans car cela entraînerait, selon l’Insee, une baisse des pensions.
Les retraites doivent être indexées sur l’évolution des salaires, aucune ne devant être inférieure au smic.
C’est un choix de société.
Comment interprétez-vous les divergences au sein du PS ?
Beaucoup de gens qui s’expriment ne représentent qu’eux-mêmes. Comment apprécier les positions du PS si ce n’est au travers des documents votés dans ses
instances ? Les décisions collectives doivent l’emporter sur les propos individuels.
Le texte voté au bureau national défend le principe de l’âge légal de la retraite à 60 ans.
Je veux bien croire que certaines personnes aient goût à se parjurer mais s’ils adoptent unanimement un tel texte, ils doivent respecter leur vote. Dans ce texte,
tout n’est pas précisé, notamment le niveau des retraites. Le débat doit donc être ouvert. Deux Français sur trois n’atteignent pas les 60 ans en étant en situation de travail : ils sont
inaptes, ou au chômage, ou malades mais ils ne travaillent pas. La durée de cotisation a diminué, contrairement à ce qu’exigeait la loi Fillon. Puisque le PS défend les 60 ans et qu’il s’oppose
à baisser le niveau des retraites, il ne peut accepter l’allongement des annuités. Ce serait contradictoire.
Le 21/04/2010
* Cet article a été écrit par Gérard Filoche, publié le 24 avril 2010
Le
COR prévoit un PIB de 3 900 milliards d’euros en 2040, le double du PIB d’aujourd’hui
Jean-Jacques Chavigné argumente sans relâche contre toutes les contradictions grotesques de la propagande officielle sarkozyste :
Avec une croissance de 1 % par an, le PIB serait multiplié par 1,5 en 40 ans et passerait de 1 950 milliards d’euros aujourd’hui à plus de 2 900 milliards
d’euros en 2050. Ce qui, quand on y réfléchit, ne serait déjà pas si mal. Car avec un PIB qui augmenterait de 950 milliards d’euros (constants, une fois neutralisée l’inflation), il serait
encore possible de financer les 115 milliards d’euros de besoins de financement prévus par le COR, tout en augmentant les salaires directs, en finançant l’assurance-maladie, les investissements
publics et les investissements productifs des entreprises privées…
Pour que le PIB double en 40 ans, il faudrait une croissance (moyenne) annuelle de 1,75 %. Entre 1988 et 2008 (en 20 ans), le PIB de notre pays a augmenté,
selon l’INSEE, de 48,37 %. Rien d’étonnant donc à ce qu’en 40 ans, il puisse augmenter de 100 %. Ce sont d’ailleurs les chiffres du COR qui intègrent ce doublement du PIB en 40 ans.
Ces chiffres précisent, en effet, que le besoin de financement de 115 milliards d’euros représenteraient 3 % du PIB de 2050. Ce qui signifie (en multipliant donc 115 par 100 et en divisant
le chiffre obtenu par 3) que le COR prévoit un PIB de 3 900 milliards d’euros du PIB en 2040. Cela n’est donc pas un acte de foi que de considérer que le PIB doublera en 40 ans, c’est
simplement reprendre à notre compte les chiffres du COR sur lesquels prétend s’appuyer le gouvernement pour allonger la durée de cotisation et faire reculer l’âge légal de la retraite.
Sarkozy lui-même va bien au-delà de ces 1,75 % de croissance annuelle puisqu’il prévoit une croissance de 2,5 % dès 2011. Il faudrait quand même qu’il
se décide à accorder ses violons.
La compétitivité dépend (essentiellement) de deux éléments. D’abord du coût des produits. Si les cotisations retraites
patronales
augmentent le Medef et le gouvernement prétendent que le coût des produits ne pourra qu’augmenter et que la compétitivité des entreprises en souffrira. C’est
faux, il suffit, s’ils sont de bonne foi, que les actionnaires acceptent que les dividendes qui leur sont versés diminuent du même montant que les augmentations de cotisations retraites
patronales.
L’économie n’en souffrira pas car la propension à consommer de ces gens là est très faible (en fonction donc de leur revenu) et ils alimenteront beaucoup moins la
demande que les retraités à qui l’on n’aura pas baissé le montant de leurs pensions. Au contraire, l’économie ne pourra que mieux s’en porter puisque ces dividendes sont, le plus souvent,
placés de façon spéculative et risquent de nous faire replonger dans une crise encore pire que celle dont nous commençons à peine de sortir.
L’autre élément dont dépend la productivité est l’investissement productif. Mais l’augmentation des cotisations retraites patronales, si elles n’impactent que les
dividendes (sommes versées aux actionnaires et qui sortent donc de l’entreprise), n’affecteront pas l’investissement productif (dépendant des sommes qui restent dans l’entreprise).
Les dividendes ont augmenté de 5,3 points de PIB entre 1982 et 2007, passant de 3,2 % à 8,5 % du PIB.. Cela représente 103 milliards d’euros pour la
seule année 2010. 103 milliards d’euros qui ont été captés par les actionnaires aux détriments des salaires. Cela représenterait, selon le doublement du PIB prévu par le COR, 206 milliards
d’euros en 2050.
Largement donc de quoi financer les 115 milliards de besoins de financement des retraites, selon le COR, sans toucher à l’âge légal de 60 ans et sans augmenter la
durée de cotisation mais en remplaçant la rigueur salariale par la rigueur financière. Il restera encore aux actionnaires une part égale à 3,2 points du PIB, comme en 1982. Soit plus de 124
milliards d’euros (en 2050) « gagnés en dormant » comme le disait François Mitterrand. Ils n’auraient même pas à se séparer de leurs voitures de luxe et, s’ils devaient se plaindre,
reconnaissons qu’il est quand même plus doux de pleurer sur les coussins d’une Mercédes que sur ceux d’une Clio.
JJC
* Cet article a été publié par Gérard Filoche le 23 avril 2010
Interview dans « Metro » : « On peut payer les retraites dans ce pays ! »
Gérard Filoche, inspecteur du travail, est un ardent défenseur de la retraite à 60 ans, arguments à l’appui
Gérard Filoche est l’auteur de « Les nouveaux carnets d’un inspecteur du travail » (éd. Gawsewitch, paru le 9 avril) et de « Une vraie retraire
à 60 ans c’est possible », avec Jean-Jacques Chavigné (éd. Gawsewitch, parution le 16 avril)
Pourquoi ferait-on travailler les gens plus vieux alors qu’on a 25% de jeunes au chômage ?
Pourquoi êtes-vous opposé à un départ à la retraite après 60 ans ?
Mais pourquoi ferait-on travailler les gens plus vieux alors qu’on a 25% de jeunes au chômage ? Les statistiques de l’Insee sont très précises :
l’espérance de vie en bonne santé dans ce pays, c’est 63 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes. Pour les ouvriers, c’est 59 ans. A partir de 55 ans, deux maladies sur cinq sont liées au
travail. A partir de 60 ans, c’est trois maladies sur cinq. Donc 60-65 ans ce sont les plus dures années au travail et ce sont les plus belles années de la retraite !
Si on mord là-dessus, on enlève quelque chose de fondamental aux gens. Certes l’espérance de vie s’allonge mais si elle s’allonge, c’est bien parce qu’on a la
retraite à 60 ans ! Si vous faites travailler les gens au-delà, vous réduisez leur espérance de vie. Il faut retourner l’argument. Ce n’est pas pour rien que les assurances ont des tables
de mortalité qui indiquent que, si vous travaillez jusqu’à 61 ans, vous avez six mois d’espérance de vie en mois. Et si vous travaillez jusqu’à 62, on vous retire encore un an.
Mais comment financer le système des retraites ?
On peut payer les retraites dans ce pays ! Il n’y a aucune problème de paiement parce qu’entre maintenant et 2050, même avec une très faible croissance, à 1
point, le Produit intérieur brut (PIB) va doubler mécaniquement. Après, tout dépend d’où cet argent sera affecté. Aujourd’hui 10 actifs ont en charge 4 retraités. S’ils en ont huit à charge
dans 40 ans, où est le problème puisqu’à cette échéance, on aura deux fois plus d’argent au total ? Tous les calculs du Conseil de l’orientation des retraites se font à PIB constant.
Jamais ils n’imaginent que le PIB augmente tout simplement parce qu’ils veulent s’accaparer les richesses et éviter qu’elles aillent dans les retraites !
Le « Travailler mieux, moins, tous » que vous défendez, c’est possible ?
Bien sûr. Un milliard d’heures sup – c’est ce que les Français font chaque année, dont une partie non payées – c’est l’équivalent de 600 000 emplois. Or, l’an
dernier, on a mis 600 000 personnes en chômage partiel, contraint. Le travail est une comète en expansion infinie, il y en a pour tout le monde. Il suffit de mieux le répartir et d’encadrer les
pratiques du patronat, avec le code du travail que le Medef et les politiques s’acharnent à détruire depuis six ans. Dès que vous faites passer l’idée qu’il faut travailler plus, vous donnez
l’impression qu’il n’y a pas de limites. Or l’histoire du salariat depuis 160 ans c’est justement de défendre l’idée suivante : « il y a des limites, arrêtez de nous
exploiter »
* Cet article a été publié le 14 avril 2010
Conseil d’Orientation des Retraites : des chiffres qui se veulent effrayants mais qui, au
contraire…
Les premiers chiffres du rapport du COR, loin de démontrer qu’une fatalité démographique ou financière pèserait sur nos retraites, démontrent, au contraire, que
le financement de nos retraites ne dépend que du partage des richesses que la gauche et le mouvement social sauront imposer à la droite et au Medef.
Reprenons, le scénario C du COR, ce serait le plus pessimiste mais le plus « crédible » (allez donc savoir pourquoi) selon le Figaro.
1- Le COR parle de « besoins de financement », c’est le Figaro qui titre sur le « trou » de nos régimes de retraites en 2050. Un besoin de
financement, la différence d’un « trou » peut, par définition, être financé. Cela nous renvoie au partage des richesses : diminuer le montant des retraites en allongeant la durée
de cotisation et en repoussant l’âge légal ou maintenir et améliorer ce niveau en augmentant progressivement la part patronale des cotisations retraites.
2- Le COR estime que la productivité augmenterait de 1,5 % par an pendant 40 ans. Cela signifie donc que la productivité actuelle du travail serait
multipliée par plus de 1,8 en 2050. Aussi le pétard dont nous menace le gouvernement est-il un pétard mouillé : « En 2010, il y a 1,8 cotisant pour 1 retraité ; il n’y en aura
plus que 1,2 en 2050 et nous ne pourrons plus financer les retraites ».
En effet, avec une multiplication par 1,8 de la productivité du travail en 40 ans, selon le chiffre du COR, les 1,2 cotisants de 2050 produiraient autant que 2,2
cotisants aujourd’hui et donc beaucoup plus que les 1,8 du gouvernement. La question se ramène donc à savoir si ce sont les retraités ou les actionnaires qui profiteront de la part de
l’augmentation de la productivité du travail qui devrait, dans un régime de retraite par répartition, revenir au financement des retraites.
3- Le COR estime qu’en 2050, le « besoin de financement » de nos régimes de retraites serait de 115 milliards d’euros (constants, une fois l’inflation
neutralisée). Il précise surtout que ces 115 milliards d’euros représenteront 3 % du PIB de 2050. Ce qui veut dire (il suffit de faire une règle de trois) que le PIB en 2050 serait
supérieur à 3 800 milliards d’euros. Le PIB annuel est aujourd’hui d’un peu plus de 1 900 milliards euros. Selon les chiffres du COR, ce PIB devrait donc doubler en 40 ans et augmenter de 1 900
milliards d’euros.
A qui peut-on faire croire qu’il serait difficile, dans ces conditions, de trouver 115 milliards du COR pour financer nos retraites ? Une fois ce financement
assuré, il resterait encore 1 785 milliards d’euros pour financer l’augmentation des salaires directs, l’assurance maladie, la réduction du temps de travail, l’investissement public, les
investissements privés productifs… A une condition, là encore, c’est que les actionnaires ne captent pas à leur profit, comme le prépare la contre-réforme du gouvernement Sarkozy et du Medef,
la part de richesse qui devrait servir à financer nos régimes de retraites.
4- Le COR retient le chiffre de 7 % de chômage à partir de 2020. Le chiffre précédent était de 4,5%. Quel aveu de l’impuissance des politiques néolibérales à
nous sortir du gouffre du chômage de masse ! Là encore, c’est la façon dont s’effectuera le partage des richesses qui décidera s’il faut financer les créations d’emplois ou les
spéculateurs.
Le Medef, trouvant sans doute que 115 milliards d’euros en 2050, cela faisait chiche, avance le chiffre d’un « déficit cumulé » qui atteindrait 2 600
milliards d’euros en 2050. Il est vrai que Laurence Parisot voit des centenaires partout… Ce chiffre est repris, sans le moindre recul, par certains grands médias. Pourquoi, diable, le Medef
n’a-t-il pas calculé « le déficit cumulé » en 2100 ? Cela aurait eu une autre allure.
Le Medef a cependant raison sur un point : il n’est plus possible de continuer comme avant. Il est urgent que les ressources des régimes de retraite
augmentent. Comment penser, sans cela, pouvoir faire face à l’augmentation réelle (même si elle est éloignée des fantasmes de Mme Parisot) du nombre de
retraités d’ici 2050 sans diminuer le montant de leurs retraites ? Il faut pour cela augmenter les cotisations retraites patronales et élargir leur assiette. Ce n’est pas aux salariés (ils
l’ont trop fait) de se serrer la ceinture, mais bien aux actionnaires.
Jean-Jacques Chavigné, Gérard Filoche
* Cet article publié le 13 avril 2010
Fin
de la retraite à 60 ans ou mobilisation décisive ?
Il aura suffi de quelques mots pour que l’écho soit d’une ampleur considérable. En finir avec le droit à la retraite à 60 ans ? La réponse ne pourrait être
que oui. D’une certaine manière, on assiste au même déferlement médiatique que lors du référendum sur le TCE. Un référendum social majoritaire sur cette question est donc l’horizon quasi
naturel en réponse à la volonté d’allonger l’âge de départ en retraite.
La déferlante médiatique n’a qu’une fonction : faire sauter le tabou de la retraite à 60 ans, le tabou d’un régime à prestations définies et aller vers une
retraite par points comme les Assurances savent en faire à partir des tables de mortalité.
Les dirigeants socialistes qui s’expriment en ce sens n’ont aucun mandat pour le faire. Ils ne mesurent donc pas le ravage qu’ils font ? Ils sont à côté de
la plaque à ce point ? Ils tirent une balle dans le pied de la gauche en rendant illisibles les différences entre la droite et la gauche. Sur une question cruciale, une des plus
importantes aux yeux de dizaines de millions de français. A quelques semaines d’une élection. A quelques mois d’une mobilisation sociale et d’une âpre négociation. Quelle illusion de croire
qu’un consensus national est possible sur le sujet des retraites !
Il s’agit enfin d’un piètre exemple pour rénover à gauche et donner toute leur place aux militants. On ne peut que se féliciter que la direction du PS vienne
rappeler dans une circulaire interne : « que la retraite à 60 ans est un droit qui doit être maintenu » et que « les militants trancheront nos propositions dans le cadre des
conventions qui ont été programmées pour 2010 ».
Mais il ne s’agit pas seulement d’un droit qui doit être maintenu, il s’agit de défendre ce droit bec et ongles, de toutes nos forces ! dans une grande
mobilisation unitaire ! Il s’agit de tenir la promesse solennelle votée à l’unanimité du congrès du PS de Dijon, promesse faite devant tous les Français, d’abroger la loi scélérate de
Fillon de 2003 !
Pour le droit à la retraite à 60 ans, à taux plein, 75 % de reversion, pas de retraite inférieure au
Smic
La droite explique : « cela ne sert à rien de débattre de l’âge légal de la retraite », car ce qui compte, c’est l’âge réel de départ en retraite.
Mais en même temps, elle se félicite que le « tabou » de la retraite à 60 ans ait, selon elle, commencé à sauter, reconnaissant bien ainsi qu’il existe quelques liens entre les
deux.
Le premier lien concerne le million de salariés qui ont acquis tous les trimestres de cotisations
nécessaires à une retraite à taux plein mais qui sont condamnés à rester au travail jusqu’à 60 ans et, demain, jusqu’à 61 ou 62 ans si le verrou du droit à la retraite à 60 ans sautait.
Le deuxième lien concerne les retraites complémentaires et les projets du Medef.
En décembre 2000, le Medef avait annoncé qu’il s’opposerait à ce que l’ARRCO et l’AGIRC financent les retraites complémentaires du secteur privé entre 60 et 65
ans. La mobilisation de plus de deux millions de salariés l’avait alors contraint à reculer. Le passage de l’âge légal de la retraite de 60 à 61 ou 62 ans serait pour lui un solide levier pour
l’aider à mettre son chantage à exécution lors de la prochaine négociation sur les retraites complémentaires, en décembre 2010.
Le troisième lien, c’est l’incompatibilité de l’allongement de la durée de cotisation et du maintien de la retraite à 60
ans.
Pour que le droit à la retraite à 60 ans ne soit pas un vœu pieux, il faut, en effet, que les
salariés puissent avoir suffisamment cotisé pour bénéficier d’une retraite à taux plein à l’âge où ils ont le droit de partir en retraite. Or, la réalité est bien loin des discours
gouvernementaux. La durée moyenne de cotisations est restée aujourd’hui, dans la vie réelle, inférieure à 37 ans : 2 salariés du privé sur 3 ne sont plus au travail au moment de prendre
leurs retraites.
Ils sont au chômage, en préretraite, maladie ou invalidité. Avec une durée de cotisations de 41 ou 42 années, ce serait plus des trois quarts des salariés qui
seraient sans travail lorsqu’ils prendraient leur retraite. L’allongement de la durée de cotisation vide le droit à la retraite à 60 ans à taux plein de son contenu. Pour préserver ce droit, il
faut poser le problème exactement à l’inverse de ce que fait le gouvernement et exiger que la durée de cotisation nécessaire à une retraite à taux plein n’excède pas la durée réelle des
carrières.
Le gouvernement affirme vouloir un « débat loyal » sur les retraites. Il est bien loin du compte. Xavier Darcos affirme ainsi que les Français sont mal
préparés à baisser les retraites et qu’il ne reste donc que la possibilité de prolonger la durée de cotisations. Pour que le débat soit « loyal » il devrait aussitôt préciser
qu’augmenter la durée de cotisations quand la moyenne des carrières dans le secteur privé est inférieure à 37 ans, cela revient précisément à diminuer le montant des retraites !
Le gouvernement fait de l’ « emploi des seniors » sa priorité. Mais la contrepartie de cet « emploi des seniors », c’est le chômage massif des
jeunes. Tout emploi qui sera occupé par un salarié qui devait être en retraite est un emploi pris à un jeune. C’est une donnée qu’il paraît également difficile de ne pas verser au débat.
Un débat « loyal » devrait aussi prendre en considération le fait qu’augmenter de plusieurs années la durée de travail sur une vie, c’est revenir sur
des conquêtes sociales aussi fondamentales que les 35 heures et même les 40 heures. A quoi sert, en effet, de diminuer le temps de travail sur la semaine pour l’allonger sur l’ensemble de la
vie ? N’est-ce pas aberrant lorsqu’il y a plus de 4 millions de chômeurs, dont un million en fin de droits, 600 000 chômeurs partiels contraints et 15 % de précaires ?
Un débat « loyal » devrait aussi préciser qu’en 40 ans, la richesse de la France (avec un taux de croissance modéré, de l’ordre de 1,7 % par an)
doublera en termes réels (hors inflation), comme le soulignait le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites de 2001.
Avec une augmentation de 1 700 milliards d’euros de la richesse nationale, en 2050, il deviendra beaucoup moins difficile de financer les 200 milliards d’euros
supplémentaires (6 % du PIB) nécessaires au maintien des retraites telles qu’elles étaient avant les contre-réformes Balladur et Fillon. Il resterait quand même, une fois financé
l’augmentation des retraites, 1 500 milliards d’euros pour les salaires directs, les investissements publics et privés… Que cette donnée essentielle soit totalement exclue du débat public
remplit une fonction bien précise : permettre aux profits de capter la part de la richesse nationale qui devrait normalement revenir aux retraités. Tant pis si pour y parvenir il faut
plonger dans la pauvreté la majorité des retraités dans les décennies à venir.
Le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites en 2001, illustrait très clairement les options essentielles offertes à notre régime de retraite.
Première option : ne pas augmenter les cotisations retraites et ne pas diminuer le montant des
retraites. Dans ce cas, il fallait augmenter de 9 ans la durée de cotisation.
Deuxième option : ne pas augmenter les cotisations retraites et ne pas allonger la durée des
cotisations. Dans ce cas, le montant moyen des retraites diminuerait de 78 % à 43 % du salaire net. Soit pour un salaire net de 1 200 euros, une retraite de 516 euros et non plus de
936 euros.
Troisième option : ne pas allonger la durée de cotisation, ne pas baisser le montant des retraites mais
augmenter de 15 points le montant des cotisations retraites entre 2003 et 2040.
Jamais la troisième de ces options n’a fait l’objet du moindre débat public alors que c’est de loin la solution la plus acceptable pour la grande majorité de la
population. 15 points d’augmentation en un peu moins de 40 ans, cela représente 0,37 point d’augmentation des cotisations retraites par an pendant 40 ans.
A raison d’une augmentation de 0,25 point pour les cotisations patronales et de 0,12 point pour la part salariale des cotisations retraites, qui pourrait
prétendre que cette solution n’est pas préférable à un allongement de 9 ans de la durée de cotisation ou à une baisse de 25 points du montant des retraites ? C’est la discussion et la
prise en compte de cette troisième option qu’il faut imposer au Medef et au Gouvernement.
* Cet article a été écrit par Gérard Filoche avec Jean-Jacques Chavigné, publié le 24 janvier 2010 à 11:25