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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 11:00

 



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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 10:56

5003 SNCF.jpg

À l’appel de la CGT et Sud-Rail, les cheminots ont repris un mouvement de grève pour s’opposer au démantèlement de la SNCF et aux suppressions de postes.

La direction de la SNCF réorganise l’ensemble de l’entreprise en différentes entités cloisonnées, dédiées à un seul type d’activité (marchandises, grandes lignes, TER, etc.) et mises en concurrence entre elles. Dans chacune de ces entités, la direction mène une politique de massives suppressions de postes (moins 22 000 depuis 2002) et impose un blocage des salaires.

 

Partout, l’objectif imposé est de faire travailler plus avec de moins en moins de cheminots. Pour cela, la direction cherche à imposer une dégradation des conditions de travail, notamment en contournant la réglementation du travail. Le PDG de la SNCF, Guillaume Pépy, n’a pas caché son intention de vouloir imposer à environ 25 000 cheminots dédiés à l’activité de transport régional de voyageurs (TER) une réglementation à la baisse pour être encore plus compétitif face à la « concurrence ».  

 

Dans la branche du transport de marchandises (fret), la direction cherche par tous les moyens à se débarrasser des transports estimés économiquement non rentables, quitte à mettre des centaines de milliers de camions supplémentaires sur les routes. Elle cherche à supprimer des milliers de postes, à fermer des triages et des gares de marchandises. Dans cette branche, où la direction organise une baisse brutale de l’activité, des journées de chômage technique, dites « inutilisées », sont imposées à bon nombre d’agents, ceux de la conduite en particulier, ce qui se traduit par des pertes de salaires. Ceci, alors que d’autres services sont en sous-effectif au point de ne pouvoir assurer tout le service prévu.


Bon nombre de cheminots comprennent que la nouvelle organisation (un démantèlement pour les syndicats) préfigure une possible séparation de certaines activités de la SNCF, leur transformation en filiales, voire leur privatisation à terme. La SNCF recentre ses activités sur ce qui lui semble être le plus rentable à court terme, sans se soucier de l’intérêt de la collectivité à long terme. Cela se traduit aussi par une augmentation continue du prix des billets pour les usagers.


L’État se désengage en investissant de moins en moins dans le secteur ferroviaire. Pour l’Europe, comme pour le gouvernement français, c’est un secteur qu’il faut libéraliser en le confiant à la concurrence et au secteur privé.
Face à cette politique contraire aux intérêts des usagers et des cheminots, seule peut répondre une mobilisation importante. Les cheminots, comme l’ensemble des travailleurs, n’ont aucune raison d’accepter un recul de leurs conditions de travail et de salaires.


Dans plusieurs régions, des préavis de grève reconductibles ont été déposés pour le 6 avril au soir, notamment par la CGT Cheminots. SUD-Rail a posé un préavis de grève reconductible dès le 23 mars.


Après le succès des grèves du 3 février et du 23 mars à la SNCF, où environ un cheminot sur trois a cessé le travail, espérons qu’un maximum de cheminots auront saisi cette occasion pour faire monter d’un cran la riposte. Seule une grève déterminée de tous les cheminots pourra imposer la satisfaction des revendications élémentaires : des embauches, des augmentations de salaires, l’arrêt de toutes ces restructurations.


Axel Persson

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 10:39

Le 8 avril, à l’initiative du Collectif unitaire « Pas de bébés à la consigne », les syndicats de professionnels de la petite enfance appellent à une nouvelle journée nationale d’action et de grève contre l’ensemble des mesures qui s’attaquent aux conditions de travail des salariés de la petite enfance et à la qualité de l’accueil des jeunes enfants.
 
Une manifestation aura lieu à Paris, à 10h du RER Port-Royal au ministère de la famille
 
Le NPA soutient totalement cette mobilisation.
 
Le gouvernement doit renoncer à tous ses projets dont la seule logique est de faire baisser les « coûts » de l’accueil des jeunes enfants par la déqualification des professionnels et la déréglementation des normes d’encadrement.
 
L’accueil des jeunes enfants est un enjeu majeur de l’égalité entre femmes et hommes.
Pour le NPA il faut créer un service public gratuit financé nationalement d’accueil des jeunes enfants avec des professionnels qualifiés et reconnus, répondant à la demande des parents, sous des modes de garde diversifiés.
 
Pour le NPA, les régions, en partenariat avec l’Education nationale, doivent créer des écoles publiques et gratuites pour former les milliers de professionnels qualifiés nécessaires à la création des 400 000 places d’accueil manquantes.
 
Le 7 avril 2010.

Source : http://www.npa2009.org/content/communique-du-npa-contre-les-creches-low-cost-avec-les-salaries-de-la-petite-enfance-et-les-0

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 10:35

A Bichkek, l'armée a tiré sur la foule, faisant une cinquantaine de morts. L'ex-république soviétique est un pays pivot pour l'Otan.

A l'issue d'une journée sanglante, au cours de laquelle la répression menée par les autorités kirghizes contre des manifestants aurait fait jusqu'à une cinquantaine de morts et quelque 400 blessés, le pouvoir a semble-t-il changé de mains. L'état d'urgence a été décrété, mais le président Bakiyev a quitté le pouvoir et la capitale kirghiz Bishkek, et l'une des principales dirigeantes de l'opposition, Roza Otunbayeva, est devenue présidente par interim.

Tirs à balles réelles contre les manifestants

Les graves incidents se sont produits alors que des manifestations de l'opposition au régime de plus en plus autoritaire du président Kurmanbek Bakiyev, parties de province ces derniers jours, ont gagné la capitale et provoqué une vive réaction des forces de l'ordre. Ces dernières ont ouvert le feu à balles réelles et même dans un cas à partir d'une automitrailleuse, contre les manifestants qui assiégeaient la présidence.


Le ministre de l'Intérieur aurait lui aussi trouvé la mort dans ces incidents d'une extrême gravité, au cours desquels les sièges du gouvernement dans plusieurs villes de province auraient été capturés par des insurgés.

Trois chefs de l'opposition kirghize, dont l'ex-candidat à la présidentielle, Almazbek Atambaïev, ont été interpelés et inculpés de « crimes graves ».

Les images de la capitale kirghize diffusées par les sites Internet spécialisés(Voir la vidéo) sur cette région donnent une idée de la violence rencontrée mercredi.

Comment en est-on arrivé là ?

On excusera le riverain qui ne sait pas où mettre le Kirghizstan sur la carte du monde. Cette République ex-soviétique d'Asie centrale, l'un des « istans » issus de l'éclatement de l'URSS en 1991, fait généralement peu parler d'elle. Même si, en bientôt vingt ans d'indépendance, le Kirghizstan a eu une histoire assez mouvementée.


Il était passé sans préavis de l'état de république soviétique, c'est-à-dire dans laquelles les particularismes locaux étaient congelés sous l'autorité du Parti, au statut d'Etat indépendant dans une Asie centrale en plein réveil nationaliste et islamique.


Depuis, le Kirghizstan, 5 millions d'habitants dans un territoire enclavé et très montagneux, a tenté de trouver un équilibre politique et économique complexe dans une région agitée par des vents contraires.


L'actuel président avait lui-même pris le pouvoir après une des « révolutions de couleurs » qui ont traversé l'ex-espace soviétique, en l'occurence une révolution « des tulipes » en 2005, renversant l'ex-président Askar Akaev.

Mais, élu sur des promesses de démocratisation, Kurmanbek Bakiyev, se retrouva à son tour accusé de corruption, de népotisme au profit de son clan originaire du sud du pays, et de manipulations politiques, s'attirant à son tour une vive opposition.


Le président Bakiyev a commencé à museler la presse et la société civile, et à réprimer l'opposition. La plupart des compagnons de Bakiyev lors de la révolution des tulipes l'ont depuis abandonné et rejoint l'opposition.

Quelques jours avant les derniers événements, la justice kirghize interdisait un journal, Forum, accusé d'avoir cité les vers d'un poète kirghize :

« En période de troubles, chaque fils de sa Patrie doit se transformer en foudre. »

« Le pouvoir ferme les publications indésirables à la veille des manifestations prévues le 7 avril », avait alors déclaré Yryskeldy Mombekov, rédacteur en chef de Forum.

Une région stratégique

Au-delà des événements tragiques qui s'y déroulent, le Kirghizstan retient l'attention en raison de sa situation stratégique. Ce petit Etat abrite en effet une base américaine qui constitue une escale vitale de soutien aux forces de l'Otan en Afghanistan, par laquelle transitent quelque 35 000 soldats occidentaux chaque mois.


La base avait failli être fermée l'an dernier, sur décision du président Bakiev, mais à la suite d'un délicat marchandage, dans lequel les considérations financières n'ont pas été les dernières à être débattues, le chef de l'Etat kirghize accepta de prolonger le bail de la base ouverte en 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre, lors du compte à rebours de l'invasion de l'Afghanistan.


L'opposition politique kirghize a plusieurs fois dénoncé cette présence militaire américaine, en estimant qu'elle permettait aux dirigeants du pays de violer les droits de l'homme en toute impunité, comme prix à payer pour le maintien de la base.

 

L'agence russe RIA Novisti se faisait encore l'écho de cette opposition mardi. Si le changement de pouvoir à Bishkek est confirmé, cela pourrait relancer les discussions sur le statut de cette base et une nouvelle période d'incertitude pour la logistique de l'Otan en Afghanistan.


Les Américains avaient vu dans cette menace de fermeture la main de Moscou, l'ancienne puissance tutélaire du Kirghizstan à l'époque soviétique, qui n'a pas renoncé à ses ambitions d'influence dans cette région.


L'Asie centrale est en effet prise en tenaille entre l'influence russe persistante, la nouvelle puissance chinoise voisine qui est extrêmement active auprès des « stans » tant sur le plan économique que politique et militaire (par le biais de l'Organisation de coopération de Shanghai), notamment afin de contrer les « indépendantistes » ouigours du Xinjiang, et enfin les courants islamistes très actifs dans ce « ventre mou » de l'Asie.


Dans cette région encore instable, le Kirghizstan a un moment fait figure de pôle de stabilité, voire même de principal espoir démocratique. Cet espoir a depuis longtemps disparu, et a plongé mercredi dans le cauchemar.


Mise à jour le 7/4/10 à 22h20, avec l'évolution de la situation sur place.

Source : http://www.rue89.com/explicateur/2010/04/07/violente-repression-a-bichkek-pourquoi-le-kirghizistan-senflamme-146549

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 10:22
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1er avril 2010
 

« La Palestine est un pays sans peuple ; les Juifs sont un peuple sans pays » (Israël Zangwill, décembre 1901) [1].

« Mon plan se base sur l’idée selon laquelle la prospérité économique permet de préparer un règlement politique et non l’inverse » (Benyamin Netanyahu, décembre 2008) [2].


Plus de 100 ans séparent ces deux déclarations.

 

La première, énoncée par un dirigeant du mouvement sioniste au début du 20e Siècle, visait à légitimer le projet de colonisation de la Palestine. La seconde, prononcée par l’actuel Premier Ministre israélien, est illustrative d’une rhétorique en vogue aujourd’hui, celle de la « paix économique » entre Israël et les Palestiniens. Malgré les apparences, ces deux sentences ne sont pas si éloignées l’une de l’autre. Elles sont en réalité révélatrices d’une même tendance, à l’œuvre depuis plus d’un siècle : la négation, par le mouvement sioniste puis par l’Etat d’Israël, de l’existence d’un peuple palestinien avec des droits nationaux.

 « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre »

Le mouvement sioniste s’est développé dans la deuxième moitié du 19e Siècle autour de l’idée que la résurgence de l’antisémitisme en Europe était la preuve de l’impossibilité de la coexistence entre les Juifs et les nations européennes. Forts de ce constat, les dirigeants sionistes ont affirmé la nécessité de la constitution d’un Etat juif, seul refuge possible contre les persécutions. Au terme d’âpres discussions, c’est la Palestine qui a été choisie pour être le lieu de l’établissement de l’Etat juif.


En popularisant le mot d’ordre de la « terre sans peuple », les dirigeants sionistes poursuivaient deux objectifs : défendre la légitimité et la possibilité de la construction d’un Etat juif sur une terre qu’aucun peuple ne revendiquerait ; agrémenter le projet de colonisation d’une dimension de « domestication d’un territoire vierge », à l’instar de ce qui avait existé aux Etats-Unis autour de la « Conquête de l’Ouest » et du Mythe de la Frontière.

Le premier objectif entendait répondre à une difficulté majeure : les équilibres démographiques réels.

 

Lorsque le 1er Congrès sioniste se réunit à Bâle en août 1897, 95% des habitants de la Palestine, alors sous domination ottomane, sont des non-Juifs. La création de l’Etat juif implique donc un processus de colonisation systématique qui ne peut attirer les colons potentiels que si sa dimension conflictuelle est écartée : il n’y aura pas de peuple indigène qui revendiquera lui aussi une souveraineté sur la Palestine.


La seconde dimension est souvent sous-estimée. Elle est pourtant l’une des sources de l’enthousiasme suscité par le projet sioniste chez un certain nombre de Juifs européens, avec notamment l’image des « colons fleurissant le désert ». Cette mythologie est aujourd’hui encore bien présente dans l’historiographie israélienne, y compris chez des « nouveaux historiens » comme Tom Segev : « [La Palestine à l’époque ottomane] n’était qu’une province reculée, sans lois ni administration. La vie s’y déroulait au ralenti, dans le carcan de la tradition et au rythme du chameau » [3].


La négation de l’existence d’un peuple arabe palestinien est donc l’un des piliers essentiels du projet sioniste. Mais contrairement à une interprétation courante, la formule de la « terre sans peuple » n’a pas seulement servi à affirmer que la Palestine était une terre vierge. Lorsque chacun a pu constater, dès les années 20 et les premières révoltes des autochtones contre la colonisation, qu’il n’en était rien, il s’est agi de nier que les Palestiniens formeraient à proprement parler un peuple pouvant revendiquer une souveraineté et des droits nationaux.

 Des réfugiés qui n’en sont pas, des territoires qui n’appartiennent à personne

Lorsque l’ONU adopte le plan de partage de la Palestine en novembre 1947, les Juifs représentent alors 1/3 de la population. 55% de la Palestine est attribuée à l’Etat juif, 45% à l’Etat arabe. Même s’ils acceptent formellement le partage, les dirigeants de l’Etat d’Israël n’ont pas renoncé à leur projet de construire un Etat juif sur « toute la Palestine ». Il s’agit donc conquérir du territoire et de se débarrasser des non-Juifs.


Après la guerre de 1948, Israël contrôle 78% de la Palestine. 800 000 Palestiniens ont été contraints à l’exil par une politique de nettoyage ethnique systématique [4], indispensable pour proclamer un Etat juif sur la plus grande superficie possible. Au-delà de la négation, par Israël, de ses responsabilités dans cet exode, c’est le développement d’une certaine rhétorique israélienne qui nous intéresse ici : les ex-habitants de Palestine sont des Arabes « comme les autres », il serait logique qu’ils cherchent à s’intégrer au sein des Etats arabes dans lesquels ils se sont réfugiés plutôt que de vouloir vivre dans un Etat juif.


Après la guerre de juin 1967, l’Etat d’Israël occupe, entre autres, 100% de la Palestine. La Cisjordanie et la Bande de Gaza sont sous occupation israélienne mais Israël conteste que ces territoires soient « occupés », dans la mesure où ils n’appartiennent à personne.

 

C’est ainsi que Golda Meir, Premier Ministre israélien, déclare en mars 1969 : « Comment pourrions-nous rendre ces territoires ? Il n’y a personne à qui les rendre ». La logique est la même qu’avec les réfugiés de 1948 : les Palestiniens n’étant pas un peuple, ils n’ont aucun droit sur la terre de Palestine.


Les dirigeants israéliens ne parleront donc pas de « territoires occupés » mais de « territoires disputés » ; il n’y aura pas de « colonies » en Cisjordanie et à Gaza, seulement des « implantations ». Danny Ayalon, Vice-Ministre israélien des Affaires Etrangères, écrivait récemment encore : « [On n’a] pas compris les droits d’Israël sur un territoire disputé, qu’on appelle improprement « territoire occupé ». En effet, connu sous le nom de Cisjordanie, ce territoire à l’ouest du Jourdain ne peut en aucune manière, être considéré comme occupé, sur le plan de la loi internationale, car il n’a jamais obtenu une souveraineté reconnue avant sa conquête par Israël » [5].

 Une « reconnaissance » imposée et relative

A l’initiative des Etats arabes, et notamment de l’Egypte de Nasser, l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) est fondée en 1964. Au départ instrument entre les mains des régimes arabes qui refusent aux Palestiniens toute autonomie institutionnelle, l’OLP passe sous contrôle des organisations palestiniennes en 1968. Durant les 25 années qui suivent, Israël refusera de reconnaître l’OLP et de négocier avec elle. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des dynamiques exposées jusqu’ici : reconnaître l’OLP, c’est reconnaître qu’il existe un peuple palestinien en lutte pour la satisfaction de ses droits nationaux.


Le nationalisme palestinien se développe néanmoins, dans les camps de réfugiés de l’extérieur et dans les territoires occupés. A la fin de l’année 1987 se produit un soulèvement massif et prolongé de la population de Cisjordanie et de Gaza : c’est la 1re Intifada. Au tournant des années 90 la question palestinienne est un facteur d’instabilité au Moyen-Orient, zone stratégique sur laquelle les Etats-Unis veulent assurer leur emprise après la chute de l’URSS. L’administration US contraint Israël à négocier avec l’OLP, négociations qui déboucheront sur les Accords d’Oslo (1993-1994).


Yasser Arafat, Président de l’OLP, et Yitzhak Rabin, Premier Ministre israélien, échangent alors des « lettres de reconnaissance mutuelle ». Mais tandis que l’OLP reconnaît « le droit de l’Etat d’Israël à vivre en paix et dans la sécurité (…), accepte les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l’ONU (…), renonce à recourir au terrorisme et à tout autre acte de violence (…) » [6] et modifie sa Charte, Israël se contente de faire part de sa décision « de reconnaître l’OLP comme le représentant du peuple palestinien et de commencer des négociations avec l’OLP dans le cadre du processus de paix au Proche-Orient » [7].


Si Israël semble reconnaître l’existence d’un peuple palestinien, il ne s’agit pas pour autant de reconnaître ses droits. En témoignent les déclarations de Rabin devant les députés israéliens au sujet des Accords d’Oslo : « L’Etat d’Israël intégrera la plus grande partie de la Terre d’Israël à l’époque du mandat britannique, avec à ses côtés une entité palestinienne qui sera un foyer pour la majorité des Palestiniens vivant en Cisjordanie et à Gaza. Nous voulons que cette entité soit moins qu’un Etat et qu’elle administre, de manière indépendante, la vie des Palestiniens qui seront sous son autorité. Les frontières de l’Etat d’Israël (…) seront au-delà des lignes qui existaient avant la Guerre des 6 jours. Nous ne reviendrons pas aux lignes du 4 juin 1967 » [8] Il n’est pas question de satisfaire les revendications des Palestiniens mais de créer une entité administrative chargée de les gouverner.

 De la fragmentation à l’unilatéralisme

Les Accords d’Oslo consacrent une division de fait entre les Palestiniens d’Israël (aujourd’hui 1.1 million), les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza (près de 4 millions), les Palestiniens de Jérusalem (250 000) et les Palestiniens exilés (plus de 6 millions). Cette fragmentation en 4 groupes aux statuts divers participe d’une « dénationalisation » de la question palestinienne : les projecteurs sont braqués sur les seuls Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem, dont les droits pourtant internationalement reconnus deviennent un objet de négociations subordonné aux exigences israéliennes, notamment en matière sécuritaire.


Le processus de fragmentation est en réalité double, puisqu’il est également interne aux territoires occupés avec le développement de la colonisation, des routes réservées aux colons et des multiples points de contrôle israélien : Jérusalem est isolée du reste de la Cisjordanie, Gaza est isolée du reste du monde, la Cisjordanie est séparée en diverses « zones autonomes ». La réponse israélienne à la « 2e Intifada » (septembre 2000) est un renforcement de ces politiques, avec notamment la construction du Mur qui, loin de « séparer » Israël et les territoires occupés, enferme les Palestiniens dans des enclaves isolées les unes des autres.


Cette double fragmentation et cette politique d’enclavement visent notamment à détruire les bases matérielles du sentiment d’appartenance à une nation ayant une situation et des intérêts communs, mais aussi à rendre impossible l’existence d’un leadership national représentatif et revendiquant des droits pour l’ensemble des Palestiniens. Tandis que la population acquière chaque jour davantage de réflexes localistes, les forces politiques palestiniennes sont de plus en plus divisées, tant sur des bases politiques que territoriales : divisions au sein du Mouvement national, mais aussi à l’intérieur des partis.


Cette faiblesse du Mouvement national sera l’un des prétextes invoqué par Ariel Sharon, Premier Ministre israélien entre 2001 et 2006, lorsqu’il affirmera qu’il est impossible de négocier avec les Palestiniens et qu’Israël doit agir seul en adoptant des mesures « unilatérales », comme le retrait-bouclage de Gaza en 2005. Phénomène apparemment paradoxal, les Palestiniens sont de fait exclus du règlement de la question palestinienne. Il s’agit en fait, une fois de plus, de faire disparaître les Palestiniens de la scène en ne les considérant pas comme un peuple avec des droits mais comme de simples résidents à peine tolérés et soumis au bon vouloir d’Israël.

 La « paix économique » contre les droits politiques ?

Lorsque le Hamas remporte les élections législatives de janvier 2006, l’Union Européenne, les Etats-Unis et Israël adoptent une attitude qui équivaut à un refus de reconnaître les résultats du scrutin : boycott diplomatique du nouveau gouvernement, suspension des aides économiques à l’Autorité Palestinienne, soutien à la tentative de renversement du Hamas à Gaza…

 

Cette attitude culmine en 2007 avec le conditionnement du retour des aides internationales à la nomination d’un nouveau gouvernement palestinien sous la direction du « candidat préféré » d’Israël, de l’Europe et des Etats-Unis : Salam Fayyad, dont la liste n’avait pourtant obtenu que 2 députés (sur 132).


La non-reconnaissance de la victoire du Hamas et l’imposition de Salam Fayyad au poste de Premier Ministre s’inscrivent dans les dynamiques décrites jusqu’ici : négation des aspirations réelles de la population palestinienne, volonté de dépolitiser ses revendications. Salam Fayyad n’est pas un dirigeant du Mouvement national mais un ancien haut fonctionnaire de la Banque Mondiale et du FMI. Les négociations qui suivent la nomination de Fayyad ne seront pas consacrées à la satisfaction des droits nationaux des Palestiniens mais à l’amélioration de leurs conditions de vie : levée de quelques barrages, augmentation des aides internationales, projets de développement économique…


La thématique de la « paix économique », particulièrement mise en avant par l’actuel gouvernement israélien, vient donc de loin. L’affirmation de Netanyahu selon laquelle « la prospérité économique permet de préparer un règlement politique » [9] n’est en réalité que le nouveau visage de la rhétorique de la « terre sans peuple » : il ne s’agit pas de considérer les Palestiniens comme un peuple avec des droits collectifs mais comme des individus avec des besoins. Le droit à l’autodétermination, le droit au retour des réfugiés, l’égalité des droits pour les Palestiniens d’Israël… sont totalement absents des discours.


Ceux qui, dans les chancelleries ou ailleurs, pensent que les Palestiniens sont prêts à renoncer à leurs droits en échange de contreparties économiques, se trompent lourdement. La question palestinienne est et demeure une question fondamentalement politique. Depuis plusieurs semaines la remobilisation visible de la population palestinienne devrait sonner comme un avertissement : personne ne pourra acheter la paix [10].




Notes

[1] Israel Zangwill, « The Return to Palestine », New Liberal Review, Décembre 1901, p. 615.

[2] Benyamin Netanyahu, Interview au Figaro, 18 décembre 2008.

[3] Tom Segev, C’était en Palestine au temps des coquelicots, Liana Levi, 2000, p. 7.

[4] On pourra lire à ce sujet, entre autres, les 2 ouvrages de l’historien israélien Ilan Pappe, La guerre de 1948 en Palestine, La Fabrique, 2000, et Le nettoyage ethnique de la Palestine, Fayard, 2008, ainsi que le livre de Dominique Vidal et Sébastien Boussois, Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949), Editions de l’Atelier, 2007.

[5] Dany Ayalon, « Israel’s Right in the « Disputed » Territories » (Les droits d’Israël dans les territoires « disputés »), Wall Street Journal, 30 décembre 2009.

[6] Lettres de reconnaissance mutuelle échangées entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, septembre 1993, disponibles sur http://www.monde-diplomatique.fr/ca...

[7] Idem.

[8] Address to the Knesset by Prime Minister Rabin on the Israel-Palestinian Interim Agreement, 5 octobre 1995, disponible (en anglais) sur le site du Ministère des Affaires Etrangères israélien.

[9] Cf note 2.

[10] Voir à ce sujet mon article L’échec programmé du plan « Silence contre Nourriture » (juin 2008), disponible sur http://juliensalingue.over-blog.com...

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 10:15

Association France-Palestine à tous les sympathisants

de la cause palestinienne


Le vendredi 9 avril 2010 à 18h

 

Rencontre-débat animée par Michel WARSCHAWSKI

fondateur du Centre d’Information Alternative (AIC) à Jérusalem


 Conférence


« Un an après Gaza, le pire est devant nous »

 

par Michel Warschawski


- Projection du film « Marche pour Gaza »


- Témoignage de participants à cette marche


De 18h30 à 21h00 au Centre Culturel Avicenne,

rue du Recteur Paul Henry -35000 Rennes (Villejean) 

Métro / Bus n° 4 : Villejean Université

Organisé par le Centre Culturel Avicenne / Tél. 09 52 95 48 55

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 10:11
Appel unitaire

mercredi 7 avril 2010


 

Lancé à l'initiative d'Attac et de la fondation Copernic, cet appel, signé par plus de 300 personnes, regroupe des responsables politiques, syndicaux, associatifs et des universitaires: Cécile Duflot (Verts), Olivier Besancenot (NPA), Marie-George Buffet (PCF), Jean-Luc Mélenchon (PG), Razzi Hammadi (PS), Marie-Noelle Lienemann (PS), des économistes comme André Orléan, Jacques Mazier, François Eymard Duvernay ou Jean Gadrey, de nombreux sociologues comme Robert Castel ou Luc Boltanski.

 

Cet appel veut mettre la question du partage de la richesse produite au centre du débat public qui s’ouvre sur l’avenir des retraites. Il doit être un point d’appui pour engager une vaste campagne d’éducation populaire qui se traduira par la multiplication de réunions publiques unitaires partout en France. Face à la régression sociale programmée, il faut créer un vaste courant d’opinion qui affirme que d’autres solutions sont possibles. L’appel "Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites" peut en être le catalyseur.


Pour signer l’appel : http://www.exigences-citoyennes-retraites.net/


Le gouvernement français s’apprête à engager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition en jurant une fois de plus que c’est pour le sauver. Le bilan des réformes menées depuis 1993 est déjà catastrophique car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote…) ont déjà fait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %.

 

Elles ont aggravé les inégalités déjà fortes entre les pensions des hommes et des femmes. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit que le taux de remplacement moyen – niveau de la retraite par rapport au salaire, passerait de 72 % en 2007 à 59 % en 2050. Cette dégradation continuera donc de frapper les actuels retraités et touchera également les générations suivantes.


Malgré ce bilan désastreux, le gouvernement veut aller encore plus loin en supprimant l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans en le portant à 62, voire 65 ou 67 ans, comme le demande le Medef, et en remettant en cause le calcul sur les six derniers mois d’activité des retraites du secteur public.

 

Jumelées avec un nouvel allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, ces mesures condamneraient à la pauvreté la plupart des futurs retraités, surtout les femmes et tous ceux et celles qui ont connu et connaîtront des périodes de chômage et de précarité importantes. Ce sont les salarié-es les plus jeunes qui subiraient les effets cumulés de ces orientations au moment de partir à la retraite.


Le gouvernement et le patronat persistent à vouloir durcir les conditions de départ en retraite alors même que les entreprises continuent de se débarrasser des salariés âgés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits. Exiger que les salariés travaillent et cotisent plus longtemps, alors que l’âge moyen de cessation d’activité est de 59 ans, ne vise qu’à baisser le niveau des pensions.

 

De plus, cette logique remet en cause la solidarité intergénérationnelle. Il n’y a aucun sens à augmenter l’âge de la retraite alors que le chômage de masse sévit pour les jeunes. Au lieu de voir dans la retraite par répartition une transmission perpétuelle et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante, le gouvernement et le patronat, afin d’attiser la division, la stigmatisent comme un fardeau pour la seule génération à venir.


Le danger ne s’arrête pas là. Le COR dessine les contours d’une réforme pour remplacer notre système par un autre « par points » ou « par comptes notionnels ». Dans les deux cas, il s’agirait de ne plus avoir à assurer un taux de remplacement du salaire défini à l’avance et de faire de la variation du niveau des pensions le moyen d’équilibre financier des régimes. Cela aggraverait encore la baisse du niveau des pensions et contraindrait les salariés, particulièrement les salarié-es pauvres et effectuant les travaux pénibles, à travailler toujours plus longtemps.


La vraie raison des mesures qui s’annoncent n’est pas liée à la démographie. La crise financière a provoqué une récession et donc une flambée des déficits publics. Les États continuent benoîtement à financer leurs déficits en empruntant sur ces mêmes marchés financiers qui ont provoqué la crise. Réduire ces déficits pourrait se faire par une taxation du capital. Mais les spéculateurs refusent évidemment cette solution, demandent que les États donnent des gages et exigent une réduction des dépenses publiques.

Une alternative à cette régression sociale existe pourtant.

 

A moins de décréter la paupérisation des retraité-es, il est normal de couvrir les besoins sociaux liés à l’augmentation de leur part dans la population par un accroissement des prélèvements sur la richesse produite. Les déficits des caisses de retraite sont essentiellement dus au refus obstiné de le faire.

 

Pourtant, le besoin supplémentaire de financement nécessaire aux retraites est réalisable puisqu’il a été chiffré en 2007 par le COR entre 1 et 2 points de PIB jusqu’en 2050, à comparer avec la chute de la part de la masse salariale de 8 points au cours des dernières décennies et avec l’explosion correspondante des dividendes, qui sont passés de 3,2 % du PIB en 1982 à 8,5 % en 2007.

 

Il est donc juste d’augmenter la part des salaires et des pensions dans la richesse produite en s’attaquant aux profits. Le financement des retraites est possible à condition d’en finir avec l’actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers. C’est ce partage qui constitue le tabou à faire sauter, et non l’âge de départ. Il s’agit là d’un choix politique de justice et de solidarité.


La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus » et la destruction des solidarités sociales. Nous souhaitons contribuer à une vaste mobilisation citoyenne (réunions publiques, appels locaux…) pour stopper cet engrenage.


Signer la pétition http://www.exigences-citoyennes-retraites.net/

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 10:08

Communiqué du NPA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l'initiative de deux syndicats de cheminots, la CGT et Sud-Rail, une grève touche le service ferroviaire.


Par ce mouvement, les cheminots grévistes veulent s'opposer au plan Destination 2012 qui a pour objectif de supprimer des milliers de postes, à liquider le service fret au bénéfice du transport routier, en contradiction complète avec les préconisations du Grenelle de l'environnement.


La direction de la SNCF, en accord avec la politique du gouvernement Sarkozy, par plans successifs, travaille à la privatisation et au démantèlement du service public ferroviaire.


Le NPA est solidaire de la lutte des cheminots et de leurs revendications, contre les suppressions d'emplois, le démantèlement et la privatisation de la SNCF, la destruction du service fret et de ses infrastructures.


Contre la politique de libéralisation en France et en Europe, le NPA défend le maintien du service public ferroviaire, voyageurs et marchandises, ce qui suppose un rejet de la filialisation, de la concurrence, des embauches de cheminots et l'amélioration des conditions de travail.

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 09:33

humour noir mamie

Il y a cent ans, le 5 avril 1910, était promulguée la « loi des retraites ouvrières et paysannes », premier régime de retraite obligatoire des salariés en France. Entrée en application le 3 juillet 1911, la loi concernait tous les salariés dont le revenu annuel ne dépassait pas 3 000 francs, soit à l'époque la quasi-totalité des ouvriers et beaucoup de petits employés.

Le régime était financé par les cotisations - obligatoires - des salariés et des patrons. Ces cotisations, versées sur un livret individuel d'épargne, étaient gérées par un fonds de retraite, selon la méthode de la capitalisation. L'âge légal de départ à la retraite, d'abord fixé à 65 ans, fut abaissé en 1912 à 60 ans.

À la veille de 1910, seuls les fonctionnaires - militaires, postiers, agents du Trésor, personnels de l'instruction publique - et les salariés de certaines grandes entreprises pouvaient prétendre à une pension de retraite, maigre et souvent aléatoire. Un certain nombre de sociétés avaient en effet créé leurs propres régimes de retraite. Ces régimes privés de « protection sociale » étaient, pour les patrons, un moyen de s'assurer de la stabilité de leur personnel, de sa discipline, voire de sa docilité, à moindres frais. Au moment de l'adoption de la loi sur les retraites ouvrières et paysannes, ces régimes concernaient moins de 5 % des ouvriers du secteur privé.

UN PROJET DE POLITICIENS BOURGEOIS

Ce ne fut pas le mouvement ouvrier par ses revendications qui, dans les premières années du 20e siècle, mit la question des retraites ouvrières à l'ordre du jour, mais des politiciens de l'aile la plus à gauche des républicains bourgeois. À la fin du 19e siècle et dans les premières années du 20e siècle, ces politiciens firent de la retraite ouvrière l'un de leurs chevaux de bataille électoraux. Il s'agissait de concurrencer, sur leur terrain, socialistes et syndicalistes, dans un contexte de développement des luttes revendicatives et de progression de l'influence des idées socialistes.

La retraite n'était pas une revendication prioritaire du mouvement ouvrier qui, à l'époque, se battait pour la journée de huit heures de travail et pour des salaires qui permettent aux travailleurs et à leurs familles de subvenir à leurs besoins, y compris pour leurs vieux jours.

Une trentaine de projets de retraite ouvrière avaient été proposés entre 1890 et 1905. Celui qui fut adopté en 1910, après cinq ans de débats au Parlement, fut considérablement aménagé par des parlementaires qui voulaient en réduire le coût pour le patronat.

Le montant des cotisations - identique pour les ouvriers et les patrons - avait été fixé à un niveau très faible : il représentait entre 0,30 % et 1 % du salaire. Et les travailleurs ne pouvaient espérer toucher que des pensions dérisoires - même s'ils avaient cotisé sans interruption jusqu'au bout, ce qui était rien moins qu'assuré. La loi prévoyait bien la garantie, financée par une contribution de l'État, d'un minimum de pension de 100 francs annuels, attribué à tous ceux qui, par le seul jeu de la capitalisation des cotisations, n'arriveraient pas à ce montant. Mais ce montant équivalait, par jour, à la valeur de... trois œufs.

SYNDICALISTES ET SOCIALISTES REVOLUTIONNAIRES DENONCENT « L'ESCROQUERIE DES RETRAITES ».

La CGT (née en 1895) appela les ouvriers à refuser la loi. Elle dénonçait le principe de la cotisation ouvrière, prélèvement opéré par leur patron sur leur salaire, comme un vol de plus. Elle dénonçait aussi la fixation de l'ouverture des droits à un âge trop tardif, alors qu'à l'époque seulement 12 % de la population française, toutes catégories sociales confondues, vivait au-delà de 60 ans, et 8 % au-delà de 65 ans. La proportion des ouvriers atteignant ces âges était évidemment beaucoup plus faible. « Avec la loi actuelle, expliquait un tract de la CGT, 94 ouvriers sur 100 vont verser pour ne jamais rien toucher. Ce que nous réclamons, c'est une retraite pour les vivants, non pour les morts .»

À la veille de l'adoption de la loi, la CGT mena campagne contre « l'escroquerie des retraites ouvrières ».

La SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière), qui regroupait depuis 1905 l'ensemble des tendances socialistes, des plus réformistes aux plus révolutionnaires, se prononça majoritairement, avec Jaurès, pour le vote de la loi. Mais les opposants comme Paul Lafargue et Jules Guesde qui, à l'intérieur du Parti Socialiste, dénonçaient, avec la CGT, l'escroquerie de la loi sur les retraites ouvrières, ne désarmèrent pas.

 

Au Parlement, Jules Guesde proposa un amendement supprimant « tout prélèvement sur les salaires ouvriers » et son remplacement par « des impôts spéciaux n'atteignant que les privilégiés du capitalisme industriel et terrien ». Son amendement ne fut pas voté. Il fut le seul député du groupe socialiste à l'assemblée à voter contre la loi.

UN PROJET MORT EN BAS AGE

La loi des retraites ouvrières et paysannes fut un échec. Dès 1912 l'obligation de cotiser - pour les patrons et pour les ouvriers - fut supprimée. C'était la principale revendication du patronat. À cette date, sur les 12 millions de salariés concernés, 2,5 millions seulement cotisaient.

Mais ce fut surtout la Première Guerre mondiale et la période de crise et d'inflation qui la suivit qui lui portèrent le coup de grâce. En 1927, un an avant le vote d'un nouveau régime de retraite obligatoire, le montant de la pension de retraite minimum, 100 francs, qui n'avait pas été réévalué depuis 1912, permettait d'acheter 150 grammes de pain blanc ou la moitié d'un timbre-poste par jour. En dénonçant la loi sur les retraites ouvrières et paysannes comme une escroquerie, syndicalistes et socialistes révolutionnaires ne s'étaient pas trompés.

Le régime de retraite de la loi sur les Assurances sociales qui lui succéda, en 1928, lui aussi géré en capitalisation, ne fit pas mieux. Il fut remplacé, en 1945, par le régime de retraite par répartition de la Sécurité sociale encore en vigueur aujourd'hui. Il s'agissait, à l'époque, d'une sorte de compensation offerte aux travailleurs pour les sacrifices qui leur étaient imposés, sous prétexte de reconstruction de l'économie.

 

Mais, compte tenu des durées de cotisation exigées pour toucher une pension complète, il fallut attendre pratiquement la fin des années 1960 et le début des années 1970 pour que le sort d'une partie des vieux travailleurs commence à s'améliorer, et ce ne fut pas pour longtemps. Au cours de la deuxième moitié des années 1970, marquée par les débuts de la crise économique, la montée du chômage commença à peser sur les ressources de la Sécurité sociale et se traduisit, sous prétexte de déficit des caisses de retraite, par les premiers plans d'économies sur le dos des retraités. Et ce ne devait être qu'un début.

Jean-Jacques LAMY

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 09:27

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Le temps des colonies n'est pas fini

Le secrétaire d'État aux Anciens combattants, Hubert Falco, promet de décerner un « diplôme d'honneur » aux survivants de la Seconde Guerre mondiale. Ce n'est pas ce que veulent quelque 12 000 anciens militaires et 20 000 veuves originaires des anciennes colonies françaises, qui continuent de réclamer que leurs retraites ou leurs pensions de réversion soient alignées sur celles des Français.

Ainsi, lorsqu'un ancien sergent français touche 626 euros par mois, ce qui n'est déjà pas lourd, un Djiboutien ne perçoit que 273 euros, un Sénégalais 223, et un Marocain 53 seulement. Et encore, pour injuste qu'elle soit, cette disparité de traitement s'est-elle amoindrie suite à l'action menée devant différentes cours de justice par des combattants des anciennes colonies.

Alors que les retraites des militaires français, même si elles sont faibles, était indexées sur le coût de la vie, la loi de 1959 avait « cristallisé », c'est-à-dire gelé, celles des soldats originaires des colonies, leur versant des pensions allant de 3 à 30 % de celles de leurs homologues français, selon le pays d'origine. En 2002, suite à un jugement déclarant qu'une telle discrimination était contraire aux droits de l'homme, le gouvernement Jospin avait procédé à une « décristallisation » partielle des pensions, en fonction du pouvoir d'achat dans le pays de résidence.

Après la diffusion du film Indigènes en 2006, Chirac avait à son tour déclaré son « émotion » devant cette injustice et annoncé sa « détermination à accélérer un certain nombre de mesures d'égalité ». L'année suivante, soit 62 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, certaines pensions, dites « de sang », ont enfin été alignées sur celles versées aux Français : la retraite du combattant (environ 500 euros par an !) et les pensions militaires d'invalidité. « Pas de quoi faire construire dans le village », dit un Sénégalais qui touche l'équivalent de 265 euros par semestre, « juste de quoi rembourser quelques dettes et acheter des produits de première nécessité comme le riz, le savon ou le café .»

Rien n'a changé par contre pour les autres militaires étrangers, ni pour les veuves ou veufs de fonctionnaires français, dont la pension de réversion est toujours « cristallisée » parce qu'ils sont d'une autre nationalité. En revanche, l'État verse une prime « d'expatriation », en plus du salaire à taux plein, aux fonctionnaires français qui vont travailler dans les ex-colonies !

Pour les « indigènes de la République », les harkis ou les veuves de fonctionnaires, il n'y a ni justice ni reconnaissance à attendre de la part des représentants de cet État français.

Marianne LAMIRAL

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