(Le Monde, édition du 22 février 2004)
1. D’aimables républicaines et républicains arguèrent un jour qu’il fallait une loi pour interdire tout foulard sur les cheveux des filles. A l’école d’abord,
ailleurs ensuite, partout si possible. Que dis-je, une loi ? Une Loi ! Le président de la République était un politicien aussi limité qu’insubmersible. Totalitairement élu par
82 % des électeurs, dont tous les socialistes, gens parmi lesquels se recrutaient nombre des aimables républicain(e)s en question, il opina du bonnet : une loi, oui, une Loi contre
le petit millier de jeunes filles qui mettent le susdit foulard sur leurs cheveux. Les pelées, les galeuses ! Des musulmanes, en plus ! C’est ainsi qu’une fois de plus, dans la
ligne de la capitulation de Sedan, de Pétain, de la guerre d’Algérie, des fourberies de Mitterrand, des lois scélérates contre les ouvriers sans papiers, la France étonna le monde. Après les
tragédies, la farce.
2. Oui, la France a enfin trouvé un problème à sa mesure : le foulard sur la tête de quelques filles. On peut le dire, la décadence de ce pays est stoppée.
L’invasion musulmane, de longtemps diagnostiquée par Le Pen, aujourd’hui confirmée par des intellectuels indubitables, a trouvé à qui parler. La bataille de Poitiers n’était que de la petite
bière, Charles Martel, un second couteau. Chirac, les socialistes, les féministes et les intellectuels des Lumières atteints d’islamophobie gagneront la bataille du foulard. De Poitiers au
foulard, la conséquence est bonne, et le progrès considérable.
3. A cause grandiose, arguments de type nouveau. Par exemple : le foulard doit être proscrit, qui fait signe du pouvoir des mâles (le père, le grand frère)
sur ces jeunes filles ou femmes. On exclura donc celles qui s’obstinent à le porter. En somme : ces filles ou femmes sont opprimées. Donc, elles seront punies. Un peu comme si on
disait : "Cette femme a été violée, qu’on l’emprisonne". Le foulard est si important qu’il mérite une logique aux axiomes renouvelés.
4. Ou, au contraire : ce sont elles qui veulent librement le porter, ce maudit foulard, les rebelles, les coquines ! Donc, elles seront punies.
Attendez : ce n’est pas le signe d’une oppression par les mâles ? Le père et le grand frère n’y sont pour rien ? D’où vient qu’il faut l’interdire, alors, ce foulard ?
C’est qu’il est ostentatoirement religieux. Ces coquines "ostentent" leur croyance. Au piquet, na !
5. Ou c’est le père et le grand frère, et féministement le foulard doit être arraché. Ou c’est la fille elle-même selon sa croyance, et "laïcisement" il doit
être arraché. Il n’y a pas de bon foulard. Tête nue ! Partout ! Que tout le monde, comme on disait autrefois - même les pas-musulmanes le disaient - sorte "en cheveux".
6. Notez bien que le père et le grand frère de la fille au foulard ne sont pas de simples comparses parentaux. On l’insinue souvent, parfois on le
déclare : le père est un ouvrier abruti, un pauvre type directement "venu du bled" et commis aux chaînes de Renault. Un archaïque. Mais stupide. Le grand frère deale le shit. Un moderne.
Mais corrompu. Banlieues patibulaires. Classes dangereuses.
7. La religion musulmane ajoute aux tares des autres religions celle-ci, gravissime : elle est, dans ce pays, la religion des pauvres.
8. Imaginons le proviseur d’un lycée, suivi d’une escouade d’inspecteurs armés de centimètres, de ciseaux, de livres de jurisprudence : on va vérifier aux
portes de l’établissement si les foulards, kippas et autres couvre-chefs sont "ostentatoires". Ce foulard grand comme un timbre poste perché sur un chignon ? Cette kippa comme une pièce
de deux euros ? Louche, très louche. Le minuscule pourrait bien être l’ostentation du majuscule. Mais, que vois-je ? Gare ! Un chapeau haut de forme ! Hélas !
Mallarmé, interrogé sur le chapeau haut de forme, l’a dit : "Qui a mis rien de pareil ne peut l’ôter. Le monde finirait, pas le chapeau." Ostentation d’éternité.
9. La laïcité. Un principe inoxydable ! Le lycée d’il y a trois ou quatre décennies : interdiction de mélanger les sexes dans la même classe, pantalon
décommandé aux filles, catéchisme, aumôniers. La communion solennelle, avec les gars en brassard blanc et les mignonnes sous le voile de tulle. Un vrai voile, pas un foulard. Et vous voudriez
que je tienne pour criminel ce foulard ? Ce signe d’un décalage, d’un remuement, d’un enchevêtrement temporel ? Qu’il faille exclure ces demoiselles qui mêlent agréablement hier et
aujourd’hui ? Allez, laissez faire la broyeuse capitaliste. Quels que soient les allers et retours, les repentirs, les venues ouvrières du lointain, elle saura substituer aux dieux morts
des religions le gras Moloch de la marchandise.
10. Au demeurant, n’est-ce pas la vraie religion massive, celle du commerce ? Auprès de laquelle les musulmans convaincus font figure de minorité
ascétique ? N’est-ce pas le signe ostentatoire de cette religion dégradante que ce que nous pouvons lire sur les pantalons, les baskets, les tee-shirts : Nike, Chevignon,
Lacoste,... N’est-il pas plus mesquin encore d’être à l’école la femme sandwich d’un trust que la fidèle d’un Dieu ? Pour frapper au cœur de la cible, voir grand, nous savons ce qu’il
faut : une loi contre les marques. Au travail, Chirac. Interdisons sans faiblir les signes ostentatoires du Capital.
11. Qu’on m’éclaire. La rationalité républicaine et féministe de ce qu’on montre du corps et de ce qu’on ne montre pas, en différents lieux et à différentes
époques, c’est quoi ? Que je sache, encore de nos jours, et pas seulement dans les écoles, on ne montre pas le bout des seins ni les poils du pubis, ni la verge. Devrais-je me fâcher de
ce que ces morceaux soient "dérobés aux regards" ? Soupçonner les maris, les amants, les grands frères ? Il y a peu dans nos campagnes, encore de nos jours en Sicile et ailleurs,
les veuves portent fichus noirs, bas sombres, mantilles. Il n’y a pas besoin pour cela d’être la veuve d’un terroriste islamique.
12. Curieuse, la rage réservée par tant de dames féministes aux quelques filles à foulard, au point de supplier le pauvre président Chirac, le soviétique aux
82 %, de sévir au nom de la Loi, alors que le corps féminin prostitué est partout, la pornographie la plus humiliante universellement vendue, les conseils d’exposition sexuelle des corps
prodigués à longueur de page dans les magazines pour adolescentes.
13. Une seule explication : une fille doit montrer ce qu’elle a à vendre. Elle doit exposer sa marchandise. Elle doit indiquer que désormais la circulation
des femmes obéit au modèle généralisé, et non pas à l’échange restreint. Foin des pères et grands frères barbus ! Vive le marché planétaire ! Le modèle, c’est le top modèle.
14. On croyait avoir compris qu’un droit féminin intangible est de ne se déshabiller que devant celui (ou celle) qu’on a choisi (e) pour ce faire. Mais non. Il
est impératif d’esquisser le déshabillage à tout instant. Qui garde à couvert ce qu’il met sur le marché n’est pas un marchand loyal.
15. On soutiendra ceci, qui est assez curieux : la loi sur le foulard est une loi capitaliste pure. Elle ordonne que la féminité soit exposée. Autrement
dit, que la circulation sous paradigme marchand du corps féminin soit obligatoire. Elle interdit en la matière - et chez les adolescentes, plaque sensible de l’univers subjectif entier -
toute réserve.
16. On dit un peu partout que le "voile" est l’intolérable symbole du contrôle de la sexualité féminine. Parce que vous imaginez qu’elle n’est pas contrôlée, de
nos jours, dans nos sociétés, la sexualité féminine ? Cette naïveté aurait bien faire rire Foucault. Jamais on n’a pris soin de la sexualité féminine avec autant de minutie, autant de
conseils savants, autant de discriminations assénées entre son bon et son mauvais usage, La jouissance est devenue une obligation sinistre. L’exposition universelle des morceaux supposés
excitants, un devoir plus rigide que l’impératif moral de Kant.
Au demeurant, entre le "Jouissez, femmes !" de nos gazettes et l’impératif "Ne jouissez pas !" de nos arrière-grands-mères, Lacan a de longue date
établi l’isomorphie. Le contrôle commercial est plus constant, plus sûr, plus massif que n’a jamais pu l’être le contrôle patriarcal. La circulation prostitutionnelle généralisée est plus
rapide et plus fiable que les difficultueux enfermements familiaux, dont la mise à mal, entre la comédie grecque et Molière, a fait rire pendant des siècles.
17. La maman et la putain. On fait dans certains pays des lois réactionnaire pour la maman et contre la putain, dans d’autres, des lois progressistes pour la
putain et contre la maman. C’est cependant l’alternative qu’il faudrait récuser.
18. Non pas toutefois par le "ni... ni...", qui ne fait jamais que perpétuer en terrain neutre (au centre, comme Bayrou ?) ce qu’il prétend contester. "Ni
maman ni putain", cela est tristounet. Comme "ni pute ni soumise", lequel est au demeurant absurde : une "pute" n’est-elle pas généralement soumise, oh combien ? On les appelait,
autrefois, des respectueuses. Des soumises publiques, en somme. Quant aux "soumises", elles ne sont peut-être que des putains privées.
19. On y revient toujours : l’ennemi de la pensée, aujourd’hui, c’est la propriété, le commerce, des choses comme des âmes, et non la foi. On dira bien
plutôt que c’est la foi (politique) qui manque le plus. La "montée des intégrismes" n’est que le miroir dans lequel les Occidentaux repus considèrent avec effroi les effets de la dévastation
des consciences à laquelle ils président. Et singulièrement la ruine de la pensée politique, qu’ils tentent partout d’organiser, tantôt sous couvert de démocratie insignifiante, tantôt à
grand renfort de parachutistes humanitaires. Dans ces conditions, la laïcité, qui se prétend au service des savoirs, n’est qu’une règle scolaire de respect de la concurrence, de dressage aux
normes "occidentales" et d’hostilité à toute conviction. C’est l’école du consommateur cool, du commerce soft, du libre propriétaire et du votant désabusé.
20. On ne s’extasiera jamais assez sur la trajectoire de ce féminisme singulier qui, parti pour que les femmes soient libres, soutient aujourd’hui que cette
"liberté" est si obligatoire qu’elle exige qu’on exclue des filles (et pas un seul garçon !) du seul fait de leur apparat vestimentaire.
21. Tout le jargon sociétal sur les "communautés" et le combat aussi métaphysique que furieux entre "la République" et "les communautarismes", tout cela est une
foutaise. Qu’on laisse les gens vivre comme ils veulent, ou ils peuvent, manger ce qu’ils ont l’habitude de manger, porter des turbans, des robes, des voiles, des minijupes ou des claquettes,
se prosterner à toute heure devant des dieux fatigués, se photographier les uns les autres avec force courbettes ou parler des jargons pittoresques. Ce genre de "différences" n’ayant pas la
moindre portée universelle, ni elles n’entravent la pensée, ni elles ne la soutiennent. Il n’y a donc aucune raison, ni de les respecter, ni de les vilipender. Que "l’Autre", - comme disent
après Levinas les amateurs de théologie discrète et de morale portative - vive quelque peu autrement, voilà une constatation qui ne mange pas de pain.
22. Quant au fait que les animaux humains se regroupent par provenance, c’est une conséquence naturelle et inévitable des conditions le plus souvent misérables
de leur arrivée. Il n’y a que le cousin, ou le compatriote de village, qui peut, volens nolens, vous accueillir au foyer de St Ouen l’Aumône. Que le chinois aille là où il y a déjà des
Chinois, il faut être obtus pour s’en formaliser.
23. Le seul problème concernant ces "différences culturelles" et ces "communautés" n’est certes pas leur existence sociale, d’habitat, de travail, de famille ou
d’école. C’est que leurs noms sont vains là où ce dont il est question est une vérité, qu’elle soit d’art, de science, d’amour ou, surtout, de politique. Que ma vie d’animal humain soit
pétrie de particularités, c’est la loi des choses. Que les catégories de cette particularité se prétendent universelles, se prenant ainsi au sérieux du Sujet, voilà qui est régulièrement
désastreux. Ce qui importe est la séparation des prédicats. Je peux faire des mathématiques en culotte de cheval jaune et je peux militer pour une politique soustraite à la "démocratie"
électorale avec une chevelure de Rasta. Ni le théorème n’est jaune (ou non-jaune), ni le mot d’ordre qui nous rassemble n’a de tresses. Non plus d’ailleurs qu’il n’a d’absence de
tresses.
24. Que l’école soit, dit-on, fort menacée par une particularité aussi insignifiante que le foulard de quelques filles amène à soupçonner que ce n’est jamais de
vérité qu’il y est question. Mais d’opinions, basses et conservatrices. N’a-t-on pas vu des politiciens et des intellectuels affirmer que l’école est d’abord là pour "former des
citoyens" ? Sombre programme. De nos jours, le "citoyen" est un petit jouisseur amer, cramponné à un système politique dont tout semblant de vérité est forclos.
25. Ne serait-on pas préoccupé, en haut et bas lieu, de ce que nombre de filles d’origine algérienne, marocaine, tunisienne, le chignon bien serré, la mine
austère, acharnées au travail, composent, avec quelques Chinois non moins vissés à l’univers familial, de redoutables têtes de classe ? De nos jours, il y faut pas mal d’abnégation. Et
il se pourrait que la Loi du soviétique Chirac aboutisse à l’exclusion tapageuse de quelques excellentes élèves.
26. "Jouir sans entraves", cette ânerie soixante-huitarde, n’a jamais fait tourner à haut régime le moteur des savoirs. Une certaine dose d’ascétisme
volontaire, on en connaît la raison profonde depuis Freud, n’est pas étrangère au voisinage de l’enseignement et d’au moins quelques rudes fragments de vérités effectives. De sorte qu’un
foulard, après tout, peut servir. Là où désormais le patriotisme, cet alcool fort des apprentissages, fait entièrement défaut, tout idéalisme, même de pacotille, est le bienvenu. Pour qui du
moins suppose que l’école est autre chose que la "formation" du citoyen-consommateur.
27. En vérité, la Loi foulardière n’exprime qu’une chose : la peur. Les Occidentaux en général, les Français en particulier, ne sont plus qu’un tas
frissonnant de peureux. De quoi ont-ils peur ? Des barbares, comme toujours. Ceux de l’intérieur, les "jeunes des banlieues" ; ceux de l’extérieur, les "terroristes islamistes".
Pourquoi ont-ils peur ? Parce qu’ils sont coupables, mais se disent innocents. Coupables d’avoir, à partir des années 1980, renié et tenté d’anéantir toute politique d’émancipation,
toute raison révolutionnaire, toute affirmation vraie d’autre chose que ce qu’il y a. Coupables de se cramponner à leurs misérables privilèges. Coupables de n’être plus que de vieux enfants
qui jouent avec ce qu’ils achètent. Eh oui, "dans une longue enfance on les a fait vieillir". Aussi ont-ils peur de tout ce qui est un peu moins vieux qu’eux. Par exemple, une demoiselle
entêtée.
28. Mais surtout, Occidentaux en général et Français en particulier ont peur de la mort. Ils n’imaginent même plus qu’une Idée puisse valoir qu’on prenne pour
elle quelques risques. "Zéro mort", c’est leur plus important désir. Or, ils voient partout dans le monde des millions de gens qui n’ont aucune raison, eux, d’avoir peur de la mort. Et, parmi
eux, beaucoup, presque chaque jour, meurent au nom d’une Idée. Cela est pour le "civilisé" la source d’une intime terreur.
29. Et je sais bien que les Idées pour lesquelles on accepte aujourd’hui de mourir ne valent en général pas cher. Convaincu que tous les dieux ont de longue
date déclaré forfait, je me désole de ce que de jeunes hommes, de jeunes femmes, déchiquettent leurs corps dans d’affreux massacres sous la funèbre invocation de ce qui depuis longtemps n’est
plus. Je sais en outre qu’ils sont instrumentés, ces "martyrs" redoutables, par des comploteurs peu discernables de ceux qu’ils prétendent abattre. On ne redira jamais assez que Ben Laden est
une créature des services américains. Je n’ai pas la naïveté de croire à la pureté, ni à la grandeur, ni même à une quelconque efficacité, de ces tueries suicidaires.
30. Mais je dis que ce prix atroce est d’abord payé à la destruction minutieuse de toute rationalité politique par les dominants d’Occident, entreprise que
n’ont rendue aussi largement praticable que l’abondance, notamment en France, des complicités intellectuelles et populaires. Vous vouliez avec acharnement liquider jusqu’au souvenir de l’Idée
de révolution ? Déraciner tout usage, même allégorique, du mot "ouvrier" ? Ne vous plaignez pas du résultat. Serrez les dents, et tuez les pauvres. Ou faites-les tuer par vos amis
américains.
31. On a les guerres qu’on mérite. Dans ce monde transi par la peur, les gros bandits bombardent sans pitié des pays exsangues. Les bandits intermédiaires
pratiquent l’assassinat ciblé de ceux qui les gênent. Les tout petits bandits font des lois contre les foulards.
32. On dira que c’est moins grave. Certes. C’est moins grave. Devant feu le Tribunal de l’Histoire, nous obtiendrons les circonstances atténuantes :
"Spécialiste des coiffures, il n’a joué dans l’affaire qu’un petit rôle".
Alain Badiou
philosophe, écrivain et professeur à l’école normale supérieure.
texte trouvé ici http://pagesperso-orange.fr/felina/doc/laic/badiou.htm
Une analyse du débat qu'a provoqué la candidature Ilham sur la liste NPA en Rhône Alpes. Analyse intéressante parce qu'elle
inscrit ce "débat" dans le combat que mènent les capitalismes pour diviser les opprimés dans leur ensemble.
Car leur peur n'est pas le voile mais de voir les jeunes des cités se politiser et prendre la place qui leur revient de droit dans
la politique de la cité.
Ilham est jeune, issue de l'immigration et porte un foulard tout en défendant l'ensemble des victimes des ravages du
capitalisme.
C'est en celà qu'elle fait peur... Peur qu'elle ne soit le symbole que le peuple dans ses différences et en les acceptants peut
s'unir contre son véritable adversaire : La bourgoisie !
Nous devons rester uni face à cette attaque qui au travers de Hilam est une attaque contre l'ensemble de
prolétaires.
Soutien total et inconditionnel à Ilham Moussaid !
Carland
Par Copas
à propos du
communiqué du comité Exécutif
du NPA du 8 février...
Le CE du NPA n’a pas compris le sens de la grande attaque des médias et des appareils contre ce parti et sa militante.
C’est extrêmement grave de ne pas relever et comprendre le sens de l’attaque qui dépasse la question de la laïcité.
La laïcité n’est pas le sujet de cette affaire !
Le sujet vient que la bourgeoisie manœuvre de façon de plus en plus déterminée pour désigner un bouc émissaire dans la grande crise que nous vivons.
Des vagues d’agressions sociales se font par la bourgeoisie , de plus en plus rapprochées et les maneuvres pour désigner des boucs émissaires sont de plus en
plus intenses.
La droite (avec quelques bruns de gauche) travaille le sujet à coups redoublés et accélère le pas maintenant.
Des reconduites àla frontière en grande démonstrations, rafles, débat sur l’identité nationale, terrorisme, loi sur la burqa, il ne se passe pas de jour sans
que les médias bourgeois cherchent à illustrer le thème de la dangerosité de l’Islam, ou les immigrés, etc, sur tous les tons possibles sans risquer de procès .
Tout est mis en place pour désigner à la vindicte une communauté qui représente ce que représentaient les juifs lors de la dernière grande crise.
La bourgeoisie est donc prète à tous les dérapages.
Parallèlement à la désignation d’un bouc émissaire, les musulmans et tous ceux dont les ancêtres sont venus de pays à dominante musulmane, la bourgeoisie ne
souhaite pas que l’alternative réelle à son système apparaisse, construite sur l’anticapitalisme.
Et précisément l’anticapitalisme n’a cessé de progressé ces dernières années, les réactions redeviennent de plus en plus vives dans la classe populaire après
avoir marqué un passage à vide pendant 6-7 mois.
les nouvelles attaques et vagues de chômage pointent le bout de leur nez.
Et c’est justement le deuxième point qui explique la hargne de la bourgeoisie et de la gauche malpropre qui gère pour les patrons :
Ilham revendique d’être anticapitaliste.
L’un , la minorité visible (ah si elle s’était normalisée en enlevant le fichu ....) qu’on souhaite transformer en
bouc émissaire
l’autre , le parti le plus visiblement anti-capitaliste (ce qui ne signifie rien de la justesse de la ligne de ce
parti)
C’est bien la conjugaison des deux qui a fait le haut le coeur de ceux qui votent à tour de bras des
subventions aux écoles catholiques privées, se font voir à génuflexer, à se signer publiquement, etc...
Et c’est là la bourgeoisie qui s’affole et hurle, avec quelques salauds utiles et lâches à gauche.
Les deux cibles de la bourgeoisie étaient ensemble dans le collimateur , c’est l’addition des deux qui fait la réaction violente .
Il y a eu des candidates de listes du PS et d’union de la gauche sous direction PC , même élu et ça n’a pas traumatisé ni la gauche ni l’appareil de la
bourgeoisie.
Il faut donc reconnaitre qu’un autre élément rentrait en ligne de compte, et ce sont bien l’anticapitalisme et la minorité visible conjugués
qui ont fait le spasme de la bourgeoisie, ses hurlements et ses appels à l’agression.
Et ça , ça n’a rien à voir avec le débat sur la laïcité, débat honorable et utile par ailleurs et qu’il faut mener.
Le CE NPA se trompe en y voyant un débat sur la laïcité, ou même sur l’islamophobie dégagée du contexte de classe.
C’est bien les deux qui font la violence de la réaction de la droite et de la gauche de gestion libérale.
Et c’est ça qu’il fallait débusquer en montant les paris dans le débat.
Lequel débat a passé maintenant les frontières.
Source : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article98116