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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:59
buffet mélanchon

Quel ancrage à gauche ?


Les composantes du Front de gauche se sont finalement mises d'accord. Il était plus que temps, puisque le dimanche 10 janvier se tenait, au Palais des congrès, à Paris, le meeting d'ouverture de sa campagne.

En fait, la conclusion de cet accord était prévisible, et certainement prévue par les trois principales composantes de ce Front. La partie de bras de fer qui, jusqu'au dernier moment, les opposait publiquement se résumait à un marchandage en sous-main pour le partage des postes électifs.

Finalement, c'est le dirigeant du PCF Pierre Laurent qui conduira la liste en région Ile-de-France, tandis que le Parti de gauche de Mélenchon a obtenu la tête de liste dans quatre régions au lieu des trois qui lui étaient attribuées au départ. Christian Picquet, leader de la Gauche unitaire issue du NPA,  conduira quant à lui la liste présentée dans la région Midi-Pyrénées.

Mais on aurait bien tort de croire que ce Front est un front sans rides. Tout d'abord parce que l'accord ne concerne que 16 régions sur 21. Si l'on met à part la Corse, où l'élection des 14 et 21 mars n'est pas celle d'un Conseil régional, mais d'une Assemblée territoriale, dans cinq régions les militants du PCF ont choisi de se présenter dès le premier tour avec le PS.

Une autre exception notable est celle de la région Languedoc-Roussillon, où le PS ne présente pas de liste face à celle de Georges Frêche et où les élus sortants du PCF, dont l'ex-ministre « communiste » de Jospin Jean-Claude Gayssot, sont présents sur la liste de Frêche, tandis que d'autres représentants du PCF seront candidats sur une liste allant de membres du PCF refusant ce choix jusqu'au NPA.

En dépit de ces accrocs, qui ne sont pas négligeables et qui font que ce Front de gauche n'a pas réussi à se présenter uni à l'échelle nationale, les orateurs du meeting du Palais des congrès se sont félicités du tour de force que représente l'unité qu'ils ont réussi à réaliser, porteuse, affirment-ils, d'une dynamique nouvelle. Et tous insistaient sur leur volonté de rester solidement « ancrés à gauche ». Mélenchon le premier, répétant qu'il n'était absolument pas question de s'acoquiner avec le modem.

Cela ne l'a pas empêché de déclarer qu'il n'était pas question de laisser des régions à la droite, ce qui suppose une alliance quasi automatique avec le PS au second tour. Ces deux engagements, s'il les prenait au sérieux, sont contradictoires. Comment affirmer en effet qu'il ralliera sans condition le PS et qu'il ne se commettra jamais avec le Modem ou avec Europe écologie ? Comment prétendre cela, alors qu'aucun des dirigeants du PS ne s'interdit une telle alliance ? Pire, certains d'entre eux déclarent en être de chauds partisans, prêts à pactiser avec les amis de Bayrou ou de Cohn-Bendit, impatients de rompre une alliance avec une gauche qu'ils considèrent en perte de vitesse.

Quant à la politique que pourrait mener une coalition avec le PS dans des futurs Conseils régionaux, elle fut à peine évoquée lors de ce meeting. Marie-George Buffet a certes fait allusion à « des fonds régionaux » destinés à préserver les emplois, sans même mettre en avant des exigences de contrôle et de garantie sur le financement des entreprises aidées par ces fonds.

Il n'y a donc là rien qui rompe avec la pratique passée des Conseils régionaux dirigés par le PS, qui savaient fort bien trouver de l'argent pour aider à fonds perdus des entreprises, sans pour autant préserver les emplois. Rien donc qui puisse convaincre de l'ancrage à gauche de ce Front de gauche et de ses futurs élus dans les prochains Conseils régionaux.

Rien surtout qui puisse ouvrir des perspectives aux luttes que les travailleurs devront mener pour ne pas faire les frais d'une crise dans laquelle les capitalistes les ont entraînés, avec pertes et fracas.

Jean-Pierre VIAL

Note du Blog: Vial associe encore Piquet avec le NPA, sympa! Passons.
Autre chose qui ne manque pas de sel "le PCF a fait le choix dans cinq région de se présenter dès le premier tour avec le PS". Et c'est bien ce qu'a fait sans hésiter Lutte Ouvrière aux élections municipales, pour conserver ses élus. Ce choix sans principe, l'a amenée à une (petite) crise interne et surtout à voter des budgets de politiques "sociales libérales". L'avenir dira comment LO va gérer cette contradiction.
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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:55
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La CGT, la FSU et SUD appellent ensemble à une journée de grève dans toute la fonction publique le jeudi 21 janvier. La revendication principale est simple et bien connue, à la fois des fonctionnaires et des usagers des services publics : il faut mettre un terme à la suppression de postes dans la fonction publique.

La CGT a calculé que, compte tenu des 34 000 suppressions de postes programmées pour 2010, plus de 100 000 emplois auront disparu entre 2003 et 2012 dans la fonction publique. Cela se traduit par des classes surchargées, des services hospitaliers fermés, des infirmières épuisées, des routes enneigées, des guichets embouteillés, des routes défoncées, des trains arrêtés... bref, par une dégradation des conditions de vie de tous.

Depuis des années l'État a démantelé puis privatisé des secteurs entiers de la fonction publique, supprimant ainsi des dizaines de milliers d'emplois. Maintenant, il ne remplace plus un agent retraité sur deux et, ces jours-ci, se félicite d'avoir enfin réduit le nombre d'emplois dans les hôpitaux.

Ce n'est bien sûr pas une journée de grève et de manifestations qui contraindra le gouvernement à revenir sur sa politique de suppression de postes. Car si l'État fait des économies sur les services publics, c'est pour tenter d'équilibrer un budget mis à mal par les cadeaux de toute nature qu'il fait aux grandes entreprises.

Et inversement, pour trouver l'argent nécessaire au fonctionnement d'un service public digne de ce nom, il faudrait prendre sur les bénéfices des grandes entreprises et les fortunes privées. Imposer cela n'est pas une vue de l'esprit gratuite : les travailleurs en ont la force. Et c'est bien dans cette perspective qu'il est de l'intérêt de tous, travailleurs de la fonction publique comme usagers, de se mobiliser pour faire que cette journée du 21 janvier soit réussie et puisse avoir une suite.
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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:51
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La mort de Philippe Séguin a donné lieu à un festival d'éloges, pour expliquer que c'était un « vrai républicain », formulé par des gens qui se prétendaient aussi des « vrais républicains ».

Encore heureux que, parmi les hommes qui gouvernent le pays, personne n'ose se prétendre royaliste ou bonapartiste ! Mais qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui, républicain, dans un pays où toutes les décisions politiques sont prises en fonction des seuls intérêts d'une petite minorité de gros possédants ?

 Que signifient les prétendues valeurs de la république dont on nous rebat les oreilles ? Qu'est ce que la liberté, l'égalité et la fraternité, en dehors de trois mots vidés de leur sens, gravés sur tous les bâtiments publics ?

 Où est la liberté, pour ceux que la simple décision d'un conseil d'administration peut transformer en chômeurs, peut par voie de conséquence priver de leur maison, dont elle peut briser la famille, et tout cela dans le seul but de permettre aux actionnaires de continuer à encaisser des dividendes aussi plantureux malgré la crise ?

Où est l'égalité, quand l'État distribue des milliards aux grandes entreprises (et à leurs actionnaires) et déclare qu'il n'est pas possible d'augmenter le smic de plus de 0,5 % sur l'année ?

Où est la fraternité, quand des hommes meurent de froid sur des trottoirs gelés, parce qu'il y aurait en France, selon la fondation Abbé-Pierre, 100 000 sans-abri et 3,5 millions de très mal logés, alors que la presse annonce fièrement que, pour 20 000 à 40 000 euros la semaine, on peut désormais louer une suite dans un cinq-étoiles à Courchevel ?

En réalité, république, démocratie, liberté, égalité, fraternité ne sont dans notre société que des mots slogans, destinés à camoufler les vrais rapports sociaux, l'oppression et l'exploitation de la grande majorité de la population par une petite minorité de richards.

Parce que, tant qu'à évoquer les « valeurs de la république », pourquoi ne pas se référer à celles que défendaient les hommes de la Révolution française, qui ont fait vivre cette république ? Ils ne se posaient pas de problème métaphysique sur « l'identité nationale ».

Pour les révolutionnaires de 1793, tous ceux qui travaillaient en France devaient être considérés comme des citoyens français et jouir de tous les droits qui s'attachaient à cela, c'est-à-dire le droit d'élire et d'être élu.

Bien sûr, les possédants de l'époque ne voyaient pas d'un bon œil que tous les citoyens, les pauvres comme les riches, aient un même droit à la parole. Et quand la vague révolutionnaire est retombée, ils se sont empressés d'arracher ses conquêtes au peuple. Ils ont institué le suffrage censitaire, qui réservait le droit de vote à ceux qui payaient suffisamment d'impôts, c'est-à-dire aux riches. Ils ont remis des rois sur le trône.

Mais la grande masse des travailleurs, qui était restée attachée aux conquêtes de la révolution, souhaitait le retour à la république, mais pas à n'importe quelle république. Elle voulait la « sociale », la république sociale, celle qui ferait cesser l'oppression et l'exploitation dont étaient victimes les classes populaires.

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Il a fallu attendre plus d'un demi-siècle après la Révolution française pour voir réapparaître le suffrage universel. Mais un suffrage universel pipé, parce que les possédants ont appris à fabriquer des systèmes électoraux qui réservent pour l'essentiel l'accès aux assemblées élues aux représentants de la bourgeoisie.

 Oh, il n'y a plus de suffrage censitaire (en fonction des revenus Note du blog) mais, pour se présenter aux élections à égalité de chances, il faut disposer de moyens financiers considérables. Il n'y a plus de suffrage censitaire, mais des millions de travailleurs sont écartés du droit de vote parce qu'ils n'ont pas de carte d'identité française.

 Et quand un ministre de Sarkozy, l'expulseur Besson, pour se donner l'air « démocrate », murmure qu'il serait favorable au droit de vote pour les travailleurs immigrés, c'est pour ajouter que c'est seulement pour les élections locales, pas avant dix ans, et que cela poserait bien des problèmes.

Leur république n'est vraiment pas la nôtre. Et, pour construire la république des travailleurs, ce n'est pas sur le bulletin de vote qu'il faut compter.

Arlette LAGUILLER

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:47

Le PS a annoncé son intention de déposer un projet de loi en faveur du vote des immigrés aux élections locales. Il affirme ainsi vouloir démontrer ainsi l’hypocrisie de Sarkozy et Besson, qui se sont tous deux déclarés favorables à une telle mesure... d’ici quelques années.


Pourtant, en 1981, cette réforme figurait déjà au programme d’un certain Mitterrand. Mais ni lui ni aucun Premier ministre socialiste n’a jamais fait quoi que ce soit pour que cette promesse, qui ne serait que simple justice, devienne réalité.


Alors, depuis trente ans, il en va de cette mesure comme de bien d’autres : le PS n’y est favorable que quand il est dans l’opposition.

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:42
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La manifestation de Pointe-à-Pitre a réuni 20 000 manifestants, exprimant la colère de la population face au non-respect des engagements pris par l’État après la grève générale de 2009.

Depuis des mois, des articles, des reportages et des déclarations d’élus locaux stigmatisent le LKP, le collectif qui a dirigé la grève générale l’an dernier, comme responsable de la dégradation de la situation sociale et économique, une menace pour l’ordre public, en perte de vitesse et profondément divisé. Depuis des semaines, par pure intimidation, des camions entiers de gendarmes se déploient spectaculairement sur les routes et les axes stratégiques des villes. Ils attendent manifestement des incidents et tentent de créer un sentiment de peur et d’insécurité.

Malgré cela, une nouvelle fois, un cortège de 20 000 manifestants s’est déployé samedi 9 janvier dans les rues de Pointe-à-Pitre à l’appel du LKP. Cortège varié, combatif, parfaitement organisé qui réunissait les syndicats, les associations de locataires et de handicapés et les mouvements culturels et artistiques.

Il étaient déjà plus de 25 000, le 27 novembre, pour exiger l’application pleine et entière de l’ensemble des dispositions de l’Accord Bino et du protocole d’accord du 4 mars 2009, l’arrêt de la répression antisyndicale, la poursuite des négociations sur les autres points restant à examiner après le mouvement de 2009.

Le LKP appelait alors « l’ensemble des travailleurs et le peuple de Guadeloupe à rester mobilisés et à se préparer à descendre dans les rues à la moindre hausse des prix des carburants ». Hausse dont on connaît d’avance les principales conséquences : augmentation générale des prix et pression sur les salaires.

Et c’est bien ce qui s’est produit le 30 décembre, veille du réveillon, lorsque le gouvernement a décidé en catimini une augmentation de 4 centimes du prix du carburant. Cela fait 10 centimes de hausse, après celle de 6 centimes du 16 septembre contre laquelle le LKP a déposé un recours, car il semble que le Préfet n’ait légalement pas le droit de fixer par arrêté le prix des carburants.

Aucun des engagements de l’État prévus dans le protocole du 4 mars n’a été tenu : remboursement des sommes abusivement prélevées par la Sara (filiale de Total) dans un fonds pour la formation professionnelle des jeunes, mise en place d’une taxation sur le volume réel de carburants livré aux distributeurs (effet température), suppression des taxes abusives et notamment de la taxe « passage en dépôt », remboursement des 3 millions d’euros versés à la Sara par les collectivités en décembre 2008, mise en place d’un véritable service public d’approvisionnement et de distribution des carburants garantissant un produit de qualité au meilleur coût et le maintien des emplois dans le secteur des produits pétroliers, restructuration des services de répression des fraudes quant au contrôle des prix et aux sanctions des dérives constatées.

Au lieu de faire payer la Sara, l’État lui a au contraire versé, en juillet, 44 millions d’euros pour compenser « les pertes occasionnées par la baisse de l’essence » et lui a accordé un crédit de 50 millions supplémentaires. Une véritable provocation qui s’ajoute à l’ensemble des revendications non satisfaites, du fait du non-respect des accords signés par l’État, en tout premier lieu l’augmentation de salaire de 200 euros que 50 000 travailleurs devaient percevoir et dont 30 000 risquent d’être exclus.

Il est donc tout à fait légitimement que le LKP a appelé à la première manifestation de samedi 9 janvier, tout en déposant un préavis de grève à partir du même jour.

Cela signifie-t-il un appel à la grève générale à partir du 20 janvier, date anniversaire du déclenchement de la grève générale de 2009, comme Le Parisien en a attribué les propos au dirigeant du LKP, Élie Domota ? Non, Élie Domota et le LKP ont dénoncé cette manœuvre qui participe à une campagne visant à décrédibiliser et diviser le LKP.

Pour l’heure, le LKP appelle à renforcer la mobilisation, dans les quartiers, à la campagne et dans les entreprises, en vue d’une inéluctable reprise de la grève générale si le gouvernement ne tient pas compte de ces avertissements.

Alain Castan
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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:39
 Prendre en main la production pour sauver l'emploi !
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En réponse à la fermeture économique de leur entreprise, les salariés de Philips à Dreux (Eure-et-Loir) ont repris la production de téléviseurs, rappelant qu’une usine peut fonctionner sans patron.

Foutue météo, ce vendredi 8 janvier : la neige encombre toutes les routes départementales et l’usine Philips semble assoupie au milieu d’une plaine du Jura. Pourtant, dès qu’on entre au réfectoire, l’ambiance est plus chaude. Depuis le début de la semaine, les salariés du site ont repris la production de téléviseurs que la direction laissait s’éteindre dans l’attente de la finalisation du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) prévue pour fin janvier.


C’est au cours des assemblées qu’ils tiennent à 5 heures et à 9 heures du matin, lors des prises d’équipe, que les salariés ont décidé de poursuivre la production. Les téléviseurs produits sont stockés sous bonne garde. Par leur action, les salariés montrent qu’ils n’ont besoin de personne pour produire.
Mais, si la direction est d’abord restée discrète, dès lundi 12 janvier elle a convoqué des huissiers et mobilisé quelques « responsables » pour dire clairement que cette reprise d’activité était illégale.


Pourtant c’est plutôt la direction de Philips qui est dans l’illégalité : la direction départementale du travail a démontré sans peine que la fermeture du site n’a aucune justification économique autre que l’externalisation pour réduire les coûts de production par la diminution des salaires et la détérioration des conditions de travail.


Lors de la mise en place du PSE, la direction n’a pris en compte qu’une unité juridiquement fantôme pour justifier les difficultés économiques et n’a donc pas respecté le périmètre de consultation des institutions représentatives du personnel et a même « oublié » des salariés dans le décompte des postes à supprimer !


Mais il n’est pas sûr que ces patrons voyous acceptent de revoir leur copie si facilement. Si les travailleurs de Philips prouvent qu’ils sont capables de produire sans patrons, les patrons ne renonceront pas si facilement aux profits qu’ils espèrent toujours plus juteux grâce à la délocalisation.


Alors, qu’ils s’en aillent et que l’État mette en place un secteur électronique grand public capable de répondre aux besoins de la population. Gageons que, forts de leur expérience, les travailleurs de ce site sauront y défendre leurs salaires et leurs conditions de travail !


Mais pour atteindre cet objectif, nous devons œuvrer à la construction d’un rapport de forces bien plus favorable aux salariés de Dreux. La solidarité doit se construire localement, régionalement et nationalement par la rencontre et l’échange avec les salariés d’autres entreprises en lutte.


Organisations syndicales, politiques et associatives doivent répondre à l’appel au soutien de l’assemblée des travailleurs de Philips.
Dès jeudi 14 janvier, notre soutien et notre solidarité doivent prendre de l’ampleur, à partir du rassemblement organisé à la préfecture de Chartres (derrière le Conseil général), à 10 heures, pour crier bien fort que les richesses, c’est nous qui les produisons et que nous pouvons nous passer des patrons.


Camille Prunet

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:37
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Les élections régionales, le 14 et 21 mars, dans un contexte de crise majeure du capitalisme, seront l’occasion de rejeter la politique du gouvernement et d’affirmer la nécessité d’une politique d’urgence, en rupture avec le capitalisme.

En France, comme ailleurs, les prétendus plans de relance n’ont d’autre objectif que d’augmenter les profits des capitalistes. Gouvernement et patronat multiplient les attaques contre les salariés par des licenciements et la régression du pouvoir d’achat. Loin de répondre à la crise, ils l’aggravent en la faisant payer au monde du travail.


À cette crise économique s’ajoute la crise climatique d’une gravité exceptionnelle. C’est le capitalisme qui en est responsable, un système économique basé sur la recherche du profit, se moquant autant de la préservation de l’environnement que du travail et de la santé des hommes. On ne peut lutter contre le réchauffement climatique sans mettre en accusation le capitalisme qui pille les richesses naturelles sans souci de l’avenir. C’est ce que les chefs d’État n’ont bien sûr pas voulu faire au sommet de Copenhague.


L’urgence sociale et l’urgence climatique se rejoignent. Pour répondre à la pauvreté, aux inégalités croissantes, au défi écologique, il faut amorcer une véritable rupture avec le capitalisme.


Elle ne pourra se faire sans une large mobilisation de la population, dans un « tous ensemble » de luttes. Mais notre vote aux élections régionales doit servir à sanctionner ceux qui défendent depuis des décennies le capitalisme comme seul avenir possible.


Le bilan de Sarkozy, après deux ans et demi, est édifiant : bouclier fiscal pour les riches, privatisation de la poste, autonomie des universités, recul des libertés, du droit à la santé, du pouvoir d’achat, chasse aux sans-papiers, retour d’un climat nauséabond sous couvert d’identité nationale, etc.
Depuis 2004, 20 régions métropolitaines sur 22 sont gérées par le PS, allié au PCF et aux Verts. Elles devaient être des contre-pouvoirs à la droite en menant des politiques en faveur de la population. On n’en a pas vraiment vu la couleur.


Des subventions sont largement distribuées aux entreprises privées même si elles ont licencié ou fermé leurs sites. Sans sanction ni récupération de l’argent public. Les lycées privés sont parfois subventionnés au-delà des obligations légales. Les transports de proximité ne sont toujours pas gratuits et parfois privatisés. La gauche gestionnaire ne cherche pas à changer les structures inégalitaires de la société. En s’adaptant au capitalisme, elle finit par mener des politiques proches de la droite.


Si les conseils régionaux n’ont pas les pouvoirs de contrecarrer les politiques des multinationales et du gouvernement, ils pourraient néanmoins dès aujourd’hui être un cadre de lutte pour la défense des intérêts des classes populaires, un point d’appui pour des mobilisations.


Pour le NPA, ces élections sont l’occasion de permettre aux travailleurs et aux classes populaires de dire qu’ils en ont assez des politiques de la droite au gouvernement ou de la gauche libérale dans les régions. L’occasion de faire entendre le refus de payer la crise et de se donner des porte-parole faisant entendre leurs exigences, leurs droits.


Elles permettront au NPA de populariser un programme d’urgence pour les travailleurs face à la crise et à la faillite des politiques libérales. Tout en œuvrant à l’unité du monde du travail et de ses organisations dans les luttes pour changer le rapport de forces.


Sandra Demarcq

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:31
  • Depuis vingt ans, depuis que l'accompagnait cette maladie qui l'a finalement emporté, Daniel Bensaïd se battait de livre en livre, d'article en article, d'écrit en écrit. Tout début 2001, à l'orée d'une décennie qui allait nous faire entrevoir la barbarie latente de la mondialisation heureuse dont s'étaient bercées les années 1990, il publiait, chez Textuel, ses Théorèmes de la résistance à l'air du temps, sous l'intitulé Les Irréductibles.

  • Tout l'homme, cette façon de lier l'engagement politique et l'esthétique personnelle, la conviction et l'élégance, le fond et la forme,est résumé dans les derniers mots de ce précis de résistance: «L'indignation est un commencement. Une manière de se lever et de se mettre en route. On s'indigne, on s'insurge, et puis on voit. On s'indigne passionnément, avant même de trouver les raisons de cette passion. On pose les principes avant de connaître la règle à calculer les intérêts et les opportunités: “Puisses-tu être froid ou chaud, mais parce que tu es tiède, et ni froid ni chaud, je te vomirai de ma bouche”.»

  • L'ultime citation est extraite de l'Apocalypse de saint Jean... Preuve, s'il en était besoin, que la vie militante et l'œuvre intellectuelle de Daniel Bensaïd, ce marxiste, trotskyste et communiste révolutionnaire selon nos étiquetages et classements modernes, témoignent d'une histoire plus ancienne, plus longue et, sans doute, sans fin. La fidélité entêtée qui fut la sienne aux engagements radicaux – démocratiques, sociaux, internationaux, vitaux en somme – des années 1960 n'était en rien l'immobilité d'une jeunesse qui n'aurait pas su grandir et vieillir.

    S'il restera comme la figure sans pareille de ce que ces années-là ont eu de meilleur, de plus intègre et de plus absolu, c'est parce qu'il s'évertua à préserver non pas d'hypothétiques, aléatoires et provisoires solidarités générationnelles, mais la longue durée des révoltes et des indignations, des refus et des colères, des principes et des exigences – en un mot, de l'espérance.

    «Quand les lignes stratégiques se brouillent ou s'effacent, il faut en revenir à l'essentiel: ce qui rend inacceptable le monde tel qu'il va et interdit de se résigner à la force aveugle des choses.» Dans Une lente impatience (Stock, 2004), l'émouvante autobiographie qu'il se résolut à écrire sur l'insistance de Nicole Lapierre, il décrit ainsi le chemin exigeant qu'il emprunta à partir des années 1980, revisitant par exemple avec méticulosité l'actualité de l'œuvre de Karl Marx bien avant que la crise récente n'en convainque jusqu'aux capitalistes eux-mêmes: résister, préserver, sauver, maintenir...

    Par nos temps d'incertitude et de transition, d'ébranlement et de décentrement du monde, la trace inscrite par Daniel Bensaïd pour demain et après-demain fut celle du sens des héritages et de l'intelligibilité du réel. Comme ces amers qui guident les marins au milieu des tempêtes, il se voulut tranquillement inflexible quand, tout autour, les girouettes tourbillonnaient et les feux follets s'agitaient. Ne pas perdre le fil de la raison, ne pas égarer les repères, ne pas effacer la mémoire...

    Si, dans cette attitude, le style a sa part, en ce qu'il est façon de se tenir et de se vouloir, vie et œuvre imbriquées, ce n'était pas pour autant posture esthétique, comme s'empresseront de le penser, parfois en toute bonne foi, les tenants du moindre mal et des moindres mesures. «L'œil de la poésie voit parfois beaucoup plus loin que celui de la politique», écrivait-il en conclusion d'Une lente impatience, avant de citer l'ultime manifeste surréaliste d'André Breton, appel à secouer tous les carcansqui éternisent l'exploitation de l'homme par l'homme.

    Glissés en exergue de chapitres, deux vers de Paul Valéry soulignaient ce qui, ici, est en jeu: «C'est en quelque sorte l'avenir du passé qui est en question»; «Qu'est-ce qu'une théorie, si ce n'est préserver l'usage du possible». Autrement dit, sauver un passé plein d'à présentet préserver l'irruption des possibles.

  • Une leçon de vie pour toute la gauche
  • Telle fut la pédagogie de Daniel Bensaïd, inlassable passeur et généreux pédagogue, formidable orateur et lumineux écrivain, mordant polémiste et ironique débatteur. Il n'était pas difficile d'être sincèrement révolté et de devenir supposément révolutionnaire dans les années 1960 et 1970. Et, dans notre pays du moins, pour la plupart d'entre nous, ce ne fut pas alors grand risque ni grande épreuve.
  • C'est après que les difficultés commencèrent, quand arrivèrent ces années 1980 de vents contraires, celles où, lit-on dans Une lente impatience, «nous n'étions plus portés par le souffle de l'époque»: «Pour la première fois, notre génération gâtée, nourrie aux mythes progressistes de l'après-guerre, promise à voler de succès en victoire, devait apprendre à brosser l'histoire à rebrousse-poil. » Et Daniel Bensaïd de rappeler que ces temps d'adversité sont «la condition ordinaire» vécue par ceux qui veulent renverser les fatalités, tandis que nos jeunesses épanouies relevaient de l'exception privilégiée.

    Ce rappel insistant fut sa leçon de vie, et c'est pourquoi elle porte aujourd'hui bien au-delà de sa famille politique, la LCR hier, le NPA aujourd'hui, interpellant jusqu'à la gauche de gouvernement. Figure de Mai 68, membre du Mouvement du 22-Mars à l'université de Nanterre, fondateur de la Jeunesse communiste révolutionnaire, puis de la Ligue communiste, avec notamment Alain Krivine et Henri Weber, Daniel Bensaïd a inscrit son engagement dans une autre temporalité que l'immédiateté.

    Par conviction autant que par morale: avec cette certitude, chevillée à l'âme, que les arrangements avec le présent corrompent les idéaux de l'avenir. «Comment peuvent-ils abandonner si vite? s'interrogeait-il dans Mai si! (La Brèche, 1988), publié avec Alain Krivine pour les vingt ans des événements de 1968. Pourquoi ces hérétiques se sont-ils si facilement convertis? A croire que leur hérésie ne fut jamais qu'un snobisme.»

    Sa propre hérésie, loin d'une errance individuelle, était collective, par goût comme par conviction. Sans austérité ni sectarisme, sa fidélité militante exprimait son refus des itinéraires sans ancrage et sans exigence, qui prétendent ne rendre de comptes qu'à eux-mêmes. Profondément imprégné de l'espérance communiste originelle, de ses fraternités et de ses égalités, il n'envisageait pas l'engagement partisan comme un renoncement à soi, mais comme une découverte des autres. Entre éthique de vie et ascèse de pensée, il vivait cette fidélité-là, avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses médiocrités, ses complicités moqueuses et ses amitiés défaites, comme un incessant appel au réel, lui qui aurait pu aussi bien s'épanouir autrement, par l'écriture et la création tant ce philosophe était, profondément, littéraire.

    «Il m'arrive, confiait-il dans Une lente impatience, de me demander si la politique était vraiment mon genre, et si je ne me suis pas trompé de vocation. » S'il revendiquait «la passion de l'action» et «le goût de la controverse», il disait son «peu d'aptitudes pour le calcul des forces, les négociations patientes, le travail nécessaire des alliances» et, surtout, son absence totale d'appétit de pouvoir.

    Pour autant, ce n'était pas, chez lui, mépris pour la politique en son quotidien, ses savoir-faire et ses responsabilités – «La suspicion envers les logiques de pouvoir est salutaire, sans doute, ajoutait-il dans le même passage. Mais peut-on imaginer, jusqu'à nouvel ordre, une politique sans autorité, sans pouvoirs, sans organisations, sans partis. Ce serait une sorte de politique sans politique. »

    Mais cet aveu d'une incapacité, à l'aune de la politique telle qu'on l'entend ordinairement, portait au-delà de son cas personnel: en émettant ce doute, Daniel Bensaïd disait aussi ce que fut l'apport des générations militantes dont sa vie témoigne avec honneur et respect, éclipsant les inconstants et les infidèles.

    Elles n'ont peut-être pas fondé ni créé, ni dirigé un pays ni inventé un avenir, mais elles auront su passer le témoin, faire en sorte que l'indécente morgue des momentanés vainqueurs ne submerge pas d'oubli la mémoire des immortels vaincus, et, par-dessus tout, sauver cette promesse que l'histoire n'est jamais totalement écrite, qu'elle est aussi tissée de hasards et d'inattendus, de surgissements et de ruptures, de trouées improbables dans des ciels plombés.

  • De livre en livre, une inlassable production

    Qu'elle fut théorique ou didactique, son inlassable production intellectuelle s'est acharnée à tenir, consolider et défendre, cette position, promesse d'espérance. Taupe marxienne creusant les galeries de l'imprévu et de l'inconnu (on lui doit un réjouissant Essai de taupologie générale illustré par Wiaz – Résistances, Fayard, 2001), il n'a cessé de théoriser le refus des fatalités et des immobilités, des dominations inébranlables et des soumissions inévitables.

    Ce furent des sommes philosophiques, prolongement de ses enseignements de professeur à l'Université Paris VIII: de Marx l'intempestif (1995) et Le Pari mélancolique (1997), parus chez Fayard, au récent Eloge de la politique profane (Albin Michel, 2008). Ce fut, sous l'aiguillon de la crise, une cascade d'essais réinventant les lectures de Marx en le libérant des caricatures pour retrouver la vitalité de l'œuvre: en l'espace d'une petite année, sont ainsi parus une large introduction aux écrits politiques de Marx et d'Engels sur la Commune de Paris (Inventer l'inconnu, La fabrique, 2008), un pédagogique Marx mode d'emploi accompagné de dessins de Charb (Zones, 2009) et une longue introduction fort actuelle à un texte inédit de l'auteur du Capital (Les Crises du capitalisme, Demopolis, 2009).

    Impossible d'embrasser ici toute la richesse éditoriale des dernières années de Daniel Bensaïd, tant elle dépasse l'humaine mesure. Ouvert à tous les genres, disponible pour toutes les sollicitations, s'amusant même à raconter le capitalisme comme un roman policier, il ne cherchait pas à faire œuvre comme l'on accumulerait des honneurs: il vivait, tout simplement, par l'écriture. Aux livres qui viennent d'être cités, il faudrait ajouter, parus durant la même courte période, Prenons parti, Pour un socialisme du XXIe siècle, écrit avec Olivier Besancenot (Mille et une nuits, 2009), Un nouveau théologien, B.-H. Lévy, puis 1968, fins et suites (avec Alain Krivine) et enfin Penser Agir, tous trois publiés chez Lignes en 2008.

    Mais c'est encore compter sans ses nombreuses contributions à la revue qu'il avait fondée en 2001, Contretemps (d'abord chez Textuel, puis chez Syllepse), activité collective prolongeant celle des discrètes sociétés de pensée qu'il animait, entre cercle amical et club théorique: d'abord le Sprat (Société pour la résistance à l'air du temps), puis la plus récente Société Louise Michel à laquelle il avait donné rendez-vous pour un colloque international, les 22 et 23 janvier, intitulé Puissances du communisme. Ce sera son seul rendez-vous manqué.

    Depuis des années, Daniel Bensaïd vivait ainsi, méthodique et ponctuel : de livre en livre, d'idée en idée, de rencontre en rencontre. Sans plan pré-établi, avec juste une farouche envie de survivre. Sans jamais la nommer – ce fut son choix – mais sans jamais en faire mystère, il évoque dans Une lente impatience sa longue maladie et ce qu'elle a changé de sa vie: «Se savoir mortel est une chose. Une autre d'en faire l'expérience et d'y croire pour de bon. Les proportions et les perspectives temporelles s'en trouvent modifiées. Les spéculations sur le lointain deviennent futiles. Le présent revêt au contraire de nouveaux reliefs. Il atteint à une sorte de plénitude. On cherche à vivre dans l'instant, selon l'inspiration et l'envie. » Impossible évidemment de dissocier sa vie et son œuvre de ce mal qui l'atteignit en 1990, alors même que se clôturait ce court XXe siècle qui fut aussi celui du communisme.

  • L'ombre de la maladie, la force de l'amitié

    «Le début des années quatre-vingt-dix fut proprement crépusculaire», écrit-il encore dans Une lente impatience. Quelle fut la part de l'époque et de l'intime dans ce sentiment? Sans la maladie, l'éclaireur du futur qui, en 1989, suggérait de «tout reprendre et tout revoir, tout rediscuter et tout redisputer, tout remettre en jeu, le passé et l'avenir» (Moi, la révolution, Remembrances d'un bicentenaire indigne, Gallimard), ce Bensaïd curieux, inventif et audacieux, aurait-il accompagné avec plus de constance la sentinelle du passé qui veillait à garder le passage de l'espérance?

    Aurait-il, quoi qu'il en dise, continué d'insuffler sa vitalité joyeuse à la politique concrète, comme il l'avait fait durant les vingt années précédentes, en activiste de l'internationalisme, notamment en Amérique latine? Nul ne le sait, tant les vies ne se lisent pas à rebours. Et sans doute Daniel Bensaïd opposerait-il à cette indiscrète interrogation sa verve moqueuse, portée par son accent toulousain.

    Trois livres charnières ont accompagné ce tournant d'une vie qui fit écho à celui du monde: Moi, la révolutionWalter Benjamin, sentinelle messianique (1990), Jeanne, de guerre lasse (1991) – Jeanne d'Arc qu'il n'entendait pas laisser à Le Pen. Je fus l'éditeur du premier et du troisième, dans la collection «Au vif du sujet» chez Gallimard, et le passeur auprès de Plon du deuxième. (1989),

    Dans une inspiration où le judaïsme, comme remémoration du passé, a sa part, cette trilogie revenait à l'idéal communiste, alors même que son imposture totalitaire s'effondrait, par, écrira ensuite Daniel Bensaïd, «le chemin buissonnier des hérésies, le détour de la rationalité messianique et le sentier escarpé d'une logique de l'événement». C'est à la même époque que, publiant avec La Part d'ombre (Stock, 1992) un essai critique sur la présidence de François Mitterrand, je le lui ai publiquement dédié, en ces termes: «A Daniel, l'éclaireur». Il suffit de lire la fin de ce livre pour comprendre le sens de cette dédicace: sa haute figure, intègre et raide, sauvait de la débâcle «cette génération confuse qui crut s'offrir un monde autour de Mai 68 et dut, en vieillissant, se contenter de provinces et de fiefs, de places et de situations, d'envies et d'ambitions».

    Cette fidélité n'a pas empêché les désaccords, voire, un temps, la discorde. Le journalisme, cet engagement que j'avais finalement choisi, m'éloignant des disciplines partisanes, en fut la cause tant Daniel Bensaïd ne portait pas en haute estime notre métier, bien que faisant toujours bon accueil à ses professionnels. Il soulignait, et il n'avait pas forcément tort, son inconstance, sa légèreté, son irresponsabilité, sa marchandisation, sa superficialité, sa suffisance, etc.

    Mais la querelle, dont il rend compte au chapitre 13 d'Une lente impatience, allait alors au-delà, portant sur la question de la démocratie et de l'événement, des urgences du présent et du rôle des avant-gardes... C'était, pour moi, l'époque du Monde avec ses illusions, et sans doute ce malentendu a-t-il créé un effet de brouillage. Depuis, le temps a fait son œuvre, les épreuves ont fait preuve et nous nous sommes patiemment retrouvés, sans avoir besoin d'en dire plus. La dernière fois que j'ai vu Daniel, c'était en août 2009, à l'université du NPA où il m'avait fraternellement invité à débattre du journalisme et de la presse, après avoir lui-même soutenu avec brio notre «Appel de la Colline» face aux Etats généraux présidentiels.

    Sa voix, dans Une lente impatience: «On prétend souvent qu'il faut vivre avec son temps. Ce temps se meurt. Faudrait-il aussi pourrir et disparaître avec lui?» Si, mort, Daniel Bensaïd reste pour nombre d'entre nous vivant, c'est parce qu'il s'est refusé à cette commodité et qu'il a vécu résolument contre l'époque. Il n'en a pas moins pleinement embrassé sa vie, avec gourmandise et jouissance, dignité et simplicité.

    «De la mort elle-même,écrivait-il encore, au demeurant, il n'y a pas grand chose à dire, si ce n'est qu'avec elle on ne se réconciliera jamais. Sa place est dans le bric-à-brac métaphysique, aux côtés de l'infini et de l'éternité. » Cette mort qui traverse, dans des pages bouleversantes, Jeanne, de guerre lasse, cet hommage féministe à l'indocile pucelle, écrit en 1990 sous le choc de l'annonce de la maladie. «Les comètes qui traversent le ciel de l'Histoire sont pressées, y lit-on. Jésus, Saint-Just, Guevara... Comme si leur énergie se consumait plus vite. Comme si elles devaient tout donner en une saison. On ne saurait les concevoir tièdes et rassasiées. Tu n'étais pas faite pour durer.»

    Mort à un âge bien plus avancé que ces comètes-là, Daniel Bensaïd n'en a pas moins eu une vie trop courte. Mais nous savons bien qu'il durera. Parce qu'il fut, lui aussi et jusqu'au bout, la jeunesse même. La jeunesse du monde. Notre jeunesse.

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 10:20
Lien vers Toussaint Louverture dans Wikipédia.
Communiqué du NPA.

 Haïti vient d'être dévasté par un terrible tremblement de terre, en pleine journée, qui a jeté bas maisons, immeubles, hôpitaux, églises, bâtiments officiels, le palais présidentiel, sans oublier la destruction de la totalité des moyens de communication.


Dans un pays, déjà puni pour avoir, le premier, rejeté l'esclavage et avoir construit la première république noire, dans un pays miné par le sous-développement, la dictature, la corruption, dont l'histoire est jalonné de coups d'état, d'interventions militaires extérieures, qui a connu la terreur des tontons macoutes et autres milices para-militaires, où l'avenir n'existe pas pour la quasi totalité de la population, ce séisme est une catastrophe de plus qui frappe durement une population déjà démunie.


A l'heure où les morts, les blessés, les disparus vont se compter par milliers, où la recherche, des éventuels survivants est rendue aléatoire par le manque cruel de moyens, le NPA tient à exprimer la grande émotion qu'il éprouve devant ce énième « coup du sort » et le témoignage de sa profonde solidarité avec le peuple d'Haïti.


Les états et les gouvernements qui ont financé à coup de milliards de dollars et d'euros les banques et les patrons, doivent débloquer, en urgence, tous les moyens matériels et humains pour venir en aide à la population haïtienne.

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 09:36

mercredi 13 janvier 2010 (14h07)



"Oui le socialisme reste à inventer pour désenchaîner la vieille espérance ouvrière. C’est là mon vœu, au bord du dernier rivage, au terme du voyage où il me faut tourner les yeux vers le cortège du passé, la multitude de ceux que j’ai aimés parce qu’ils allaient leur chemin en tâtonnant, souvent dans le doute, mais sans jamais désespérer" Charles Tillon


Résumé chronologique


1897 : Naissance à Rennes

1914 : Ajusteur à l’Arsenal

1916 : Matelot mécanicien à bord du croiseur « Le Guichen »

1919 : Meneur d’une mutinerie il est condamné à cinq ans de bagne (Vendée puis Maroc)

1921 : Ajusteur dans un atelier - Il adhère au Parti Communiste

1924 : Permanent CGTU. Grève des pêcheurs et des sardinières « Penn Sardin » à Douarnenez - Élu au Conseil Municipal

1924-35 : Condamné à plusieurs peines de prison (grèves, outrages à commissaires)

1931 : Élu au bureau confédéral de la CGTU

1932 : Élu au Comité Central du PC et suppléant au Bureau Politique

1936 : Élu député d’Aubervilliers

1939 : En mission politico-humanitaire à Alicante pour tenter de rapatrier les derniers combattants républicains

1940 : 17 juin - Rédige un Tract d’Appel à la Résistance au fascisme hitlérien

1941 : Il crée le journal France D’abord (première édition en septembre). Constitution du Comité Militaire National (CMN) point de départ à la naissance des Francs Tireurs et Partisans (FTP)

1942 : Installation du CMN à Palaiseau et Limours.

1944 : 10 août - Le CMN des FTP lance un appel au soulèvement de Paris

1944-47 : Dès la Libération il est nommé successivement, Ministre de l’air, de l’armement et de la reconstruction - Parallèlement il est réélu Député d’Aubervilliers et élu Maire d’Aubervilliers

1947-52 : Création de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR) - Fondation du « Mouvement de la Paix »

1952-53 : Début du procès Marty-Tillon au PC : tous deux scandaleusement remis à la base

1953-68 : Reconstruit dans les Alpes : sa maison, sa famille - Écrit plusieurs livres

1968 : Les Printemps de Paris et de Prague l’obligent à retourner au combat avec d’importantes personnalités :

* Signature du « Manifeste contre la normalisation en Tchécoslovaquie » * Création d’un nouveau « Secours Rouge »

1970 : Le 3 juillet il signe avec Garaudy, Pronteau et Kriegel-Valrimont un Manifeste : « Il n’est plus possible de se taire » et est exclu du Parti communiste

1975 : Il se retire à la « Bouaxière » en Bretagne

1993 : Décès

 

Note du blogueur: J'ai baigné dans cette histoire: mon grand père, marin sur le cuirassé "Bretagne" a suivi la révolte des marins dirigée par Marty et Tillon. Il a lui aussi adhéré à la CGTU et au PCF vers 1922 ou 1924. Et Marty et Tillon étaient ses dieux. Puis il a été syndicaliste CGT (de Douarnenez à Concarneau) et élu PCF.


Il faut lire le livre de Tillon "On chantait rouge" pour revivre Douarnenez  années 1920 et tout le reste.

 

Replaçons un peu leurs destins dans le contexte d'après guerre: les directions des partis staliniens de toute l'Europe, Ouest et Est, décidèrent de liquider la "vieille garde" qui s'était illustrée dans la Résistance et avant dans la guerre d'Espagne. De véritable héros se virent reprocher dans toute l'Europe d'être des agents US voire des "sionistes". L'URSS avait aidé Israël (livraisons  d'armes tchèques), mais beaucoup de héros étaient juifs. Il y eu des exécutions, et même en France Guingouin chef du maquis du Limousin y échappa de peu. Il fallait laisser la place à des médiocres bureaucrates devant leur place à Moscou.  Thorez avait glorieusement déserté pour se réfugier en Urss (quel pied pour De Gaulle d'avoir un secrétaire général du PCF qu'on aurait pu juger pour trahison! Merci Staline de le protéger) et Marchais aurait été volontairement travailler pour Messerschmidt. Il se défendait en disant qu'il n'avait fait que du "Marché Noir". Et il était chef du "Parti des fusillés". A côté Marty et Tillon faisaient tache!


La vérité historique impose de dire que Marty avait sa "casserolle" , il aurait été le "boucher d'Albacete" pendant la guerre civile ( accusation de massacres d'anars qui ne tient pas selon Philippe Robrieux). A la fin de sa vie, il n'a été soutenu que par les trotskistes, les seuls à ses obsèques.

Tillon, lui était ministre de l'air lors des massacres de Sétif en Algérie, qui ont fait des milliers de morts en représailles à l'assassinat d'européens par des algériens révoltés, qui venaient de "verser leur sang pour la France" et attendaient la liberté. L'Humanité soutenait l'armée et les colons (certains membres du PCA ont fait partie des représailles).

Tillon a fini sa vie membre du Parti Socialiste.

 

PS: Penn Sardin, tête de sardine, donne pennoù sardin au pluriel.

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