
USTKE 07/01/2010

L’année qui s’achève a été exceptionnelle et restera gravée dans l’histoire de notre organisation syndicale.
Riche en événements sociaux avec notamment les grèves de Carsud, TDF et Aircal pour ne citer que celles là, elle le fut également sur le plan politique avec
l’arrivée dans les institutions municipales et provinciales des élus du Parti Travailliste.
Les arrestations suivies des incarcérations de nos camarades dont beaucoup sont encore privés de liberté et parmi eux le président de l’ustke, ont clôturé une année où notre organisation syndicale a été soumise à rude épreuve.
Une expérience unique dans l’histoire de notre Pays avec la criminalisation sans réserve d’un syndicalisme de terrain, engagé, qui dérange.
Une volonté d’humilier l’USTKE par le pouvoir colonial avec la complicité de la classe politique locale qui dans sa grande majorité est devenue le relais des
intérêts des multinationales qui sont légions sur notre sol depuis les derniers accords politiques.
Cette offense à l’endroit des responsables de notre organisation est une dédicace que nous lançons à la mouvance indépendantiste pour rappeler l’urgence de
clarifier les orientations des uns et des autres par rapport au projet politique que le seul nom de Kanaky ne peut plus résumer.
L’implication de plusieurs responsables indépendantistes met à jour des divergences profondes entre la société à laquelle nous aspirons et celle de ceux qui forts
d’une connivence sournoise ont exigé l’arrestation des syndicalistes de l’USTKE.
Cette complicité sans réserve de la majeure partie de la classe politique indépendantiste à la répression orchestrée par l’Etat colonial contre l’ustke est une des
révélations de l’année 2009 qui s’est achevée.
De la même façon, la montée lors des dernières élections municipales et provinciales du Parti Travailliste créé à l’initiative de l’USTKE est la réponse de
militants qui ne se reconnaissent plus dans les orientations illisibles prônées par les responsables de la mouvance indépendantiste.
L’arrivée de quatre représentants du Parti Travailliste au Boulevard Vauban (siège du Congrès de la Nouvelle Calédonie), trois élus à la Province Nord et quatre
élus à la Province des Iles, après seulement deux années d’existence est l’autre révélation politique de l’année 2009.
Ajouté à cela, les péripéties rencontrées en 2009 et notamment l’incarcération de nos camarades a mis en évidence une situation insupportable qui est celle des
conditions de détention au Camp Est, héritage du bagne calédonien.
Si par le passé notre organisation était déjà intervenue à plusieurs reprises par le biais de ses représentants syndicaux pour dénoncer cet état de fait, la
situation depuis, loin de s’être améliorée, n’a pas cessé d’empirer. C’est la dernière leçon de l’année qui s’est achevée.
La présence de nos camarades en tant que détenus a permis de dresser un état alarmant du Centre Pénitentiaire où l’insalubrité se conjugue avec surpopulation. Une
situation que vivent nos camarades avec plus de 420 détenus dans une prison censée en accueillir 192.
Une population carcérale composée à plus de 95% de kanaks et qui l’année passée a totalisé plus de 16 évasions. Un record inégalé sur l’ensemble du territoire
Français. La véritable image de la France coloniale dans le pacifique.
Au moment où débute cette nouvelle année il nous faut continuer à nous battre pour la libération dans les meilleurs délais de nos camarades dont chaque jour passé
en prison constitue une atteinte à la libre expression du droit syndical, au droit de grève et au final à la prétendue démocratie tant exhibée par la patrie des droits de l’homme.
Il nous faut nous mobiliser à nouveau pour dénoncer et œuvrer pour un changement radical des conditions de détentions.
En réponse à une tournée récente en France du collectif pour la défense des droits et des libertés et pour la libération des syndicalistes, une délégation de sept
parlementaires (sénateurs et députés européens) et élus de la République est présente en Kanaky depuis le 5 janvier dernier jusqu’au 16 janvier prochain pour se faire sa propre opinion sur les
conditions de détention au Camp Est et apporter son soutien aux syndicalistes de l’USTKE.
Durant leur séjour, il est demandé à l’ensemble des structures de l’organisation, fédérations, unions provinciales et communales de l’USTKE de rester mobilisées
dans le cadre d’un programme diffusé par le bureau confédéral et consultable auprès de leurs responsables.
La solidarité de toute l’organisation est nécessaire dans ce contexte particulier et c’est ensemble que nous saurons apporter la réponse adéquate à toute cette
répression.
Le Bureau Confédéral