16 décembre 2009 - Le Télégramme
De jaune vêtus, «pour être vus», casseroles à la main, «pour être entendus», ils étaient une bonne centaine d'élèves enseignants,
hier, à Brest (29), à manifester contre le projet de réforme de la formation des maîtres, aussi appelée «mastérisation».
Que préconise la réforme, tant décriée sur le terrain et voulue, conjointement, par Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, et Valérie Pécresse, son alter
ego à la Recherche et à l'Enseignement supérieur ? Elle consisterait à élever le niveau des enseignants en les recrutant à bac + 5 (master 2) contre bac + 3 aujourd'hui, et à confier la
formation aux universités, plus aux IUFM.
Pas de formation pédagogique
Cette «mastérisation» constituerait «une chance pour les enseignants et les élèves», selon le gouvernement. «Faux», a rétorqué Sud-Éducation, représenté, hier, au sein du cortège des manifestants
brestois. «Il s'agit de supprimer l'année de stage de formation professionnelle effectuée en alternance entre établissement et IUFM, et de la transformer en cinquième année d'études supérieures.
Ce projet est strictement le même que celui qui avait été présenté par Xavier Darcos». Aujourd'hui, la formation des professeurs des écoles prévoit 14 semaines de stage en classe.
Stages en classe seulement «conseillés»
«Une formation complète, avec des savoirs théoriques, de la pédagogie et une polyvalence dans l'apprentissage des matières (dix, sur neuf niveaux de classe). Cette réforme prévoit un dégraissage
du volume des stages en classe à hauteur de 65 %. Stages qui ne seront plus obligatoires, pour le gouvernement. Seulement conseillés. La formation, elle, serait centrée sur les savoirs
théoriques.
Nolwen, 22 ans, et Mélanie, 23 ans, tambourin à la main, toutes deux élèves en PE1, à l'IUFM, ont bruyamment dénoncé le principe de la réforme. «On nous propose une
formation théorique sur une seule, voire deux disciplines. La partie pédagogique est supprimée. Comment gérer les difficultés que peuvent rencontrer les élèves si nous ne sommes pas formés pour ?
Ça fait peur.
Et le master s'annonce très difficile à obtenir. Faudra-t-il poursuivre dans la voie dans laquelle nous aurons obtenu notre licence ? En psycho, pour Nolwenn par
exemple ? Ou devra-t-on piocher dans les UE (unités d'enseignement) des autres enseignements, comme les maths et le français, principalement ? Nous ne serions plus polyvalents. Bivalents, au
mieux. Le master n'est pas encore très clair...». Il faudra aussi avoir les moyens de payer cinq ans d'études au lieu de trois.
C'est tout ça, et plus encore, que le cortège, fort d'une centaine d'unités à l'initiale, grossi de quelques enseignants solidaires, à l'heure du déjeuner, a
claironné devant les locaux de l'inspection d'académie. Puis, sous les fenêtres de la fac Segalen, où ils ont invité les étudiants à les rejoindre "sans succès, car en partiels", place de la
Liberté et jusque devant les grilles de la sous-préfecture. Symboliquement, les futurs professeurs des écoles y ont déposé un bonhomme, mal fagoté, appelé Luc...
Quimper (29). 150 manifestants contre la réforme de l'IUFM
15 décembre 2009 à 12h54 - Le Télégramme
150 personnes ont manifesté à midi à Quimper contre la réforme de la formation des enseignants et la masterisation. Le mouvement
de grève nationale a été fortement suivi à l'IUFM de Quimper avec un taux de participation de l'ordre de 90%.
Lors de la manifestation devant la préfecture, les participants se sont livrés au procès de "Sieur Den Masteric". Promenée sur une charette, la statue en carton a
été bannie de la ville.
Vannes (56). 150 futurs enseignants défendent leur formation
15 décembre 2009 à 15h50 - Le Télégramme
Les étudiants et les stagiaires qui se préparent au métier d'enseignant étaient environ 150 ce midi à filtrer la circulation en
face de l'IUFM pour protester contre le nouveau cursus qu'on leur annonce. "On va demander à des gens de faire un métier qu'ils n'ont pas appris", indique Myriam Homman, représentante des
enseignants stagiaires.
Elle explique qu'actuellement, en tant que stagiaire, elle est une fois par semaine dans une classe de cycle 2 (57 jours) et que, par
ailleurs, elle va faire trois semaines de stage dans les deux autres cycles, de manière à découvrir l'ensemble des cycles avant d'être titularisée. Or dans le futur cursus, il n'est prévu qu'un
seul stage de 3 ou 4 semaines et il sera facultatif. "Il sera, en plus, à faire l'année où l'étudiant aura à valider son master 2 et à préparer son admission dans l'Education nationale", souligne
la stagiaire.
Le site vannetais menacé
"Nous ne sommes pas contre la masterisation, mais il faut qu'il y ait une professionnalisation. C'est très important pour les élèves : on n'imagine pas aller chez un médecin qui n'a jamais vu un
malade ou monter dans un avion avec un pilote qui n'a jamais décollé", explique Benoît Momboisse, directeur du site de Vannes de l'IUFM de Bretagne.
Localement, les changements dans la formation des enseignants posent aussi la question de l'avenir de l'IUFM à Vannes. Le personnel et les formateurs s'inquiètent
car les étudiants sont amenés à suivre leur cours à l'université et non plus dans des locaux dédiés.
Les étudiants professeurs veulent des stages(OF)
mercredi 16 décembre 2009
« Enseignant, ça s'apprend ! », scandent les étudiants professeurs devant l'Inspection académique ou à la
sous-préfecture.
« Enseignant, ça s'apprend ! » Hier, ils étaient 140 à manifester contre la réforme, dont une centaine d'étudiants de l'IUFM.
« 65 % de stage en moins »
Moins de formation sur le terrain, de pédagogie... C'est ce que craignent les étudiants de l'IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) avec la réforme
du ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel. Hier, ils étaient 140 manifestants à Brest, 150 à Quimper. « On a 14 semaines de stage en classe par an. Ils seront diminués de
65 % et seront facultatifs, dénoncent Marine, 21 ans, licenciée en droit, et Manon, 21 ans, licenciée en histoire, qui veulent devenir professeures des écoles. L'expérience
professionnelle est la base. »
Directement devant élèves
L'an prochain, sur les 16 000 suppressions de postes dans l'Éducation, 14 000 concernent des enseignants stagiaires. « D'habitude, quand on
réussit le concours, nous sommes affectés en IUFM comme enseignants stagiaires. Durant un an, on alterne entre les cours qu'on fait dans une classe, huit heures par semaine, et la théorie,
expliquent Elodie, 25 ans, et Karine, 22 ans, licenciées en anglais. Mais, si on réussit le concours en mars prochain, on va se retrouver directement en classe en septembre ! Sans
formation ! »
Une réforme encore floue
La formation des futurs enseignants sera confiée aux universités et non plus aux IUFM (qui s'interrogent sur leur pérennité). Les étudiants devront avoir un bac +5
pour passer les concours. Mais suivront-ils un master « d'anglais » ou « professeur d'anglais » ? « On ne sait toujours pas si les masters seront
spécifiques à l'enseignement ou pas,La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, devrait le préciser le 21 décembre. » Indique Claire Doquet-Lacoste, directrice de l'IUFM de Brest.
Grogne dans les IUFM : 150 étudiants dans la rue(Quimper)
mercredi 16 décembre 2009
C'est une manifestation de qualité, pour réclamer un enseignement de qualité qui s'est déroulée
hier à midi, emmenée par les étudiants de l'IUFM qui refusent « la masterisation »
Ce sont environ 150 personnes, étudiants, formateurs, parents d'élèves et même enfants qui ont participé à la manifestation
« anti-master » des étudiants de l'IUFM, de la rue de Rosmadec.
« Comment ne pas voir que cette masterisation va créer un vivier de reçus au master, collés au concours, vivier dans lequel le ministère puiserait ensuite à volonté pour mettre
devant les élèves des contractuels sans statut ».
Pire encore : la formation professionnelle des étudiants au métier d'enseignant serait réduite à la portion congrue. De quoi amener les étudiants de l'IUFM à s'interroger sur
leur avenir et la qualité de l'enseignement pour les générations futures.
C'est ce qu'ils ont tenté d'expliquer hier à la population quimpéroise, lors d'une manifestation bon enfant, mais résolue, durant laquelle ils ont promené dans toute la ville l'effigie de
« Den Masteric », l'homologue diaboliquement pédagogique, du Den Paolig douarneniste qui est livré aux flammes purificatrices après le déchaînement des Gras.
Un produit faisandé
Pas de déchaînement dans cette manifestation quimpéroise, pas de flammes purificatrices non plus, mais une condamnation prononcée en tête de cortège lors d'un
long arrêt devant la préfecture, de ce Den Masteric « qui s'est compromis en de basses manoeuvres en usant de faux témoignages et de publicité mensongère pour avoir tenté de vendre
comme remède miracle à l'asphyxie rampante de la mission éducative de l'Etat, un produit faisandé et présenté sous le nom générique de « masterisation »
Une réforme bidon
Avant leur arrivée devant la préfecture, de nombreux slogans avaient été scandés au rythme des sourdes résonances de jerricans frappés en cadence et accompagnés
de sifflets et de tambourins « non à la réforme bidon, IUFM en danger, Chatel tu mets l'école à la poubelle ».
Histoire de montrer que jusqu'à présent ces étudiants de l'IUFM étaient formés au chant choral, ces 150 manifestants ont aussi chanté devant la préfecture une
variante de la chanson d'Hugues Auffay : « Adieu Messieurs les professeurs/formés vous n'serez plus jamais/juste un p'tit stage de 108 heures pour apprendre à tenir la
craie ». Ils ont ensuite été reçus en délégation à la préfecture
Cette manifestation quimpéroise, chaleureuse et pleine d'humour a été reprise un peu partout en France, dont à Brest où 140 manifestants se sont également
retrouvés place de la Liberté, avec le soutien massif de tous les syndicats (18 en tout).