
De passage à Dakar au Sénégal, lundi 6 décembre, Eric Besson, ministre de l'Immigration, a tenu une conférence de presse devant des anciens combattants. Il a rendu hommage aux tirailleurs sénégalais, dont il a loué le combat pour la libération de la France. À leur sujet, il a déclaré « inacceptable » (c'est bien le moins !) le massacre qui avait eu lieu au camp de Thiaroye en décembre 1944.
À l'époque, au moins trente des mille soldats africains entassés dans ce camp avaient été tués par l'armée française, parce qu'ils s'étaient révoltés afin d' obtenir leur prime de démobilisation.
Le second temps fort de la visite de Besson au Sénégal a été la remise, « pour aider à la pratique du sport », d'un chèque de 131 millions de francs CFA, soit 200 000 euros...
En effet Besson est aussi ministre du Développement solidaire. Il est vrai qu'avec des budgets aussi dérisoires, on ne risque pas de s'en rappeler.
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Par ailleurs Bresson reconnaît l'existence de "contrôles d'identité au faciès", attention Eric!

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Encore par ailleurs, voici ce que disent les Indivisibles" dans un blog de Libération:
Le 6 décembre, le site du
Point titrait sans rire: «Diversité: Miss France 2010 sacre une métisse kabyle». Pourquoi diable Malika Ménard serait-elle une métisse kabyle? Un prénom arabe, un nom de famille
français… Mais comme il s’agit de Miss France, le mythe colonial des kabyles –plus intégrables car plus proches des Européens– n'est probablement pas loin !
Pourtant, l’article propose une autre «origine»: «Avant de mourir, je rêverais de voir une Beurette devenir Miss France», confiait Geneviève de Fontenay,
la mère du concours Miss France, quelques jours avant l'élection. Et d’expliquer: «Le concours Miss France a, en effet, tendance à rebuter les jeunes Françaises d'origine maghrébine en
raison du défilé en maillot de bain», expliquait Geneviève de Fontenay, impuissante à lutter contre les préjugés religieux. Nous voilà rassurés sur la «diversité»: Malika Ménard serait
donc une «Beurette» affranchie des préjugés de l’Islam?
Le lendemain, au Grand journal de Canal Plus, c’est peut-être en s’autorisant de sa propre origine,
marocaine, que le journaliste Ali Baddou n’hésite pas à poser directement la question à celle-ci: «Et comment est-ce que vous prenez le fait d'être un symbole, parce que Madame de Fontenay
vous a présentée comme ça: première Miss Beur, je ne sais pas ce que ça veut dire, mais en tout cas elle était fière...?». Et la nouvelle Miss France de répondre: «Je suis
française, moi, hein. Je n’ai aucune origine. C'est juste... mes parents ont trouvé ce prénom joli, avec une jolie signification.» En effet, Malika veut dire «Reine» en
arabe.
Le Point corrige donc: «En dépit d'un prénom arabe, Malika Ménard est 100 % française, contrairement aux premières informations qui nous sont parvenues.» En dépit? Il n’est donc pas évident qu’on puisse être pleinement français et porter un prénom arabe? En revanche, on n’irait pas qualifier de métis italien l’auteur de l’article, Emmanuel Beretta, malgré son nom. Future journaliste elle-même, Malika Ménard l’a bien compris: «Personne ne m'interrogerait sur mon prénom si comme des milliers de jeunes Françaises nées à la même époque que moi, je portais un prénom américain à la "Megan", "Kelly", ou "Brooke", largement relayés en France par des séries télévisées. »
D’ailleurs, certains s'échinent encore à tenter de démasquer les origines maghrébines de Miss France. Nous avons ainsi pu lire, dans des commentaires sur Internet,
que nombreux sont ceux cherchant dans son visage, en particulier dans son nez prétendument «sémitique», des traits orientaux afin de déterminer s'il s'agit d'une «vraie» ou d’une «fausse»
française.
Il est vrai que Malika Ménard aggrave son cas: «En plus, ma mère et ma grand-mère maternelle ont vécu au Maroc». Arrivé en France à 17 ans après une jeunesse au Maroc, Éric Besson appréciera, lui qu’un «jeune», Yassine Belattar, Républicain et musulman, natif de Conflans-Sainte-Honorine, et qui a toujours vécu en France, interpellait ironiquement le 4 décembre: «Quelle est votre définition d’être français puisque vous êtes arrivé après les autres en France?»
Or c’est justement pour lutter contre de tels préjugés que notre collectif, «Les indivisibles», a été fondé –sur le constat que les Français non-blancs, semblaient
ne pas être reconnus comme Français à part entière.
Songeons au récent récit
de Mustapha Kessous, journaliste au Monde, qui témoignait du racisme ordinaire dont il était la cible. Là où Malika se contente d’un prénom arabe, Mustapha fait le doublé avec son
nom de famille. Français à 50%? Et puis évoquons ce jeune étudiant de Sciences-Po, Anyss
Arbib, agressé par un CRS après des manifestations fêtant la qualification de l'Algérie au Mondial de Football 2009. En manifestant pour l'Algérie, il l'avait bien cherché, non? Celui-là, à
coup sûr, c'est un Français allégé, à 0%?
L’identité française serait-elle donc un fromage qu’on divise en parts, au gré des origines? C’est bien ce que suggère le débat sur l'identité nationale: tout se passe comme si on reconduisait
sans fin le partage entre «ceux qui arrivent» et «ceux qui accueillent», selon la formule de Nicolas Sarkozy – entre ceux qu’il faut
encore et toujours intégrer, bien qu’ils soient déjà Français, et ceux qui n’ont pas à donner de gages d’intégration. Autrement dit, les Français sont égaux, mais certains plus que d’autres.
Or Malika apporte une réponse bien différente à la question de l’identité nationale. Elle déclare certes, sur RTL, qu'elle est
«100% française», comme pour dissiper des soupçons. Mais quand l’intervieweur l’interroge: «Symbole de l’identité française dont on parle tant en ce moment?», elle répond avec fierté:
«Je suis surtout le symbole de la tolérance de mes parents, qui trouvaient que c’était un prénom joli.»
Et de parler «d’ouverture d’esprit»: «Mes parents ne se sont pas posé la question de savoir si ça pourrait me porter préjudice plus tard…» Aussi
leur fille se déclare-t-elle fière de son prénom malgré les préjudices qu’elle évoque. Miss Normandie, devenue Miss France, pourrait donner des idées à la région de Brice Hortefeux: imaginez sa
tête si un couple d'Auvergnats s'avisait de baptiser son fils Mohammed? L'intégration, ça peut marcher dans les deux sens!
Malika Ménard est la première Miss élue par le public; dans le même temps, elle a eu les faveurs du jury et de ce fait est une Miss incontestable. Ne boudons pas notre plaisir, même s'il faut
reconnaître que l'institution, bien française, des Miss écorne le principe d'égalité hommes-femmes dont monsieur Besson prétend se faire le défenseur face aux «immigrés» en l'inscrivant dans
l'identité nationale…
D'ailleurs, Harry Roselmack n'est-il pas le présentateur préféré des Français et Rama Yade la membre du gouvernement jouissant du plus fort taux de popularité?
Décidément, les Français sont de sacrés farceurs quand il s'agit d'identité nationale. Le gouvernement ne devrait-il pas prendre acte de ces votations populaires?
Nous lui proposons donc de revoir le processus de naturalisation en abrogeant la loi de 2003 exigeant l'assimilation à la communauté française ainsi que de cesser de proposer lourdement aux
candidats à la naturalisation de franciser leur nom et prénom. Car enfin si Malika Ménard avait à demander sa naturalisation aujourd'hui, sa préfecture pourrait tout à fait la lui refuser au
motif d'un déficit d'assimilation suite à un refus ostentatoire de changer de prénom...