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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 06:55
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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 06:46
Y a-t-il une place pour l’enfant dans la société française ?
par Hubert Montagner

Alors que le monde s’apprête à célébrer le XXe anniversaire de la Charte Internationale des Droits de l’Enfant, il est infiniment regrettable que la “société des adultes” n’accorde toujours pas aux enfants la place qui devrait leur revenir, et le respect qui devrait leur être dû. Les propos, décisions et mesures du Président de la République française et de son gouvernement en fournissent une illustration caricaturale.


Malheureusement, l’opinion publique qu’ils anesthésient et brutalisent n’est pas vraiment consciente que la condition de nombreux enfants est précaire dans une jungle de pouvoirs et d’égoïsmes qui génèrent peurs, stress, blocages affectifs et inhibitions, inquiétude, anxiété et angoisse, “troubles” somatiques et psychiques. Ou alors, les enfants sont “oubliés” ou niés. Quelques exemples sont particulièrement édifiants.


La suppression de maternités sans considération ou évaluation sérieuse des conséquences humaines et médicales, parfois graves pour la mère et son bébé.

La remise en question larvée de la durée du congé de maternité (propos récents du Président de la République) après “le retour en fanfare” de la Garde des Sceaux aux affaires politiques quatre jours après avoir mis un bébé au monde. Ce qui met implicitement en cause la durée actuelle du congé parental à l’occasion d’une naissance. Evidemment, tant mieux pour elle si son accouchement s’est bien passé et si son bébé se porte comme un charme.


Tant mieux pour elle si un ou des tiers ont pu garder le bébé à son retour dans son ministère. Mais, la garde des Sceaux paraît ignorer dans sa superbe les difficultés, contraintes, obligations et souffrances qui nécessitent pour de nombreuses mamans un arrêt de travail d’une durée de plusieurs semaines, parfois des mois, avant et après l’accouchement. Elle n’a pas eu un mot pour elles. En tout cas, on ne l’a pas entendu. En outre, de toute évidence, elle ne sait pas que, tout au long de l’après-naissance, les interactions accordées entre la mère et son bébé sont nécessaires pour qu’un attachement “sécure” s’installe entre eux.


Il faut bien plus de quatre jours pour que l’attachement se consolide. Le plus souvent, plusieurs semaines sont nécessaires pour que les deux personnes puissent s’ajuster l’une à l’autre dans leurs rythmes, leurs comportements, leurs émotions et leur affectivité, et pour que le père et la fratrie puissent trouver leur place. C’est encore plus compliqué lorsque les mères vivent seules, dans la détresse ou sans attache familiale. Quel égoïsme !

L’insuffisance qualitative et quantitative des structures d’accueil pour la petite enfance (crèches et structures apparentées), alors que la natalité en France est la plus forte d’Europe ... et du monde occidental.

L’insuffisance ou l’inexistence dans ces structures de places réservées aux enfants porteurs d’un handicap, aux enfants “borderline” et aux enfants dont les parents sont issus de l’immigration, en particulier quand leurs revenus ne leur permettent pas d’envisager cette possibilité (les crèches ne sont pas gratuites).

La négation de l’importance du rythme veille-sommeil dans la croissance, le développement et les équilibres de l’enfant, c’est-à-dire la succession des épisodes de sommeil au cours des 24 heures, en particulier la ou les siestes. On a en effet entendu le ministre de l’Education nationale s’étonner qu’il faille assurer aux professeurs des écoles une “formation bac +5” pour qu’ils fassent “faire la sieste” aux enfants de l’école maternelle. C’est évidemment indigne.


Pourquoi le Ministre ne reste-t-il pas au moins une journée dans les écoles qu’il visite plutôt que frimer devant les caméras ? Il constaterait alors que la grande majorité des enfants de la petite section et de la moyenne section ont besoin d’une sieste reconstituante à la mi-journée (avec des visites renouvelées, il pourrait enfin apprécier l’importance de l’école maternelle dans le développement corporel et cérébral de l’enfant). La méconnaissance ou le non respect de la sieste dans la famille, à la crèche, à l’école maternelle et ailleurs, ont logiquement pour conséquence une diminution de la durée du sommeil quotidien.


Par ailleurs, toutes les études récentes montrent que, à tous les âges, la durée du sommeil nocturne a diminué au cours des vingt dernières années. En conséquence de la diminution de la durée du sommeil nocturne et du non respect de la sieste, on réduit logiquement les capacités de récupération physique, physiologique, mentale et intellectuelle de l’enfant, mais aussi sa vigilance, ses capacités d’attention et de traitement de l’information.


On perturbe sa croissance, ses équilibres affectifs et biologiques, ses capacités de mémorisation et la consolidation de ses apprentissages. Que fait le ministre de l’Education nationale pour prendre en compte cette réalité ? RIEN, sinon fustiger les enseignants d’école maternelle soucieux de respecter le rythme veille-sommeil des enfants.

L’absence de stratégies et lieux d’accueil appropriés pour recevoir les enfants et leur famille dans les différentes structures de vie et d’éducation, parfois de soins, pour la petite enfance, notamment quand ils sont en difficulté et présentent des particularités biologiques ou psychologiques qui en font des personnes “pas comme les autres”.

Le lancement de l’idée de créer des jardins d’éveil pour garder les jeunes enfants, sans aucune réflexion ou conceptualisation. Ce sont des coquilles vides, “justifiées” notamment par le colloque “L’école à deux ans : est-ce bon pour l’enfant ?” qui s’est tenu le 1er avril 2006 à l’Assemblée nationale, et l’ouvrage collectif publié en août 2006 par les Editions Odile Jacob. J’ai participé à ce colloque pour expliquer pourquoi il est nécessaire d’améliorer les structures existantes (crèches, écoles maternelles ...), et non pas pour demander la suppression de l’une ou l’autre.


Si on se fonde sur la recherche fondamentale, les observations cliniques et le vécu des éducateurs et enseignants, il faut rénover les structures d’accueil et en créer de nouvelles. Elles doivent avoir pour mission d’accueillir tous les enfants, sans exclusive, et donc être gratuites (il est important qu’elles soient sous la responsabilité d’une équipe pluridisciplinaire, constituée notamment de Professeurs des écoles : pour plus de précisions, voir le document “les crèches-écoles enfantines”).


De toute évidence, avec les jardins d’éveil, le projet du gouvernement (et pas seulement des deux sénateurs qui l’ont rédigé), est de créer des structures privées dont la logique serait le profit : non fondées sur un accueil optimisé des enfants et de leur famille, et sur un aménagement approprié du temps et des espaces, elles auraient pour objectif et finalité de rapporter de l’argent à leurs promoteurs et constructeurs, c’est-à-dire d’obéir à une logique marchande. Le Président de la République et le gouvernement penseraient-il à des amis patrons d’entreprise ?

L’absence de réflexion véritable sur les finalités, le fonctionnement et l’organisation de l’école maternelle pour tous les enfants, sans laisser un seul au bord de la route. Alors que tout le monde s’accorde à reconnaître son importance, les “décideurs” et les autres responsables du système éducatif la laissent volontairement dans le flou. Pauline KERGOMARD et ses amies pédagogues doivent se retourner dans leur tombe devant les menaces qui pèsent sur l’école maternelle qu’elles ont inventée au XIXe siècle, et que de nombreux pays nous envient.


L’absence de définition claire des finalités de l’école maternelle, de son organisation et de son fonctionnement, la rend vulnérable et ouverte à tous les appétits ou idéologies. Allons-nous permettre qu’elle soit démantelée et/ou bradée pour augmenter les profits de quelques-uns ?

L’aménagement du temps scolaire à contretemps des rythmes et du développement des enfants ... de tous les enfants, mais surtout ceux qui sont en difficulté, l’organisation de la journée à l’école étant la même de la petite section de l’école maternelle (enfants de trois à quatre ans, parfois de deux à trois ans) au CM2 (écoliers de dix à onze ans). Le passage généralisé de la semaine de quatre jours et demi à la semaine de quatre jours entraîne une augmentation de la pression relationnelle et intellectuelle sur les enfants car les enseignants doivent faire en quatre jours ce qu’ils faisaient en quatre jours et demi.


Sous la pression de la hiérarchie, mais aussi parce qu’ils sont convaincus de cette “nécessité”, ils privilégient “logiquement” les apprentissages des “fondamentaux” (vocabulaire, grammaire, syntaxe de la langue française ; calcul et mathématiques). Il ne reste plus de temps suffisant pour les autres apprentissages et activités (arts plastiques, musique, chant choral, biologie, histoire, géographie, découverte de l’environnement ...), et aussi pour les moments de détente, soupapes absolument nécessaires, surtout lorsque les enfants sont en difficulté.


Il est fréquent que le manque de temps dans la journée entraîne également une augmentation horaire de la journée scolaire la plus longue du monde parce que, faute de temps suffisant dans la journée (“on n’y arrive pas” disent-ils), un nombre non négligeable d’enseignants prolongent l’après-midi scolaire jusqu’à 16h 40, 16h 50 ou au delà. Il faut ajouter le temps consacré aux devoirs à la maison alors qu’ils sont interdits par une dizaine de circulaires ministérielles.


Que deviennent en fin d’après-midi les temps d’activités ludiques, d’apaisement, de sécurité affective, de tendresse ... avec les parents et les autres partenaires familiaux ou familiers ? La France a ainsi la “super journée” la plus longue du monde. Pourtant, le ministre de l’Education nationale qui a institué la semaine de quatre jours, aggravant ainsi les difficultés des enfants vulnérables, en souffrance ... se répand maintenant dans les médias en disant qu’il est contre cette semaine.


Où est la cohérence ? Faut-il rappeler que, pour imposer cette semaine, il a tenté de disqualifier les scientifiques en affirmant dans les médias que la chronobiologie est une spécificité française ! Ses propos sont non seulement diffamatoires, mais également stupides. N’importe qui peut “cliquer” chronobiologie ou rythmes biologiques sur Internet, et constater la richesse de ce champ disciplinaire et pluridisciplinaire.

L’aggravation en classe de la pression intellectuelle et relationnelle avec la forte augmentation du poids des “fondamentaux” au cours de chaque journée scolaire, combinée à la semaine de quatre jours, encore plus dévastatrice, surtout pour les enfants en difficulté. Les dégâts sont évidents : en 2008-2009, la grande majorité des enfants de l’école élémentaires sont fatigués, souvent épuisés ... mais également nombre d’enseignants.


On peut faire l’hypothèse forte que les consultations des parents auprès du médecin généraliste, du pédiatre ou du pédopsychiatre, ont été motivées et sont toujours motivées non par les maladies infantiles, mais par l’état de fatigue, les difficultés d’endormissement, les réveils et cauchemars nocturnes, les “troubles du comportement” (conduites autocentrées, évitements, fuites, “hyperactivité”, agressions-destructions, conduites étranges...).


Avec pour corollaire la prescription accrue de béquilles chimiques par des médecins décontenancés et dépourvus “d’autres moyens thérapeutiques”. On peut pronostiquer que la France va consolider sa place de championne du monde de la consommation de tranquillisants, somnifères, psychotropes...

Les espaces scolaires insuffisants, négligés, pauvres, fermés sur eux-mêmes, anxiogènes... non aménagés pour que les enfants puissent construire des alliances du corps et de la pensée. Les toilettes sont souvent dans un état lamentable.

La programmation de la suppression des RASED alors qu’il faudrait augmenter leur nombre, ainsi que la durée et la fréquence de leurs “interventions” auprès des enfants en difficulté. Comment expliquer la “confusion” persistante du ministère de l’Education nationale, et du ministre lui-même, entre le soutien scolaire apporté quotidiennement aux élèves par le maître dans la classe et le soutien psychologique et de reconstruction de l’enfant par les RASED ?


Sous prétexte que sur leurs 26 heures “décrétées” pour la semaine, les enseignants doivent deux heures de “service” devant des enfants “puisque” que le temps scolaire des enfants “n’est que” de 24 heures. Les patachons du Ministère planifient les moments de soutien (quel soutien ?) en dehors de la journée scolaire et aux pires moments :

  • à 16h 30, les enfants sont fatigués, voire épuisés, surtout ... au début de l’après-midi quand cela n’est pas à la fin de la matinée ;

  • à la mi-journée, la neurobiologie a révélé qu’il y a une dépression de la vigilance corticale (du cerveau) ;

  • avant 9h 00 (souvent 9h 30), il faut aux enfants en difficulté beaucoup plus de temps qu’aux autres pour retrouver un niveau de vigilance et d’attention sélective qui leur permette de donner sens et signification au message du maître, donc de comprendre et d’apprendre. Comment pourraient-ils bénéficier d’un soutien réellement efficace avant 8h 30 ?
  • On ne s’y prendrait pas autrement si on voulait aggraver les difficultés des enfants à comprendre et apprendre, surtout ceux qui cumulent les difficultés personnelles, familiales, scolaires, sociales et autres. Le Président de la République et son gouvernement ont renforcé une école à deux vitesses, rejetant ainsi les plus vulnérables, démunis, en souffrance... vers l’échec et la marginalisation. Et on parle d’intégration ?


Les fichage et bases de données scolaires qui permettent de suivre les enfants (et les familles) “à la trace”, et conduisent donc à des risques de stigmatisation et de ségrégation de ceux qui “ne sont pas comme les autres”.

L’insuffisance dans la vie quotidienne de lieux récréatifs, sportifs, culturels et autres réservés aux enfants de tous âges. Où peuvent-ils “se poser”, s’apaiser, canaliser leur trop plein de mouvement et/ou d’agressivité ? Ainsi se trouvent favorisée l’aggravation de l’auto-exclusion de la vie sociale et de la marginalité, des conduites autocentrées, des évitements d’autrui, des fuites dans la drogue, l’alcool, le suicide... la violence.

Le délabrement ou la détérioration persistante des structures de prévention et de soins qui accueillent les enfants en difficulté. On peut ajouter l’absence de propositions claires, concrètes et matérielles pour améliorer les structures spécialisées (hôpitaux de jour, I.M.E., I.T.E.P...), et les ouvrir sur la société de façon intelligente.

La disparition des intersecteurs pédo-psychiatriques, ou leur réduction à la plus simple expression.

L’institutionnalisation de la prison pour les enfants de treize ans (douze ans dans le projet initial).

Face à ces réalités, on comprend mieux les propos du ministre des Affaires étrangères qui s’interrogeait sur la pertinence du maintien d’un secrétariat d’Etat aux Droits de l’Homme.


par Hubert Montagner


Psychophysiologiste, Professeur des Universités en retraite, ancien Directeur de Recherche à l’INSERM, ancien Directeur de l’Unité 70 de l’INSERM «|_|Enfance Inadaptée|_|»voir tous ses articles

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 06:42
Gideon Levy, journaliste israélien reproche à Obama son ton obséquieux et la manière dont il "prend des gants" pour s’adresser à Israël... Et c’était avant les propos doucereux et vils de Hilary Clinton !

Barak Obama a été très occupé – à offrir au Peuple Juif ses bénédictions à l’occasion de Rosh Hashanah (NdT : nouvel an juif) et à enregistrer des vidéo flatteuses l’une pour le président d’une conférence à Jérusalem, l’autre pour la manifestation en mémoire de Yitzhak Rabin.

Seul le Cheik Hassan Nasrallah le surpasse, en termes de rendement de discours enregistrés.

Dans toutes les videos, Obama accumule les éloges poisseux pour Israël, bien qu’il ait passé presque un an de lobbying inutile pour qu’Israël ait la gentillesse de bien vouloir faire quelque chose, – ne serait-ce que geler temporairement la construction de colonies – pour permettre au processus de paix d’avancer.

 

L’envoyé du président au Proche Orient, George Mitchell lui aussi, a été très occupé à faire des navettes entre des funérailles (pour le soldat des Forces Israéliennes de Défense, Asaf Ramon, le fils d’Ilan Ramon, premier astronaute israélien) et un mémorial (pour Rabin, bien qu’il ait été reporté à la semaine prochaine à cause de la pluie) afin d’obtenir les faveurs des Israéliens.

 

Les sondages ont montré qu’Obama est de plus en plus impopulaire ici, avec seulement 6 à 10% d’avis favorables.

 

Il a décidé de s’adresser aux Israéliens par vidéo, mais un discours convaincant ne persuadera personne d’en finir avec l‘occupation. Il aurait dû, simplement, dire la vérité au peuple. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton, arrivée la nuit dernière, exprimera certainement ces mêmes sentiments « d’engagement dans la sécurité d’Israël », « d’alliance stratégique » « de besoin de paix » etc.

 

Auparavant, aucun autre pays de la planète n’avait pu faire s’agenouiller les Etats-Unis et n’avait plaidé de cette façon. En d’autres moments troublés, l’Amérique a pris un ton différent. Elle bombarde l’Afghanistan, envahit l’Irak, et menace de sanctions l’Iran et la Corée du Nord. Est-ce que quelqu’un à Washington a envisagé de solliciter Sadam Hussein pour qu’il se retire du territoire occupé au Koweit ?

 

Mais l’occupant israélien, l’obstiné contradicteur qui continue à se moquer de l‘Amérique et du monde en construisant des colonies et en brutalisant les Palestiniens, reçoit un traitement différent. Encore une caresse sur l’ego national dans une video, et des éloges encore plus embarrassants dans une autre.

 

Le temps est venu de dire aux Etats-Unis : Assez de flatterie. Si vous ne changez pas de ton, rien ne changera.

 

Tant qu’Israël sent qu’il a les Etats-Unis dans la poche, que le veto automatique de l ‘Amérique le sauvera des condamnations et des sanctions, qu’il recevra inconditionnellement des aides massives et qu’il peut continuer à multiplier des campagnes punitives, mortelles, sans un mot de Washington, tuant, détruisant et emprisonnant sans que la police du monde n’émette un son, il continuera sur cette voie.

 

Des actes illégaux comme l’occupation et l’expansion des colonies, et des offensives qui peuvent avoir inclus des crimes de guerre, comme à Gaza, méritent une approche différente.

 

Si l’Amérique et le monde avaient condamné publiquement les évènements, après l’Opération Pluie d’Eté en 2006, qui a fait 400 morts palestiniens et considérablement endommagé les infrastructures dans la première opération d’importance à Gaza depuis le retrait, alors l’opération Plomb Durci n’aurait jamais été déclenchée.

 

Il est vrai que contrairement à tous les autres fauteurs de troubles, Israël est regardé comme une démocratie occidentale, mais l’Israël de 2009 est un pays qui n’a qu’un langage, la force. Anouar El Sadate pourrait bien avoir été le dernier leader à gagner nos cœurs avec son optimisme, ses discours qui enflammaient l’espoir.

 

S’il visitait Israël aujourd’hui, il serait évacué de la scène sous les railleries. Le président syrien plaide pour la paix et Israël le rejette durement, les Etats Unis réclament un gel des colonies et Israël leur fait le coup du mépris. C’est ce qui arrive quand l’immobilisme d’Israël n’a pas de conséquences.

 

Pour que quelque chose change, Israël doit comprendre que perpétuer le statu quo n’aura pour résultat que de payer un prix douloureux.

L’Israël de 2009 est un pays gâté ; arrogant et condescendant, convaincu qu’il mérite tout et qu’il détient le pouvoir de duper l’Amérique et le monde. Les Etats-Unis ont engendré cette situation qui met en danger tout le Proche Orient et Israël lui-même. C’est pourquoi on a besoin d’ un tournant décisif pour l’année qui vient. Il est nécessaire finalement que Washington dise non à Israël et à l’occupation. Un non sans ambigüité, un non présidentiel."

 

Gideon Levy

 

Source : Ha’aretz. http://www.haaretz.com/hasen/spages/1124928.html

(Traduit par Carole SANDREL)

CAPJPO-EuroPalestine

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 06:40
« des milliards pour les banques, des séropos en cendres »
publié en ligne : 2 novembre 2009

En ouverture de la semaine mondiale d’action pour l’accès universel aux traitements, une dizaine de militantEs d’Act Up-Paris ont interpellé ce lundi 2 novembre Eric Woerth sur le gel de la contribution française au fonds Mondial de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le ministre du budget, invité à un débat à l’Université Paris-Dauphine, ne s’est pas expliqué sur son refus d’augmenter l’aide publique au développement alors même qu’il trouvait des milliards pour renflouer les banques. Les activistes, soutenuEs par une partie de la salle, ont alors dispersé des cendres en scandant « sida : la crise a ses coupables » et « des milliards pour les banques, des séropos en cendres ».


15 000 personnes meurent chaque jour du sida, du paludisme et de la tuberculose.

 

Aujourd’hui moins de 30 % de personnes vivant avec le VIH ont accès à un traitement. Il manque au Fonds mondial 5 milliards d’euros pour assurer la pérennité de ses programmes. Son conseil d’administration, qui se réunit lundi prochain à Addis-Abeba, va voter des coupes dans les projets de prévention et d’accès aux traitements. Cela veut dire moins de séropos soignés, cela veut dire plus de mortEs. Déjà, des pénuries de traitements se produisent un peu partout en Afrique.

 

Depuis 2007 qu’il est ministre du budget, Eric Woerth refuse d’augmenter la contribution française au Fonds mondial et par là même de sauver des vies. Pourtant, l’argent ne manque pas.


En 2007, Eric Woerth concédait 14 milliards de cadeaux fiscaux. A l’automne 2008, il débloquait plus d’un milliard d’euros pour permettre la fusion des Caisses d’épargne et des banques populaires.


Quelques semaines après, il engageait un plan de garantie des banques de 300 milliards d’euro. Autant de milliards destinés à sauver les bénéfices de quelques banquiers et traders.


Malgré ces possibilités financières, Eric Woerth a gelé la contribution française à hauteur de 300 millions d’euros depuis deux ans. Pourtant, Nicolas Sarkozy s’était engagé durant la campagne présidentielle à assurer l’accès universel aux traitements pour 2010. Seule une augmentation radicale de la part des pays riches, à commencer par la France, peut permettre d’atteindre cet objectif, sauver des vies et enrayer la pandémie.


Nous sommes des personnes vivant avec le VIH. Nous ne pouvons supporter que les malades des pays pauvres meurent massivement parce qu’Eric Woerth entend ménager les profits de quelques traders.


Nous exigeons qu’Eric Woerth tienne les engagements pris par Nicolas Sarkozy au nom de la France, qu’il prenne un peu de l’argent accordé aux banques (0,2% suffirait) pour sauver des vies et qu’il augmente, maintenant, la contribution de la France au Fonds mondial. Faute de quoi, Eric Woerth devra assumer sa responsabilité historique dans la mort quotidienne de 15 000 personnes.

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 06:37
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La dérive dictatoriale du président nigérien Mamadou Tandja ne perturbe pas les dirigeants d’Areva qui continue d’exploiter les mines d’uranium au détriment de l’avenir de la population.


C'est le 4 mai 2009, jour où Areva et les autorités nigériennes inaugurent l’exploitation uranifère d’Imouraren, que le président Tandja annonce la tenue d’un référendum sous l’œil bienveillant et complice de Anne Lauvergeon (présidente d’Areva) et d’Alain Joyandet (secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie).


C’est que la fin de l’année 2009 sonne le glas du deuxième mandat de cet ancien colonel de l’armée nigérienne et qui, selon la Constitution encore en vigueur il y a trois mois, ne peut se plus représenter. Qu’à cela ne tienne. Mamadou Tandja a décidé de rester.


Le processus de coup d’État constitutionnel débute donc par la tenue d’un référendum le 4 août 2009 qui lui permettra de changer la Constitution en s’octroyant d’abord une extension exceptionnelle de son actuel mandat de trois ans, puis la possibilité de se représenter à sa propre succession.


La Cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale s’opposant à ce processus de violation de la Constitution, le président du Niger a décidé de dissoudre purement et simplement l’une et l’autre. C’est dans ce climat de dérive dictatoriale que Mamadou Tandja a organisé des élections législatives, le 20 octobre dernier, entérinant ainsi son passage en force, son installation durable au pouvoir et sa mainmise totale sur le pays.


Face à cet état de fait, il faut souligner le rassemblement et la résistance des partis d’opposition, des intersyndicales, de la société civile et de la presse privée unis en coalitions diverses. Ainsi, des mouvements comme le Fusad (Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques) restent très actifs dans le pays, considèrent que la nouvelle Constitution est illégale, ont refusé de participer aux élections législatives et se réfèrent donc toujours à la Ve République.

 

Côté international, la seule voix claire a été celle de la Cedeo (Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest) suspendant le Niger de toutes les instances de l’organisation sous-régionale. Mais comme l’on pouvait s’y attendre, la France conserve un silence coupable et se garde bien de rappeler ses « conseillers techniques » au Niger.


La Françafrique bat son plein : depuis 45 ans, la France exploite et importe le précieux uranium extrait des sols nigériens dans la plus totale et scandaleuse opacité tant sur les questions économiques et sociales qu' environnementales.


Grâce au dernier contrat minier signé par Areva (société française) dans le site d’Imouraren (mine à ciel ouvert), le Niger devient le second producteur mondial et perd définitivement toute souveraineté sur l’exploitation de son uranium.


Au-delà des considérations économiques et du prix du minerai souvent bradé aux multinationales, Areva est entre autres accusée de participer activement à l’appauvrissement et à la désertification de la région.


Le comportement prédateur du minier est responsable de l’assèchement de la nappe phréatique, de la pollution et de la contamination de l’eau rejetée et par là même de la disparition de l’économie pastorale et des nomades de toute la région.


Ce que le lobby nucléaire nomme ici « énergie propre » détruit des régions entières de l’Afrique en accélérant leur désertification et sacrifiant au passage les populations vivant sur place et n’ayant ni retombées ni bénéfices des contrats juteux passés entre les multinationales et un pouvoir corrompu.


C’est dans cette connivence argent-pouvoir que se déroulent le pillage et la saignée de l’Afrique. À quand l’arrêt de la politique impérialiste et néocolonialiste de la France en Afrique ? Pour l’instant : après nous, le désert.

Isabel Ferreira

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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 06:28
Communiqué unitaire de soutien.

 

Ecrivain et journaliste, Taoufik Ben Brik est une plume indépendante, courageuse et intransigeante, en butte au harcèlement d'un régime indigne.


Le gouvernement tunisien poursuit de sa vindicte le journaliste et sa famille: traquenard, pression, répression, menaces, intimidations, convocations injustifiées à la police, tel est le quotidien de cette figure emblématique de la critique inlassable du régime.


Pour avoir couvert avec amertume et causticité les «élections» tunisiennes dans des médias français, pour avoir démasqué cette sombre farce politique, pour avoir osé faire entendre une voix discordante dans le concert obscène de louanges qui salue le sacre arrogant de Ben Ali, Taoufik Ben Brik se retrouve maintenant isolé, baillonné et réduit au silence.


Jusqu'à son arrestation aujourd'hui qui nous fait redouter le pire.

Nous ne pouvons tolérer la criminalisation de la dissidence.

Nous dénonçons le silence complice du gouvernement français devant ces atteintes aux libertés essentielles, ainsi que sa complaisance envers une dictature policière féroce.


Une dictature qui n'hésite pas à enlever et faire disparaître les journalistes comme Slim Boukhdhir, correspondant d'Al Arabya, agressé, roué de coups, menacé 2 heures après une interview à la BBC sur le rapport de RSF, ou encore Zouhaier Makhlouf, arrêté depuis le 20 octobre, et aussi des syndicalistes comme Mohamed Soudani, coupable d'avoir parlé à des média étrangers.


Sans parler de Florence Beaugé, journaliste au Monde, refoulée à son arrivée en Tunisie et insultée dans une presse aux ordres !


L'impunité aux tortionnaires, ça suffit !


Nous serons toujours aux côtés de ceux qui s'élèvent contre le déni de démocratie.


Nous témoignons avec force notre solidarité et notre soutien à Taoufik Ben Brik et toutes les victimes de la torture et de la maltraitance dans les prisons tunisiennes.


Le 30 octobre 2009.


Signataires: Zitouni Abdelkader Tunisie Verte, Mouloud Aounit MRAP, Hamadi Aouina Collectif Boycott élections 2009, Clémentine Autain FASE coordinatrice de Regards, Nicole Borvo sénatrice présidente du groupe Communiste républicain et citoyen, Olivier Besancenot NPA, Tarek Ben Hiba FASE, Daniel Bensaïd NPA, Mouhieddine Cherbib FTCR, Annick Coupé Union Syndicale Solidaires, Iyed Dahmani PDP, Cécile Duflot Les Verts, David Duslam Secretariat international CNT, Abid El Khattabi ASDHOM, Driss El Kherchi ATMF, Jacques Fath PCF, Karine Gantin Journaliste, Jérôme Gleizes commission transnationale des Verts, Kamel Jendoubi REMDH & CRLDHT, Alain Krivine NPA, Gilles Lemaire ATTAC France, Noël Mamère Les Verts, Christian Mahieux Union Syndicale Solidaires, Lumamba Mohsni NPA, Marguerite Rollinde chercheure, Omeyya Sedik, Adel Thabet PCOT,

 

"Tout le monde veut me séparer de ma Zmorda, la Peugeot 106 que ma femme m’a léguée, ou plutôt, qu'elle a délaissée."

Tout le monde veut me séparer de ma Zmorda, la Peugeot 106 que ma femme m’a léguée, ou plutôt, qu'elle a délaissée. Ma fille Khadija ne veut plus d’elle. Elle a honte de monter dans cette karkaza, vieille carcasse. Elle voit ses copines de classe descendre de belles limousines, des Mercedes, des BMW, des Jaguars... flambants, neuf, et elle, descend d’une petite citadine vieille de 14 ans, l’âge de mon chien, un slougui.

L’épicier du quartier du coin veut que je m’en débarrasse. "Il te faut une Hammer. Elle va avec ton gabarit." Le concierge veut que je la lui cède pour un prix symbolique. Mon aide ménagère, la terrible Dalal, veut l’offrir à son mari. Ils ne comprennent pas que j’ai des liens de parenté avec Zmorda. Ce n’est pas un pur-sang, mais c’est ma monture. Zmorda Ezzargua. Elle ne m’a jamais laissé en rade.

 Même si elle fait des caprices chaque matin. Elle ne démarre que lorsque je la caresse, je tapote son tableau de bord calciné par le soleil. Quel bon bout de chemin nous avons parcouru ensemble.

Vendredi 23 (treize) octobre 2009, deux jours avant le scrutin du dimanche, trois costumes noirs se postent devant chez moi, au neuvième étage de la résidence Beau Site, à Ennasr II, avec une convocation policière pour ma femme, Azza Zarrad, qu’ils tendent à mon frère Fethi. Motif : terminer une enquête judiciaire. Que de détails scabreux pour une drôle d’affaire.

En fait, la convocation concerne la propriétaire de Zmorda, ma femme et non pas le conducteur, en l’occurrence moi, votre humble obligé. Si c’était ça, ils auraient dû être plus fins mes limiers. Car l’adresse de Zmorda enregistrée dans la carte grise est celle de ma belle mère Lalla Rachida, au 2 rue de Mélasse.

En convoquant la propriétaire de Zmorda, ils veulent donner à l’affaire de la R19 verte qui m’est rentrée dedans, jeudi 22 octobre, une couleur pourpre, ordinaire, de droit commun et non mauve, la couleur de Ben Ali, politique. "Nous ne sommes pour rien. Ce n’est pas Ben Brik qui est visé, on n’a rien mijoté. D’ailleurs on ne connaît même pas l’identité du conducteur." Insinuent-ils.

On se perd dans les dédales du Cerveau des Services Spéciaux de la Dakhilia, les célèbres S.S.
D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi ils se sont toujours braqués sur ma Zmorda. C’est elle qui est convoquée, qui paie les pots cassées, punie, pourchassée...

Au mois de janvier 1999, après la publication dans la presse suisse (à travers l’agence INFOSUD) d’une série d’articles sur le mouvement des étudiants, des policiers en civil ont vandalisé ma Zmorda sous le regard des voisins (volant arraché, pare-brise brisé, roues déchirées et objets volées dont le siège-auto de mon fils Ali.)

 C’était une punition sur la place publique.
Le 4 mai 1999, la police saccage encore une fois Zmorda, alors même que mes deux enfants Ali (deux ans) et Khadija (six mois) étaient à l’intérieur. Ce qui fait de Khadija en ce temps, la plus jeune victime de Ben Ali. Dix ans après, le jeudi dernier, c’est devant Khadija que la propriétaire de la R19 verte m’a pris dans ses griffes.

On a saccagé Zmorda le 4 mai suite à la publication de la "Tunisie en Fureur" dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung le 26 avril 1999.
Au mois de février 2000, pour le simple fait d’avoir enquêté sur les émeutes populaires qui ont secoué cette région, au lieu de ses quatre roues, ma Zmorda, se retrouve "l’arrière- train en l’air" sur quatre briques rouge-brique. Même la roue de secours a été volée.

Au mois de mai 2002, Zmorda ne freine plus, il n’y a plus d’huile dans les freins. Le soufflet des freins a été scié. Elle a payé, parce que je me suis permis de surnommer Ben Ali de Ben Avi, surnom repris par toute la presse internationale.

En 2004, année électorale, Zmorda n’a plus de capot, de siège, ni de porte. Son conducteur a eu la malencontreuse idée de décrire Ben Ali dans le Monde "Il occupe toute la place comme une mosquée. C’est un grand dictateur. La Tunisie ne lui suffit plus. Il lui faut l’Australie."

Le 22 février 2007, juste un jour après la publication d’un Rebonds dans Libération où j’ai écrit : "je vote pour Ben Ali, par manque d’être qui vibrent, qui bravent le danger, la cruauté, la haine, le malheur, et ramènent le pays au pays. Je vote pour Ben Ali. C’est ma crapule, l’ignoble père Karamazov, cette canaille raffinée. Et nous, tous, nous sommes ses fils, Aliocha, Ivan et Dimitri ses victimes et ses parricides, Tyrannicides ? Pauvres gens de Dostoïevski..", ils ont sectionné le durite. Le fioul coule comme une fontaine. Zmorda a failli prendre feu, moi et mes deux enfants dedans.

Au mois d’avril 2008, après que le général Ali Seriati, le chef de la sécurité du palais de Carthage, le gardien du sommeil de Ben Ali a demandé à ma femme de divorcer et qu’elle n'a pas obtempéré, la vitre arrière, la pare-brise, les rétroviseurs, les essuies glaces de la C3, Zouleikha, l’autre voiture de ma femme, ont volé en éclats.
Ils l’ont confondu avec Zmorda. Pauvre Zmorda. Brave Zmorda.

Taoufik Ben Brik

PS. Dernière minute. La convocation de la police arrive. L’affaire ne concerne plus ma femme. Y a plus de doute sur le conducteur de Zmorda. C’est bel et bien Ben Brik, le recherché.
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3 novembre 2009 2 03 /11 /novembre /2009 06:28



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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 11:25

Nuit des Cancres du Cinéma au Vauban
En marge du Festival Européen du Film Court de Brest, la Nuit des Cancres du cinéma se déroulera le 12 novembre 2007 à 20h30 au Cinécabaret Vauban.

Sous le titre provocateur de la Nuit des Cancres du cinéma, la Cinémathèque de Bretagne et un collectif de passionnés de l'utilisation de l'image en mouvement, proposent aux ciné-vidéastes qui réalisent des films courts, voir très courts : "en amateur","en non-professionnel", "entre amis", "avec des copains", "au sein d’un club", "dans le cadre de kino", "dans une école ou un lycée" ou "dans le cadre d’une association", de les diffuser face à un public et sur grand écran. Ce rendez-vous unique a lieu depuis près de 5 ans et il connaît un succès grandissant car il permet un échange frontal - dans la bonne humeur - entre créateurs et publics !


Infos pratiques
Entrée et sortie libre.

Organisation
Nuit des Cancres du Cinéma - Cinémathèque de Bretagne
02 98 43 38 95

En savoir plus sur cet événement :
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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 10:51


B.P 1452,
29104 QUIMPER cedex

COMMUNIQUE

Les Alternatifs s'interrogent sur les intentions réelles de la majorité municipale de Quimper quant au futur choix du mode de gestion de la distribution de l'eau potable. Les arguments développés, en particulier par son adjoint en charge de l'eau, sont largement défavorables à un retour en gestion publique de l'eau ou laissent planer la suspicion sur des études qui indiquent toutes qu'une régie publique de l'eau est moins chère de 23% à 44% qu'une délégation de service public (Rapport de l'Assemblée Nationale, études de Que Choisir et des D.D.A.).

Pourquoi cet alignement sur l'idéologie libérale alors que la gestion opaque des groupes privés et leurs dérives financières multiples ont amené des villes comme Paris, Grenoble, Cherbourg et bien d'autres encore à revenir à une gestion publique de l'eau? Les nombreuses actions en justice menées par les associations vis à vis des distributeurs d'eau l'ont toujours été contre les groupes privés. La dernière, à Bordeaux, a permis de récupérer 230 millions d'euros. Les conseillers municipaux de Quimper vont ils enfin prendre en compte des réalités connues par un nombre croissant de citoyens?


pour les Alternatifs
Alain MORVAN
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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 08:51
Une contribution éclairante de Catherine Samary
Contribution présentée au débat organisé par le « Collectif Anti-Capitaliste » de Besançon le 4 octobre 2009.

En peu de temps, je voudrais répondre aux questions soulevées, en regroupant les enjeux en deux points :
1) L’autogestion, un projet socialiste : de quoi parle-ton ? Et quelques pistes...
2) L’autogestion contradictoire avec le capitalisme mais appui de luttes contre lui...

I- L’autogestion, un projet socialiste.


Les mots pouvant recouvrir des réalités ou interprétations différentes, il faut commencer par clarifier de quoi on parle si l’on veut éviter les faux-débats et approfondir la réflexion. Il faut clairement distinguer :

* l’autogestion (n°1), comme principe donnant droit pour chaque individu de pouvoir gérer (être responsable de) tout ce qui le/la concerne associé à un projet émancipateur radical ; Mais cela ne dit pas comment se concrétise ce droit principiel, sauf qu’il est un droit humain général, donc forcément contradictoire avec l’exploitation des salariés qui n’ont aucun pouvoir de gestion de leur travail dès lors que l’économie est basée sur les droits de propriété privée du capital... C’est pourquoi aussi l’autogestion est associée au socialisme que l’on peut aussi « entendre » au sens n°1 d’un système mettant à l’ordre du jour la pleine et universelle reponsabilité des êtres humains sur leur travail et la façon de satisfaire les besoins... Mais cela ne donne toujours pas de réponse concrète sur le mode d’organisation de l’économie et de la démocratie, sur l’utilisation de l’argent, de la planification et du marché ; ni sur les différentes formes possibles de propriété...

* L’autogestion (n°2) est au contraire concrétisée dans la pensée (par exemple la conception anarchiste de l’autogestion, entreprise par entreprise, reliée par un marché) ou dans la pratique (les différents systèmes yougoslaves d’autogestion, combinant différemment plna, marché et autogestion + rôle du parti et des syndicats, etc...). Dans ce cas, l’autogestion est associée à un contexte historique précis et un « système institutionnel » (de plan, de marché, de propriété, de droits constitutionnels...) qu’il faut discuter en fonction des droits reconnus et du bilan.

Il faut donc s’entendre sur les critères de jugement pour les bilans (cela relève de l’autogestion n°1) : les buts, droits de base non ambigus peuvent faire consensus. Et c’est l’analyse des mécanismes produisant un écart constaté entre la réalité (autogestion n°2) et ces buts qui permet de redresser la barre... Personne ne doit arriver en « donneur de leçons », ou professeur rouge, imposant un « modèle » élaboré en chambre, et ignorant la richesse des innovations de lutte, la diversité des aspirations, la réalité des défiances héritées du passé, ou des dilemmes et contraintes rencontrées, méprisant et ignorant envers ces expériences...

Sur la base de critères explicités, on peut tirer de l’expérience et des débats notamment entre courants marxistes et anarchistes quelques grandes « indications » sur différentes variantes de « système autogestionnaire » [1] et ce que pourraient être les conditions de viabilité d’un système autogestionnaire. Je me contenterai ici d’indiquer quelques grandes pistes (à discuter, donc) à partir de mes études de l’ expérience yougoslave [2] :

1°) Le statut, les droits d’autogestion se concrétisent évidemment sur le lieu de travail quelle que soit la nature de ce travail (formation ou production industrielle, agricole, de services...) ; mais ils ne devraient pas être limités à ce cadre : le droit de décider des priorités, des critères de distribution, des moyens alloués à l’autogestion, doivent être débattus et appliqués indépendamment du poste de travail concret occupé et sous le double angle travailleurs/usagers... Pourquoi les travailleurs des hôpitaux devraient-ils être seuls à décider des financements, de la gestion et des priorités de la santé ? Pourquoi ceux qui travaillent dans une mine perdraient ils leurs droits avec la fermeture nécessaire d’un site pour des raisons écologiques ? Cette conception dépasse donc la vision anarcho-syndicaliste de l’autogestion (entreprise par entreprise).

2°) Pour se réaliser et trouver son efficacité propre, cohérente avec les droits reconnus, le système autogestionnaire doit évidemment remettre en cause un système de planification centraliste et bureaucratique ; mais il faut aussi dépasser l’horizon borné de l’entreprise et du marché mettant en concurrence les travailleurs entre eux, et ne permettant pas de déployer les droits autogestionnaires au plan « politique » horizontal, indépendamment du poste de travail.

Des formes de « planification autogestionnaire » (et des chambres de l’autogestion pour contrôler son application) peuvent se combiner avec toutes sortes de « communautés d’intérêts autogestionnaires » à divers niveaux territoriaux, associant travailleurs et usagers, hommes et femmes, dans l’entreprise, au plan local, de branches, au niveau régional, national, continental, voire international. Les formes de propriété peuvent être diversifiées (individuelle, coopérative, grandes entreprises sociales autogérées, voire privée sous condition de respect des droits autogestionnaires et des choix planifiés).

Le niveau et mode de contrôle et de financement adéquat doit être jugé concrètement en fonction du besoin à satisfaire : la coordination des politiques de transport ferroviaire serait manifestement efficace au plan continental ; la politique de santé peut combiner des dispensaires décentralisés et des financements solidaires nationaux et internationaux... Les enjeux de pollution imposent des prises de décision à tous les niveaux du local au planétaire, etc...

3°) L’objectif de lutte contre les processus de bureaucratisation et de reproduction d’inégalités (de genre, sociale, culturel, d’origine etc...) doit être explicite, associé aux bilans sur le système et concrétisé par des mesures (institutions) de surveillance, des droits d’auto-organisation, des moyens (médiatiques, financiers, de formation sur toute la durée de vie), une organisation volontaire du partage des tâches ingrates, une rotation des responsabilités etc... La diminution radicale et le partage du temps de travail, ainsi que la formation incluant l’apprentissage de la gestion, sont essentiels dans cette lutte.

4°) La lutte contre le bureaucratisme et l’étatisme autant que la critique et remise en cause des institutions du capitalisme ne signifient pas qu’on peut se passer d’institutions. Les différentes formes de démocratie directe et représentative ont besoin d’institutions (Chambres élues, services admnistratifs, économiques, organisations politiques, associatives..).

L’expérience et le débat doivent indiquer celles qui doivent être supprimées, « inventées » ou transformées, jugées par les autogestionnaires, soumises à un contrôle social et pluraliste et à l’analyse critique en fonction des critères et buts recherchés, selon leurs effets par rapports aux objectifs, avec des ajustements périodiques.

II- L’autogestion contradictoire avec le capitalisme mais appui de luttes contre lui.

Dans les droits et le statut de l’être humain qu’elle suppose, l’autogestion exige pour se réaliser, la remise en cause radicale des droits de propriété privée du capital et du statut de salarié corvéable et licenciable a merci – donc le renversement du capitalisme. Bien des expériences coopératives (entreprises ou banques, ou encore commerce équitable et diverses expériences d’économie solidaire) ont été soit étouffées (cf. l’expérience des Lip en France en 1973-1976 – voir à tout prix le film !), soit perdu leur « âme » initialement « autogestionnaire » dans un environnement capitaliste redoutable, même s’il en reste éventuellement quelques vestiges.

Pourtant, en même temps, des aspirations à un « produire et vivre autrement » naissent au sein du système et contre ses règles dominantes [3]. C’est en phase de privatisations qu’on perçoit le plus à quel point les services publiques, la sécurité sociale sont de bien fragiles acquis de luttes passées.

En période de crise du système capitaliste, assortie de fermetures d’entreprise, de licenciements et de précarisation sociale massifs, des formes de résistance « autogestionnaires » peuvent émerger comme en Argentine en 2000 où des centaines d’entreprises abandonnées par leurs propriétaires ont été récupérées par leurs travailleurs, sous des formes diverses : les travailleurs de l’entreprise Zanon devenu FaSinPa (usine sans patron) sous une forme coopérative, ont gagné récemment un procès permettant la reconnaissance de l’expropriation de l’ancien patron défaillant ; mais refusant la logique de marché, ils exigent de l’Etat qu’il reprennent l’entreprise... tout en voulant garder les droits de gestion (forme d’« étatisation sous contrôle ouvrier »).

Ce sont des situations confictuelles, transitoires où deux logiques de droits se confrontent : ceux que protège encore le capitalisme – en crise... et ceux (d’autogestion) que revendiquent les travailleurs mais qu’ils ne peuvent pleinement réaliser sans un changement de système.

La résistance des Zanon peut faire tâche d’huile... ou disparaître. On ne peut changer de système sans commencer par lutter dans/contre lui... sans attendre que d’autres soient prèts à lutter, mais en espérant les encourager... Il s’agit à la fois de délégitimer les critères et droits dominants, conquérir au plan idéologique une « hégémonie » qui fait partie d’un rapport de force se consolidant dans l’auto-organisation et le développement d’un « tissu de solidarités » ; mais il s’agit aussi d’une préparation indispensable à la réalisation d’un autre système, contre sa dégénérescence bureaucratique.

Rêvons un peu : sur la base d’une dialectique de luttes et de résultats électoraux exprimant les résistances au capitalisme, on pourrait imaginer dans une région, la mise en place de formes autogestionnaires de planification de fonds publics, de gestion solidaire d’entreprises, d’AMAPs, de services d’utilité collective ; avec campagne des usagers/travailleurs pour déplacer leur argent vers un fonds coopératif alloué à ces projets, participation des usagers/travailleurs aux débats et choix de budget ... avec une radio libres et des vidéos popularisant ces expériences et des solidarités nationale et internationale autour de ces avancées... Qui sait ?

Les difficultés et limites des expériences autogestionnaires dans le cadre du système, doivent être clairement discutées, publiquement, de façon pluraliste, à chaque étape... Mais l’objectif politique d’accumuler et d’étendre toutes les formes de contrôle public, social sur la production et la gestion des biens et services prépare une autre société, autogestionnaire. Celle-ci ne pourra émerger et survivre « dans une seule entreprise », commune, région, et sans remise en cause globale du système qui l’étouffe. Mais l’attente du Grand soir est une impasse, il faut miser sur la popularisation et l’extension internationale de ces luttes et des solidarités [4] : les expériences pratiques d’un « produire et vivre autrement », y compris leur mémoire et l’analyse de leurs échecs, rendent crédibles d’autres choix et critères possibles...

Catherine Samary

Notes :

[1] Le livre de Thomas Coutrot, « Démocratie contre capitalisme », La Dispute 2005 permet de relier les aspirations autogestionnaires avec quelques grandes luttes et exigences altermondialiste et de recenser de grands débats sur l’autogestion.

[2] On peut trouver en ligne sur mon site http://csamary.free.fr (en cours d’élaboration) les articles portant sur l’expérience et la crise yougoslave, et sur les débats concernant le socialisme et l’autogestion, ainsi que le lien vers l’Institut d’Amsterdam (IIRE) qui a publié deux études « Plan, marché et démocratie – l’expérience des pays dits socialistes » et « la Fragmentation de la Yougoslavie ». Divers textes sont et seront aussi mis en ligne sur ESSF.

[3] Lire « produire de la richesse autrement », édité par le CETIM (Centre Europe Tiers-Monde de Suisse), dégageant quelques pistes de sélection d’expérienecs de résistance collective et solidaire – cf. ma recension dans la revue Contretemps http://contretemps.eu/lectures/prod.... Disponible sur ESSF : Produire de la richesse autrement

[4] Un récent film sur l’expérience des Zanon vient d’être réalisé par une équipe franco-argentine avec sous-titrage... Je peux fournir les contacts...

* Catherine Samary est maître de conférence à l’Université de Paris Dauphine et à l’Institut d’études européennes de Paris 8. Chercheure à l’IRISSO- Dauphine/CNRS, spécialiste de l’ex-Yougoslavie. Membre du NPA.
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