jeudi 3 septembre 2009
L’Université d’été du NPA a été l’occasion d’un débat entre différentes forces politiques de la gauche
antilibérale et anticapitaliste.
Y étaient représentés le NPA, les Alternatifs, la Fédération, le PCF, le PG, les Objecteurs de croissance et le Forum social des quartiers populaires. Intitulé « Comment riposter ensemble ? », le débat portait à la fois sur les conditions de la rentrée politique et sociale et les élections régionales. Après un bref survol des terrains sur lesquels il nous faudrait être présents ensemble, en premier lieu pour mettre un terme aux licenciements, mais aussi préparer le contre-sommet de Copenhague et la mobilisation féministe du 17 octobre, et un court échange sur la question stratégique, la discussion s’est vite centrée sur les régionales.
Le NPA a réaffirmé la position qu’il avait exposée lors des différentes rencontres bilatérales en juin et juillet : dans un contexte de déplacement à droite d’une
série de forces institutionnelles, confirmé par les manœuvres entamées en vue de la constitution d’une alliance de centre-gauche, nous sommes favorables au rassemblement de toutes celles et tous
ceux qui refusent cette logique mortifère, sur la base d’un contenu de rupture avec le capitalisme, en toute indépendance du PS.
Cette exigence d’indépendance n’est pas une coquetterie identitaire. C’est le seul moyen de reconstruire et préserver une gauche qui ne cède pas aux mirages de l’adaptation, jusqu’à sombrer avec armes et bagages dans un scénario à l’italienne. L'alliance contractée avec Prodi, qui allait de centre droit au PC a d'abord permis de défaire Berlusconi. Puis l'espoir a laissé place au dépit vis à vis de la politique de droite effectivement menée, faisant le lit de Berlusconi II.
Aucun des partis de gauche engagés dans cette galère ne s'en est remis. Dans le contexte des élections régionales, cela signifie pour nous une exigence simple et
claire : si nous ne prendrons aucune responsabilité dans une victoire de la droite aux prochaines élections, qui donnerait à Nicolas Sarkozy de nouveaux leviers pour appliquer sa politique,
si nous voulons mener bataille pour qu’en dépit du mode de scrutin nos électeurs soient représentés, il est hors de question de cogérer les régions avec ceux qui ont choisi une logique
d’accompagnement du système, exclu de cogérer les transports publics d’Ile de France avec Jean-Paul Huchon, de participer dans le Limousin à un exécutif qui vote des subventions à des entreprises
qui aujourd’hui licencient, sans que le Conseil Régional ait le moindre moyen de récupérer ces fonds publics.
Le débat fut intéressant, même si bien des questions demeurent encore en suspens. Les Alternatifs ont affirmé la nécessité de listes indépendantes du PS au premier tour et leur refus de participer aux exécutifs régionaux à moins d’y être majoritaires.
Le Parti de Gauche, moins à l’offensive qu’au mois de juin, a acté l’existence de deux projets inconciliables à gauche, et rappelé sa position au sujet de nécessaires listes indépendantes de ce qu’il appelle « l’autre gauche » au premier tour, mais n’a soufflé mot des exécutifs.
Mais c’est sans doute au PCF que la question du choix stratégique est aujourd’hui posée avec le plus de force : il ne peut d’un côté expliquer qu’il refuse la logique de rassemblement de centre-gauche et faire comme si la question de l’indépendance vis-à-vis d’elle ne se posait pas aussi aux régionales, alors que ses élus ont le plus souvent à assumer le bilan des exécutifs sortants. C’est sans doute cette difficulté qui explique le décalage entre les positions de principe sur le nécessaire rassemblement de la gauche « de transformation sociale » et les aspects de défense partielle du bilan du mandat 2004-2010.
La discussion doit maintenant se poursuivre, notamment dans le cadre du groupe de travail commun proposé par le NPA en juin et à la chaleur de luttes dans lesquelles, nous l’espérons, nous nous retrouverons toutes et tous.
Ingrid Hayesjeudi 3 septembre 2009
Présidé par Dominique Carrat, le meeting tenu le premier jour de l’Université d’été a constitué un moment fort. Myriam Duboz (comité exécutif) a tracé les perspectives du NPA en cette rentrée sociale et politique, avant de passer la parole à Xavier Mathieu (délégué Continental), à Omar Barghouti (campagne BDS), à Alexis Antoine (Molex), à Laurence Lyonnais (commission écologie du NPA) et à Olivier Besancenot.
Principaux extraits de l’intervention de Myriam…
Nous voici donc à la toute première université d’été du NPA. Il y a un an, ici même, nous disions qu’il était urgent de créer un nouveau parti. Aujourd'hui, il n'a
jamais été aussi vital de résister et de se battre contre le capitalisme avec ce nouvel outil qu'est le NPA.
Si nous voulons peser dans le champ politique et dans le champ social, c'est parce que les attaques libérales du gouvernement vont de pair avec les stratégies des
capitalistes. Aujourd'hui, pour faire repartir l’économie, le capitalisme devient « vert », la croissance devient « verte » et le développement devient
« durable » !
Mais l'objectif est bien qu'une minorité continue à s’enrichir, sans s'arrêter de polluer. La stratégie est invariablement la même : faire peser un peu plus sur
nous le poids de l’exploitation, continuer à engranger les profits, et pour cela l'Etat renfloue les banques et les entreprises avec de l'argent public.
Cette crise, les femmes, les populations des quartiers populaires et les jeunes sont les premiers à la payer. C'est l’ensemble du monde du travail qui est attaqué : licenciements en masse, explosion du chômage, privatisation – et, à terme – disparition d'une large partie des services publics, intensification du travail… Cette crise, en plus d'en détruire, a des répercussions sur l'ensemble des emplois existants, sur nos droits, sur nos salaires, nos conditions de vie, nos retraites.
[…]
En cette rentrée, le NPA devra donc être sur plusieurs fronts : campagne pour l'emploi et contre les licenciements, campagnes unitaires pour les droits des femmes (notamment la manifestation nationale du 17 octobre), mobilisation contre les menaces que le capitalisme fait peser sur la planète (préparation du contre-sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique en décembre prochain), campagnes contre la précarité et contre la répression (initiative « Police, Personne ne bouge ?! »), etc.
Mais aussi, préparation des élections régionales. Car si nous avons choisi de créer un parti politique, c’est bien pour peser en politique, proposer un programme clairement anticapitaliste et donner la perspective d’une organisation sociale bien différente, en rupture avec le système actuel ! Nous le savons : nos conditions de vie comme la qualité de notre environnement sont directement liés aux choix politiques dictés par le capitalisme. Or le capitalisme n'est pas la seule forme d'organisation possible. Nous portons donc la possibilité de voir se réaliser un socialisme du XXIe siècle. […]
Pour les élections régionales nous allons décider ensemble du contenu de notre campagne, faire le bilan de la gestion des 22 régions, dont 20 par le Parti socialiste auquel sont associés, dans un grand nombre de cas, le Parti communiste et les Verts.
Clairement, nous nous adressons à Lutte ouvrière, aux Alternatifs, aux Alterekolos, à la Fédération, au Parti de gauche et au Parti communiste. Mais l’unité doit avoir un contenu : un programme anticapitaliste, et en aucun cas un programme de relance, d’aménagement ou de moralisation du capitalisme.
[…]
Organiser la résistance, c’est renforcer la solidarité avec les luttes contre les licenciements et les fermetures d’entreprises et construire la perspective d’une
manifestation nationale à l’initiative d’entreprises en lutte, pour que des initiatives convergentes émergent des grèves contre les licenciements et pas seulement des luttes défensives entreprise
par entreprise.
Pour porter efficacement cette campagne pour des emplois stables et bien rémunérés pour toutes et tous, nous proposons à toutes les forces de gauche – partis, syndicats, associations, collectifs – d’en être parties prenantes. L’appel unitaire pour des marches contre le chômage et la précarité doit se concrétiser, partout où cela est possible.
jeudi 3 septembre 2009
Le gouvernement prévoit de faire payer aux couches populaires le déficit de l’Etat, rendu colossal par sa politique de renflouement
des banques et de soutien aux trusts.
Alors qu’on parle de « reprise » dans tous les médias, le gouvernement affiche son autosatisfaction. Comme Sarkozy fin juin, le ministre chargé du plan de relance, Patrick Devedjian, a vanté, le 26 août, le bilan de ce plan, conforté par les éloges du FMI et de son directeur général, Dominique Strauss-Kahn. Ils prétendent avoir sauvé des dizaines de milliers d’emplois en passant sous silence la catastrophe sociale des plans de licenciements.
Même intox en ce qui concerne le déficit de l’Etat. Début juillet, l’Insee indiquait qu’il avait augmenté de 86,6 milliards d’euros sur les trois premiers mois
de l’année, soit de près d’un milliard par jour. Cela n’a pas empêché le gouvernement de se montrer satisfait. Il ne prend d’ailleurs pas en compte dans ce déficit les 33,7 milliards que
l’Etat, par le biais de la Société de financement de l’économie française (Sfef), a prêtés aux banques.
Mi-août, le ministre du Budget, Eric Woerth, indiquait que le déficit de l’Etat pourrait atteindre 130 milliards d’euros à la fin 2009, voire 150. Il distingue un déficit « hors crise » qu’il estime à 40 milliards d’euros en 2009 et un déficit « directement imputable à la crise » qui atteindrait 85 milliards d’euros. Ces 85 milliards représentent l’argent versé par l’Etat aux banques et aux trusts, de l’automobile en particulier.
Les autorités européennes et la Cour des comptes s’alarment de ce triplement du déficit habituel, évoquant même un « risque pour la signature de l’Etat », c’est-à-dire la difficulté, voire l’impossibilité pour l’Etat d’emprunter sur les marchés financiers à des taux très élevés. Un risque, autrement dit, de faillite de l’Etat. Il s’agit d’inciter le gouvernement à prendre des mesures d’austérité beaucoup plus lourdes que celles qu’il envisage de prendre jusqu’aux élections régionales, en priant le ciel que la crise ne connaisse pas un nouvel approfondissement.
C’est aux couches populaires que Sarkozy et ses ministres veulent faire payer ce déficit. Par les suppressions de postes dans la Fonction publique et par la taxe carbone, même si celle-ci, envisagée au départ à 32 euros par tonne de CO2 dans le rapport de Michel Rocard, tournerait maintenant autour des 15 euros.
Il n’est plus question, comme cela avait été envisagé timidement par deux députés de l’UMP, de toucher aux niches fiscales, qui représentent 70 milliards d’euros de manque à gagner pour l’Etat. Le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, a poussé le cynisme jusqu’à organiser une cérémonie de commémoration des deux ans de la loi Tepa. Son « paquet fiscal » a permis à près de 19 000 personnes parmi les plus fortunées du pays de recevoir en moyenne du fisc 30 593 euros. Les 1 000 plus riches ont reçu en moyenne plus de 337 000 euros. Les cent plus riches, 154 millions d’euros.
Galia Trépère
(Un article d'un autre militant juif anticolonialiste en prévision de la conférence de Michel
Warschawski),
par Pierre Stambul)
Si le sionisme naît à la fin du XIXe siècle, une importante scission se produit en son sein il y a environ 80 ans. Un nouveau courant qui s’intitule lui-même « révisionniste » apparaît. Son principal animateur se nomme Vladimir (Ze’ev) Jabotinsky.
Le « transfert » : un vieux projet
Jusque-là, les immigrants sionistes installés en Palestine sous mandat britannique, avaient tendance (comme la plupart des colonialistes) à
ignorer l’existence même du peuple autochtone. Israël Zangwill avait proféré le mensonge fondateur en affirmant qu’il fallait trouver « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » et que
cette terre serait la Palestine. David Ben Gourion avait bien remarqué que le pays était peuplé. Il pensait (à juste titre) que ces « fellahs » étaient les descendants des Hébreux. Mais, feignant
d’ignorer la réalité coloniale, il imaginait que ces « fellahs » s’intègreraient au projet sioniste. La révolte palestinienne de 1929 (à Hébron) et surtout l’insurrection de 1936 allaient
démentir ces rêves.
Dès lors pour Jabotinsky (admirateur du fascisme italien) et ses disciples, la voie à suivre est claire. Puisqu’il est entendu que les
Palestiniens sont valeureux et prêts à résister avec détermination, il faut les expulser au-delà du Jourdain. Dès la fin des années 30, le terrorisme de la droite sioniste se développe, s’en
prenant aussi bien aux Palestiniens qu’aux Britanniques. Pour la majorité sioniste qui se revendique du socialisme, cette droite est infréquentable et ces « socialistes » n’hésitent pas à la
qualifier de raciste et de terroriste, voire de fasciste.
Pourtant, dès le départ, « gauche » et droite sionistes sont d’accord sur l’essentiel : privilégier à tout prix la construction du futur Etat Juif au détriment de toute autre considération.
Deux démarches complémentaires
En 1933, les Juifs Américains décrètent un blocus économique contre l’Allemagne où Hitler vient de devenir chancelier. Ben Gourion s’y
oppose et le commerce entre le Yichouv (communauté juive en Palestine avant la création de l’Etat d’Israël) et l’Allemagne nazie se poursuivra.
À droite, le groupe Stern s’est lancé dans une guerre totale contre les Palestiniens et les Britanniques. Sa faction la plus dure dirigée
par le futur Premier Ministre Itzhak Shamir assassinera des soldats britanniques et prendra des contacts avec le régime hitlérien alors que le génocide nazi bat son plein. Ce même groupe
assassinera le comte Bernadotte pendant la guerre de 1948 pour bien signifier que le nouvel Etat d’Israël ne respectera pas le droit international.
Avec l’ouverture des archives, les historiens israéliens ont confirmé ce que les Palestiniens disaient depuis longtemps. La « Naqba »
(catastrophe), c’est-à-dire l’expulsion de 800 000 Palestiniens de leur propre pays était préméditée et elle avait largement commencé au moment de l’entrée en guerre des pays arabes voisins en
mai 1948. Les groupes terroristes d’extrême droite et l’armée régulière dirigée par la « gauche sioniste » (la Haganah, le Palmach) ont joué des rôles complémentaires. Ainsi à Deir Yassine, c’est
un groupe terroriste, l’Irgoun, dirigé par le futur Premier Ministre Menahem Begin qui massacre la population, mais c’est l’armée régulière qui occupe le village. Deir Yassine n’existe plus,
c’est devenu le quartier de Giv’at Shaul et le tunnel routier qui passe en dessous porte le nom de l’assassin : Menahem Begin.
Les responsabilités de la « gauche sioniste »
« Gauche » et sionisme, c’est un oxymore. Si la droite sioniste a toujours revendiqué la nécessité du nettoyage ethnique (certains
regrettent aujourd’hui qu’on n’ait pas terminé la guerre de 48 et qu’il reste des « Arabes » en Israël), la gauche l’a pratiqué sans vergogne.
En fait la « gauche » sioniste est compromise dans tous les crimes commis contre le peuple palestinien. En 1948, la « gauche » est au
pouvoir pendant la guerre. Non seulement, elle planifie l’expulsion, mais elle confisque les terres des expulsés et s’oppose à tout retour des réfugiés palestiniens dès la signature de
l’armistice. L’idée du pays « de gauche » aidé par l’URSS avec des kibboutz et des pionniers défrichant leur pays pour en faire un jardin,est fausse au départ : ce pays est né d’un nettoyage
ethnique. En 1956, la « gauche » est au pouvoir quand l’armée israélienne, alliée aux impérialistes français et anglais, conquiert le Sinaï. La même année, 49 Palestiniens d’Israël sont massacrés
à Kafr Kassem. Ils protestaient contre le vol de leurs terres. En 1967, on sait maintenant que la crise autour du détroit de Tiran était un prétexte. La conquête était préméditée et dès l’été
1967, la colonisation est décidée.
C’est un ministre « de gauche » Yigal Allon, chef d’un petit parti « socialiste » (l’Ahdut Ha’avoda) qui organise la colonisation de la
Cisjordanie. Comme il n’a pas le personnel politique pour coloniser, il va rencontrer le seul courant religieux sioniste, celui des disciples du rabbin Kook. Il leur offre des millions de shekels
pour qu’ils partent coloniser. Aujourd’hui, ce courant national-religieux, soutenu au départ à bout de bras par la « gauche », représente 1/4 de la société israélienne et une bonne partie des 500
000 Israéliens installés dans les territoires conquis en 1967 s’en réclame. Bien sûr, l’arrivée au pouvoir des disciples de Jabotinsky en 1977, avec la déroute électorale de la « gauche » face à
Begin, ressemble à un tournant historique. C’en est un surtout parce que, pour la première fois, l’électorat séfarade sanctionne les fondateurs de l’Etat d’Israël tout en faisant le jeu de la
droite raciste.
En 1987, Yitzhak Rabin est ministre de la Défense quand la première Intifada est réprimée avec une très grande brutalité. En 1993, cette même « gauche » semble avoir accepté l’idée de « la paix contre les territoires » en signant les accords d’Oslo. Pendant les quelques mois qui séparent ces accords de l’assassinat de Rabin, 60 000 nouveaux colons sont installés. Pourquoi ? L’épisode de Shimon Pérès au pouvoir avant sa défaite face à Benjamin Nétanyahou est une succession de crimes destinés à relancer la guerre : massacre du village de Cana au Liban, assassinat à Gaza de YahiaAyache, « artificier » du Hamas (d’après Pérès) en pleine période de trêve (1996).
À partir de cette période, la « gauche » sioniste participe à de nombreux gouvernements de coalition. C’est un ministre « de gauche » (Fouad
Ben-Eliezer) qui est à l’origine du mur qui balafre la Cisjordanie (appelé clôture de séparation en novlangue). C’est un ministre travailliste réputé sensible aux questions sociales (Amir Péretz)
qui, en tant que ministre de la défense, organise l’attaque contre le Liban en 2006. Et c’est un autre ministre « de gauche », Ehud Barak qui commande le carnage qui vient d’être commis à Gaza.
Il y a tellement peu de différence entre « gauche » et droite sionistes que, quand Ariel Sharon (un pur disciple de Jabotinsky), plus clairvoyant que ses anciens compagnons, décide d’évacuer Gaza
(pour mieux pouvoir détruire cette région), une partie des travaillistes (avec Shimon Pérès à leur tête) le rejoint dans le parti Kadima.
À l’origine du consensus
Juste avant d’attaquer à Gaza, Tzipi Livni a consulté l’ensemble des partis sionistes et tous ont donné leur accord, y compris le Meretz
dont plusieurs dirigeants étaient à l’origine des accords d’Oslo. L’ancien mouvement de masse Shalom Arshav (La Paix Maintenant) est devenu un appendice du parti travailliste. Les grands
écrivains considérés comme des consciences morales (Amos Oz, Avraham Yehoshua, David Grossman) ont approuvé l’agression contre Gaza après avoir approuvé celle contre le Liban deux ans
auparavant.
Michel Warschawski a toujours considéré que la minorité
anticolonialiste en Israël est une petite roue. En 1982, cette petite roue en avait entraîné une grande et des centaines de milliers de manifestants avaient dénoncé l’invasion du Liban et les
tueries de Sabra et Chatila. C’est fini. Les manifestations contre le carnage à Gaza (en dehors de celles organisées par les Palestiniens d’Israël), n’ont rassemblé que 10 000 participants. La
frontière ne passe pas en Israël entre « gauche » et droite. Elle sépare les sionistes des non sionistes ou des antisionistes.
Le « complexe de Massada » a réussi à convaincre la majorité de la population israélienne qu’elle est en
danger, qu’on veut la détruire, que les victimes, ce sont les Juifs, qu’il n’y a pas de partenaires pour la paix et que les Palestiniens poursuivent le projet d’anéantissement nazi. Le Hezbollah
et le Hamas ont été habilement érigés en épouvantails infréquentables. Puisque l’ennemi est monstrueux, le permis de tuer existe et il n’y a pas de question à se poser. Le discours des fanatiques
religieux (« les Palestiniens sont des Amalécites, la Torah dit qu’il est permis de les tuer ainsi que leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux ») est devenu le discours dominant.
D’ailleurs le rabbinat militaire a officialisé ce discours raciste et intégriste en excusant à l’avance tous les crimes de guerre commis à Gaza. Les barrières morales se sont
écroulées.
Les électeurs ont préféré l’original à la copie.
Les dernières élections en Israël, c’est un peu comme si l’OAS avait gagné la guerre d’Algérie et que des élections françaises se jouent
entre Philippe de Villiers, Bruno Mégret et Jean-Marie Le Pen.
Sans doute l’ancien gouvernement Livni-Barak avait des arrière-pensées électorales en attaquant Gaza et s’imaginait y gagner des voix. Il est symptomatique de voir que les trois partis qui sont arrivés en tête aux dernières élections israéliennes sont trois « héritiers » différents de Jabotinsky.
Celui qui apparaît le plus infréquentable a été videur dans une boîte de nuit en Moldavie. Avigdor Lieberman, comme un certain politicien
célèbre en France, a la réputation de dire tout haut ce qu’une bonne partie de l’opinion publique israélienne pense tout bas. Il a proposé, il y a quelques années, qu’on lance une bombe atomique
sur Téhéran ou qu’on bombarde le barrage d’Assouan. Ce « diplomate » un peu particulier est aujourd’hui ministre des Affaires étrangères. Son succès électoral est venu d’une idée plus que
centenaire, celle qui a été à la base de tous les nationalismes meurtriers : un état ethniquement pur. Il propose sans rire que le million et demi de Palestiniens d’Israël prêtent allégeance
au dieu sionisme, et qu’en cas de refus, ils soient déchus de leur nationalité et expulsés. Il ne se dit pas opposé à un Etat Palestinien du moment qu’Israël garde l’essentiel, à savoir les
colonies. Si son succès était prévisible dans l’électorat russophone, son discours sécuritaire (qui a failli aboutir à l’interdiction des partis politiques des Palestiniens d’Israël) lui a permis
d’énormes progrès, dans les colonies ou à Sdérot. Il est cocasse d’entendre les médias français se demander si son arrivée au ministère ne va pas « mettre un coup d’arrêt au processus de paix ».
Quel arrêt ? Quel processus ? Quelle paix ?
L’héritier « légitime » de Jabotinsky, Bégin et Shamir, c’est Nétanyahou. Il n’a pas varié, il est toujours hostile à tout Etat palestinien.
Face à la question démographique (5 millions et demi de Juifs et 5 millions de Palestiniens entre Méditerranée et Jourdain), sa stratégie, c’est le Grand Israël et l’Apartheid : confiner les
Palestiniens dans des zones de plus en plus restreintes, les pousser à partir, installer 300 000 nouveaux colons. N’ayant rien à proposer aux Palestiniens, même pas quelque chose qui pourrait
remettre en selle l’Autorité palestinienne, il fait diversion en proposant une attaque « préventive » contre l’Iran. Cette idée est populaire en Israël où l’on a toujours préféré noyer la
question palestinienne dans un univers plus grand : celui du choc des civilisations et de la guerre du bien contre le mal. Héritière de Jabotinsky et de Sharon, qualifiée de « centriste »
par les médias, Tzipi Livni (ancienne du Mossad où elle a organisé des attentats contre des Palestiniens) est à l’origine du carnage à Gaza.
Sans doute, Barack Obama aurait préféré qu’elle gagne les élections pour maintenir la fiction de négociations possibles. Les Etats-Unis
essaieront sûrement de la ramener au pouvoir d’ici quelque temps. Le parti Kadima ne se dit pas hostile à un Etat Palestinien à condition qu’Israël garde Jérusalem Est, Maale Adoumim, Ariel, les
blocs de colonies, la vallée du Jourdain ... Bref, il y aurait des bantoustans éclatés, non viables reliés par des tunnels et on appellerait cela l’Etat Palestinien.
Une classe politique nulle
Et les autres partis ? L’empressement d’Ehud Barak à rallier le parti travailliste à l’extrême droite n’a rien de surprenant. Rien ne les
oppose sur le fond.
C’est Barak qui a imposé l’idée qu’il n’y a pas de partenaire de la paix et qu’il n’y a aucune alternative à l’écrasement du Hezbollah ou du
Hamas. C’est Barak qui a convaincu les hésitants à l’idée d’une guerre sans fin. Son alliance rappelle les pires moments de la guerre d’Algérie quand les « socialistes » Guy Mollet, Robert
Lacoste, Max Lejeune faisaient cause commune avec les militaires « pacificateurs » (les généraux Massu et Bigeard), les adeptes de la torture ou les futurs dirigeants de l’OAS. Le parti
socialiste français a mis 20 ans à s’en remettre. Laminé aux dernières élections, le parti travailliste israélien risque de subir le même sort.
À sa gauche, le Meretz est dans l’impasse. Prisonnier du sionisme, il a échoué dans l’idée d’un « sionisme à visage humain » qui accepterait
grosso modo un retrait sur les frontières d’avant 1967. De toute façon, cette frontière internationalement reconnue (la ligne verte) n’existe plus. Elle ne figure sur aucune carte israélienne.
L’annexion n’est plus rampante, tout a été fait pour la rendre définitive. L’autoroute Tel-Aviv/Jérusalem traverse les territoires occupés à Latrun. De gigantesques entreprises s’installent en
Cisjordanie occupée. Les ruines d’Hérodion ou de Qumran (Cisjordanie) sont devenues des parcs nationaux israéliens, la plus grande partie de Jérusalem-Est a été transformée en banlieue
résidentielle. Les routes de contournement ont redessiné la carte de la Cisjordanie. Pour que la solution de « deux peuples, deux Etats » sur la base de la ligne verte existe, il faudrait que les
500 000 colons partent ou acceptent de devenir citoyens palestiniens. L’un comme l’autre sont devenus plutôt irréalistes. Faute d’avoir posé les questions essentielles (le colonialisme, l’égalité
des droits), le Meretz n’a plus rien à proposer.
Du côté des religieux, ceux qui ont conservé méfiance ou aversion vis-à-vis du sionisme (comme le groupe Nétouré Karta) sont aujourd’hui
très minoritaires. Ce qui a le vent en poupe repose sur une synthèse entre messianisme fanatique (« Dieu a donné cette terre au peuple juif »), nationalisme guerrier et racisme. Ainsi, le chef
spirituel du Shass (parti séfarade religieux ayant 11 députés), le rabbin Ovadia Yossef, a pu déclarer que les Palestiniens étaient tous des serpents et que la Shoah était une punition divine
contre les Juifs qui s’étaient mal conduits. Le franco-palestinien Salah Hamouri est en prison pour être soupçonné (sans preuves) d’avoir eu des intentions hostiles contre ce chef « spirituel »
d’une autre époque. Les partis religieux rivaux ne valent pas mieux.
Ce qui unifie la classe politique israélienne, c’est la corruption.
Sharon et ses fils ont eu affaire à la justice. Ehud Olmert aussi, mouillé dans des affaires de permis de construire monnayés quand il était
maire de Jérusalem, a dû démissionner. Nétanyahou lui-même a connu des moments d’éclipse. Lieberman est aujourd’hui poursuivi pour des détournements sur le financement des partis qui pourraient
lui coûter son poste. Il y a deux ans, une membre de son parti, Esterina Tartman, a menti effrontément sur ses diplômes pour pouvoir devenir ministre des sciences (à la place d’un « Arabe »
pressenti à ce poste). Elle a été poussée à la démission quand la vérité est apparue. Au moment du déclenchement de la guerre du Liban, le général en chef de l’armée Dan Halutz avait fait un
délit d’initié en vendant toutes ses actions et en précipitant la chute (de 8%) de la Bourse de Tel-Aviv. Quand les dirigeants israéliens ne sont pas poursuivis pour détournements, ils le sont
pour délits sexuels comme l’ancien président Moshé Katzav, accusé de harcèlement sexuel et de tentative de viol. Il n’y a rien à attendre de cette classe politique où le fric et l’individualisme
sont devenus les valeurs dominantes. Il est peu probable que sorte de cette classe quelqu’un comme le Sud-Africain De Klerk, capable de négocier un compromis historique et de se projeter dans
l’avenir. Rabin a payé de sa vie le fait d’avoir paru l’être.
Quel espoir ?
Les Palestiniens ont retenu de leur histoire tragique qu’il faut résister, ne plus partir.
On en est à la 4ème génération depuis la Naqba. Le rêve fou des sionistes, que les Palestiniens disparaissent en se fondant dans le monde arabe environnant ou qu’ils ne soient plus (à l’image des Amérindiens aux Etats-Unis ou des Aborigènes d’Australie) en situation de réclamer leurs droits n’est pas possible. En même temps, aucune paix juste ne sera possible tant que le projet sioniste sera à l’œuvre parce que ce projet a toujours reposé et repose sur la négation de la Palestine. Alors ?
Peu avant le carnage à Gaza, les élections municipales de Tel-Aviv avaient donné un résultat surprenant. La principale liste d’opposition
était dirigée par un jeune membre du Hadash (le parti communiste) qui était refuznik (= objecteur de conscience) et antisioniste. Il y avait des Palestiniens de Jaffa sur cette liste qui a obtenu
36% des voix. Il semble que les jeunes aient massivement voté pour un refuznik (c’est un indice). Mais le score obtenu montre une aspiration à vivre « normalement » sans une guerre tous les deux
ans, sans une mobilisation permanente, sans cette fuite en avant criminelle et suicidaire.
Tout Israélien qui réfléchit sait que la politique actuelle de destruction de la Palestine et de crimes répétés ne peut pas durer
indéfiniment sans des conséquences très graves pour les Israéliens. Si la société israélienne prenait le temps de se retourner, elle aurait le temps de voir ses vrais problèmes : la
violence, l’ultralibéralisme, l’effacement des identités, le militarisme, la segmentation, la perte des repères et des valeurs. Le dépassement du sionisme suppose de répondre à ces
défis.
Mais pour quand ? Le temps passe, les crimes s’accumulent. Ce changement indispensable et cette rupture du « front intérieur »
urgent.
Brest
06 42 22 96 37
brest.npa@gmail.com
Quimper
06 59 71 42 21
Le blog sur les
questions maritimes
Le blog de solidarité avec
Pour plus de détails voir les liens:
Soirée prisonniers palestiniens
mardi 16 avril
20H30
Maison des syndicats
Quimper Gourmelen
vendredi 19 avril
8 h 45
Fermez Cofrents
(pays Valencian)
Concert à Lannion
Dimanche 28 avril
Brennilis
Mardi 7 mai
Yves-Marie Le Lay,
Président de
Sauvegarde du Trégor
Douarnenez
Librairie l'Ivraie à 20h00