Marie-Laure Guillou n’appartient à aucun syndicat ou mouvement politique. Pourtant, elle a été le maillon essentiel d’une première manche victorieuse pour les défenseurs de
l’hôpital de Carhaix, dont le gouvernement souhaitait la fermeture de la maternité et du service de chirurgie. Jeune cadre hospitalier,
Marie-Laure Guillou a jeté toutes ses forces dans la bataille. Mettant de côté les risques professionnels que cela pouvait provoquer, elle a lutté jusqu’à l’abandon du projet gouvernemental. Elle
a accepté de répondre aux questions de Matthieu Guillemot.
Comment as-tu vécu cette lutte ? Marie-Laure Guillou –
Je me suis
investie dans le Comité de défense et de développement, un peu par hasard… Je souhaitais être présente, faire partie du conseil d’administration (CA) et me tenir informée de l’évolution de la
situation, mais je ne souhaitais pas faire partie du bureau ou avoir une place clé. Le soir du vote du bureau, je me suis désignée volontaire, malgré mes craintes : un engagement demande un
investissement important, ce que je ne pensais pas pouvoir offrir au comité, de par ma position de cadre de santé et mes contraintes familiales. Le bureau composé, les réunions ont commencé, le
CA comprenant 90 personnes de tous horizons, sociaux et politiques. Cette diversité, au lieu de déstabiliser et de nuire aux décisions, a contribué à notre réussite. Je suis née à Carhaix, j’ai
choisi de vivre à Carhaix ! J’avais la certitude que ce qui se passait était injuste. Je déteste l’injustice, alors je me suis lancée dans ce qui allait devenir une grande aventure. Mener un
combat était nouveau pour moi. J’ai appris à côtoyer un nombre important de personnes, différentes mais complémentaires, et ce bel ensemble était d’une richesse que jamais je ne pensais trouver
au sein du pays. L’union née de ce combat reste pour moi le plus beau symbole de cette réussite. Chacun avait son rôle au sein du comité (groupe action, comité de projet, élus et population). Les
compétences et les spécificités individuelles ont permis ces manifestations incroyables, cette organisation toujours bien calculée. Alors que le temps passait, je pensais que la mobilisation
allait s’essouffler, mais non, au contraire, de plus en plus de personnes rejoignaient le mouvement !
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