« Etat de guerre » déclaré, déploiement de missiles, menaces d’attaques préventives, mise en garde aux ambassades étrangères…
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Le régime (dictatorial) nord-coréen a fait monter inhabituellement haut la geste provocatrice. Il s’agirait avant tout, jugent nombre d’experts, pour Kim Jong-un de consolider son autorité sur l’armée, de caporaliser plus encore la population et d’améliorer sa main dans les négociations avec les Etats-Unis, notamment en ce qui concerne le programme atomique civil.
Certes, mais ils oublient un peu facilement la toute récente provocation états-unienne : la participation, fin mars, de bombardiers B52 et de chasseurs furtifs F22 (aux capacités nucléaires) à des exercices militaires en Corée du Sud simulant une opération contre le Nord.
Washington a bel et bien soufflé sur le feu de la crise coréenne.
Washington, Séoul et Tokyo trouvent leur compte dans la montée des tensions. Les Etats-Unis justifient la consolidation de leurs bases militaires (Corée du Sud, Okinawa) et le renforcement de la VIIe Flotte. La droite nippone pousse à une militarisation accrue du Japon et prépare l’opinion à l’idée que leur pays doit se doter d’un armement nucléaire. Séoul comme Tokyo profitent de cet « état d’urgence » pour marginaliser (et réprimer sévèrement, en Corée du Sud) les résistances sociales aux politiques d’austérité, les mouvements pacifistes ou l’opposition démocratique post-Fukushima à l’énergie atomique.
Le régime chinois se passerait bien des « excès » nord-coréens, mais ne peut accepter la perspective d’une réunification de la péninsule sous contrôle de Séoul ni rester indifférent à la montée en puissance des Etats-Unis dans cette partie du monde. Il a engagé un très important programme de développement de sa flotte militaire tant de proximité (mer de Chine du Sud) qu’océanique : Pékin dispute à l’Inde l’influence sur les Maldives, participe à des opérations internationales de « sécurisation » des voies maritimes dans l’océan Indien, envoie symboliquement une flottille porter le drapeau en Méditerranée…
L’armement nord-coréen est trop rudimentaire pour menacer le Japon ou les Etats-Unis.
Personne ne croit que nous serions à l’aube d’une nouvelle guerre de Corée. Mais, à force de provocations et contreprovocations (déploiement de B52 ou de missiles…), on ne peut exclure des « incidents » militaires plus violents encore que ceux que nous avons connu ces dernières années, au risque de dérapage mal contrôlé. Quoi qu’il en sera, l’abcès de fixation coréen nourrit déjà la militarisation de toute l’Asie orientale, la prolifération nucléaire et l’autoritarisme de bon nombre de régimes politiques.
Telle que conçue par les puissances (ou par les Etats autoritaires), la politique de « sécurité » conduit à une spirale militariste très inquiétante, dont on ressent de plus en plus les conséquences pour les populations. La sécurité du point de vue des peuples est en revanche portée par les mouvements démocratiques et sociaux indépendants des pouvoirs établis ; par le combat pour le désarmement nucléaire universel et son corollaire, la fin de l’énergie atomique ; par les mobilisations anti-guerre et l’opposition aux nationalismes de droite.
La solidarité internationale se construit par la rencontre de ces mouvements progressistes. Avec pour creuset l’internationalisme.
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