Fin février, des pêcheurs y ont découvert des traces de cyanobactéries. Les analyses ont déclaré l'eau propre à la consommation mais les pêcheurs sont sur
leurs gardes. « Il y a un problème de suivi, s'indigne Jean-Yves Kermarrec, président de l'association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA) de
l'Elorn. Il y a tellement d'autorités compétentes que chacun attend sagement que l'autre intervienne. »
Premier avertissement en 2010
« En juin 2010 déjà, l'agence de l'eau en Bretagne avait annoncé un déclassement du lac du Drennec pour la mauvaise qualité de son
eau », informe Gilles Huet, délégué général d'Eau et rivières de Bretagne. Jusque-là, il correspondait à un bon état écologique mais la concentration trop élevée de phosphore et
de nitrates a conduit à son déclassement. C'est à ce moment que les baignades dans les communes de Sizun et de Commana ont été interdites.
Selon les experts, la présence de cyanobactéries, caractérisées par la présence d'efflorescence verte en surface du lac, est surprenante en cette période.
« Habituellement, les facteurs aggravants sont la chaleur et la luminosité. Or c'est encore l'hiver et la température du lac ne dépasse pas les 8 °C »,
s'alarme Jean-Paul Guyomarc'h, biologiste et porte-parole d'Eau et rivières.
« Pas dangereux mais alarmant »
« Les résultats des analyses effectuées par un spécialiste de Rennes en cyanobactéries sont plutôt rassurants, constate Philippe Masquelier,
directeur du bassin de l'Elorn. Ils démontrent que la Planktothirx, identifiée dans le lac, ne produit pas de toxines. Il semble qu'elle se soit développée en raison du manque de
pluie ces dernières semaines. » Hypothèse soutenue également par les associations AAPPMA et Eau et rivières, mais qui dénoncent aussi la forte implication des nutriments.
« Surtout du phosphore en provenance d'effluents domestiques, d'élevages (de porcs, de volailles...) et d'engrais. »
La présence de cyanobactérie fait craindre aux associations « l'arrivée possible d'autres bactéries de la même famille mais toxiques cette fois, qui
peuvent toucher le foie, la peau, les reins ». Philippe Masquelier se veut rassurant : « Un protocole de suivi a été mis en place. Des prélèvements réguliers
seront effectués, analysés et les mesures seront prises en fonction des résultats. » Insuffisant selon l'AAPPMA : « Il ne faut pas se contenter de soigner. Il
faut anticiper en commençant par maîtriser l'environnement et empêcher l'arrivée de trop de nutriments.