Syndicats et direction sont restés en désaccord, samedi. Ce lundi matin, une assemblée générale des salariés est prévue. Explications pour mieux comprendre les raisons du conflit.
Pourquoi la grève ?
Siège social occupé, grève et agences fermées, conseil d'administration perturbé... La semaine passée a été mouvementée au Crédit Mutuel Arkéa, groupe bancaire basé au Relecq-Kerhuon, près de Brest (Finistère). Les syndicats, réunis dans une intersyndicale CGT, CFDT, SNB, UNSA et FO, dénoncent les augmentations de salaires « excessives » de certains responsables qui auraient touché « 30 % de plus en moyenne » !
Ils précisent qu'entre 2009 et 2010, des dirigeants « ont eu 15 % d'augmentation de leur salaire fixe et 50 %, en y intégrant la part variable. » C'est aussi une question de valeurs : « Nos dirigeants doivent arrêter d'utiliser des pratiques capitalistes dans notre entreprise mutualiste ! »
Ce qui a mis le feu aux poudres, c'est la création de la Société des cadres dirigeants (SCD). Elle réunit les 126 cadres dirigeants du groupe. « Nous n'aurons plus de visibilité sur leur rémunération ».
Que demandent les syndicats ?
Pour compenser l'écart entre les faibles et les hauts salaires, ils réclament une augmentation salariale de 60 points « pour tout le monde » (soit 2 217 € annuel brut), ce qui représenterait 150 € par mois... « ou 7,5 % pour un salaire de 2 000 € net ». Ils demandent aussi un abondement minimal de 500 € par salarié et une augmentation de la valeur du chèque déjeuner. L'an passé, le groupe Arkéa a enregistré des résultats exceptionnels avec un bénéfice net de 273 millions d'euros, en progression de 77 %.
Que dit la direction ?
Si les revendications syndicales sont acceptées, elles coûteraient « 25 millions d'euros par an à l'entreprise », soit « près de 9 % du résultat de l'ensemble du groupe ». Une augmentation de salaires identique pour tous ne corrigerait pas les écarts.
La direction propose « une revalorisation soit des salaires les plus bas, soit des catégories qui seraient à un niveau inférieur à celui du marché ». Concernant l'abondement, un nouvel accord d'intéressement bonifie déjà l'enveloppe en fonction des résultats. Mais elle ferait un effort supplémentaire pour les salariés en fin de carrière.
Des dirigeants ont-ils perçu 30 % de rémunérations en plus ? Hier, la direction n'a pas répondu. Mais elle a fait valoir que « la masse salariale des cadres dirigeants a augmenté de 17 % l'an passé », et que « l'effectif a augmenté de 16 % ». La société simplifierait la gestion des cadres qui peuvent évoluer dans les différentes entités du groupe (1).
Quelle issue ?
Samedi, une rencontre a eu lieu entre les syndicats et la direction, qui souhaite trouver une issue. La situation devient difficile pour l'entreprise. Elle a proposé d'augmenter le salaire minimum d'embauche de 21 700 € à 24 000 € brut. Mais « cela ne concerne que peu de monde », selon les syndicats. Le chèque déjeuner passerait de 8,50 € à 10,50 €.
La rémunération se ferait sur 13 mois au lieu de 14 mois et demi, « sans impact sur le montant annuel ». Déception des syndicats : « On n'a pas de réponses sur nos principales revendications ». Le contenu de cette rencontre sera rapporté aux salariés, ce lundi, lors d'une assemblée générale. La grève est maintenue pour mardi.