15 mai 2010 - Le télégramme
Le conseil général ne subventionnera plus les cinq cafés-concerts costarmoricains. Conséquence directe, deux d'entre eux vont stopper la programmation musicale. Les trois autres vont diminuer leur nombre de dates...
Juliette, Anaïs, Gilles Servat, Alexis HK ou Pauline Croze: cinqartistes, parmi tant d'autres, passés par les cafés-concerts des
Côtes-d'Armor. Leurs cadets pourront-ils eux aussi faire leurs armes dans les bistrots? Rien n'est moins sûr.
«Nous ne pouvons pas faire autrement»
Il y a un peu plus de deux semaines, les cinq associations costarmoricaines (lire l'encadré) qui organisent des concerts dans des bars ont appris que les subventions versées par le conseil
général ne se seront pas reconduites l'an prochain. Motif invoqué par les services départementaux: la Réforme générale des politiques publiques (RGPP) et les transferts de compétences entre
l'État et les conseils généraux.
«Ce n'est pas notre choix. Il nous est imposé par le gouvernement», se défend Christian Provost, le vice-président socialiste du conseil général, en charge de la
culture. «Nous sommes en difficulté, donc obligés de faire des coupes dans le budget. On peut considérer que ces cinqcafés conventionnés font partie du service public culturel. Mais ce sont quand
même des lieux privés. Au pire, ils ne feront plus de musique mais continueront leur activité de bar. C'est un peu dramatique mais nous ne pouvons pas faire autrement».
Pas de bénéfices lors des soirées-concerts
Les conséquences de la décision du conseil général n'ont pas tardé. D'ores et déjà, deuxbars (Le Piccadilly et le Toucouleur) ont annoncé qu'ils n'y auraient plus de concerts chez eux l'an
prochain. Et les trois autres vont être obligés de diminuer le nombre de soirées, tout en augmentant les tarifs (jusqu'ici compris entre 3€ et 10 €). «On touche encore aux petits et à ceux qui
ont le moins de ressources», déplore Yvette Bellet, du Toucouleur, à Trégastel. «Au cours de ces soirées, aucun d'entre nous ne réalise de bénéfices, si ce n'est celui du plaisir partagé avec le
public», embraye GuénaëleRouzic, de l'association Badaboum (organisatrice de concerts au Piccadilly, à Saint-Brieuc).
71 concerts 180 artistes employés
«Pourquoi cette inégalité de traitement avec les autres structures? Ces 15.000 €, c'est une goutte d'eau dans le budget du conseil général», insiste YvainLemattre, du Pixie, à Lannion. «L'an
passé, à nous cinq, nous avons organisé 71 concerts, employé 180 artistes et attiré 4.200 spectateurs. Cela représente trois saisons culturelles dans une salle.
Cette décision va engendrer moins de travail pour les artistes. Notamment pour les artistes départementaux qui ont tous écumé nos lieux. Ce qui leur permettait d'avoir suffisamment de dates pour garder leur statut d'intermittents du spectacle». Pour le Lannionnais, désormais, une question se pose: «Est-ce que le conseil général souhaite une politique culturelle qui ne soit qu'un outil de communication du département? Ou bien désire-t-il promouvoir une programmation avec des prises de risques, dans des lieux de proximité et de convivialité, tout au long de l'année?».
- Julien Vaillant
Cinq associations et cinq bars conventionnés
Les cinq associations conventionnées par le conseil général pour organiser des concerts dans des bars sont: Asso Trégor, au Pixie, à Lannion; Liv an noz, au Toucouleur, à Trégastel; Dans la gueule du loup, au Kerganer, à Lanloup; Les coquins d'accord, au Chaland qui passe, à Binic; Badaboum!, au Piccadilly, à Saint-Brieuc.