Dans le cadre du Mois du documentaire, un film sur Francis Jeanson sera projeté ce soir au Run ar Puñs (20 h 30, entrée gratuite).
Il sera suivi d’un débat avec les réalisateurs Catherine de Grissac et Bernard Vrignon.
Qui était Francis Jeanson ?
« Un philosophe qui s’est fait connaître pendant la guerre d’Algérie. En France, il s’est lié avec le FLN et a fait partie du réseau des porteurs de valises appelé aussi réseau Jeanson. Il a lutté contre le contrôle au faciès dans Paris, il a servi de chauffeur pour les ressortissants algériens... »
Disons-le clairement, ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de rencontrer un artiste américain de la gauche anticapitaliste. Boots Riley, MC et leader de The Coup depuis le début des années 90, a l’allure du militant afro-américain des seventies : moumoute parfaitement lisse, rouflaquettes pimpées, et l’œil malicieux du mec qui, quand il parle politique, se sait à contre-courant.
Militer, organiser des grèves, bref, tout le précis de l’activiste, il connaît. Il faut avoir un sérieux grain ou n’avoir peur de rien pour, aux Etats-Unis, sortir une chanson qui liste différentes manières d’éliminer un PDG.
Ou pour assumer cette pochette qui met en scène l’attaque du World Trade Center, et dont l’album « Party Music » est sorti... quelques semaines avant le 11 Septembre.
Son raisonnement est affûté, son argumentaire est béton. Et surtout, son espoir en l’avenir inébranlable. Rencontre avec un militant américain. Un vrai.
DumDum.fr : Vous vous considérez comme un musicien, comme un activiste, ou les deux ?
Boots Riley : Je pense que je suis un peu des deux car ce que je fais est politique. Encore que, d’après moi, le terme « activiste » n’est pas adapté à mon cas. Ce mot laisse entendre qu’on participe à des événements, des rassemblements ou des manifestations. Ce qui n’est pas la même chose que de militer et faire campagne. Ça n’est peut-être que de la sémantique, mais je m’efforce d’être le plus souvent dans une démarche de militant, engagé sur le long terme, que de simple activiste.
A quand remonte cet engagement politique ?
J’avais 14 ans je crois. Un jour, un jeune militant s’est arrêté devant chez moi. Il conduisait un van rempli de jeunes militantes de mon âge. Il m’a abordé en me disant : « Hé mec ! Tu veux faire un tour à la plage avec nous ? » Forcément, j’ai dit oui. Mais il a posé ses conditions juste après : « Génial mec ! Mais d’abord, on va aller soutenir la grève des ouvriers de la conserverie. » [Il tire un large sourire malicieux] C’est comme ça que j’ai fait mon entrée en politique.
Votre environnement familial était également politisé.
Oui, mon père surtout. Dans les années 50, quand il était adolescent, il a fait partie du NAACP (National association for the advancement of colored people). Plus tard, pendant les années 60, il a participé à diverses organisations qui militaient pour l’égalité des droits civiques. Ensuite, il a déménagé à San Francisco et s’est radicalisé. Il s’est rapproché du Progressive Labor Party [parti politique fondé en 1961 suite à un schisme entre le Parti communiste des Etats-Unis et certains de ses membres qui estimaient que l’Union soviétique avait trahi les principes de l’idéologie communiste, ndlr]. Et puis, il est devenu militant du parti à temps plein à Detroit.
Au bout d’un temps, il a quitté tout ça pour devenir avocat, toujours à défendre des causes, mais d’une manière différente. Il est toujours très engagé aujourd’hui, dans le mouvement « Occupy » par exemple. Il est probablement plus engagé que moi !
Quel est votre niveau d’engagement alors ?
Bah... Moi j’ai enregistré un album et actuellement, je suis en tournée. Pas lui. Mais le reste du temps, je milite. Dernièrement, j’étais dans beaucoup de mouvements, contre les saisies immobilières qui se sont accentuées depuis la crise, ou encore en soutien à des syndicats de salariés des fast-foods... Concrètement, pour moi, faire des albums, partir en tournée, c’est comme ça que je gagne ma vie. J’adore ça, mais c’est aussi ce qui me permet à la fois de payer les factures, et de continuer à militer.
On vous colle facilement une étiquette de communiste. Pour vous, ça veut dire quoi être communiste aux Etats-Unis ?
Il n’y a pas de communisme aux Etats-Unis. Cela n’aurait aucun sens. Mais le mouvement « Occupy » est révélateur d’un changement concret. Les gens en ont marre d’être exploités.
Ce que je demande, ce pour quoi je me bats, et qui obtiendrait le soutien de plein de monde, c’est que la population puisse exercer un contrôle démocratique sur la richesse créée par leur propre travail. Peu de gens aujourd’hui seraient contre.
Techniquement, c’est du communisme ou du socialisme... Certains vont dire que c’est de l’anarcho-socialisme, mais peu importe ! Tu peux appeler ça cookie si ça te fait plaisir ! Toujours est-il qu’actuellement, avec ce qui se passe aux Etats-Unis, on a une chance qu’une telle société puisse se mettre en place.
Pourquoi ?
Avant « Occupy Wall Street » et la propagation de la contestation comme un feu de paille, partout dans le pays, j’étais beaucoup plus pessimiste que maintenant.
Depuis, j’ai réalisé que les médias avaient menti et mentent quotidiennement aux gens. Ils prétendent que ceux qui soutiennent et participent à « Occupy » sont les seuls à ne pas aimer le système tel qu’il est, et que tous les autres sont individualistes, conservateurs et veulent le rester. La vérité, pour la connaître, il suffit de discuter autour de soi. Les gens n’aiment pas ce qui se passe dans le pays.
Vous avez participé à un mouvement « Occupy » ?
Les premiers mois, oui, jusqu’à ce que je commence à travailler sur mon album. J’y allais assez souvent pour manifester, mais je n’ai jamais fait partie des organisateurs. C’était incroyable. J’y ai vu des gens qui, pour la première fois de leur vie, s’investissaient dans une lutte ou même venaient manifester. J’y ai vu des militants radicaux qui, pour la première fois de leur vie, réfléchissaient à un moyen de se mobiliser avec des personnes qui ont des idées différentes. Je n’avais jamais vu ça auparavant.
Mais ça reste pourtant des mouvements marginaux, non ?
C’est là que tu te trompes. D’abord, il y a bien plus de personnes participant à « Occupy » que tu ne sembles l’imaginer. Et puis, en dehors de ces mouvements, les choses ont bougé. Et je dois avouer que c’est tant mieux car, comme d’habitude, dans les mouvements de gauche et d’extrême gauche, il y a beaucoup de divisions qui polluent la contestation.
Aujourd’hui, les travailleurs de chez Walmart [multinationale américaine de la grande distribution, ndlr] se mobilisent partout dans le pays contre leurs conditions de travail. Il y a un an, ça ne serait jamais arrivé.
A Chicago, les syndicats d’enseignants ont fait grève et ont reçu le soutien de milliers de travailleurs d’autres branches. Il y a un an, on t’aurait dit : « Ça n’arrivera jamais ! » Le 1er mai dernier, un nombre incroyable de personnes ne sont pas allées travailler pour afficher leur soutien aux travailleurs, et je ne parle pas de gens syndiqués ou militants... On n’a pas de 1er mai comme ça d’habitude chez nous !
Il était annoncé que le changement viendrait d’Obama. Est-ce que les choses ont bougé grâce à lui ?
Bien sûr que non. Le changement doit toujours venir des hommes politiques, mais en réalité, si tu remontes l’Histoire, les changements significatifs ne s’opèrent jamais en allant aux urnes. Le changement vient toujours d’un mouvement de contestation populaire assez important pour effrayer la classe dirigeante.
Vous n’avez donc pas voté aux dernières élections ?
Non, j’étais au Canada. Mais si j’avais été chez moi, ça n’aurait rien changé. Je ne vote pas pour des hommes politiques. Je vote aux référendums.
Qu’est-ce qui pourrait vous faire changer d’avis ?
Que la population puisse exercer un contrôle démocratique sur la richesse créée par leur propre travail. Il est dommage que toute l’énergie positive dépensée à faire élire un politique ne soit pas réutilisée pour qu’un mouvement de contestation de masse soit alimenté. Un mouvement de masse, c’est la seule chose qu’il manque. Mais je suis sûr que ça va changer. Les grèves, les protestations, ce n’est que le début. Les gens vont rentrer dans une phase de lutte. Ils iront plus loin. Ils réquisitionneront leurs usines pour se les réapproprier. A partir de là, ils voudront réorganiser la société.
Et quel sera votre degré d’implication là-dedans ?
J’aime m’impliquer à un niveau local. Mais j’espère surtout que je ne serai pas en tournée, que je serai chez moi. Je dois payer les factures. Sans ma carrière musicale, je ne pourrais pas. Et je n’ai pas d’autres compétences que de faire de la musique. Heureusement, j’arrive à faire passer mes idées à travers ma musique. Car je ne sais pas faire un autre job ! [Il rigole] Et tu imagines si j’avais d’autres compétences ? Personne ne voudrait m’embaucher ! Les mecs auraient trop peur que j’organise une grève !
Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Coup
2 novembre 2012
Pour beaucoup de cinéphiles, le film de René Vautier «Avoir 20ans dans les Aurès» était, avant tout, une oeuvre polémique et militante sur la guerre d'Algérie, dont les qualités artistiques souffraient d'un tournage en 16mm et d'une lente dégradation des bandes depuis sa sortie, il y a tout juste 40 ans.
Depuis la fin de l'été, ces critiques de forme ne sont plus recevables. Grâce à un travail de fourmi, mené notamment par la fille du cinéaste, Moïra
Chappedelaine-Vautier et financé pour partie par la région Bretagne, les éléments du film bloqués dans un laboratoire ont pu être restaurés. Un très gros travail de postproduction fourni par la
cinémathèque de Bretagne a également été accompli et grâce au réseau Cinéphare, le film retrouve une nouvelle jeunesse et sera diffusé dans de nombreuses salles de larégion.
Réactions toujours vives
Accueilli à Brest cette semaine, René Vautier s'est dit «ébloui» par le film restauré. Et la
tournée au long cours menée pour présenter ce film, récompensé en 1972 par le prix international de la critique à Cannes, fait toujours carton plein lors des séances programmées. «Les salles
continuent de réagir très fort», souligne-t-on, même si certaines menaces de manifestations nostalgiques sont prises au sérieux. «Qu'importe», s'amuse RenéVautier, dont le verbe est toujours
aussi percutant, «une association d'anciens combattants, les Anciens combattants pour la paix, nous soutient».
Il est vrai qu'en ayant débouché les écoutilles en parvenant à un son impeccable, plus aucun dialogue ni son de ce film «pour la paix en Algérie» ne peuvent désormais échapper au public. À en croire les promoteurs d'«Avoir 20 ans dans les Aurès», la portée de ce film culte - marqué par la censure, la création de l'unité de production de cinéma en Bretagne (UPCB) et des anecdotes à foison - n'en est que décuplée. N'en déplaise à ses éternels détracteurs.
Le film de René Vautier Avoir vingt ans dans les Aurès (1971) a fait l’objet d’une restauration prise en charge par le CNC Patrimoine, la Cinémathèque Française, la Cinémathèque de Bretagne et l’association Mas O Menos.
Prix de la Critique Internationale à Cannes en 1972, il sera présenté en avant-première à la 69e Mostra de Venise dans le cadre de la rétrospective Venezia Classici, sélection de films restaurés.
Y jouent Noël Arcady, Philippe Léotard, Hamid Djellouli, Jean-Michel Ribes.
L’histoire : 1961, dans le Sud algérien.
Des rappelés, hostiles à la guerre d’Algérie, ont été repris en mains par le lieutenant Perrin. Pris dans l’engrenage de la guerre, ils pillent, ils tuent, ils violent. Sauf Noël, un humaniste. Il libère un prisonnier algérien qui doit être fusillé et fuit avec lui vers la frontière. Le film sera diffusé commercialement à partir du 26 septembre en Bretagne.
A l'occasion des Cinés Ouverts en Finistère, avec le réseau Cinéphare, des séances en présence de Nicole et Félix Le Garrec, respectivement scripte et photographe sur le film, sont organisées.
Jeudi 18 octobre à 20h30 : Le Dauphin, Plougonvelin.
Lundi 22 octobre à 20h30 : Arthus Ciné, Huelgoat
Jeudi 25 octobre à 20h30 : Le Quai Dupleix, Quimper.
Chris Marker est mort dimanche à son domicile parisien, à l’âge de 91 ans.
Le réalisateur de « La Jetée » (1962) ou « Le fond de l’air est rouge » (1978) laisse une œuvre foisonnante, qui a inspiré des générations de cinéastes et documentaristes, français et étrangers.
Le titre le plus emblématique de Chris Marker est « La Jetée », un film fantastique expérimental de 28 minutes, composé pour l’essentiel d’images fixes et d’une voix unique, avec une musique de Trevor Duncan, œuvre poétique très personnelle.
Homme de l’avant-guerre, qui a étudié dans un lycée parisien dont l’un des profs s’appelait... Jean-Paul Sartre, Chris Marker a rejoint la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.
Intellectuel engagé à gauche, Chris Marker, de son vrai nom Christian-François Bouche-Villeneuve, voyage beaucoup, notamment dans le monde socialiste de l’après-guerre, en Chine et même en Corée du Nord.
Mais c’est à partir de 1967 et surtout après 68 qu’il renouvelle le genre du film militant, sur les grands engagements internationaux et sociaux de son époque, de notre époque.
On le trouve, logiquement, au cœur de l’aventure collective « Loin du Vietnam », un film sur le conflit majeur des années 60, au côté de Jean-Luc Godard,
d’Agnès Varda, d’Alain Resnais, de Claude Lelouch, de Joris Ivens et de William Klein. C’est Chris Marker qui coordonne le projet et signe le montage.
En 2008, Arte a diffusé « Le fond de l’air est rouge », l’une des œuvres marquantes de Chris Marker, réalisée trente ans plus tôt. Sur Rue89, l’historien-journaliste du cinéma Antoine de Baecque la présente ainsi :
« “Le fond de l’air est rouge‘ commence par une leçon de montage, qui est à la fois une illustration du titre choisi par Chris Marker en 1977, et un commentaire visuel de son projet en lui-même : raconter en trois heures dix années d’histoire de la gauche mondiale, de la mort du Che en 1967 à la rupture du Programme commun en 1977, comme le journal intime d’un magnifique échec.
C’est la mort et la mélancolie qui dominent ce paysage révolutionnaire de crépuscule, telle une chronique lyrique de la défaite d’une idée et des disparitions successives des grands héros de la révolte.
La diffusion, puis l’édition DVD [dont Rue89 est partenaire, ndlr], du Fond de l’air est rouge ’ surgit au moment où la France, et pas seulement la gauche, se souvient de Mai 68, quarante ans plus tard, trente années après le film de Marker. Et l’heure n’est plus à la mélancolie, à cette tristesse créatrice telle que l’a conçue Chris Marker.
- D’un côté, ce sont plutôt des accents nostalgiques et revendicatifs, ceux des ‘ anciens ’ , des témoins, qui reprennent rituellement tous les dix ans le postulat commémoratif : 68 a changé la France, tirons-en quelques bonnes leçons pour ne pas trop changer au présent.
- De l’autre, on entend le scepticisme, le discours de l’oubli volontaire, voire celui de la liquidation d’un héritage présenté comme indigne, celui où puiserait une France qui ne voudrait pas travailler, qui s’opposerait à la modernité libérale, qui mettrait de la rigidité là où le pouvoir en place voudrait voir souplesse, fluidité, circulation et communication accélérées.”
Chris Marker a mené de front des projets personnels innovants, et collaboré à une quantité impressionnante de projets collectifs, mettant son talent et sa vision au service des autres. Le tout dans une discrétion extrême : il refusait d’être photographié, d’être interviewé (à l’exception notable de cette interview par e-mail accordée à Libération en 2003), de présenter ses films.
Le président de la Cinémathèque française, le cinéaste Costa Gavras (“Z”, “L’Aveu...”), qui collabora avec lui plus d’une fois, cosigne ce lundi avec Serge Toubiana un hommage sur ce point :
“Chris Marker, c’est encore le paradoxe dynamique d’un créateur qui fit tout à la fois œuvre personnelle, à la manière d’un artisan, et mit souvent son génie de l’organisation au service des autres, de la cause des autres, initiant ainsi des expériences artistiques et politiques décisives comme l’œuvre collective intitulée Loin du Vietnam (1967) ou des films ouvriers majeurs réalisés dans le cadre des ‘ Groupes Medvedkine ’, du nom de ce cinéaste soviétique auquel il consacra aussi un film ‘ en solo ’, Le Tombeau d’Alexandre.
Dans le monde cinématographique de Marker, tout se tient : l’individuel et le collectif, le présent et la mémoire, l’intime et le spectaculaire des luttes, le bricolage et la haute technologie, la ‘ petite forme ’ (la danse sublime de l’éléphant sur une musique de Stravinsky pendant les quatre minutes de Slon Tango, 1993) et la grande histoire (Le fond de l’air est rouge, L’Héritage de la chouette). Du grand art à l’échelle d’un seul homme.”
Brest
06 42 22 96 37
brest.npa@gmail.com
Quimper
06 59 71 42 21
Le blog sur les
questions maritimes
Le blog de solidarité avec
Pour plus de détails voir les liens:
Soirée prisonniers palestiniens
mardi 16 avril
20H30
Maison des syndicats
Quimper Gourmelen
vendredi 19 avril
8 h 45
Fermez Cofrents
(pays Valencian)
Concert à Lannion
Dimanche 28 avril
Brennilis
Mardi 7 mai
Yves-Marie Le Lay,
Président de
Sauvegarde du Trégor
Douarnenez
Librairie l'Ivraie à 20h00