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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 13:00
Son succès "Luka" parle d'un enfant maltraité

My name is Luka
I live on the second floor
I live upstairs from you
Yes I think you've seen me before

If you hear something late at night
Some kind of trouble. some kind of fight
Just don't ask me what it was
Just don't ask me what it was
Just don't ask me what it was

I think it's because I'm clumsy
I try not to talk too loud
Maybe it's because I'm crazy
I try not to act too proud

They only hit until you cry
And after that you don't ask why
You just don't argue anymore
You just don't argue anymore
You just don't argue anymore

Yes I think I'm okay
I walked into the door again
Well, if you ask that's what I'll say
And it's not your business anyway
I guess I'd like to be alone
With nothing broken, nothing thrown

Just don't ask me how I am [X3]

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 10:56

521px-TrotskySlayingthvveDragon1918

 

Trosky en St Georges terrassant l'armée blanche (1919)


8 juin 2011

Honnie en son temps, immédiatement écartée par la censure soviétique lors de sa création en 1944, la pièce «  Le Dragon  » n’a surgi dans ses véritables dimensions que vingt ans plus tard, notamment grâce à Benno Besson qui l’a créée d’abord en Allemagne, dans les années soixante, puis à Genève, et en France, dans les années quatre-vingt.

 

L’argument de la pièce


Depuis quatre cents ans, un dragon polymorphe règne en despote sur une cité imaginaire grâce à la complicité des autorités locales et à la complaisance de ses habitants  : «  Le seul moyen d’être à l’abri des dragons, c’est d’avoir un dragon chez soi  ». Arrive Lancelot, héros professionnel. Sa mission  : se mêler de tout ce qui ne le regarde pas. Il fait la connaissance de la fille de l’archiviste, Elsa, et s’en éprend, alors que celle-ci s’apprête à être offerte en sacrifice au tyran.

 

Malgré les réticences de la population, Lancelot provoque le dragon en duel et le tue. Mais aussitôt, le Bourgmestre s’attribue la victoire, s’octroie Elsa et s’empare du pouvoir. Lancelot blessé est contraint de s’enfuir, abandonnant la ville à son nouveau tyran et aux inexorables mutations de celui-ci.

 

Evgueni Schwartz


Né à Kazan en 1896, étudiant au moment de la révolution d’Octobre, Schwartz plonge dans le monde du théâtre après la Première Guerre mondiale. Il se consacre d’abord à la littérature enfantine, avant de mettre au service du public adulte sa formation de journaliste, de comédien et de conteur. Dans l’élan des formalistes russes des années 20, il pratique le collage des genres pour réinventer le conte  : un savant mélange de subversion et de naïveté, de quotidien et de fantastique, de gravité et d’humour, démarche toujours ludique et dérangeante par laquelle il en appelle à la conscience et à la responsabilité citoyenne.

 

Dès les années 30, trois grandes pièces destinées aux adultes voient le jour  : Le Roi Nu (1934), libre adaptation d’après plusieurs contes d’Andersen, interdite avant même sa création, L’Ombre dont les représentations en 1940 sont interrompues par la guerre, et enfin Le Dragon, créé à Moscou en 1944. Présentée comme une dénonciation de la société hitlérienne, la pièce est perçue, le jour de sa création, comme une attaque détournée contre le régime stalinien et immédiatement censurée par les autorités.

 

Perspective de l’œuvre


Lancelot n’a pas le moindre doute sur sa vocation providentielle. C’est le chevalier errant par excellence  : les dragons, les ogres et les géants c’est son rayon. Mais les attentes du héros sont vite déroutées  : dans cette bourgade faussement imaginaire, chacun s’est accommodé de la présence séculaire du dragon, érigé en barricade contre l’angoisse, la crainte de l’inconnu, de la maladie, de la souffrance, de la mort…

 

Ainsi, les bourgeois lancent leurs chiens à ses trousses et le traitent en ennemi du peuple, celui-ci préférant conserver ses petits aménagements mesquins de survie au quotidien, plutôt que de s’attaquer fondamentalement à ses vilains démons. Au-delà de la satire politique évidente du stalinisme et du nazisme, c’est une pièce qui parle magnifiquement du phénomène de la peur, thème majeur, il faut croire, de notre époque. La tyrannie du dragon fait manifestement partie du domaine de «  l’ordinaire  »  : «  notre ville est calme, il ne s’y passe jamais rien...  »

 

Public citoyen


C’est en formation réduite, dans un espace de jeu restreint, que cette œuvre protéiforme et foisonnante est abordée. Ce format de création miniature vise à faire vibrer l’aventure imaginée par Schwartz  : non pas entreprise herculéenne contre les nouveaux monstres du 20e siècle, mais réponse lucide, sur de modestes mais fermes tréteaux, à un monde en train de s’écrouler à force de compromissions.

 

Pourtant, on ne peut monter Le Dragon sans représenter le peuple. Car il s’agit du personnage central, celui auquel on renvoie la balle, une fois congédiées les figures périmées du Héros et du Salaud. Dans le texte, la liste des personnages comprend de nombreuses figures bourgeoises et ouvrières, impliquant un important contingent de figurants. Le parti pris de la «  réduction  » a donc conduit la mise en scène à substituer à ce dispositif le public lui-même.

 

Un théâtre d’enfants pour les adultes


«  – Maman  ! Comment ça se fait que le dragon il se débine  ? – Il ne se débine pas, il manœuvre. – Alors pourquoi il a la queue entre les jambes  ?  »

Schwartz s’est d’abord tourné vers les enfants, comme s’il avait eu l’intuition, au temps des balbutiements de la jeune Union soviétique, que c’était là que devait se situer l’avant-garde la plus positivement subversive. Intuition bien fondée, puisqu’à partir des années trente, ses pièces, dites désormais «  pour adultes  », ont été envoyées se coucher  : faire taire ce babil des classes devenues trop dangereuses, quand elles affirment de façon éhontée que les rois sont nus, que les dragons perdent leurs têtes et que des ombres menaçantes s’allongent sur le 20e siècle.

 

Lorsque la mécanique du pouvoir exerce un travail de conditionnement tel qu’il nous englue dans sa comédie grossière et cruelle, seul un langage encore capable d’étonnement et d’inquiétude est susceptible de fournir l’effort d’imagination nécessaire pour nous faire voir les choses telles qu’elles sont. Une intense et douloureuse épreuve de l’imaginaire  : c’est en cela que consiste le jeu d’enfant paradoxal auquel nous entraîne Schwartz, défi téméraire devant la féerie barbare des temps modernes.

 

Extraits du dossier de presse.


Choix de la rédaction.
Création au Théâtre de l’Orangerie à Genève, du 26 juillet au 14 août 2011
Compagnie Yvan Rihs pour le moment, c/o Yvan Rihs, 1A, Chemin de Mon-Soleil, 1202 Genève, yvanrihs@bluewin.ch, 078 755 57 81

 

* Paru en Suisse dans « solidaritéS » n°191 (08/07/2011), p. 19.
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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 11:21

 

 

 C'est les vacances! Aussi, à la demande générale de Marcel, un peu de culture, dans ce monde de brutes, bordel!

Les révolutions de 1830, 1848, étaient "bourgeoises", mais comme les révolutions, même bougeoises, c'est toujours les mêmes qui les font, çà compte quand même!

 

Chopin

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22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 11:09
gil_scott_heron2.large.jpg

 

Difficile de rendre hommage à Gil Scott-Heron sans contredire la profonde humilité avec laquelle lui-même décrivait son parcours. De son vivant déjà, le poète refusait l’étiquette d’"inventeur du rap" qui était devenue presque indissociable de son nom.

 

Dans un texte de novembre 1998 intitulé « Words are for the Mind », il annonçait refuser le titre et nommait ceux qui l’avaient inspiré.1 On voyait en lui un créateur ; lui se rêvait en passeur. Son travail de romancier, de poète, de chanteur et d’activiste politique a opéré la jonction entre la fureur révolutionnaire des années du « Black Power » et les rafales de rimes sarcastiques du hip-hop. En refusant d’endosser le costume de l’inventeur, Gil Scott-Heron ne faisait pas acte de fausse modestie mais indiquait plutôt combien le rôle de passeur lui paraissait infiniment plus noble, plus en accord avec sa philosophie de vie.


Gilbert Scott-Heron n’a que six ans en décembre 1955, le jour où Rosa Parks refuse de céder sa place à un passager blanc dans un bus de Montgomery, en Alabama. Dans l’état limitrophe du Tennessee, où il vit avec sa grand-mère depuis la séparation de ses parents, le gamin aux origines africaines, américaines et jamaïcaines n’a sans doute pas conscience de ce qui est en train de se jouer à cinq cent kilomètres au sud de chez lui ; pourtant, lui et les siens sont directement concernés par les lois "Jim Crow" pour la ségrégation raciale qui divisent le pays depuis quatre-vingt ans. Cette enfance passée dans le Sud à l’époque des premiers éclats de voix du mouvement pour les droits civiques ressortira dans toute sa rugosité dans les écrits du jeune homme qu’il deviendra dans les années 1960, de retour dans le Nord qui l’avait vu naître. Dès le lycée, son talent pour l’écriture saute aux yeux d’un professeur d’anglais, qui l’aide à obtenir une bourse pour rejoindre une prestigieuse école privée progressiste, la Fieldon School ; après quoi Scott-Heron s’inscrit dans une université noire de Pennsylvanie, la Lincoln University, qui avait vu passer parmi ses étudiants celui qui est alors devenu le modèle littéraire du jeune homme, le poète africain-américain Langston Hughes.

 

C’est dans cet établissement qu’il rencontre celui qui restera longtemps son compagnon de route, le musicien Brian Jackson, et qu’il commence à travailler sur ses romans The Vulture et The Nigger Factory.2   

Dès ses premiers travaux, Gil Scott-Heron apparaît à la fois comme l’incarnation parfaite de l’artiste de son époque et comme un personnage à part, évoluant toujours dans un léger décalage. Par son parcours, il semble avoir vécu en condensé l’expérience des Noirs américains au vingtième siècle : la « Grande Migration » des années 1910 et 1920, qui a amené tant d’hommes et de femmes à quitter le Sud pour le Nord en rêvant de conditions meilleures, il l’a revécue à sa façon en rejoignant le Bronx à l’âge de douze ans ; la ségrégation et la lutte politique font également partie de son expérience, tout comme le vaste mouvement intellectuel de prise de conscience de soi, de son histoire et de sa culture, qui avait été initié par W.E.B. Du Bois au tournant du siècle et que Scott-Heron rejoue en mineur en se cherchant des modèles dans des écrivains de la « Harlem Renaissance » ou des musiciens de jazz – en particulier John Coltrane, icône de la jeunesse noire révoltée. C’est riche de ce travail d’appropriation personnelle d’une histoire de luttes culturelles et politiques que le jeune homme de dix-neuf ans se lance dans l’écriture de ses premiers textes amenés à être publiés, en 1968. 


L’année 1968 est une année-charnière tant à l’échelle de la communauté africaine américaine qu’à celle du pays tout entier. Point culminant de la "contre-culture", elle voit en particulier la contestation contre la guerre du Viêt-Nam s’intensifier, au son de la musique de la génération hippie. Dans l’histoire des Noirs américains, elle est tout aussi capitale, du salut du « Black Power » sur le podium des Jeux olympiques de Mexico à la création du premier département de « Black Studies » à l’université de San Francisco, sans oublier l’assassinat de Martin Luther King le 4 avril à Memphis. Les années de lutte pour les droits civiques laissent la place à un mouvement plus radical, le « Black Power » : il n’est plus question de demander pacifiquement une place dans la société américaine, mais d’affirmer avec vigueur sa fierté d’être noir, et sa volonté de vivre dans un monde débarrassé de l’aliénation du Noir par le Blanc. Sur le plan culturel, le mouvement se traduit par une effusion de créativité aux accents revendicatifs et révolutionnaires, que l’on a souvent désignée de l’expression de « Black Arts Movement ». Poésie, théâtre, peinture et musique sont mis au service de la lutte politique pour la dignité des Noirs, dans une radicalité qui entend détruire les frontières entre l’artiste et son public, entre l’art et la politique. Le poète et militant auquel on attribue le plus souvent la paternité du mouvement, Amiri Baraka (né Leroi Jones) est l’un des modèles cités par Gil Scott-Heron dans « Words are for the Mind », aux côtés d’Oscar Brown Jr. et des Last Poets. C’est nourri par les éclats de voix de ces activistes culturels eux-mêmes nourris au jazz, au blues, à l’argot de la rue et aux textes de Richard Wright et de Claude McKay que le jeune écrivain en devenir s’attèle à l’écriture de ses récits et poèmes, tout en travaillant – et vivant – dans un pressing de son quartier. Par chance, un éditeur accepte de publier The Vulture ainsi qu’un volume de poésie, Small Talk at 125th and Lenox. Une nouvelle voix s’est jointe au concert de paroles enragées qui constitue le fond sonore de cette époque sismique.


Si Gil Scott-Heron est un artiste particulièrement emblématique du moment contre-culturel de la fin des années 1960 et du début des années 1970 c'est dans la destruction qu’il opère des catégories par lesquelles on pensait les arts avant cette période. Fidèle à W.E.B. Du Bois pour qui « Tout art est propagande », l’auteur fait de la performance poétique une tribune politique, abordant une multitude de thèmes controversés pour appeler ses concitoyens à la révolte et à la réflexion.3 Il fait également tomber, comme l’avaient fait avant lui Amiri Baraka et les Last Poets, la barrière entre poésie écrite et poésie orale : son recueil de poésie Small Talk sort à la fois sous forme de livre et de disque. Sur ce dernier, Scott-Heron déclame ses textes sur fond de percussions dans une petite salle de la rue emblématique de Harlem, la 125e rue. C’est là qu’apparaît pour la première fois « The Revolution Will Not Be Televised », son texte le plus connu à ce jour. Pamphlet contre les médias de masse et la relégation des Africains-Américains dans des ghettos sordides, le morceau est une bande-son parfaite aux manifestations agressives du « Black Power » ; elle reprend d’ailleurs les credos artistiques distinctifs du « Black Arts Movement », en particulier dans sa dénonciation de la mise en scène du monde par le pouvoir blanc et ses médias : « The revolution will be live », scande-t-il en conclusion du morceau. Cette poésie de la parole directe, sans médiation, de l’oralité recoupe ce que disait Amiri Baraka à propos de la philosophie de son mouvement : « Nous avons créé le mot comme musique vivante, l’élevant hors de la page d’albâtre immobile et apollinienne. À présent, les mots devenaient comme une partition. Comme celles de Duke Ellington, nous espérions être élevés hors de la page, comme une composition être mis en musique, par le Griot, pour vivre pleinement. »4   


Pourtant, malgré ces affinités et la virulence de son propos, Gil Scott-Heron n’est pas un artiste du « Black Arts Movement », et dans ses textes s’annoncent déjà les contours de l’époque à venir. « The Revolution Will Not Be Televised » est peut-être un brûlot politique, mais l’usage qu’elle fait du langage laisse entrevoir le goût pour la gratuité formelle et pour le détournement de références culturelles qui caractérisera bientôt le hip-hop. Une grande partie du texte est ainsi composée de clins d’œil à des publicités télévisées et à des slogans, comme quand le « Ajax cleans like a white tornado » de la célèbre marque de lessive en vient à symboliser le lavage de cerveau imposé par le pouvoir blanc. En multipliant les références et les détournements, l’auteur critique les médias tout en insérant ironiquement son travail dans leur sillage : si ses auditeurs saisissent l’humour de ses répliques, c’est qu’ils ont eux-mêmes connaissance de ces objets médiatiques, qu’ils sont aliénés par eux. L’humour omniprésent dans les autres textes de Small Talk tranche également avec le ton parfois sentencieux des artistes-militants du « Black Arts Movement », comme dans « Whitey on the Moon », où Scott-Heron ridiculise les prétentions technologiques et impérialistes d’un pays où une partie importante de la population vit dans des conditions dignes de nations non-industrialisées. Dans son roman The Nigger Factory, l’écrivain attaque frontalement le système éducatif américain, affirmant dans une préface rageuse que celui-ci aliène les jeunes Noirs et repose sur des principes inégalitaires et racistes.5 Mais la manière dont le texte met en scène le système et le parcours d’acteurs confrontés à ses limites évoque tout autant la rage des années 1960 que le Ralph Ellison de Invisible Man, exécré par Amiri Baraka et ses camarades pour ne pas être assez radical dans son affirmation de son identité noire ; de même, dans sa préface à The Vulture, Scott-Heron affirme qu’il a écrit ce texte « pour tout le monde », ce qui contredit le credo du « Black Arts Movement » selon lequel seuls les Africains-Américains doivent être visés par les « arts noirs ».6


On peut donc, comme il le souhaitait lui-même, replacer le travail de Gil Scott-Heron comme une étape dans un flux d’actes créatifs et politiques complexe et ininterrompu. En amont, Langston Hughes et Claude McKay, Ralph Ellison et Richard Wright, Amiri Baraka, Oscar Brown Jr. et les Last Poets, Jimmy Reed, Otis Redding, John Coltrane et Billie Holiday, Malcolm X et les Black Panthers ; en aval, les rappeurs Chuck D, Mos Def, Common et Q-Tip, les écrivains Paul Beatty et Carl Hancock Rux, ou encore l’artiste multiforme Saul Williams. Scott-Heron a puisé dans l’époque de son apprentissage une rage qui l’a animé jusqu’à la fin de sa vie – la chanson Your Soul And Mine, datée de 2010, en est la preuve – tout en refusant d’y sacrifier la puissance émotionnelle et expressive des genres artistiques dont il s’inspirait. Dans un texte de 1993, le poète refuse l’étiquette d’« agitateur-radical-militant », préférant voir dans ses textes des « spirituals ».7 Tout en réaffirmant l’héritage « noir » de son art – qu’il s’agisse de l’héritage politique de Martin Luther King et Malcolm X ou de l’héritage culturel du blues, du jazz et de la soul – Gil Scott-Heron donne à voir combien l’expérience d’un peuple ou d’un groupe particuliers peut trouver d’échos au sein d’autres groupes, comme le montre aujourd’hui le vaste éventail de personnalités qui rendent hommage au poète-chanteur. C’est pour cette raison qu’il tenait tant à être perçu comme un passeur : pour lui, musique et écriture ne servent jamais à affirmer un lieu ou un mode de vie, ni même à faire passer un message univoque. Elles sont toujours à la lisière du conscient et de l’inconscient, et la rage politique ou communautaire ne doit jamais se débrancher du fond de rêverie et d’ambiguïté qui la transforment en expérience artistique. À propos de son œuvre écrite et musicale, il affirmait encore en 1993 : « beaucoup de ces formes de sons et ces concepts me sont tombés dessus depuis un lieu indéterminé. » Refusant de se mettre au premier plan d’une histoire politique et culturelle par laquelle il s’est senti possédé davantage qu’il ne pense avoir contribué à l’inventer, Gil Scott-Heron a affirmé une posture de création engagée – pour le droit à l’auto-détermination, à la dignité économique – mais qui évitait à l’avance les dangers de la révolte médiatique et spectaculaire, de la subversion marketée et de l’égocentrisme des révolutionnaires du show-business. Sa voix, conservée dans des livres et des disques finalement peu nombreux, a pourtant pénétré la culture de masse sans se laisser modeler par elle, et reste comme un bel exemple de ce que peut donner la colère dans les mains d’un artiste généreux et sans complaisance. Prouvant, comme le disait Wittgenstein, que « le génie, c’est le courage dans le talent »8 – le courage et la rage.     

 


Gil Scott-Heron, « Words are for the Mind », in Now and Then, Canongate, Edimbourg, 2000, pp. xiii-xvii.

2 Nat Hentoff, « Gil Scott-Heron, an Introduction », in Gil Scott-Heron, Small Talk at 125th and LenoxFlying Dutchman, New York, 1970, pp. 2-5.

3 W.E.B. Du Bois, « Criteria of Negro Art » (1926), in Writings, Library of America, New York, 1986, pp. 993-1002, citation p. 1000.

4 Amiri Baraka, préface à Abiodun Oyewole, On a Mission: Selected Poems and a History of the Last Poets, Henry Holt, New York, 1996, pp. xiii-xvii, citation p. xiii.

5 Gil Scott-Heron, « Author’s Note », in The Nigger Factory (1972), Canongate, Edimbourg, 1996, pp. ix-x.

6 Gil Scott-Heron, « The Bird is Back », in The Vulture (1970), Canongate, Edimbourg, 1996, pp. ix-xii.

7 Gil Scott-Heron, « Spirituals », in Now and Then, Canongate, Edimbourg, 2000, p. xvii.

8 Ludwig Wittgenstein, Remarques mêlées (1964), Garnier-Flammarion, 2002, p. 100.

 

date: 
03/06/2011 - 10:06
Cyril Vettorato
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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 12:29
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21.06.2011 - 06:17


Poète entre Bretagne, Chine, Arabie et Russie

La tentative;  poèmes choisis par Françoise Morvan


Dits par Laurent Natrella

 

Né en 1912 dans une ferme du centre de la Bretagne, mort en 1961 après un passage par un commissariat de police, Armand Robin s’est voulu sans existence et ce sont pourtant les lieux communs biographiques qui, faisant de lui une sorte de poète maudit, ont orienté la lecture de son œuvre —au point même de rabattre l’expérience de dépossession de soi dont elle est le lieu sur la poésie conventionnelle à laquelle il avait voulu échapper, — et au point même de faire à partir des Fragments retrouvés après sa mort une pseudo-œuvre posthume baptisée Le Monde d’une voix. Ainsi les écoutes radiophoniques, les « non-traductions » par lesquelles Robin se traduisit en une centaine de poètes d’une vingtaine de langues différentes et ces Fragments eux-mêmes parfois issus d’articles sur Rimbaud, Claudel, Joyce, l’arabe ou le chinois, autrement dit l’essentiel de cette œuvre poursuivie hors de toute limite est-il rendu incompréhensible, privé de la force novatrice qui le portait. Il s’agit pourtant  d’une tentative poétique passionnante et qui mériterait qu’on lui rende justice. 

 

Extraits de Fragments, édition de Françoise Morvan, Gallimard, 1992.

 

Equipe de réalisation :

Prise de son, montage : Serge Ristitch, Emilie Pair

Assistante à la réalisation : Delphine Lemer

Réalisation : Catherine Lemire

 

A écouter : la Fabrique de l’Histoire du mardi 21 juin est consacrée à Armand Robin.

 

Ecoutez l'émission 54 minutes

Histoire de la postérité  

21.06.2011 - 09:05

Armand Robin bouge encore, un documentaire d’Anne Kropotkine et Anne Fleury

 

« Déambulant de langue en langue », Armand Robin a multiplié les genres : poésie, prose, traductions, bulletins d’écoute des radios étrangères, travaux critiques et création radiophonique. De ces diverses expériences surgit une œuvre éclatée qui privilégia la voix des autres et l’éloigna de lui-même.

 

L’écrivain est allé jusqu’à affirmer son inexistence, quoique né en 1912 et mort en 1961.

La « non œuvre » d’Armand Robin, longtemps introuvable et éparpillée, demeure  largement méconnue, si ce n’est par une petit groupe de connaisseurs et d’admirateurs souvent ralliés à une image simplificatrice de poète maudit, excentrique et anarchiste… L’auteur lui-même a participé à la fabrication de son mythe en laissant courir de nombreuses versions contradictoires à propos d’étapes cruciales de son évolution.

 

Ainsi les coulisses de la postérité d’Armand Robin sont semées de pièges et nous sommes forcément tombées dans certains d’entre eux.

Françoise Morvan, auteur et traductrice, a découvert Armand Robin, en 1968. Elle a eu à cœur de revenir aux sources et de mettre au jour, presque archéologiquement, les fragments de cette œuvre.

 

Avec André Markowicz (traducteur et écrivain), Georges Monti (fondateur des éditions Le temps qu’il fait), Françoise Morvan (traductrice et écrivain) et Michel Ragon (écrivain).

Textes lus par Christophe Brault.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_Robin
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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 09:17

 

 


ÉGYPTE
La B.O. de la place Tahrir
Chantée par Amir Eid et Hany Adel, Sout Al-Horeya (La voix de la liberté) est devenue la chanson de la place Tahrir.
TUNISIE
Président, écoute !
L’acte d’accusation du "raïs Lebled" (président du pays), par le jeune rappeur hardcore El Général. C’est une des chansons emblématiques de la révolution en Tunisie.

 

 

SÉNÉGAL
Le wolof de la résistance
Keur Gui, l’un des groupes de rap les plus engagés du Sénégal, participe activement au mouvement social "Y en a marre".

 

http://www.courrierinternational.com/article/2011/06/08/a-voir-et-a-ecouter

 

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 14:36

 

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 12:55


Marie-France Pisier est décédée à la fin de la semaine dernière.
Le NPA tient à rendre hommage à l'actrice qui a tourné un grand nombre de films de qualité aussi bien avec des metteurs en scène réputés qu'avec de jeunes talents, à la femme écrivain, auteure de 2 romans, ainsi qu'à la femme engagée qu'elle était.
En 1968, étudiante à Nanterre, elle a fait partie du Mouvement du 22 mars. Féministe, elle n'avait pas hésité à signer le « Manifeste des 343 salopes » en avril 1971, dans le Nouvel Observateur, manifeste qui dénonçait le scandale des avortements clandestins et qui exigeait la légalisation et la gratuité de l'avortement, le libre accès aux moyens anticonceptionnels.
Avec Marie-France Pisier disparaît prématurément une personnalité attachante et de grande qualité du monde du spectacle et une femme libre pleinement engagée dans les combats de son époque.

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 09:55

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"Friends" , série amécicaine: "I'll be here for you" : je serais toujours pour toi, et un tueur loyaliste est reconforté par la police anglaise: des archives et une liste de "taigs" (sales cathos) fauteurs de troubles.

 

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Sans oublier l'internationalisme: l'Irak, pays libéré...

 

 

 

Une grande figure du républicanisme irlandais est mort.
Cormac dont les dessins pendant plus de trente ans ont fait autant (ou plus) que bien des discours
http://thebrokenelbow.com/category/cormac/
http://www.mcguffin.freeserve.co.uk/cormac.htm

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 10:35
jeudi 14 avril 2011

La ville a revu la manière de l'aider et ne le subventionne plus directement. La nouvelle fait grincer les dents.

Les quatre troupes de théâtre amateurs qui ont vu leurs subventions directes coupées sont montées au créneau dans une lettre ouverte envoyée à la presse. 

 La polémique

Les quatre dernières troupes de théâtre amateurs subventionnées par la ville ont appris récemment qu'elle ne recevraient plus leurs 1 500 € annuels. « Nous avons été conviés à la mairie en février par Gaëlle Abily, adjointe à la culture, et son staff, mais tout était déjà décidé par avance, s'indigne Jean-Yves Pochart des Filles de la pluie. La subvention est maintenue pour un projet exceptionnel seulement ! »


Même si la compagnie en est l'heureuse bénéficiaire cette année pour Mystère bouffe de Vladimir Maïakovski

 

BLOG: oups! Mystère bouffe, ou Mistero buffo, est un spectacle de théâtre de Dario Fo, joué pour la première fois en 1969, en Italie. Le spectacle se présente comme une « jonglerie populaire ».


, ils se sentent solidaires des trois autres troupes. « Et puis, qu'est-ce que ça représente 6 000 € sur le budget d'une ville quand on dépense 45 000 € pour un feu d'artifice ?, interroge Gérard Quiguer de la Tournée des abers. Pour nous, c'est vital. Cela nous permet de nous faire aider par un professionnel du spectacle, de partir en déplacement à l'autre bout de la France... »


Du côté de la mairie, « dans un contexte budgétaire serré », c'est un autre son de cloche. « Le nombre de troupes amateurs a considérablement augmenté depuis trois ans, il n'est pas normal d'aider toujours les mêmes », relève Gaëlle Abily qui rappelle au passage les efforts consentis par la ville : deux équipements flambant neufs à disposition (Stella et Mac Orlan), l'appui d'un professionnel dans le cadre de la Maison du théâtre, le prêt de véhicules de la mairie pour les déplacements sur le territoire de BMO, une aide pour leur communication...

Mais la pillule est difficile à digérer. Les plus anciens, le théâtre de l'Aurore et les Abers, étaient subventionnés depuis 25 ans.

 

Sabine NICLOT-BARON.

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Le blog sur les

questions maritimes

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Le blog de solidarité avec

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diapo prisonnier palestine

Soirée prisonniers palestiniens

AFPS Brest

mardi 16 avril

20H30

Maison des syndicats

 

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Quimper Gourmelen

Rassemblement

vendredi 19 avril

8 h 45


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Fermez Cofrents

(pays Valencian)

 

 

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  Concert à Lannion

 

no nuk

 

Dimanche 28 avril

Brennilis

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robertbelle5mai13DZ

 

 

Mardi 7 mai

 Yves-Marie Le Lay,

Président de

Sauvegarde du Trégor

  Douarnenez

Librairie l'Ivraie à 20h00

 

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st nnonon

 

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