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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 11:27

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En compétition officielle au Festival de Cannes, le second film de Rachid Bouchareb1, Hors-la-loi, est la suite d’Indigènes. C’est une fiction qui trace le parcours de trois frères et de leur mère, témoins de la répression sanglante des manifestations nationalistes algériennes de Sétif en mai 1945, leur arrivée en France et leur plongée dans le tumulte de la guerre de libération nationale. Projeté le 21 mai, ce film subit les foudres des nostalgiques de l’Algérie française.

Interviewé par Minute2, Lionnel Luca, député (UMP) des Alpes-Maritimes3, craignait « que ce film ne soit présenté dans la sélection officielle française » et n’a « eu de cesse que d’alerter le Centre national du cinéma (CNC) et les ministres concernés – Anciens combattants et Premier ministre. » Lionnel Luca, Christian Kerk et Bernard Brochand4 ont donc « mis la pression tout l’hiver  ». Finalement, Hors-la-loi figure dans la sélection algérienne et non française.


Comme d’autres5, Lionnel Luca n’a pu voir le film avant sa présentation le 21 mai. Ça ne l’arrête pas, puisqu’il qualifie Hors-la-loi de « révisionniste et négationniste »6 en s’appuyant sur le rapport du service historique de la Défense – commandé par le secrétaire d’État aux Anciens Combattants, Hubert Falco – qui recense « des erreurs », « des invraisemblances » et « des anachronismes » dans le scénario. Rachid Bouchareb précise sa démarche dans une lettre au Festival de Cannes7 : « Il faut qu’il soit possible que le cinéma aborde tous les sujets. Je le fais en cinéaste, avec ma sensibilité, sans obliger quiconque à la partager. » Pourtant, la campagne de dénigrement s’intensifie.


Quelques jours après l’ex-OAS et toujours responsable du cercle national des combattants du Front national, Roger Holeindre, la vice-présidente du FN, Marine Le Pen, déclare : « Présenté par le pouvoir algérien et honteusement financé par le ministère de la Culture et par nos chaînes publiques à près de 60 %, ce film n’est pas une œuvre cinématographique neutre mais une œuvre de propagande »8 et condamne « la publicité faite à une production étrangère hostile à la France ». Le groupe parlementaire d’études sur les rapatriés, présidé par le député UMP Elie Aboud, s’insurge contre « l’utilisation d’argent public pour insulter la République ».


Dans son édition du 30 avril, Mediapart nous informe qu’un comité « Pour la vérité historique - Cannes 2010 » « lance un appel aux parlementaires, aux élus, aux anciens combattants, aux harkis, aux pieds-noirs et aux sympathisants, pour se rassembler par milliers sur la “Croisette du 12 mai au 23 mai 2010’’ afin de demander à ce que les lois françaises soient appliquées en France “contre l’apologie du terrorisme et des crimes contre l’humanité".» Tandis que le site defrancisation.com nous apprend qu’un dépôt de gerbes, sans précédent, est organisé le 21 mai, devant le monument aux morts de l’hôtel de ville de Cannes, en présence de Bernard Brochand et de Lionnel Luca9.


Il est clair que les anticolonialistes ne doivent pas baisser la garde face aux nostalgiques du « temps béni » des colonies : lorsqu’ils s’attaquent à la liberté de création ou multiplient les stèles à la mémoire des terroristes de l’OAS ; lorsque le pouvoir politique réactive la guerre des mémoires et tente d’imposer l’écriture d’une Histoire officielle. Le point de vue10 signé par des créateurs et des intellectuels, dont Gilles Manceron et Benjamin Stora, contribue à ce combat.


Pour en revenir à la compétition cannoise, le jury serait bien inspiré de récompenser Hors-la-loi. Cela constituerait un sérieux revers pour Lionnel Luca, Marine Le Pen et leurs amis.


Gisèle Felhendler, Gabriel Gérard

1. Son premier film Indigènes a reçu le Prix d’interprétation masculine en 2006.
2. Minute, n°2458, 28 avril 2010.
3. Lionnel Luca s’est déjà illustré dans les débats sur la loi du 23 février 2005, portant entre autres, sur le « rôle positif de la colonisation ». Plus récemment, il enjoignait les supporters de l’équipe tunisienne de football qui sifflaient la Marseillaise à « rentrer chez eux ».
4. Bernard Brochand est maire UMP de Cannes.
5. La présidence de la République et le secrétariat d’État à la Défense et aux Anciens Combattants ont demandé au producteur de visionner le film avant la date de sa présentation officielle.
6. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika déclarait,
le 29 juin 2005, à Tlemcen, que la loi du 23 février 2005 constituait « une cécité mentale » proche du « révisionnisme ».
7. Le Point.fr, 13 mai 2005.
8. « Hors la Loi » la réaction de Marine Le Pen, nationpresse.info, 15 mai 2010. Concernant le financement de cette
coproduction belgo-algéro-tuniso-française, même Lionnel Luca ne parle, dans Minute, que d’un financement à hauteur de 7 %.
9. Le frontiste Jacques Vassieux relaie sur Nationpresse l’appel du Cercle algérianiste – lié aux l’Adimad – à se rendre à ce rendez-vous, dans le cadre d’une « mobilisation nationale contre l’instrumentalisation du Festival de Cannes par Bouteflika et le FLN algérien ».
10. « Le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb : les guerres de mémoires sont de retour », Le Monde. 5 mai 2010.

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 09:01

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Le jour même qui vit la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le 8 mai 1945, fut aussi celui où se fit entendre le désir de liberté et d'indépendance du peuple algérien, au cours des manifestations de Sétif, Guelma et Kherrata.


À Guelma, les paysans encerclèrent la ville. À Sétif, l'intervention policière pour retirer le drapeau algérien de la manifestation et le meurtre d'un manifestant furent le point de départ d'une émeute qui fit une vingtaine de victimes européennes. Enfin, à Kherrata, le village fut investi par les manifestants, le juge de paix et sa femme furent tués, ainsi qu'une dizaine de personnes. Des fermes du Constantinois furent prises d'assaut, leurs habitants et des gardes forestiers furent tués.

Au total, les manifestations firent donc une centaine de victimes parmi les Français d'Algérie, témoignant de la haine qui s'était accumulée contre eux. Mais la réponse des autorités et des milices composées de pieds-noirs allait être terrible, la répression faisant près de 40 000 morts algériens.

La colonisation de l'Algérie avait débuté en 1830. Pour libérer les terres de leurs occupants il fallait, aux dires du général La Moricière, « détruire les moyens d'existence » des Arabes. Des tribus entières furent déportées dans des zones arides. Mais, les colons ayant aussi besoin de main-d'œuvre pour cultiver les terres volées, un certain nombre des anciens propriétaires furent transformés en ouvriers agricoles ou en métayers sur leurs propres terres.

LA MISERE DES CAMPAGNES


Cette misère des paysans arabes perdura. En 1939, le quotidien Alger Républicain, qui regroupait des socialistes et des radicaux et ne devint que plus tard un journal du Parti Communiste, publiait une série d'articles d'Albert Camus sur la misère des paysans où l'on voyait « des enfants en loques disputer à des chiens le contenu d'une poubelle... », « des douars entiers venir fouiller le sol pour en tirer une racine amère mais comestible appelée la « tarouda » et qui, transformée en bouillie, soutient du moins, si elle ne nourrit pas ».

C'est sur ce fond de misère que s'enracinèrent les idées nationalistes développées par le PPA (Parti du Peuple Algérien) de Messali Hadj, emprisonné puis déporté en avril 1945 au Gabon, et de manière plus modérée par Ferhat Abbas, avec les Amis du Manifeste et de la Liberté. Elles se développèrent d'autant plus vite que les grands propriétaires terriens ne voulaient pas entendre parler du moindre changement, de la moindre réforme. En 1937, même un projet qui aurait donné la citoyenneté française à seulement 25 000 musulmans déclencha parmi les Français d'Algérie une vague de protestations telle que le gouvernement, qui était alors celui du Front Populaire, recula piteusement.

La colonisation avait fait des Algériens des étrangers dans leur propre pays, astreints depuis des décennies au code de l'indigénat qui les soumettait aux caïds, exécutants de l'administration. Pour tenter de justifier une telle oppression, certains colons faisaient appel à de pseudo-études scientifiques.

 

Le professeur Porot, une sommité de la faculté d'Alger, osa ainsi déclarer dans une congrès international : « L'indigène nord-africain, dont les activités supérieures ou corticales sont peu évoluées, est un être primitif dont la vie essentiellement végétative et instinctive est surtout réglée par son diencéphale .» Conclusion très appréciée du colonisateur, qui pouvait ainsi justifier le vol des terres et exploiter pour une bouchée de pain la population pauvre. Il ne se considérait pas pour autant raciste, puisqu'il s'appuyait... sur la science du professeur Porot.

L'espoir d'un changement apparut pendant la guerre, conforté par quelques déclarations promettant un autre statut pour les peuples des colonies, au moment où ils étaient embrigadés dans les armées des pays colonisateurs. C'est pourquoi tout se déchaîna à l'occasion des manifestations saluant l'armistice avec l'Allemagne, le 8 mai 1945.

 

 

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UNE REPRESSION FEROCE...

Quelques jours auparavant, lors des manifestations du 1er mai 1945, le PPA fit une démonstration en défilant avec ses slogans : « Libérez Messali Hadj », « Libérez les détenus politiques », « À bas le colonialisme », « Vive l'Algérie indépendante ». Pour la première fois le drapeau algérien fut brandi.

La répression de ces manifestations fit à Alger deux morts et 21 blessés, à Oran un mort et plusieurs blessés. La CGT et le Parti Communiste Algérien crièrent à la provocation. Dans un tract daté du 3 mai et intitulé « À bas les provocateurs hitlériens », le PC écrivait : « La provocation vient du PPA qui prend ses mots d'ordre à Berlin, chez Hitler, celui qui massacre et torture sans distinction les vaillants soldats de l'armée française : Européens et Musulmans. » Le Parti Communiste Français, qui participait au gouvernement présidé par de Gaulle, s'opposait fermement à l'indépendance des colonies, prônant plutôt l'unité de l'Empire français.

À Sétif, le mardi 8 mai, le rassemblement commença très tôt devant la mosquée du quartier de la gare. L'autorisation de manifester avait été donnée par les autorités, la police et la sous-préfecture. Des banderoles avec « Libérez Messali », « Vive l'Algérie libre et indépendante », « Nous voulons être vos égaux » et « À bas le colonialisme » étaient brandies dans le cortège. Un drapeau algérien apparut.

Le commissaire reçut l'ordre du sous-préfet de faire enlever les banderoles et le drapeau algérien. Saal Bouzid, un manifestant, fut tué par le tir d'un policier, ce qui déclencha les émeutes qui firent une vingtaine de morts parmi les Européens.

Les jours suivants, de très nombreux nationalistes algériens furent arrêtés. Les assassinats de militants ou de simples paysans venus en ville le jour du marché se multiplièrent. Les troupes chargées de la répression se mirent à l'œuvre, déployant leurs trophées afin de terroriser la population : certains des hommes de la Légion étrangère exhibaient leurs bras aux manches retroussées, couverts de bracelets de femmes qui avaient, disaient-ils, été arrachés à leurs victimes auxquelles ils avaient coupé soit le bras, soit la main. Quant aux tirailleurs d'Afrique noire, ils laissaient pendre autour de leur cou des colliers d'oreilles de leurs victimes. Les trophées d'oreilles humaines avaient été une pratique courante de l'armée française lors de la conquête de l'Algérie : elles étaient alors payées 10 francs la paire au soldat qui les ramenaient.

Pendant que l'aviation et la marine bombardaient des villages entiers, l'armée de terre ratissait et instaurait un couvre-feu total de plusieurs jours. La Légion étrangère grava plus tard son sigle et la date de 1945 sur un rocher en haut des gorges de Kherrata, là où les victimes étaient jetées du haut d'un pont.

Le même 8 mai 1945, à Guelma dans le Constantinois, les manifestations firent l'objet, elles aussi, d'une terrible répression.

...APPUYEE PAR LES PARTIS DE GAUCHE FRANÇAIS

Ces crimes de L'État français se firent sous les ordres d'un gouvernement qui comportait des ministres socialistes et communistes. En cautionnant cette politique criminelle, pour mieux se cramponner à leurs sièges de ministres, ils commettaient une monstruosité qui salissait de plus en plus l'idée que les masses pauvres pouvaient se faire du communisme.

Le Parti Communiste Algérien, qui était un appendice du Parti Communiste Français, osa lui aussi dénoncer les manifestants algériens comme manipulés par le fascisme et l'hitlérisme. Il y eut néanmoins des militants communistes pour prendre le parti des Algériens révoltés. Ainsi Albert Denier, militant du Parti Communiste, inspecteur des PTT à Sétif, bien qu'il ait eu les deux bras coupés par des manifestants algériens, ne cessa de soutenir les révoltés, déclarant : « Ils avaient raison .» Un geste d'autant plus courageux qu'à cette époque penser ou dire qu'un Musulman valait autant qu'un Français signifiait se mettre au ban d'une société d'Algérie façonnée par l'idée intangible de la supériorité de l'Européen ou assimilé.

L'État français, à peine sorti de la guerre, montra ainsi qu'il n'hésitait pas à utiliser les méthodes les plus odieuses pour écraser des populations qui se révoltaient, tandis que les ministres socialistes et communistes de de Gaulle, par solidarité gouvernementale, justifièrent cette répression aux yeux des travailleurs de métropole et d'Algérie.

Le gouvernement français voulait conserver à tout prix son Empire colonial et se montrait prêt à utiliser les pires moyens, les massacres systématiques et les exécutions sommaires. Tout cela allait cependant se révéler impuissant à empêcher le peuple algérien de conquérir finalement son indépendance. Quant à l'attitude de la gauche, et notamment au refus du PCF et du PCA d'exprimer l'aspiration à la justice sociale et à l'indépendance des Algériens, elle allait contribuer à ce que ce soit les nationalistes qui, neuf ans plus tard, prennent la direction exclusive de la lutte pour l'indépendance, dont les manifestations du 8 mai 1945 ne devaient donc être qu'un des premiers actes.

Jean-Jacques LABIER

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 09:31

 

Jean-Jacques Ayme, Jeunesses socialistes 1944-1948, Les éditions Amalthée, Nantes 2009, 23,50 euro


Un livre de plus de 500 pages vient de sortir sur les Jeunesses socialistes — 1944-1948 . Rédigé par un universitaire, Jean-Jacques Ayme, il s’agit de sa thèse soutenue en 1981 à Grenoble et qui avait déjà donné lieu à un article paru en décembre 1983 dans les Cahiers Léon Trotsky (n° 16). Indiscutablement cet article était plus facile à lire pour un lecteur non universitaire que le gros livre qui multiplie les personnages, les dates, les citations et les petites notes à retrouver en fin d’ouvrage…


Cela dit, l’auteur avait présenté son livre le 14 novembre au CermtriI* de façon tout à fait passionnante et cela vaut vraiment le coup de se le procurer. J’en parle avec beaucoup d’intérêt car en octobre 1946, à l’âge de 14 ans, je rejoignais les JS avec mon frère aîné.


J.-J. Ayme trace avec beaucoup de précision l’évolution de cette organisation qui était au départ (en 1944-1945) aux ordres de la SFIO, dont les dirigeants contrôlaient notamment le journal Jeunesse, sorti en octobre 1944. Mais un véritable drame se joua pour le PS entre 1944 et 1947, quand eurent lieu les quatre premiers congrès des JS. Dès le deuxième (à Perpignan, en avril 1946), le Parti socialiste était critiqué pour sa mollesse et son réformisme et la direction des JS était chamboulée avec l’arrivée de plusieurs « gauchistes ».


Ensuite, les critiques envers le PS deviennent de plus en plus violentes alors que le titre du journal est modifié : Jeunesse devient Le drapeau rouge, organe de combat des Jeunesses socialistes, tout un symbole…

 

La nouvelle direction était très influencée par le programme de la IVe Internationale, d’autant que le leader le plus charismatique des JS, André Dunoyer, l’avait rejointe. Il s’agissait en fait d’André Essel, le futur fondateur de la Fnac, qui raconte cette période avec beaucoup de verve et d’honnêteté dans son livre paru en 1985 chez Stock Je voulais changer le monde.


J.-J. Ayme décrit fort bien la manifestation du 1er mai 1947 où les JS distribuaient les tracts des grévistes de Renault et s’étaient fait casser la figure par les jeunes staliniens de l’UJRF ( jeunesses communistes ), car il fallait « produire d’abord et revendiquer ensuite »… Je me souviens également du défilé du 1er juin 1947 en hommage à la Commune, bien raconté, nous étions alignés près du cimetière du Père-Lachaise, en tenue JS (chemise bleue et cravate rouge) et, quand les grands chefs socialistes sont passés devant nous, nous nous mîmes à hurler : « Ramadier (président du Conseil) démission ! Moutet (ministre des colonies) exclusion ! ».


Peu après, le Bureau national des JS est dissous. Nous obtiendrons alors le soutien d’un courant de gauche du PS, l’Action Socialiste et Révolutionnaire (ASR), où se rendront les anciens JS en mars 1948 alors qu’apparaît une autre organisation, le Rassemblement Démocratique Révolutionnaire (RDR), lancée par Jean-Paul Sartre et David Rousset, mais malheureusement elle ne devait durer que quelques mois…


L’auteur conclut en donnant son avis sur le rôle des trotskistes dans l’aventure des JS : sans nier l’influence qu’ont pu avoir quelques militants, comme Dunoyer, il demande de ne pas parler de « noyautage » car la plupart des dirigeants n’étaient pas trotskistes mais voulaient pour les jeunes d’autres perspectives que le collage d’affiches électorales et l’organisation des loisirs… ■


* Centre de recherche sur les mouvements trotskistes


Jean-Michel Krivine

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 10:27

Erémeï Aïpine, écrivain Khanty (DR)

 

Après Katyn, le Kazym. Un autre massacre. Par la même Armée rouge. Avant le massacre des milliers de Polonais à Katyn au printemps 1940, pendant l'hiver 1933-34 des milliers d'Ostiaks (ou Khantys) du Kazym (un des affluents de l'Ob dans le nord de la Sibérie) avaient été massacrés. Mitraillés, battus à mort, noyés.

Une tragédie emblématique des peuples du Nord

Si Poutine est venu s'incliner à Katyn, achevant un processus de reconnaissance des faits entamé depuis la perestroïka, ce n'est pas demain la veille que le gouvernement russe reconnaîtra officiellement le massacre du Kazym pourtant attesté par les historiens et des témoignages. Ni qu'un Président russe demandera pardon comme l'ont fait les peuples nordiques pour les Saames, cousins des Ostiaks (même groupe de langue finno-ougrienne).

Le massacre du Kazym ne fut pas le seul méfait de l'Etat soviétique à l'encontre des « peuples du Nord ». Nombre d'éleveurs de rennes récalcitrants et de chamans prirent le chemin du Goulag. Mais les événements du Kazym, le temps d'un hiver, concentrent la tragédie d'un peuple du Nord et, partant, de tous les autres.

Le prisme d'une mère en temps de guerre

C'est cela qu'expose l'écrivain Erémeï Aïpine dans un roman, « La Mère de Dieu dans les neiges de sang », en racontant le destin d'une mère dont le mari est massacré par « les Rouges » au début du roman et qui va errer avec ses enfants dans une fantomatique guerre au-delà du cercle polaire.

Ses enfants disparaîtront un à un, sauf le dernier, le roman s'achevant par la mort de la mère à la fin de cet hiver maudit. Aïpine écrit en russe et s'adresse d'abord aux lecteurs de Russie en leur offrant une figure attachante de mère, personnage emblématique.

Le discours-poème d'Aïpine à la tribune de l'ONU

Dans le monde des autochtones sibériens, Erémeï Aïpine est une grande figure. En 1990, on créa à Moscou l'Association des peuples du Nord, de la Sibérie et de l'Extrême-Orient.

Vladimir Sangui, un écrivain Nikh (peuple de l'île de Sakhaline) en fut le premier président. Le Khanty (les Khantys étaient autrefois appelés les Ostiaks) Aïpine lui succéda trois ans plus tard et se fit connaître à la tribune de l'ONU en décembre 1994, quand s'ouvrit la décennie internationale des peuples autochtones, en prononçant un discours qu'Anne Victoire Charrin, dans sa préface, qualifie avec raison de « légendaire ».

De fait, c'est un long et beau poème. Aïpine évoque des peuples de l'empire russe qui ont disparu, d'autres qui sont sur le point de disparaître et d'autres qui, pour être toujours là comme le sien, ont longtemps été méprisés, bafoués, condamnés au silence.

Un livre épique et pédagogique

Ces peuples colonisés par les Russes depuis plusieurs siècles relèvent aujourd'hui la tête, timidement, quand ils n'ont pas été assimilés. Ils retrouvent petit à petit leur langue, leur monde spirituel (ou ce qu'il en reste), font connaître leur culture souvent cantonnée via la soviétisation à une stérile folklorisation, ils se réapproprient leur Histoire.

C'est à ce mouvement que participe ce livre, à la fois épique et pédagogique, mêlant des faits documentés à d'autres imaginés, une symbiose bien dans l'esprit de ces peuples du Nord où la légende est comme le vestibule d'un réel proche de l'irréel, la nature, souvent extrême, n'y étant pas pour rien.

A la fin 1933, raconte Aïpine, « selon des informations officielles » (mais ce terme en Russie est à prendre avec des pincettes), 80 familles ostiakes et samoyèdes (on dirait aujourd'hui khantys et nénètses) du haut Kazym se réunissent pour élire un nouveau chef et décident de se battre contre les Rouges « jusqu'à la mort » s'ils viennent.

La profanation par les Rouges (l'Armée rouge) de l'île sacrée, territoire des ancêtres, aura été un facteur déclenchant.

Goya dans le grand Nord sibérien

Après avoir enterré son mari, mort pour rien, mort parce qu'il était ostiak, la Mère des Enfants (les majuscules sont de l'auteur) s'en va donc errer dans son pays glacé avec ses enfants. Chemin faisant, elle va découvrir les horreurs et les désastres de la guerre. Des scènes à la Goya. Sauf qu'on est dans le grand Nord.

Les hommes et les rennes sont massacrés par des tirs de mitraillettes, cet Ostiak est déshabillé, jeté dans l'eau glacée et achevé avec un gourdin taillé dans un mélèze, cet autre est pendu par les pieds et abandonné à lui-même, cette jeune fille sous un tchoum (la tente des Ostiaks et des Samoyèdes) est retrouvée par la Mère des Enfants, nue, achevée par balle après avoir été violée.

La mort attend ses enfants en cours de route sous la forme d'un aéroplane qui les tire comme des lapins. D'abord la fille Anna, puis, plus tard, le fils Roman. La mère, armé d'un fusil, arrive toutefois à abattre un « monstre cracheur de pierres de feu ».

Seul avec son dernier enfant en bas âge, réduite à « ramper », affamée, elle se perce le sein pour donner à boire à sa progéniture, reprenant ainsi la légende de l'homme de l'oiseau kars que nous conte aussi Aïpine. Elle meurt dans un état hallucinatoire

D'où viennent les Ostiaks ?

Chemin faisant, Aïpine nous en dit beaucoup sur l'histoire de son peuple, remontant jusqu'aux Ougriens qui se divisèrent en trois groupes, l'un allant vers le Danube (les Hongrois), un autre vers le « le bout de la Terre » (les Saames) et le troisième allant vers le nord « au soleil de midi tombant », les Ostiaks.

Au cours du roman apparaît un personnage d'homme blanc, réfugié dans le grand Nord sous un tchoum ostiak. Un rescapé de l'armée blanche, admirateur de la famille impériale et très croyant (il construit une chapelle dans la forêt).

A travers lui, Aïpine dresse un portrait flatteur du tsar Nicolas massacré lui aussi par les Bolcheviks. Sa vision contamine celle des Ostiaks et en particulier celle de la Mère. Il fait de ce « représentant de Dieu sur terre » un protecteur des Ostiaks. Alors qu'il explique la symbolique du blanc chez ce peuple, il peint la Mère des Enfant rêvant de recouvrir les enfants du tsar de pèlerines blanches ornées de motifs ostiaks.

Les diables rouges et le « bon » tsar

L'insistance de l'auteur sur ce thème du bon tsar laisse songeur. D'autant qu'il passe rapidement sur la conquête de l'Est par les Russes au temps des tsars, qui n'a pas été d'une grande tendresse. Le pillage de ces régions riches en fourrures et aujourd'hui riches en gaz et pétrole n'a pas commencé avec les Bolcheviks. Ni les ravages de la vodka.

Hormis un éphémère commandant épris de doute qui épargne la Mère des enfants au début du roman, la diabolisation des Bolcheviks est totale et va de paire avec une idolâtrie systématique de la famille impériale. Et le roman tombe dans les travers qu'il dénonce par ailleurs.

Aïpine est plus à l'aise et sa plume plus avenante lorsqu'il décrit les mœurs de son peuple, la façon dont la Mère des Enfants s'adresse aux morts d'un bout à l'autre du livre, digne comme la mère de Gorki et allant avec son traineau et ses rennes, comme la mère de Brecht avec sa carriole.

« Elle suivait les traces de la guerre. Et la guerre se déplaçait sur la Terre », écrit Aïpine. La terre des Ostiaks est majuscule.


► Erémeï Aïpine « La Mère de Dieu dans les neiges du sang » - Traduit du russe (Sibérie) par Anne-Victoire Charrin et Anne Coldefy-Faucard, Editions Paulsen, 328 pages, 23 €.

 

 

Note:

A quoi bon protester encore contre l'usage du terme "bolchévick" pour faire un amalgamme avec ceux qui osent encore vouloir remettre en cause le capitalisme ? Parce que nous n'aurons de cesse d'affirmer qu'en 1933 34 les bolchévicks, sans apostrophes, étaient dans des camps, avant d'être exterminés aux procès de Moscou de 1936. Il y a eu une contre révolution, un "thermidor " comme celui de 1793 en France qui a remis en selle la bougeoisie et liquidé les sans culottes. Une nouvelle "classe" à pris le pouvoir, les bureaucrates du parti et de l'état. Ces contre révolutionnaires, dont le chef était Staline, ont commis des crimes tellement immenses, qu'ils ont rendu l'idée de "changer de société", les termes "communistes" et "société socialiste" indédécents. 

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 13:42

Peinture murale commémorant l'insurrection de Pâques 1916, à Belfast (JB Allemand)

 

Cela fait longtemps que je réfléchis à causer un peu d'Histoire. En fait, c'est même ce que j'aurais dû faire dès ma première note sur ce blog. A force de parler constamment des tensions entre « catholiques et protestants » nord-irlandais, on s'expose forcément aux commentaires du style « Bouh, la religion pas bien ». Et c'est normal.

Mais comme c'est un poil plus complexe que ça, ça vaut le coup de s'attarder un peu sur l'Histoire tourmentée de l'Irlande du Nord, pour mieux comprendre un conflit aux mille origines.

Au commencement étaient les Gaëls, un peuple celte rural et chamailleur, présent sur toute l'île irlandaise. Convertie au catholicisme au Ve siècle par St Patrick, l'Irlande sera envahie par ses voisins anglais dès le XIIe siècle, puis conquise vers 1650 par le tristement célèbre Cromwell.

Mais la résistance tenace des Gaëls conduira à des siècles de batailles sanglantes et de lois anglaises répressives.

Autochtones contre colons, le conflit territorial

Malgré leur contrôle global de l'Irlande jusqu'au XXe siècle, les Anglais ne gagneront jamais le soutien de la population… Sauf dans le territoire de l'Ulster, dans le Nord de l'île.

Le dernier roi gaélique, Hugues O'Neill (Wikimedia commons)Et pour cause, puisqu'au début du XVIIe, après la fuite du dernier roi gaélique Hugues O'Neill, des Britanniques venus d'Ecosse et d'Angleterre y émigrent en masse : c'est la Plantation (Voir la carte tirée du site de la BBC).

Les nouveaux arrivants sont en grande majorité protestants (presbytériens ou anglicans). Des entrepreneurs privés sont chargés de distribuer des terres plus ou moins grandes à chacun, selon son statut.

Spoliation ? Pas tout à fait, car 20% des terres sont réattribuées aux Irlandais. Et si les tenanciers britanniques ont interdiction d'employer des fermiers autochtones, dans les faits, la règle est peu respectée.

Reste que cette colonisation, moins « inhumaine » que ce qu'on peut croire, posera d'énormes problèmes à l'avenir. Surtout lorsque la population des nouveaux arrivants dépassera celle des autochtones…

Nationalistes contre unionistes, le conflit politique

Au XIXe siècle, un sentiment nationaliste fort, accentué par les lois répressives anglaises et la misère ambiante due à la Grande Famine, naît dans la population « autochtone » de l'île. Même de nombreux « Anglo-irlandais » (et donc descendants des colons) se retournent contre la couronne britannique et ses taxes exorbitantes. Et certains d'entre eux sont protestants…

A Pâques 1916, une tentative d'insurrection ratée est menée à Dublin. En 1919, l'IRA est créée et mène une guerre
d'indépendance contre l'armée britannique. Finalement, comme personne ne prend l'avantage, on négocie un accord… qui fera couler beaucoup de sang à l'avenir.

Michael Collins, dirigeant irlandais signataire du traité anglo-irlandais (Wikimedia commons)

Le traité anglo-irlandais de 1921 accorde l'indépendance à toute l'Irlande, sauf aux six comtés du Nord de l'île, majoritairement peuplés de descendants de colons britanniques fermement attachés à la couronne (qu'on appellera « protestants »).

L'Irlande du Nord est alors rattachée au Royaume-Uni, au grand dam de ses habitants « pure souche » (qu'on appellera « catholiques »). Dès lors, une partie de l'IRA va tenter, au cours du XXe siècle, d'unifier l'Irlande par la force. C'est ce combat que mènent, encore aujourd'hui, les groupes dissidents républicains comme la Rira ou la Cira.

Aujourd'hui, on parle généralement de « catholiques nationalistes » et « protestants unionistes ». Mais si c'est vrai dans l'ensemble, ce n'est pas systématique. Il existe des protestants nord-irlandais qui ne sont pas forcément contre l'unification de l'île…

Discriminés contre nantis, le conflit social

Pendant des siècles, les « autochtones » ont été discriminés dans bien des domaines par les Anglais. Parler le gaélique (langue locale), jouer au foot gaélique (sport local), entrer en politique, tout ça était interdit.

Cette inégalité, qui disparaîtra en République d'Irlande après l'indépendance, va perdurer en Irlande du Nord. Moins sévère, elle sera plus insidieuse.

Au travail comme pour le logement, les protestants étaient officiellement favorisés. Dans les années 70, sur les chantiers navals de Belfast, 400 ouvriers étaient catholiques… sur 10 000. Dans les quartiers majoritairement catholiques, un tripatouillage électoral permettaient à des hommes politiques protestants d'être élus.

C'est contre ces inégalités (aujourd'hui révolues) que certaines associations pour la défense des droits civiques ont manifesté, dans les années 60. La répression sanglante de ces défilés apolitiques grossira les rangs de l'IRA et précipitera l'Irlande du Nord dans le chaos.

Catholiques contre protestants, le conflit religieux (ah, enfin)

Bon, il faut quand même le souligner : les différences religieuses, secondaires dans le conflit, n'ont rien arrangé. La Plantation en Ulster avait un objectif affiché de conversion des autochtones au protestantisme. Et les lois anglaises qui ont longtemps interdit les rites catholiques ont laissé des traces dans les esprits.

Jusque que dans les années 70, Ian Paisley, leader emblématique de l'unionisme protestant, taxait dans ses discours les catholiques de « papistes ». Aujourd'hui, des efforts de dialogue inter-religieux existent. Mais l'ordre d'Orange, une confrérie protestante créée à la fin du XVIIIe siècle, s'oppose encore ouvertement à la religion catholique.

Bref…

« Catholiques » et « protestants » : voilà deux petits noms bien pratiques pour désigner deux groupes sociaux différents en tout point de vue. Ici, en Irlande du Nord, on en use (et abuse ? ) depuis au moins le XVIIIe siècle. Et c'est tout naturellement qu'ils ont été repris par les médias, ravis de pouvoir utiliser ces mots fourre-tout sans gaspiller de l'encre (ou de la salive).

Car pour vraiment coller à la réalité, il faudrait parler des « descendants nationalistes d'autochtones irlandais, de religion catholique jouant au foot gaélique » face aux « descendants unionistes de colons britanniques, de religion protestante et jouant au hockey ».

Là c'est nickel… mais pas très pratique.


Mis à jour le 02/05 à 12h40. Rectification de la date de création de l'IRA, qui est 1919 et non 1913. En 1913, c'est la milice des « Irish Citizen » qui a été créée. Elle changera de nom en 1919 pour devenir IRA.

Photos : peinture murale commémorant l'insurrection de Pâques 1916, à Belfast (JB Allemand) ; Hugues O'Neill, le dernier roi gaélique d'Ulster (Wikimedia commons) ; Michael Collins, dirigeant irlandais signataire du traité anglo-irlandais (Wikimedia commons).

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 13:38

La couverture du livre "Révolutionnaires du nouveau monde" de Michel Cordillot

 

Luttes sociales, luttes écologiques : pourquoi ces luttes suivent-elles des voies si désespérément parallèles ? Le livre de l'historien Michel Cordillot, « Révolutionnaires du nouveau monde », ne répond pas plus à la question qu'il ne la pose. Mais l'actuel contexte américain, chargé en catastrophes industrielles, oblige à entrelarder sa lecture de questions annexes.

Cette extrapolation est très personnelle. Sinon, comment un ouvrage sous-titré « Une brève histoire du mouvement socialiste francophone aux Etats-Unis (1885-1922) » se trouverait-il chroniqué ici dans American Ecolo ? Le lien est ténu, mais pourtant solide. Il mêle émigration, intégration culturelle, immersion politique, constat écologique et social.


Le mazout engluant le golfe du Mexique relègue déjà aux oubliettes la mort des onze employés de la plate-forme pétrolière. A l'inverse, le sort des 29 mineurs de Virginie occidentale victimes d'un coup de grisou le 6 avril a encore une fois occulté les ravages de l'industrie du charbon sur l'environnement, notamment sur les montagnes des Appalaches.

Les populations les plus touchées par les pollutions sont toujours les déclassés, les minorités, les sans-grade. Aux Etats-Unis, il y a un terme pour cette situation particulière : « environmental justice ».

Il est vrai qu'à l'époque des agitateurs sociaux dont Cordillot raconte l'histoire, ces sujets-là n'étaient évoqués par personne. Maintenant, on sait : on ne devrait plus oublier l'écologie quand on se pique de social.

Les immigrés d'hier sont devenus l'élite

Aujourd'hui, les immigrés d'Amérique, héritiers naturels de ceux évoqués dans ce livre, travaillent rarement sur les champs pétroliers, gaziers ou dans les mines de charbon. Ces jobs sont réservés à une élite ouvrière locale, elle-même descendante d'immigrés européens, qui n'échangerait surtout pas son sort contre celui des Latinos cantonnés aux chantiers du bâtiment et des routes.


Leurs avantages sociaux ont été arrachés de haute lutte aux compagnies américaines par des hommes obstinés et courageux qui, dès la fin du XIXe siècle, surent s'organiser et faire plier propriétaires, patrons et gouvernement. Leurs conditions de vie étaient alors épouvantables.

La plupart de ces travailleurs venaient, seuls ou en famille, d'une Europe qu'ils avaient fuie en croyant trouver mieux en Amérique. Le livre rappelle un fait communément ignoré :

« Si les travaux historiques bien informés mentionnent, de manière souvent assez détaillée, le rôle joué dans l'histoire sociale des Etats-Unis par les immigrés de diverses origines (Allemands, Irlandais, Italiens, Juifs, Bohémiens, Finlandais ou encore Russes), ils restent en général désespérément muets sur celui des Français. »

Michel Cordillot connaît bien son affaire. Professeur à l'université Paris-VIII, il est un grand spécialiste des luttes politiques en général, et surtout de l'Amérique contestataire. C'est lui qui a coordonné et rédigé « La Sociale en Amérique », paru en 2002, sous-titré « Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux Etats-Unis, 1848-1922 ».

Un temps où le capitalisme était très sauvage

Ils ont été des dizaines de milliers de Français, Belges et Suisses à participer au peuplement post-industriel du nouveau monde. Sans compter les Canadiens de langue française contraints d'aller travailler « aux Etats » pour nourrir leurs familles.


Dans ce nouvel ouvrage, Cordillot raconte une histoire particulière : non pas celle de tous les immigrés francophones, mais celle des leurs qui militaient pour une révolution anarchiste, à une époque où le capitalisme américain était encore plus sauvage qu'aujourd'hui.


On a peut-être du mal à le croire aujourd'hui, mais ces anarchistes français étaient partis nombreux en Amérique du Nord. Ils voulaient renverser les rapports de force entre oppresseurs et opprimés et, accessoirement, libérer les femmes de leur joug. Au tournant du siècle, cependant, ils s'aperçoivent que :

« […] L'activisme anarchiste est voué à l'échec parce que trop isolé, et que seule une action collective peut produire ces améliorations immédiates dont les mineurs ont tant besoin. »

D'investissement syndical en création de coopératives et autres secours mutuels, de débats théoriques en collaboration et confrontation continue avec d'autres révolutionnaires américains, la grande majorité de ces militants se rendent à l'évidence : l'action politique, donc électorale, est essentielle pour changer la vie.

La religion omni-présente rend fous les Français

Au sein du nouveau Parti socialiste américain, créé en 1901, ils veulent conserver leur place spécifique de francophones. Certaines caractéristiques de la société américaine les rendent fous, comme cette manie de tout voir au travers du prisme religieux. En outre, bien peu des leurs entendent correctement l'anglais.


Ils sont aussi terriblement nostalgiques des débats théoriques très français. Ils reçoivent quelques journaux de France, mais surtout, ils ont leur propre presse. Plusieurs titres se succèdent, et celui qui dure le plus longtemps est « L'Union des travailleurs » : quinze ans de longévité, jusqu'à la Grande Guerre.


Le livre met en exergue l'histoire de Louis Goaziou, originaire des monts
d'Arrée en Bretagne, débarqué à Philadelphie en 1880 à l'âge de 16 ans,
locuteur de breton. Grâce à l'action communautaire, politique et journalistique proprement stupéfiante de cet ancien mineur devenu journaliste et imprimeur, Michel Cornillot et d'autres historiens ont pu chroniquer l'évolution politique et la vie quotidienne des francophones installés aux Etats-Unis.

Avec la Première Guerre mondiale s'achève la saga des révolutionnaires français du nouveau monde. Contrairement à leurs camarades d'origine allemande, bien plus nombreux dans les instances dirigeantes du parti et des syndicats, les francophones n'ont pas pu se résigner à rester pacifistes et neutres.

Oublier l'arrière-grand-père anarchiste ou socialiste

Beaucoup sont rentrés au pays. D'autres, comme Goaziou, ont poursuivi autrement leur œuvre militante, s'intégrant, à leur façon, dans la société américaine. Leurs descendants ont fini par oublier (ou voulu oublier) que leur ancêtre était un anar, un rouge, un socialiste bien avant la révolution russe.

Alors, ce lien avec les luttes écologiques, où est-il ? Je le vois sous-jacent, sous les thèmes de l'immigration, de l'énergie, de l'eau, des pollutions délirantes qui affectent certains territoires des Etats-Unis où vivent des millions d'hommes et de femmes.


Parce que les amis de Goaziou avaient en tête de combattre les injustices générées par le capitalisme sauvage, ils ont été réticents envers les syndicats de métier, corporatistes, attachés à défendre les intérêts particuliers d'un groupe, au détriment d'une vraie révolution sociale.

Ils avaient raison. La vision à court terme, celle du petit bout de la lorgnette, est aujourd'hui encore ce qui pourrit le progrès social et environnemental.


► « Révolutionnaires du nouveau monde » de Michel Cordillot - Editions Lux - 212 p - 13 euros

Photo : la couverture du livre « Révolutionnaires du nouveau monde » de Michel Cordillot

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 10:59
Enregistré dans : USA, anti capitalisme — 24 avril, 2010 @ 12:48

capitalisme,

l'histoire américaine

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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 12:03

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L'ennemi qui fait trembler l'europe n'a pas toujours été les femmes musulmanes voilées!

Avant c'étaient les hommes (avec aussi des chinois ou vietnamiens ).

 

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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 11:08
Critique

Docu. En 1971, Daniel Ellsberg, analyste au Pentagone, dévoile un rapport secret sur le Vietnam. Le début de la fin pour le Président.

Par ISABELLE HANNE

L’homme qui a fait tomber Nixon documentaire réalisé par Judith Ehrlich et Rick Goldsmith, Arte, 20 h 35.


Henry Kissinger l’avait désigné «homme le plus dangereux des Etats-Unis». Richard Nixon, lui, s’était contenté de «son of a bitch». Le crime de Daniel Ellsberg ? Avoir livré à la presse américaine, en 1971, un rapport classé secret-défense de 7 000 pages sur la guerre du Vietnam. C’est l’affaire des «Pentagon Papers». Ou comment les citoyens américains ont appris que tous leurs présidents, depuis presque vingt ans, leur avaient menti pour poursuivre une guerre qu’ils savaient perdue d’avance.


A l’origine, Ellsberg est pourtant au cœur de la puissante machine de guerre bureaucratique à l’œuvre aux Etats-Unis. Ancien marine, brillant analyste employé comme conseiller par le Pentagone, il a un rôle crucial dans les premiers bombardements massifs au Vietnam. Jusqu’à ce que la lecture de ces rapports militaires, qui dévoilent les motivations réelles de la présence américaine dans le pays, et la rencontre avec une fervente pacifiste viennent ébranler les convictions de l’employé modèle.

 

Pendant des nuits entières, avec l’aide de ses enfants, «Dan» photocopie, page par page, les 47 volumes des dossiers du Pentagone. Il transmet des copies aux sénateurs antiguerre qui n’en font rien, trop frileux. Pourquoi prendre le risque d’être taxé d’ennemi de la nation ?

 

Désemparé, Ellsberg contacte Neil Sheehan, un journaliste du New York Times, qui décide de publier l’intégralité du rapport - «l’équivalent de trois exemplaires d’Autant en emporte le vent» ! En rendant publics les mensonges de tous les locataires de la Maison Blanche, de Eisenhower à Nixon, Ellsberg passe de patriote convaincu à désobéissant civil. Ces révélations font l’effet d’une bombe : le conseiller, dont le but était d’arrêter une guerre injustifiée et barbare, devient, en quelques jours, l’homme le plus recherché en Amérique, le traître à abattre.


Censure.


La présidence et ses aides de camp décident de répliquer sur tous les fronts. L’ancien consultant du Pentagone est poursuivi pour huit chefs d’accusation, dont vol, conspiration et espionnage, passibles de cent quinze ans de prison… Tout est fait pour le discréditer devant le tribunal : son dossier personnel est même volé chez son psychanalyste.

 

Le New York Times écope d’une interdiction préventive de publication. Mais Ellsberg a arrosé de copies 17 groupes de presse. Tour à tour, le Washington Post, le Boston Globe, le LA Times publient des parties du rapport, rendant impossible sa censure par l’administration Nixon. Cette défense collective du premier amendement de la Constitution est une véritable déclaration d’indépendance de la presse américaine à l’égard de l’exécutif. Et l’arrêt de la Cour suprême qui suivit, établissant que la sécurité nationale ne justifie pas la censure préalable, est fondateur de la liberté de la presse aux Etats-Unis.


Paranoïa. 


L’homme qui a fait tomber Nixon livre les témoignages francs et éclairés des acteurs de cette histoire. Des récits forts, surtout quand Ellsberg raconte, très ému, le jour où tout a basculé pour lui. Le documentaire utilise d’incroyables archives sonores, notamment celles des conversations privées du Président - il veut «écraser ces putains de journalistes», «coincer cet enfoiré» (Ellsberg), tout en mettant une branlée au Vietnam, «ce pays de merde»

 

L’homme qui a fait tomber Nixon est un portrait de l’Amérique des années 70, ses magouilles politiques et ses mouvements pacifistes. C’est aussi un portrait de «Dan», devenu, depuis cet épisode, un activiste pour la paix et la justice sociale, considéré par beaucoup comme quelqu’un qui «a changé l’histoire de son pays». Mais surtout, le documentaire se regarde comme un thriller palpitant, qui dévoile au fur et à mesure un scandale bien plus énorme que le Watergate.

 

Quel extraordinaire scénario que cette histoire de fonctionnaire zélé qui fait passer sa conscience, ses principes, avant sa carrière et son pays ! Mais ses révélations explosives n’ont pas empêché la réélection de Nixon en 1972… Contrairement à ce qu’avance le titre français du documentaire, il ne fut pas directement «l’homme qui a fait tomber Nixon». En revanche, ses révélations ont exacerbé la paranoïa du Président, provoquant indirectement le scandale du Watergate et sa démission. Et neuf mois plus tard, la fin de la guerre du Vietnam.

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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 10:46

Des soldats, des dockers des chantiers navals, des ouvrières des usines textiles, des travailleurs du bâtiment, des habitants des bidonvilles, tous marchant au coude à coude.

 

Partout des drapeaux rouges, partout des poings levés vers le ciel, partout des oeillets enfoncés dans les canons des fusils. Une masse compacte de dizaines de milliers de personnes force son chemin à travers les petites rues étroites avant de déboucher sur les grands boulevards en face des ministères. Et partout des chansons antifascistes et des slogans mille fois répétés "A bas le fascisme!", "Les soldats seront toujours aux côtés du peuple!", "Dehors la canaille, le pouvoir à ceux qui travaillent!".


Tout cela se passe à Lisbonne, capitale du Portugal, il y a exactement trente ans, le 25 avril 1974. Et c'est comme un coup de tonnerre qui résonne dans un ciel bleu parce que personne ne se serait attendu à ce que le régime en place s'effondre aussi vite. Car le Portugal est dirigé par un régime fasciste depuis un demi-siècle. Les partis d'opposition sont interdits, les seuls syndicats autorisés sont contrôlés étroitement par l'Etat. Ce régime fasciste ne contrôle pas seulement le Portugal mais un immense empire en Afrique où les colonies d'Angola, du Mozambique et de Guinée-Bissau fournissent des profits abondants aux grandes sociétés portugaises. Mais les colonies sont aussi le point le plus faible du régime car il est enlisé depuis des années dans une guerre contre des mouvements de libération qui veulent conquérir l'indépendance pour leurs pays.


L'ivresse de la liberté


Ce 25 avril 1974, les habitants de Lisbonne se réveillent avec le bruit de tanks patrouillant dans les rues et de la musique militaire à la radio. Que veulent ces militaires? La réponse vient quand la radio commence à passer des chansons anti-fascistes. Les gens sortent dans les rues et fraternisent avec les militaires. Ensemble ils abattent les statues et les symboles du régime fasciste et arrêtent les informateurs de police les plus détestés. Le dictateur Caetano s'est enfui, le Portugal est libre. Un nouveau gouvernement est formé qui associe militaires et dirigeants du Parti Populaire Démocratique (droite «modérée») et des partis de gauche hier encore clandes-ins, le Parti Socialiste, le Parti Communiste et le Mouvement Démocratique Populaire.


Si l'armée s'est soulevée contre le régime, c'est parce qu'elle se rend compte qu'elle ne pourra pas gagner la guerre dans les colonies. Mais audelà les analyses divergent. Le chef du nouveau gouvernement, le général Spinola, est un vieux militaire de droite qui a servi le régime pendant des décennies. En accord avec les dirigeants des grandes entreprises, il veut remplacer la domination directe par un système plus souple où le pouvoir dans les colonies passerait à des mouvements financés par la CIA et qui accepteraient de maintenir un lien étroit de dépendance avec le Portugal, et est prêt pour cela à continuer la guerre encore un temps. Par contre, les 400 jeunes officiers qui ont organisé le coup d'Etat et pris le nom de Mouvement des Forces Armées (MFA), veulent mettre fin immédiatement à la guerre et ils ne voient qu'une seule manière de le faire: remettre immédiatement le pouvoir aux véritables mouvements de libération, le MPLA en Angola, le FRELIMO au Mozambique et le PAIGC en Guinée-Bissau.


Les tensions au sein du gouvernement vont donc rapidement se durcir, et pas uniquement sur cette question. Car les travailleurs de Lisbonne et des zones industrielles du sud du pays n'entendent pas attendre patiemment que le nouveau pouvoir leur accorde des libertés par en haut. Ils entament des actions dans les entreprises pour virer les directeurs et les cadres associés au pouvoir fasciste. Cette «purge» se traduit en pratique par le remplacement de beaucoup de structures de direction par des comités élus.


En juin, une vague massive de grève démarre dans les grands chantiers navals Lisnave et s'étend rapidement à tout le pays. Les travailleurs veulent avant tout en finir avec les bas salaires et les conditions déplorables sous lesquelles ils ont dû travailler sous le fascisme.


Le gouvernement condamne ces grèves et envoie la police pour les briser. Mais cela ne suffit pas à briser la combativité ouvrière et les secteurs les plus militants commencent à se rapprocher des petits partis de la gauche révolutionnaire.


Pour la grande bourgeoisie, il est temps de mettre fin à toute cette agitation et de faire marche arrière en installant au pouvoir un gouvernement autoritaire de droite. Deux tentatives de coup d'Etat le 28 septembre 1974 d'abord, puis le 11 mars 1975 visent à donner à Spinola les pleins pouvoirs. Mais ces tentatives contre-révolutionnaires rencontrent une opposition importante dans la base de l'armée. La majorité des jeunes sousofficiers et des soldats, craignant que la réussite de ces coups d'Etat se traduisent par une continuation de la guerre et leur envoi en Afrique, font échouer les actions de la droite.


Cette résistance est encouragée par l'intervention de dizaines de milliers de travailleurs qui quittent leurs entreprises et descendent dans la rue, fraternisent avec les soldats et les convainquent de retourner leurs armes contre les officiers de droite.


La montée révolutionnaire


L'échec des tentatives de coup d'Etat discrédite tous ceux qui sont liés de près ou de loin avec à celles-ci. Spinola et les officiers qui l'ont suivi sont virés de l'armée. Les syndicats occupent les sièges des banques qui ont soutenu les putschistes et forcent le gouvernement à nationaliser celles-ci. En quelques semaines, plus de la moitié de l'industrie est nationalisée!


Un an après le renversement du régime fasciste, le Portugal est méconnaissable. Le 25 avril 1975, anniversaire de la Révolution des Oeillets, les premières élections sont un triomphe pour le Parti Socialiste (38% des voix) et le PPD (26,5%) tandis que le Parti Communiste obtient 12,5% et les diverses formations à gauche du PCP se partagent 8%.


Mais ces résultats ne reflètent pas la profondeur de la radicalisation sociale qui se développe partout. Plus de 300 firmes sont dirigées par des commissions de travailleurs élues. Sur leur modèle, des commissions de quartiers, de locataires,... fleurissent un peu partout. Le MFA se radicalise et sa majorité de gauche soutient ces initiatives populaires. Des manifestations réunissent plusieurs dizaines de milliers de personnes contre le chômage, contre l'OTAN, pour le contrôle ouvrier sur les entreprises,... La police ne fonctionne quasiment plus. Le grand patronat a quasiment perdu tout contrôle sur les médias. Republica, un des principaux quotidiens de Lisbonne, et Renascensa, une radio qui appartenait à l'Eglise, sont dirigées par des commissions de travailleurs proches de la gauche révolutionnaire.


Le gouvernement est divisé. Le PS s'oppose de plus en plus durement au Parti Communiste et aux initiatives populaires. Le MFA riposte en publiant un document-guide qui se prononce pour le regroupement des commissions de travailleurs et de quartiers avec les délégués des casernes et le MFA et la formation en commun d'Assemblées populaires. La bourgeoisie et le PS dénoncent là une «manoeuvre totalitaire». Leur objectif commun est désormais de s'opposer à tout prix à ce pouvoir populaire en gestation. Le 10 juillet, le PS et le PPD quittent le gouvernement. La polarisation politique est de plus en plus forte.


Durant tout l'été, la droite et le PS passent à l'offensive. L'Eglise lance une campagne farouchement anti-communiste dans le nord du pays, rural, catholique et plus conservateur, qui se traduit par l'incendie ou la mise à sac de dizaines de locaux du PC et de l'extrême-gauche. Le PS organise des meetings de masse à Porto et à Lisbonne pour dénoncer le danger d'une «dictature communiste».

 

Au sein du gouvernement, le centre de décision est passé aux mains de militaires proches du Parti Communiste, mais ils rencontrent une forte résistance. Car au sein du MFA aussi, les courants proches de la droite et du PS se regroupent tandis que se crée un nouveau mouvement «Soldats Unis Vaincront» qui regroupe des simples soldats et des sous-officiers de gauche et veut s'engager à fond dans la perspective du Pouvoir Populaire.


Le 25 août, 100.000 personnes manifestent à Lisbonne sur l'initiative de l'extrême-gauche que le PCP est obligée de suivre. Cette manifestation est le point culminant de la mobilisation populaire. Mais elle ne permet pas de dépasser les divergences et les faiblesses politiques de la gauche.


Le PCP, un des derniers partis communistes ouvertement pro-soviétiques et staliniens d'Europe, privilégie le noyautage du gouvernement et de l'armée dans l'espoir d'arriver à une prise du pouvoir «par le haut» comme ce fut le cas en Europe de l'Est après la deuxième guerre mondiale. S'il mobilise les travailleurs, c'est pour faire pression sur ses partenaires gouvernementaux et pas pour les préparer à construire leurs propres organes de pouvoir à partir des Commissions. Et, aux moments décisifs, le PCP préfère conclure des compromis avec les partis «modérés» plutôt que de développer l'action directe des travailleurs.


Quant à la gauche révolutionnaire, elle est extrêmement divisée. Certains maoïstes, fidèles aux consignes chinoises, se sont ouvertement alliés au PS et même à l'Eglise contre le PC. D'autres organisations, au contraire, cherchent avant tout à faire pression sur le PC pour l'entraîner plus à gauche. Les organisations les plus sérieuses sont actives dans le mouvement pour développer le Pouvoir Populaire, mais, dans les faits, elles tendent à se reposer sur les officiers les plus à gauche pour diriger la lutte. Aucun parti ne met comme perspective centrale l'unification des multiples Commissions de Travailleurs et de Quartier pour développer un véritable contrepouvoir par en bas, ce qui serait le seul moyen de détacher du PC et même du PS les dizaines de milliers de militants combatifs qui se reconnaissent encore dans ces partis et de les gagner à une perspective révolutionnaire d'affrontement avec le pouvoir capitaliste.


L'initiative change de camp


Après le 25 août, la droite reprend son offensive et le gouvernement est de plus en plus isolé. Le 25 novembre 1975, les officiers «modérés» exploitent ces faiblesses de la gauche. Ils prennent l'initiative, imposent l'état d'urgence et envoient les troupes qu'ils contrôlent pour «restaurer l'ordre» dans la capitale. Ils misent sur le fait que le PCP préférera négocier et que la majorité des officiers de gauche reculera devant l'affrontement. Le processus se révèle exact: la désorientation des principales forces de gauche permet à un millier de soldats commandés par la droite de passer de caserne en caserne pour désarmer les régiments les plus à gauche!


La voie est maintenant libre pour que le PS et la droite entreprennent de détruire peu à peu toutes les conquêtes réalisées par les travailleurs au cours des mois précédents. La plupart des entreprises nationalisées sont rendues à leurs propriétaires, les médias sont repris en mains, les Commissions de travailleurs vidées de tout pouvoir, les syndicats affaiblis, les salaires baissés.

Le Printemps des Oeillets aura duré un peu plus d'un an et demi. Pendant cette période, le Portugal a montré à quel point les travailleurs peuvent se mobiliser pour prendre le contrôle de la société et la réorganiser sur des bases socialistes. Mais il a montré aussi le prix à payer pour l'absence d'un parti révolutionnaire et d'une stratégie capable de relever ce défi.

 

Note:

 

Article du CIO (comité pour une internationale ouvrière), dont le SP (Socialist Party) a un député européen à Dublin et dont la "Gauche Révolutionnaire" est membre du NPA.

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