2.200 selon la police, 5.000 d'après les syndicats et 3.500 selon notre estimation. Hier, le
défilé du 1er-Mai fut, quoi qu'il en soit, bien plus fourni qu'il y a un an, où les manifestants s'étaient comptés par centaines.
Placé à un week-end du second
tour de l'élection présidentielle, lacélébration du 1er-Mai a, hier, pris une couleur politique dont ne voulait pas la CFDT. Seules lesbranches de l'éducation etdela santé-sociaux du syndicat
avaient appelé à célébrer cette journée, à la demande de ses adhérents. Sur les marches de la mairie, avant le départ pour un tour demoins d'une heure dans les rues du centre-ville, la CGT, FSU,
Solidaires et l'Unsa ont délivré au micro leur message. «Nous réaffirmons notre opposition totale à la xénophobie, au racisme, à l'antisémitisme. Nous ne nous résignons pas quant au vote pour le
Front national de millions d'électeurs, un vote qui renforce la place de l'extrême-droite».
«Nous disons priorité à l'emploi»
Et, davantage dans le ton original de cette fête des travailleurs: «Nous rappelons les priorités sociales et les préoccupations des salariés, des demandeurs
d'emploi, des jeunes et des retraités en France et en Europe, victimes des politiques d'austérité etdes réformes réduisant les droits des travailleurs et leur protection sociale. La crise ne peut
être le prétexte d'une remise en cause de nos systèmes sociaux. Alors que le nombre de chômeurs ne cesse d'augmenter et que les restructurations, les licenciements et les fermetures d'entreprises
sont le quotidien de nombreux salariés, nous disons "priorité à l'emploi", en particulier l'emploi des jeunes. Nous disons "augmentation des salaires", en particulier du Smic, des pensions et du
pouvoir d'achat. Il n'y a aucune raison delaisser les inégalités salariales perdurer et notamment les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes». Un retour à une retraite à 60 ans est
aussi exigé.
«C'est un gros grain antisyndical»
Dans le cortège qui s'est élancé à petits pas, Jeanne, chrétienne de gauche, est là «pour défendre le pain des chrétiens». Une pluie battante et glaçante s'invite à
cette «Fête des travailleurs». «Le 1er-Mai, ce n'est pas la fête du travail», insiste un manifestant. «On laisse passer le grain. C'est un gros grain. Un grain antisyndical. C'est de mauvais
augure, ça», interprète un autre, qui se met à l'abri. «Bien sûr, nous appelons à battre Nicolas Sarkozy, a déclaré Olivier Le Pichon, CGT. Mais après le 6mai, quel que soit le président élu,
rien ne sera réglé sur les revendications des salariés. Car nos revendications ne sont toujours pas validées. Et, en Europe, on voit bien que quels que soient les temps d'austérité, il faut les
combattre». Revenus à leur point de départ, place de la Liberté, les manifestants ont salué la prestation de la chorale «Peuples et chansons», et ses chants engagés. Elle fêtait, hier, ses dix
ans deprésence un1ermai (lire page14).
Karine Jonqueur
Pourquoi manifestez-vous le 1er-Mai?
Assise sur les marches de la mairie, Camille, paysagiste de 37ans, est accompagnée d'Hortense, 18 mois. «Je suis venue pour ma petite fille. Parce
que cinq ans avec Sarkozy, c'est très très long. Là où le président précédent, de droite aussi " une sensibilité qui n'est pas la mienne " a essayé de faire de la cohésion sociale, l'autre, là,
n'a fait qu'opposer les uns et les autres. Les étrangers contre les Français de souche, le public au privé... Et elle est où la place des femmes dans son programme?». Léo, 18 ans, étudiant en fac
de mathématiques, est dans le cortège accompagné de plusieurs de ses amis. «Parce que je pense que le 1er Mai est un rendez-vous important, symbolique.
La France n'est pas encore perdue par la droite. En étant nombreux aujourd'hui, c'est un signal fort que nous voulons envoyer à Sarkozy. Il n'y a
pas de fête du "vrai" travail. C'est une façon de détourner ce qui est, depuis longtemps, la fête des syndicats et du travail». François, 37 ans, salarié au Clous (UBO), a fait le déplacement en
famille. «Pour soutenir les syndicats et par opposition à Nicolas Sarkozy. Je suis militant socialiste. Cette année, le rendez-vous est plus marquant, car il est situé entre les deux tours de
l'élection présidentielle. C'est pour ça que, pour la première fois, je suis venu en famille.
Avec ma femme, on a tenu à faire participer les enfants. Ils sont âgés de 7ans et de 5 ans». Émile, 63 ans, est retraité de la fonction publique
territoriale. «Le 1er Mai est une journée de solidarité internationale et revendicative par excellence. Nous manifestons pour l'emploi, pour le pouvoir d'achat... Et ce 1er mai est quand même
particulier dans un contexte d'élection présidentielle. Ça signifie aussi que contrairement à ce que peut dire Sarkozy, dont la politique à la coloration antisyndicale apparaît aujourd'hui
évidente, les syndicats ne sont pas une ombre».
Le Sgen-CFDT a rejoint le cortège
Surprise: alors que l'union départementale de la CFDT n'avait pas appelé au rassemblement d'hier matin, la branche éducation du syndicat, le
Sgen-CFDT est bien présent sur la place de la Liberté, au départ du cortège. Pour Loïc Balouet, son représentant, il n'y a pas de problème. «Le bureau national de la CFDT et le bureau régional du
Sgen-CFDT appellent au rassemblement», explique-t-il, justifiant ainsi le choix d'un «petit désaccord avec l'union départementale sur des arguments qui la regardent». Aux yeux des militants,
l'union est indispensable ce jour, même si personne ici ne veut assimiler «la Fête du travail avec l'élection présidentielle». Pourtant, Loïc Balouet garde une flèche contre «le Président, pas le
candidat, qui n'a cessé d'attaquer le syndicalisme et le travail pendant tout son mandat». D'autres, plus véhéments, ne cachent pas avoir «plein de points communs» avec l'intersyndicale de ce
jour, violemment hostile à Nicolas Sarkozy.
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