Vous rêvez d’un aéroport qui ne se voit pas, ne s’entend pas et n’émet pas de CO2 ? Vinci va le construire pour vous. Le géant du BTP, en charge du chantier
de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, promet une infrastructure intégrée dans le paysage et qui prend soin des paysans expropriés.
Plus un seul aéroport régional ne verra le jour ! Promis juré, avait déclamé notre ancien ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, lors du Grenelle de
l’environnement. À Nantes, les édiles PS et UMP s’apprêtent à enterrer définitivement cette mascarade politico-médiatique. Leur rêve ? Un nouvel aéroport en pleine zone rurale qui
viendrait se substituer à l’actuel aéroport de Nantes. Bétonner de façon tentaculaire, encore et toujours plus, c’est « un choix raisonné et responsable », assurait encore le
15 février Jean-Marc Ayrault, député socialiste et maire de Nantes.
44 exploitations agricoles impactées
Se présentant dans les pages du Monde comme le fossoyeur d’une « logique
de régression », Ayrault considère le projet de transfert de l’aéroport comme « exemplaire ». Quant à ses opposants ? Des « partisans de
l’immobilisme » ! Voilà des termes qui plairont aux 44 agriculteurs dont les exploitations seraient impactées par le projet. Car avec l’avènement du projet, ce ne sont pas moins
de 2.000 hectares de terres agricoles fertiles qui seront dévorées.
Oui, mais voilà, Vinci, le groupe mondial du BTP qui a obtenu le 30 décembre dernier une concession d’exploitation de 55 ans, a réponse à tout ! Dans le
contrat de
concession – révélé par l’association les Amis de la terre
et le Mouvement des objecteurs de croissance –, Vinci propose de créer « un observatoire agricole ». Sa mission, l’élaboration « d’un document témoin sur l’histoire
du site » (sic).
Un aéroport en « Haute qualité environnementale »
En prime, le concessionnaire propose la mise en place d’une Amap, association pour le maintien de l’agriculture paysanne, dont les paniers seront vendus aux
salariés de la plateforme. Quand Vinci se repeint en vert, c’est avec une bonne dose de cynisme. Les faramineuses émissions de CO2 seront compensées par une conception « Haute Qualité
Environnementale ». Le syndicat mixte de l’aéroport précise ainsi qu’il y aura « des bâtiments basse consommation et des installations à énergie positive comme les cellules
photovoltaïques en toiture, une chaufferie au bois, etc. »
Mieux : l’intégration dans le paysage sera « optimale », de même que le respect de la trame bocagère existante... La com’ de Vinci est si
convaincante que le rapport de la commission d’enquête d’avril 2007 qui soulignait « un lourd tribu pour l’environnement et l’agriculture » a semble-t-il été placé sans
disgrâce à la corbeille. Borloo, lui, n’a pas attendu que le vent du renouveau soufflé par le Grenelle soit retombé pour signer le décret déclarant d’utilité publique le projet d’aéroport, en
février 2008.
Une zone d’autonomie et de résistance
Mais au cœur de la zone dédiée au bétonnage, une bande d’irréductibles demeurent bien décidés à bloquer le projet. Ils occupent, manifestent, proposent des
alternatives. Paysans, précaires, militants en quête d’autonomie, résistants de tout poil, expriment haut et fort leur révolte sur la zone du projet de l’aéroport. Inspirés par les luttes
d’Atenco au Mexique ou d’Heathrow en Angleterre
qui ont conduit à l’annulation de projets du même type, ils appellent à un rassemblement devant la mairie de Notre-Dame-des-Landes le 19 février. Cette journée marquera également le lancement
de la caravane de la résistance qui passera dans les villes soutenant de près ou de loin ce projet, et le commencement d’un jeûne à durée indéterminée. En lieu et place d’un projet à
contre-courant des défis énergétiques, une vaste zone d’autonomie et de résistance est en marche à Notre-Dame-des-Landes.
Sophie Chapelle
Plus d’infos : Contact pour le jeûne, les permanences et le rassemblement : : contact_jeunenddl@yahoo.fr
Blog du collectif de lutte contre l’aéroport : http://lutteaeroportnddl.wordpress.com/