Combien seront-ils à manifester pour l'emploi, samedi 16 février ? Sans doute pas 20.000, comme en 1996, mais suffisamment pour peser, espèrent les
syndicats, qui appellent une nouvelle fois à l'union sacrée au nom de la défense du territoire.
État d'urgence. 20.000 en 1996, 5.500 en 2001. Autant en 2002 et en 2007... L'histoire sociale du Trégor est jalonnée de grandes
manifestations pour l'emploi. Le rendez-vous du samedi 16 février rencontrera-t-il le même élan populaire?
« Nous ne sommes pas dans une course aux records », répond timidement l'intersyndicale qui, « prise par le temps », expose la
difficulté à ratisser large, surtout à l'approche des vacances de février. Pour autant, « ici, il y a une tradition de lutte, une faculté à se rassembler », ne désespère pas Jean-Pierre Lecoq,
de la FSU Trégor, qui avec ses collègues de la CGT, de la CFDT, de la CFE-CGC, de l'UNSA et de Solidaires décrète l'état d'urgence.
Union sacrée. Certes, la situation d'Alcatel-Lucent (140 salariés sur la sellette) est à l'origine de l'appel du 16 février. Mais
plus que les seuls intérêts des pros des télécoms, c'est la défense de tout le territoire que promeut le collectif.
« Le Trégor dans son ensemble traverse une mauvaise passe »
résume Bernard Trémulot (CGT Alcatel) qui évoque, pêle-mêle, la situation délicate d'AEG, de Trégor Plastique Industrie, de l'entreprise de bureautique Petibon
(Plein Ciel) ou encore la liquidation récente de PECI à Perros-Guirec. Un tableau pas jojo, « également valable dans le secteur public », souligne Bernard Lecoq, guère contredit par la
cinglante poésie des chiffres de Pôle Emploi.
« Sur la période 2007-2012, le bassin déplore 11,7 % de salariés en moins dans l'industrie, 10,6 % dans le BTP, 6,3 % dans l'intérim, 3,7 % dans le commerce, 2,2 %
dans l'hôtellerie-restauration... », s'émeut Benoît Dumont, secrétaire de l'union locale CGT. Des statistiques qui valent « mobilisation ». Casse induite.
« Un moteur qui cale, c'est toute l'économie mise à mal ».
Cette formule de Bernard Trémulot signifie une chose : qu'au-delà des menaces sur l'emploi direct chez Alcatel, il faut penser à
l'emploi induit. « Pour un emploi de perdu, on compte trois
emplois détruits », précise le délégué CFDT. Un plaidoyer relayé par Nadine Guédé, de l'UNSA, qui appelle à ne pas raviver la lutte des classes. Bien sûr, les ingénieurs d'Alcatel ont des
salaires supérieurs à la moyenne « mais il en faut aussi pour faire vivre les commerçants, le BTP, etc. Il faut sortir de ce clivage », exhorte la syndicaliste, qui rappelle que des familles
qui partent « chercher du boulot ailleurs », cela se paie au plan économique mais aussi social. Cequ'elle appelle l'« effet boomerang ».
Et alors, on fait quoi ? Le constat étant unanimement posé, place à l'action.
Pour l'heure, l'intersyndicale n'envisage pas de sortir les catapultes, de s'embobiner dans de la fibre optique ou de s'attacher
(symboliquement) au câble transatlantique de Beg-Léguer. Elle préfère mobiliser à l'ancienne. 7.000 tracts seront distribués dès vendredi sur les marchés du secteur et aux ronds-points
stratégiques, 600 affiches disposées dans les commerces et bâtiments en vue... Pour l'originalité, peut-être faudra-t-il se tourner davantage vers les réseaux sociaux. « On va sans doute créer
un compte Twitter ; les plus jeunes d'entre nous y travaillent », précise Benoît Dumont qui, avec ses collègues, entend mobiliser de manière plus significative le champ politique et raviver
l'association Trégor Debout. Suffisant pour transformer la brise de protestation en coup de vent médiatique ? Réponse le 16 février, quai d'Aiguillon, de 10 h à
12 h.
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