
Ce jeudi à 11 h, le personnel gréviste du conseil général envahit l'assemblée après une heure de débat entre élus.
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Premier acte : entre élus
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Il est 10 h 15. Le rideau s'ouvre sur Pierre Maille qui conclut l'ouverture de la séance dédiée au budget 2013 par une citation de Richelieu : « Faire en sorte que la politique ne soit pas l'art du possible, mais l'art de rendre possible ce qui est nécessaire. » Michel Canevet lance quelques banderilles pour l'opposition : « Dans le budget culture, vous persistez dans des choix coûteux et élitistes. » L'élu de Carhaix, Christian Troadec, dit tout le mal qu'il pense du futur acte III de la décentralisation : « Je crains que nous restions en France l'État le plus centralisé d'Europe. Nous sommes des nains politiques. » Jean-Yves Cozan salue avec ironie les aires de covoiturages, à signalétique bilingue : c'est du breton d'usage. Soudain, le brouhaha des manifestants résonne dans le conseil général. Trompes et sirènes mettent fin au débat.
Deuxième acte : les manifestants
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« Social et routes, même combat ! » lancent les grévistes. Les agents du conseil général en grève sont « excédés ». L'intersyndicale CGT, CFDT, FO demande le retour « d'un vrai dialogue social. Aujourd'hui, un gouffre s'est créé, ce n'est plus du dialogue, c'est un monologue. » Pierre Maille suspend la séance, invite les représentants syndicaux à prendre le micro.
Les syndicalistes interpellent les élus sur la fermeture des centres d'exploitation des routes : « Une insécurité pour les agents et les usagers ». Ils revendiquent une autre politique d'action sociale. « Il n'y a aucune réflexion avec les équipes de terrain. Résultat, aujourd'hui, nous sommes dans une situation inextricable. » Les agents dénoncent « une pseudo-démarche participative qui n'est que pure démagogie. » « À quand une présidence expérimentale » se moque une manifestante CFDT ? Sourire de Pierre Maille.
Troisième acte : les routes
Le président du conseil général répond : « Les conditions de travail changent en permanence. L'organisation et les méthodes doivent évoluer. Ce n'est pas parce que nous fermons un centre d'exploitation des routes que le conseil général ignore la sécurité des routes. » Il cite l'exemple de Châteaulin et Pleyben, regroupés dans un nouveau centre neuf. « Je n'accepte pas qu'on laisse penser que le service public recule. » Les manifestants ne voient là que du « bla-bla ». « La moindre des choses, c'est qu'on ait des réponses. »
Quatrième acte : le social
Pierre Maille revient sur une déclaration faite à Brest lors du colloque en décembre. L'élu s'interrogeait sur la culture des intervenants sociaux. « Comment progresser par rapport à ce qui existe déjà dans l'action sociale et médico-sociale ? Pourquoi le nombre d'enfants placés, par exemple, est-il si différent d'un département à l'autre ? En Finistère, ce nombre est plus important, alors que la situation sociale y est moins dégradée qu'ailleurs. » Hier matin, il y revient : « Si certains de mes propos ont blessé, je le regrette. Mais, je me sens responsable d'évoquer les questions de formation des personnels. » Dans la salle, on crie : « Des excuses, des excuses. »
Cinquième acte : la sortie
Un grand coup de corne. Pierre Maille reprend la parole : « Ce ne sont pas les conditions idéales pour le dialogue social. » Il quitte la salle. Les élus de la majorité se lèvent. Les agents restent sur place. Dans l'après-midi, une quarantaine d'agents revient. Pierre Maille propose une rencontre à une dizaine de représentants. Refus des grévistes : c'est tout le monde ou personne. Pour dialoguer, il faut être deux.