Dans les couloirs encombrés par des piles de cartons du siège départemental de l'ADMR (aide à domicile en milieu rural) à Plabennec, des salariés passent,
l'air abattu.
« Qu'est-ce qu'on va faire de tout ça ? Les archives partent d'habitude dans un lieu de stockage en Finistère-Sud, maintenant on ne sait même
plus qui va les collecter. » Françoise, 36 ans d'ADMR derrière elle, montre les tas de la main. Un peu plus loin, au service de la facturation, l'heure est au
découragement.
En finir au plus vite
Emmanuelle, Sandrine, Dominique tiennent réunion devant un café. « On nous a dit qu'il fallait encore travailler trois mois. Mais pour quoi
faire ? Cela fait deux ans et demi qu'on nous promène dans l'incertitude. C'est de l'acharnement. On n'a plus envie de rien. On veut en finir... »
« Je souhaite que les recrutements en cours, auprès des groupements d'associations locales, permettent de réduire le plus possible, les licenciements
du personnel fédéral », a indiqué Pierre Maille, président du conseil général dans un communiqué. Au siège, on n'y croit plus du tout. « Il faudra postuler dans les
« Onyx » (1) comme quelqu'un de l'extérieur. Quand on connaît le marché de l'emploi actuel, on se dit qu'on a très peu de chance d'être reprises. »
L'emploi du féminin s'impose.
Les postes sont quasiment tous occupés par des femmes. Peu sont mobiles géographiquement. Il y a le travail du conjoint, les enfants scolarisés.
« Comment voulez-vous qu'on aille travailler en Finistère-Sud ? Sur notre secteur, il y aura peut-être cinq ou six postes créés. Et c'est tout ! » Ici, au
siège de l'ADMR, elles étaient une vingtaine entre la facturation et la paie.
Les membres du comité d'entreprise doivent rencontrer Me Corre, le mandataire judiciaire désormais chargé de la liquidation, vendredi matin, pour une
réunion informelle. « On maintient notre position. Nous réclamons un comité d'entreprise extraordinaire pour avoir un procès-verbal de séance », souligne Éliane
Foulon, élue du CE. Comme un dernier baroud d'honneur, mais on sent bien que le coeur n'y est plus.