Les apiculteurs constatent toujours des pertes de 30 à 40% par an de leur cheptel et accusent les pesticides neurotoxiques et systémiques.
Pendant que tout le monde ou presque succombe à la mode de l'écologie et s'habille de vertes pensées, les abeilles continuent de mourir. Hier, une partie des membres du Syndicat des apiculteurs professionnels bretons (SAPB) s'est réunie à Lorient pour faire un nouveau point sur la situation.
Point de vert à l'horizon qui aurait plutôt tendance à virer au noir. «Les choses n'ont pas évolué depuis que le Gaucho avait fait la une de l'actualité»,
annoncent-ils à l'unisson. «Tout le monde est persuadé que le Gaucho est interdit, mais ça n'est pas vrai. Il ne l'est que sur le maïs et le tournesol, pas pour les autres cultures. Et puis de
toute façon, le Cruiser, un nouveau produit composé de molécules proches de celles qui composent le Gaucho, est sur le marché».
Un problème de santé publique?
Un produit que les apiculteurs jugent même encore plus «sournois» que le Gaucho. «Le Cruiser enrobe la graine. Il se retrouve donc directement au coeur de la fleur», explique José Nadan,
président du SAPB. Un produit «dangereux» pour les abeilles mais, et là, les apiculteurs bretons veulent élargir le débat, aussi potentiellement dangereux pour l'homme.
C'est ce qu'explique José Nadan: «Même si les doses sont plus faibles, c'est beaucoup plus toxique. Une seule graine traitée pollue à elle toute seule 5.000 litres
d'eau. Lorsqu'on sait qu'on compte environ 100.000 graines par hectare de terre cultivée... On imagine par exemple les conséquences pour les nappes phréatiques ou encore le lait, puisqu'on
retrouve des traces de ce produit dans les aliments pour les vaches».
Quels coupables?
Le ministère de l'Agriculture et le lobby agricole sont montrés du doigt par les apiculteurs. «Les belles promesses du Grenelle de l'environnement c'est du vent, tant que le ministère de
l'Agriculture ne tranchera pas dans le vif, nous ne pourrons pas faire grand-chose», déplorent les apiculteurs. Depuis un an, notamment, sous l'impulsion du SAPB, les apiculteurs de l'Hexagone se
sont réunis au sein d'une fédération nationale espérant ainsi peser plus lourd dans les débats.
- Gaël Bocandé