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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 11:19

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Que pensez-vous du débat qui sévit en France autour du voile dit «islamique»?

Les politiciens passent un temps fou à se demander si les femmes qui portent un voile sont opprimées. Si c'était le cas, une intervention extérieure serait promise à l'échec. Rappelez-vous les cérémonies de dévoilement forcé des femmes en Algérie durant la colonisation. Elles étaient menées au nom des valeurs de la République... Si les femmes voilées étaient opprimées, il serait plus efficace qu'elles s'organisent elles-mêmes. Plus généralement, cette focalisation des politiques à travers l'Europe sur le voile et sur l'islam est un signe de l'immense vague d'islamophobie qui submerge le continent.

Est-ce dangereux, selon vous?

Bien sûr que c'est dangereux! Le langage utilisé s'apparente souvent à celui employé à propos des Juifs dans les années 1920, 30 et 40. Comme si nous n'avions rien appris depuis la Seconde Guerre mondiale; comme si toutes les leçons tirées de l'Holocauste n'avaient pas de portée. Nous sommes tous contre ces atrocités, mais les discriminations qui se déroulent sous nos yeux n'attirent pas notre attention, comme si la situation actuelle n'avait pas de lien avec ce qui s'est passé dans la première partie du XXe siècle.

 

Les questions religieuses sont très utiles pour aider les Etats-Unis à maintenir leur hégémonie. Dans le monde islamique, vous devez savoir qu'il existe toutes les nuances de l'arc en ciel: en Egypte, les Frères musulmans s'apparentent aux partis démocrates-chrétiens d'Europe. A l'autre bout du spectre politique, vous avez les organisations militantes, comme le Hezbollah au Liban, qui a défait par deux fois l'armée israélienne. Par ailleurs, si ces forces d'inspiration religieuse dominent actuellement le Proche-Orient, c'est parce que les autres forces, notamment la gauche nationaliste, ont été éliminées par l'Occident et remplacées par ces mouvements religieux, comme on peut le voir en Irak.

Que pensez-vous de l'attitude de la gauche européenne sur ce sujet?

La gauche européenne ne doit pas se joindre à ceux qui veulent régenter la manière de s'habiller des citoyens. En 1922, par exemple, durant le Congrès de la IVe Internationale (et non la 3é! Note du blog), les communistes indonésiens luttaient contre la doctrine léniniste. Les Indonésiens voulaient que les communistes s'attaquent à la question coloniale et cessent de considérer l'islam comme un ennemi. Le leader communiste indonésien, Tan Malaka, expliquait alors: «Nous sommes treize mille dans un pays où une majorité de paysans et de travailleurs croient en Allah. Nous collaborons avec Sarakah, un mouvement religieux qui regroupe cent mille paysans et qui a adopté notre programme politique en totalité. Bien sûr, nous préférerions qu'ils ne soient pas croyants, mais cela nous apparaît secondaire depuis qu'ils nous ont expliqué: 'Nous n'avons rien dans ce monde, vous voudriez maintenant nous supprimer le paradis! »

 

C'est frappant de voir que la question religieuse s'est aussi posée au Parti communiste italien, qui était la principale organisation prolétarienne occidentale après 1945. Ses dirigeants s'étonnaient de leurs difficultés à mobiliser leurs militants le dimanche matin. Puis ils ont compris que leurs militants allaient en masse à la messe. Ils caressèrent le projet d'interdire toute pratique religieuse à leurs membres, avant de se rendre compte qu'une telle décision leur ferait perdre la moitié de leurs militants. Au final, rien ne sert de s'interroger sans fin sur la signification du port du voile. La question importante est: où se situent les valeurs de la République? Ne serait-ce pas plutôt dans un accès à tous à l'éducation et à l'emploi?


PROPOS RECUEILLIS PAR OVN- Le Courrier (source incomplète)

 

Note du blog:

 

Tariq Ali est un ancien dirigeant étudiant de l'actuel Bengla Desh. Emigré à Londres il devint un dirigeant de la section britannique de la 4è Internationale, avant de passer au Labour. Il en est sorti et est devenu un grand écrivain et une personnalité "morale" de la gauche de gauche, un peu notre Edwy Plenel, quoi!

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 10:17

Lettre à nos camarades de la gauche de la gauche qui ne savent plus à quels saints se vouer dans les débats sur la religion.

 

Nous sommes croyant-es et anticapitalistes. Cela peut paraître incompatible à beaucoup. Par ce texte, nous voulons engager le dialogue avec les autres militant-es de la gauche de la gauche, et leur faire partager pourquoi dans nos vies, dans nos métiers, dans nos engagements associatifs, syndicaux et politiques, ce sont toutes nos convictions - spirituelles et politiques - que nous engageons pour la justice sociale, sociétale et écologique. Nous pensons que cette part de notre culture militante a aussi sa place, dans le creuset de la nouvelle gauche radicale.

 

Les religions, réalité vivante et plurielle

 

Engagé-es dans le mouvement social, aspirant à l’unité de celui-ci, nous utilisons le patrimoine intellectuel commun qui permet une pensée propre au mouvement ouvrier de la question religieuse. Karl Marx, Walter Benjamin, Antonio Gramsci, Ernst Bloch, et plus près de nous Michaël Lowy ont produit des concepts et des approches qui permettent de dépasser les évidences, les clichés.

 

Ils nous rappellent l’importance de la dialectique. Aucune réalité sociale n’est un « en soi » par essence progressiste ou réactionnaire. « La religion » n’est pas une réalité qui y échappe. D’un côté, les religions et les croyants sont pris dans la lutte des classes, sans forcément s’y réduire. De l’autre, chaque réalité religieuse a sa propre sociologie, histoire sociale, des rapports aux institutions qui lui sont propres et bien sûr son propre monde de croyance. Mais qui ne sont pas indépendantes de la lutte des classes. Suivant les religions, les croyants peuvent plus ou moins peser pour obtenir des évolutions internes. Il ne faut pas chercher ailleurs l’extrême diversité des réalités religieuses.


Qu’y a-t-il de commun entre la religion d’un peuple amazonien et le catholicisme de la grande bourgeoisie française ? Entre le protestantisme de Jean-Marie Tjibaou et celui du télévangéliste de l’ultra-droite américaine Pat Robertson ? La théologie, matière vivante en débat permanent, n’est pas moins diversifiée – pour le meilleur comme pour le pire. Une observation objective oblige à admettre que toutes les positions politiques se retrouvent chez les croyants du monde entier, que les lignes de fractures, et donc les alliances possible ou impensables, ne passent pas entre croyants et non-croyants mais tout autant au sein des croyants que des non-croyants.

 

Si l’on accepte « les religions », comme une réalité diverse politiquement, il devient possible d’aborder ce débat à partir de nos propres bases. La droite au pouvoir nous inflige un matraquage médiatique, qui simplifie la question pour mieux l'instrumentaliser dans sa politique réactionnaire. Nous refusons d’entrer dans le débat par ce prisme réducteur !

 

Notre tradition militante

 

Il faut ouvrir la grosse boite de « la religion » pour penser plus justement. Partons d'un tout petit coin de la boite, celui où nous nous tenons : le Christianisme social qui depuis le XIXe siècle traverse le protestantisme (notre foi) et le catholicisme, ce qu'on appelle couramment les « chrétiens de gauche ». Ses combats ont participé à construire la gauche associative, sociale et politique, ici en Europe et jusqu'en Amérique Latine avec la théologie de la libération. Ce courant traverse donc, d’un côté le christianisme et, de l’autre, l’histoire de la gauche révolutionnaire et internationaliste.

 

Aujourd’hui, nos choix professionnels de travailler dans le social en milieu populaire, nos engagements sociaux et politiques dans le féminisme, contre le patriarcat et l'hétérosexisme, pour l'écologie et les sans-papiers enrichissent notre spiritualité, comme ils sont nourris par elle. Nous voyons une continuité entre notre spiritualité, nos colères et notre volonté d’un changement révolutionnaire de la société capitaliste.


Oui, dans la lecture des prophètes de l’Ancien Testament, dans les Evangiles de Jésus, nous entendons un appel à l'engagement au côté des exclus, des exploités, des rejetés, à la confrontation jusqu'au bout avec les logiques mortifères présentes dans la politique, l'économie et la religion. Certainement pas une invitation à subir le présent dans un retrait piétiste hors du monde en attendant le paradis.


Dans ces mêmes textes, nous lisons l'espérance qu'un jour viendra le Royaume de Dieu. Non pas la théocratie qui est notre pire cauchemar, mais la chute de toutes ces puissances mortifères : un monde de justice et d'amour où les identités de genres, de classes, de races, les oppositions entre l'humain et la nature, seront dépassées. Ernst Bloch appelait cela le « plus vieux rêve du monde ».


Notre engagement politique et social est le chemin de notre espérance. Nous traduisons notre foi en actes. Ceci montre bien notre conscience que c’est par les luttes politiques et syndicales, aux côtés de toutes les composantes de la gauche radicale, que nous construirons, ensemble un « autre monde ». Ce n’est pas au nom de Dieu que nous luttons, mais, souvent, sa parole nous accompagne et nous l’entendons dans nos slogans et nos chants de luttes.

 

Notre espérance

 

Les partis de gauche, les associations, les syndicats ne peuvent se le cacher : dans les luttes, de nombreux croyants participent à la bagarre de terrain. L’exemple du combat de la CIMADE parle à tou-tes.


Ces alliances participent à l'élargissement de la base sociale nécessaire à un projet de changement radical. À la limite, la présence des croyants, notre présence, tant qu'elle reste silencieuse, voire honteuse sur ce qui nous fait aimer, travailler, militer, ne gêne personne. Mais, comme toute personne qui s'engage, nous pensons que nos questions peuvent aussi participer à l'avancée du projet commun. Que même dans une société socialiste, il y aura des raisons de croire.

 

L'histoire totalitaire du socialisme au XXe siècle, mais aussi celle de la crise écologique actuelle, est celle de la prétention humaine à la maîtrise totale, d'une raison autosuffisante qui s'est crue capable de tout, d'un pouvoir sans limite dans sa toute puissance face à la société, à l'individu, à la nature.


Ce danger oblige à être intransigeant dans la construction de la société future sur le respect des libertés individuelles, sur l'installation de pratiques autogestionnaires. Toutes les occasions de faire l’expérience pratique dès maintenant de cet idéal, au sein des luttes comme dans notre vie quotidienne, doivent être saisies par tou-tes. En y prenant part, nous voulons être vigilant-es à ne pas laisser s’enfermer l'action commune dans une logique purement rationnelle qui ferait s’effacer l’individu derrière le collectif. Notre foi nous invite à concilier la logique de justice et la logique d’amour et de don, que nous entendons dans la Parole. La logique d'amour ne suffit pas, mais elle met sur le chemin de la justice, d’une justice poussée par l'amour jusqu'au bout de sa propre logique.


Notre foi joue aussi comme une ouverture nécessaire, en ce qu'elle nous dit que nous n'avons pas prise sur tout, que des réalités nous dépassent, qu'il y a du non maîtrisé. Les récits mythiques de la création nous font penser que la nature, la présence des autres, notre vie, nous ont été données, nous sont données gratuitement en permanence : nous ne pouvons pas en faire n'importe quoi, l'humain n'a pas la main sur tout.

 

Libre-arbitre et pratiques minoritaires subversives dans les religions

 

Notre tradition protestante (qui a contribué aux Lumières en instituant la lecture libre de la Bible hors du pouvoir du prêtre), nous fait aussi répondre au risque d'un socialisme sans liberté par l'importance donnée au libre-arbitre, à la liberté de conscience individuelle. Dans le même temps, nous pensons, avec le philosophe juif Levinas et le philosophe protestant Ricoeur, que chacun n'est lui-même qu'avec et à travers l'autre.


La prise en compte sérieuse de cette tension entre libre-arbitre et dépendance vis-à-vis de l'autre, notamment à travers la question complexe du consentement éclairé, n'élèverait-elle pas les débats actuels sur la prostitution ou le voile ? Elle invite aussi, dans les questionnements sur les religions et l'Islam, à faire des choix politiques qui, contre les institutions religieuses et les positions majoritaires souvent réactionnaires dans ces institutions, favorisent ce libre-arbitre, les pratiques minoritaires progressistes et leur capacité à subvertir les symboles, les rituels, les textes y compris ceux ayant jusque-là été utilisés dans un sens oppressif.


Nous en sommes les acteurs dans la lutte contre l'homophobie et le sexisme religieux. Nous nous posons des questions sur le voile. Mais nous ne voulons pas y répondre avant d'avoir fini de comprendre la question, ni surtout fini d'entendre comment celles qui sont directement concernées font bouger les choses.

 

Les raisons du coeur dans le mouvement social

 

La barbarie capitaliste, comme l'expliquait Marx, est aussi la réduction de toute chose à la mesure unique de l'argent, qui mutile la créativité humaine. Face à cela, il est nécessaire de mettre fin à la logique du profit et cultiver la diversité des façons d'être au monde. Comme dans d'autres domaines de la créativité humaine, dans les arts par exemple, d'autres valeurs que celles du mesurable sont mises en avant par la Bible, et encore plus dans les religions orientales ou amérindiennes : l'émerveillement, l'espérance, l'amour, la beauté...


L'humain a besoin de toutes ces dimensions. Il est un tout. Même s'il est utile qu'il rentre dans la fiction nécessaire du « militant uniquement rationnel », dans les faits, il ne laisse jamais « à la porte » de l'action politique ses goûts, ses rêves, ses imaginaires, son histoire personnelle ou familiale, ses croyances, son genre, son orientation sexuelle, son handicap... Vouloir lui faire laisser au placard ces dimensions, c'est oublier que les dimensions blanches, mâles, incroyantes, elles, ne le sont jamais. Non seulement une inégalité se crée ainsi, mais la vision qui s'exprime dans les débats est réduite à celle d'une minorité de la population.

 

Ne pourrions-nous pas accepter cette contradiction entre une raison purement rationnelle et cette raison du coeur ? Nos raisons du coeur, ce sont nos indiscutables, nos transcendances, y compris laïques : la Liberté, le Socialisme, la Justice... Loin de nous l’idée de mettre les raisons du coeur au-dessus du rationnel, du purement politique. D’un autre côté, qu'on le veuille ou non, une personne qui aurait l'impression que sa raison du coeur n'est ou ne sera jamais prise en compte (à tout hasard sa foi musulmane), quand celle de l'autre ou d'autres le seraient systématiquement (à tout hasard, le rejet viscéral de toute religion), perdrait à terme l'envie d'« agir ensemble ».


Au nom du fait qu'agir ensemble, c'est aussi construire une communauté humaine dans sa diversité, préfigurant la société de demain, une sollicitude dans le débat n'est-elle pas nécessaire ? Nous appelons simplement à un débat serein, qui respecterait cette tension, ferait une place aux raisons du coeur, aux côtés du rationnel nécessaire à la construction des luttes.

 

Notre place dans le mouvement social

 

Nous refusons l’idée que cette prise en compte de l’identité de chacun-e empêcherait le mouvement ouvrier d’avancer, nous sommes persuadé-es du contraire. Parallèlement, nous n’acceptons pas de nous laisser enfermer dans une logique selon laquelle on pourrait s’appuyer sur nous, croyant-es, pour grossir les rangs de la révolte et mieux nous convaincre, après, que nous nous égarons.


Nous assumons la tension entre notre spiritualité et nos convictions politiques, sur le fond comme sur la forme. Par là, nous souhaitons ouvrir une porte sur un militantisme où la justice sociale serait accompagnée de l’ouverture sur l’Autre, sur l’amour, sur l’émerveillement.

 

Prenons encore l'exemple des textes de référence des religions. La Bible, comme les mythes, les textes poétiques, à la manière des romans, de la peinture ou des chansons populaires permettent de dire le profond de l'homme, de sa noirceur comme de sa rêverie, de ses espoirs comme de son désarroi, de ses espérances... Pourquoi la référence biblique ou coranique ne prendrait pas place à côté de l'ensemble des références culturelles, de l'Illiade et l'Odysée, des textes de Marx... ou du Petit Chaperon Rouge ?


Cela implique que, dans le débat, les croyant-es n'exigent pas, pour leurs références spirituelles, le privilège de vérité surplombante. Qu'ils acceptent qu'elles puissent être critiquées, comme n'importe quels arguments ou références amenés dans la discussion, acceptés ou rejetés en fonction de leur cohérence avec l'ensemble des valeurs communes. Qu'ils s'interdisent d'utiliser l'accusation de blasphème contre les critiques de la religion. Cela implique à l'inverse que les non-croyant-es ne les rejettent pas d'emblée, sans entendre ce que ces références donnent à penser, pourraient leur dire.


Dans cette approche où les croyant-es ne revendiquent pas de privilège de transcendance pour ces textes, ils apparaissent comme une référence de plus dans le débat, pas moins, pas plus, légitime qu'une autre.

 

Laisser une place à la dimension croyante de la culture militante cela veut dire des efforts à faire. Mais cela signifie aussi, qu'en élargissant le canon de ce qui est légitime dans le débat, on réduit les inégalités entre ceux et celles qui maîtrisent les références classiques, blanches, bourgeoises, etc, et les autres. Élargir la palette de ce qui peut s'exprimer, se dire et se débattre, c'est se donner la possibilité collective de penser plus, d'agir plus nombreux-ses et plus complètement, vers un monde plus riche d'autre chose que d'argent et de biens manufacturés.

 

Il nous semblait, et il nous semble toujours, que la gauche de la gauche assumait désormais sa pluralité. Que la nouvelle gauche radicale n'avait plus peur de la pluralité des références qui, dans les faits, construisent chacun-e et contribuent à l'interprétation du nouveau référentiel commun de l'anticapitalisme, du féminisme et de l'écologie...


Nous disons seulement que nous sommes candidat-es à ne plus laisser la dimension croyante de notre culture militante au placard et à la mettre dans le pot commun, pour qu'elle y prenne sa place, ni moindre, ni plus sacrée qu'une autre.

Petite pincée de sel dans le grand pot-au-feu du débat de la gauche...

 

Héloïse Duché, membre de l'Eglise réformée de France, cadre d’un mouvement de scoutisme protestant, travailleuse dans le milieu associatif de l’Education Populaire, militante anticapitaliste

Stéphane Lavignotte, pasteur de la Mission populaire évangélique, directeur de La Maison Verte (Paris 18e), paroisse protestante inclusive et maison de quartier, militant écologiste, dernier livre paru, « La décroissance est-elle souhaitable ? » (Textuel). Tous les deux se réclament du Christianisme social.

 

Note du blog:

Trosky, Histoire de la révolution russe

link http://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrrsomm.htm

Chapitre: La paysannerie devant octobre

...A cela il faut ajouter l'action de la pensée des sectes religieuses qui unissaient des millions de paysans. J'ai connu - écrit un auteur bien informé - beaucoup de paysans qui accueillirent ... La Révolution d'Octobre comme l'absolue réalisation de leurs espérances religieuses. "
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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 10:50

L’article de Véronique Decker – Les vêtements des femmes - publié la semaine dernière (Tout est à nous ! n° 65) est intéressant à bien des égards, notamment en ce qu’il rappelle que « depuis la nuit des temps », les hommes ont cherché à légiférer sur les vêtements des femmes. L’article retrace de manière convaincante quelques épisodes de cet aspect de la lutte pour le contrôle du corps des femmes, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit. Malheureusement, lorsque sont abordées la période actuelle et la burqa, curieusement, le raisonnement… s’inverse.

 

Au moins de deux manières.


D’abord, s’agissant de la burqa, on s’attend à ce que l’article dénonce un nouvel exemple de la volonté des hommes – en l’occurrence, certains « docteurs de la loi » et/ou autres tenants de la « tradition » – de légiférer sur ce que doit être l’habillement « décent » des femmes. Or… pas du tout ! L’article dénonce… les parlementaires français. À juste titre dans la mesure où il s’agit de mettre en cause la diversion que représente la loi, venant après le « débat » nauséabond sur l’identité nationale.

 

Mais cela justifie-t-il pour autant de totalement minimiser la signification objective du port de la burqa au motif (controversé)… qu’il s’agirait d’un choix des femmes ? Alors qu’à l’évidence, comme pour tous les autres exemples énumérés précédemment, il s’agit bien là d’une « prescription » décidée par certains hommes qui, bien avant que le pouvoir français ne décide d’imposer une loi, ont « légiféré » (en sens inverse des députés français, bien sûr) et décidé à la place des femmes.


Deuxième inversion de raisonnement : pour mieux condamner les politiciens français – qui, encore une fois, le méritent amplement – seule la forme de leur décision est prise en considération. Les parlementaires viennent de « légiférer » à propos des « vêtements des femmes ». Donc, qu’il s’agisse d’interdire la burqa ou… le pantalon ou encore la minijupe, finalement, c’est du pareil au même : les hommes décident et interdisent.

 

À ceci près que cette logique formelle évacue le fond, à savoir ce qu’il s’agit concrètement d’interdire… Les exemples historiques cités dans l’article témoignent pourtant des batailles menées par les femmes pour l’égalité avec les hommes et pour se réapproprier la maîtrise de leur corps et de son exposition.

 

Rien de tel avec la burqa. Avoir le droit, si on le souhaite, de découvrir – un peu ou beaucoup – son corps, sans contraintes imposées par une conception patriarcale de la « décence » ou de la « pudeur » – ce qui est le sens des combats évoqués – ou être sommée de le couvrir intégralement : non, ce n’est définitivement pas pareil !


François Coustal

 

Tribune : les vêtements des femmes

Nous publions une lettre replaçant le débat sur la burqa dans l’histoire de la tenue des femmes.

Depuis la nuit des temps, les hommes légifèrent et inscrivent dans les textes civils ou religieux, la manière dont les femmes doivent s’habiller, ce qui est licite de montrer ou non, et la pudeur dont elles doivent faire preuve.
Tout est codifié, de la manière de s’assoir à celle de saluer. Même monter à cheval était indécent il y a moins de deux siècles.


En Europe, le droit de porter un pantalon fut un combat. Il fallait rester en jupe, qui devait bien couvrir les chevilles. Puis, après 1914, la nécessité pour les femmes d’aller travailler (on manquait d’hommes valides) a permis que les jupes raccourcissent au-dessus de la cheville et montrent les mollets, et surtout que les gaines et guêpières qui enserraient la taille des femmes se délacent.


Les femmes portant des cheveux longs ont toujours dû cacher leur chevelure, natter, attacher les cheveux. Bien sûr, c’était un moyen de lutter contre les vermines (teignes et poux), mais aussi un principe de « pudeur » et de soumission. Impossible d’aller à l’église ou de se promener dans la rue en « cheveux », jusque dans les années 1950. La mode des cheveux courts fut un vent de liberté. Sortir cheveux au vent fut le symbole d’une autre vie pour les femmes dès 1960.


L’indécence avançant, des mollets, on est passé aux genoux. Les jupes se sont évasées et ont diminué encore. Les vacances, la plage, le bikini et Brigitte Bardot, et bientôt la minijupe ont montré les cuisses.
Et comme toujours, les hommes se sont affrontés sur le droit des femmes à s’habiller : les pères refusant aux filles, les hommes hélant les femmes dans la rue, voire s’invitant à leur table dans les bars s’ils les jugeaient habillées trop « sexy ».


Le mouvement des femmes, outre les luttes pour l’avortement et la contraception, a dû travailler sur le droit des femmes à sortir, se promener, aller au bar ou au restaurant, habillées comme elles veulent.
Dans tous les pays du monde, l’habillement des femmes change, au moins en ville, et les droits des femmes augmentent, même si l’écart entre les pays occidentaux et les autres reste important.


On peut analyser que le port du voile religieux et plus encore de la burqa sont des reculs de ces libertés. Sauf que chez la plupart des femmes qui le portent en France, il s’agit d’un choix et qu’à nouveau, une assemblée va légiférer sur ce qui est licite ou non de porter comme vêtement en France pour des femmes.

 

Toute islamophobie dehors, il s’agit de montrer les musulmans comme de mauvais français, qui refusent de « s’intégrer », mais on ne légifère pas sur le port de la djellabah, de la barbe ou de la kamis : non, c’est toujours la femme, ce qu’elle doit montrer ou non qui est en jeu.


Et tout le monde commente le sort des femmes enfermées vivantes derrière la burqa, mais personne ne se soucie pourtant des bonnes sœurs cisterciennes ou dominicaines, cloîtrées dans des couvents, interdites de parler ou de rire, voire de se laver... Et pourtant, il semble qu’elles soient encore bien plus nombreuses que les adeptes du niqab.


La loi votée ce mardi 13 juillet ne se soucie absolument pas du sort réel des femmes ultra religieuses, elle n’est là que pour faire oublier les soucis immédiats qui vont cloîtrer nos vies : la disparition programmée des services publics, de la retraite socialisée, et qui nous enterrera vivants dans la recherche de l’argent nécessaire pour éduquer et soigner nos enfants et protéger nos parents de la misère et de l’abandon.


Véronique Decker

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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 13:09

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Comment ne pas être révolté quand on croise dans la rue une femme enfermée dans sa burqa ? Ce costume fait mal. Mais aussi comment ne pas penser et dire que d'autres femmes arborent encore aujourd'hui le même genre de vêtement destiné à cacher leurs cheveux, leur corps ? Il y a aussi une partie des religieuses de la très catholique Église. Il y a aussi toutes celles qui sont victimes des monstrueux préjugés que véhiculent les appareils religieux réactionnaires que se réclament d'Allah ou de Jésus-Christ. Eh bien, les femmes qui pour tant de raisons différentes font de leur vêtement le linceul de leur liberté et de leur droit à l'égalité méritent autre chose que des amendes de la part d'une société qui, même dans les pays occidentaux, est loin d'avoir reconnu dans les faits l'égalité des femmes et des hommes.

La loi que s'apprête à faire voter le gouvernement est une hypocrisie. Ses partisans parlent du danger que représenterait le fait que le visage soit masqué. C'est une fausse barbe. Le vrai problème que posent ces femmes, ce sont les préjugés réactionnaires qu'elles contribuent à enraciner dans leur famille, leur quartier. C'est leur soumission à la loi des plus intégristes des religieux. Que leur accoutrement soit le résultat d'un choix plutôt que d'une contrainte n'y change rien. Et le problème essentiel c'est d'aider toutes celles qui refusent les pressions et veulent vivre librement.

Bien sûr on pourrait penser qu'une loi interdisant la burqa serait un point d'appui pour aider les femmes et les jeunes filles à résister aux pressions des familles et des courants islamistes qui font de la religion un instrument politique visant à renforcer leur poids dans leur entourage, leur quartier. On sait que la loi interdisant l'excision ou encore le port du voile à l'école, celle autorisant la contraception ou l'avortement ont aidé des jeunes femmes de différentes origines et de différentes religions à s'émanciper d'interdits inhumains ou de pratiques d'un autre âge. Mais le contexte actuel, les aspects sécuritaires affichés par le gouvernement vont dans un sens opposé à celui d'une émancipation des populations soumises aux pressions des appareils religieux réactionnaires qui font de la soumission des femmes un dogme.

Alors la loi de Sarkozy, d'Hortefeux ou de leurs pairs n'est pas une loi émancipatrice pour les femmes les plus opprimées. Et si nous faisons nôtre le combat contre le port de la burqa ou contre le port du voile que mènent des femmes jeunes ou moins jeunes, originaires de pays où la religion musulmane est dominante, nous ne mêlons pas nos voix à celles de dirigeants politiques dont les objectifs ne sont pas l'émancipation des femmes, mais une politique de concessions vis-à-vis de préjugés sécuritaires et antimusulmans.

Henriette MAUTHEY

 

Note: On nous demande de retirer cet article, comme on nous a demandé de retirer un autre qui ne plaisait pas au POI. Il est dans la rubrique "opinion voile foulard". Il n'y a qu'à voir le reste des articles, cette rubrique est assez équilibrée.


La position de LO, qui n'est pas celle du NPA, est une des position en lice dans la gauche et qui peut prétendre qu'elle n'est partagée par personne?

On peut déplorer que LO se retrouve sur ce coup avec les "républicains".

La faire disparaître servirait à quelque chose? La supprimmer n'a aucun sens. Si les critiques de LO on une critique à faire, elle sera publiée, voir mail.

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 14:52
dieu n existe pas

27 avril 2010

 

J’étais mardi l’invitée de l’émission française « La ligne jaune », aux côtés de Bernard Teper (UFAL), Pierre Cassen et Anne Zalenski (Riposte laïque). L’occasion pour moi de mesurer le fossé qui me sépare de Riposte laïque et de faire le parallèle avec un certain activisme islamique. Entre la peste et le choléra, je ne choisis pas.


Non, décidément, entre ceux qui crient haro pêle-mêle sur la viande hallal, le ramadan, les minarets, le voile et j’en passe, et ceux qui, lors d’une récente conférence à Sainte-Walburge, voulaient me convaincre que la viande hallal était intrinsèquement rassembleuse, pouvant convenir à tous, je ne choisis pas. Je ne choisis pas parce qu’autant je me moque que chacun mange hallal ou casher et prie à la mosquée, au temple ou à l’église, autant je refuse que les écoles, les administrations publiques ou, pour faire bref, les institutions de l’Etat adoptent ou s’adaptent à des prescrits confessionnels qui sont tout à fait respectables dans la sphère privée de chacun, mais n’ont pas à influencer la sphère institutionnelle.


Non, décidément, entre ceux qui, sous prétexte que le voile les dérange – et nul ne peut me soupçonner, je pense, de ne pas l’être par ce fichu bout de tissu ! – veulent l’interdire partout, et ceux qui prétendent qu’il est un hommage à la beauté et à la respectabilité de la femme, je ne choisis pas. Je ne veux pas de ce piège à la respectabilité, je veux être respectée pour ce que je suis, non pour ce que j’ai ou non sur la tête. Et je déplore que tant d’hommes, tant de femmes aussi, persistent à jouer ce jeu de la respectabilité conditionnelle. Mais de respect, je n’en ai guère trouvé dans l’attitude d’Anne Zelenski, cette « féministe de la première heure » qui me dégoûterait du féminisme avec ses « mademoiselle », « ma petite » et autres attitudes condescendantes, voire franchement grossières.


Non, décidément, entre ceux qui présentent les musulmans comme les nouveaux envahisseurs, adeptes d’une idéologie fascisante avec qui il ne s’agit pas de vivre, mais qu’il s’agit de faire taire, et cette dame voilée faisant un tableau effarant de l’avenir des jeunes musulmanes si leur voile leur était interdit à l’école, je ne choisis pas : à l’en croire en effet, l’interdiction du voile aurait pour conséquence de renvoyer à leur domicile la majorité des musulmanes, les condamnant à un quotidien de nettoyage et autres travaux ménagers, avant un mariage précoce et une kyrielle d’enfants à la clé. Un tableau que ne désavouerait pas Riposte laïque, qui refuse de distinguer entre islam et islamisme… exactement comme les islamistes.


Je ne choisis pas, parce que je crois que les extrêmes se rejoignent. Je crois que c’est usurper la laïcité que la transformer en traque monomaniaque de tout ce qui ressemble à l’islam. Je crois que la laïcité est un principe politique d’organisation de l’Etat qui interdit à ce dernier de se faire juge des croyances, puisqu’il ne s’agit que d’assurer leur coexistence pacifique. Ce qui implique évidemment certaines balises, chose que les extrémistes musulmans (et autres) se refusent à entendre et encore plus à accepter.

Alors, à Riposte laïque, j’ai envie de reposer cette question, restée sans réponse sur le plateau : que cherchez-vous, au fond ?

 

Cherchez-vous une manière de vivre ensemble, chacun avec ses convictions, sans que nulle ne s’impose aux autres, ou cherchez-vous à démontrer, à l’instar de l’extrême droite, que nous ne pouvons pas vivre ensemble, que les musulmans sont « inassimilables » car porteurs d’une idéologie guerrière et colonisatrice ?

Et à certains de ces activistes musulmans qui remuent ciel et terre pour faire valoir partout la supériorité des lois divines sur les lois humaines, j’ai envie de poser cette question : cherchez-vous à vivre ensemble, avec les non-musulmans, ou à souffler sur les braises qui alimentent Riposte laïque et ses pseudopodes ?


* Paru sur Les carnets de Nadia Geerts
http://nadiageerts.over-blog.com/

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 11:04
Emprise islamiste, féminisme islamique, laïcité

Wassyla Tamzali répond à “Liberté” (quotidien algérien)


23 mai 2010

Dans cet entretien, la féministe algérienne revient sur des dossiers très sensibles de la place de la femme dans une société à culture musulmane qui, de surcroît, a vécu les pires formes de terrorisme islamiste.


Liberté : Mme Tamzali, vous êtes auteure d’un nouveau livre, Une Femme en colère…, pourquoi cette colère maintenant et pourquoi cette “lettre” aux Européens seulement que vous qualifiez de désabusés ?


Mme Wassyla Tamzali : Le titre d’un livre ne révèle pas tout, mais c’est vrai qu’il a mis le doigt sur un élément très important, celui de l’analyse et du discours développés aujourd’hui en Europe sur des questions qui touchent à l’islam. C’est une question fondamentale, pas seulement pour les Européens, mais également pour nous, parce qu’elle conditionne le dialogue Nord- Sud. Ce livre interroge en fait le rapport entre l’Occident et nous, aujourd’hui.

 

Mon lectorat le plus important sera sans doute le Maghreb et une catégorie d’Européens. C’est un livre qui prend la peine d’expliquer le féminisme maghrébin, la manière dont il s’est développé… Il donne des clefs pour comprendre peut-être les difficultés que nous avons à faire avancer la question des femmes à l’intérieur d’un certain nombre de démarches, qui sont amalgamées. Aujourd’hui, on considère qu’on peut être féministe islamique, ce qui me paraît un oxymore.


C’est-à-dire… ?


Le mouvement des féministes islamiques est né d’abord à Barcelone, en Europe. Il a été lancé par des converties qui trouvent des financements inhabituels ou qui ne sont pas à la mesure des financements que le mouvement féministe trouve. Ça, c’est la première question qu’on peut se poser. L’autre question de fond concerne la théorie développée par les féministes islamiques.


Celles-ci pensent qu’on peut trouver des droits des femmes à l’intérieur de la légalité coranique. Jusque-là, je suis d’accord. Pour beaucoup de femmes, la lecture du Coran leur a donné plus de droits que dans la vie réelle. Elles y trouvent le respect, des incitations morales… comme dans toutes les religions d’ailleurs. Mais le problème est de passer de l’incitation morale à une obligation juridique. Or, quand on passe à la partie juridique, on se rend compte qu’il y a des inégalités. Pour ce qui est du mouvement féministe, c’est un mouvement moderne, qui a été posé à l’intérieur d’un mouvement beaucoup plus grand, lequel interroge toute la société, l’humain, la vie…


Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce qu’un homme ? Le mouvement féministe pose une vraie question philosophique, énigmatique et fondamentale, qui est de savoir qui sont les femmes en dehors des constructions imposées. Les femmes sont des mères, elles sont des épouses, elles sont des sœurs, mais qu’est-ce qu’elles veulent être ? Le mouvement des féministes islamiques ne se pose pas cette question fondamentale. Il trouve la réponse à l’intérieur du Coran, c’est-à-dire que la femme est un être complémentaire et soumis, dans la plupart de ses décisions de vie et de travail, à l’obéissance de son père, de son frère et de son mari. Cette image que l’on donne n’est pas une image féministe. La question existentielle est au cœur même du féminisme.


Justement, qu’est-ce qu’une femme en Algérie ?


Quand vous lisez les livres d’Assia Djebar vous trouvez des réponses. Quand vous regardez aujourd’hui la peinture des jeunes femmes peintres, vous voyez des réponses, c’est-à-dire qu’il y a une vraie recherche existentielle chez toutes ces femmes, qui cherchent à exprimer le cœur de leur personnalité et de leur liberté.


Tout cela est important, parce qu’on ne peut pas construire un pays sans avoir sur la table ce qu’il y a de mieux chez les hommes et chez les femmes.


Le foulard est-il compatible avec l’émancipation de la femme ?


Pour 90% des cas, le voile en Algérie est un réflexe à la violence de l’espace public. Après, il peut y avoir des expériences de spiritualité. Le rôle social du voile dans la société est, cependant, de mettre les hommes et les femmes dans des rôles séparés. Aujourd’hui, je vois avec tristesse s’installer en Algérie la culture du harem que je croyais détruite, c’est-à-dire la culture basée sur la ségrégation des sexes, sur la séparation des hommes et des femmes. La culture du harem est dans la rue, à l’université et dans les entreprises…


Dans votre dernier livre, vous estimez que l’islamisme politique n’a pas triomphé, mais vous soutenez également que l’islamisation des sociétés du sud de la Méditerranée est en train d’avancer. N’y a-t-il pas là contradiction ?


Vous qui vivez en Algérie, pratiquement 12 mois dans l’année, vous me posez la question ? Franchement, vous croyez que c’est une question ?


Oui, j’insiste…


L’islamisme politique, comme force ou comme danger politique, pris au sens de prise de pouvoir, par rapport à d’autres forces politiques du pays, n’existe plus… à mon avis. Par contre, l’islamisation du pays a été complètement victorieuse. Aujourd’hui, il y a très peu d’endroits, dans l’espace public, où les femmes surtout… et même les hommes peuvent exprimer une autre manière de vivre, avec une autre approche de l’islam. J’ai été élevée dans une famille musulmane, où les hommes et les femmes obéissaient à certaines règles.

 

Mais l’obéissance était tendue par un questionnement perpétuel. On est aujourd’hui dans une obéissance mortifère. La religion doit rester vivante, perpétuellement capable de répondre aux questions de société, mais pas par des interdits et des refus. La religion doit donc avoir cette capacité de répondre et d’apporter un message à une conscience qui pose des questions. Je pense qu’aujourd’hui, les jeunes croyants sont dans un grand désarroi…


N’êtes-vous pas en train de poser le problème des sociétés musulmanes qui n’ont pas encore fait leur mue pour entrer de plain-pied dans la modernité ?


Je ne dirai pas des sociétés musulmanes, mais des sociétés qui sont figées dans une conception très autoritaire de la religion, qui est en train de dériver, en même temps, vers un comportementalisme plutôt qu’une religion. Comme je l’ai déjà dit.


Dans votre livre, vous revenez souvent à la laïcité ; vous estimez qu’elle constitue une des clefs pour l’émergence d’une conscience musulmane. Pourriez-vous nous en dire plus ?


Le fondement éthique de la laïcité est la liberté de conscience. Dans le livre, je parlais de la laïcité en Europe, qui a oublié aujourd’hui les fondements et qui est devenue une promotion de toutes les religions. On ne s’interroge plus sur le contenu des religions, on laisse, si vous voulez, se développer toutes les religions.


Pour l’Algérie, je dirai que la laïcité n’a pas d’histoire ni de traditions. D’ailleurs, très peu de gens parlent de laïcité au sein des partis politiques, au niveau de la société civile. Je pense que la grande question aujourd’hui est de savoir si l’on peut être musulman croyant et avoir une conscience moderne.


Ce n’est pas à moi de répondre, c’est à l’histoire de nous répondre, parce que la modernité, ce n’est pas le téléphone mobile, ce n’est pas la voiture ni les usines… c’est vraiment la liberté individuelle, cette liberté existentielle. C’est dans ce processus de liberté qu’on reconstruit une conscience moderne de croyant. Les expériences existent ailleurs. Je pense qu’il faut libérer le savoir, tous les instruments de la connaissance.


Il faut libérer les hommes et les femmes, les libérer déjà politiquement, et puis, la liberté de conscience est quelque chose qui s’acquiert.


Interview par Hafida Ameyar



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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 09:57
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20 avril 2010
 

Bien qu’hostiles au voile intégral, nous refusons la loi Sarkozy, démagogique, inutile, et discriminatoire.


Malgré l’avis négatif du conseil d’État, Sarkozy persiste et signe dans sa volonté de faire adopter par le Parlement une loi visant à interdire le port du voile intégral en France. Pourquoi cet entêtement, cette précipitation à réformer  ?

 

La «  laïcité et la République  » sont-elles à ce point mises en danger alors que tout le monde s’accorde à dire que cette interprétation fondamentaliste de l’Islam ne concerne que quelques centaines de femmes en France  ?

 

En vérité, le gouvernement UMP cherche à retrouver de la légitimé, après la raclée des régionales. Il cherche, dans la foulée du débat sur l’identité nationale, à ressouder son électorat, à séduire à nouveau celui du Front national. Le «  tout sécuritaire  » pour masquer l’injustice sociale, le racisme pour diviser les classes populaires confrontées à la crise, voilà la recette de la droite.


Le procédé est aussi grossier que vieux comme le monde. Chaque fois que la crise menace de souder la masse des victimes contre la poignée de responsables, la figure du bouc émissaire ressurgit. Derrière cette politique se dissimule par amalgames successifs une stigmatisation de tous les musulmans, assimilés à des intégristes. C’est une des formes du racisme. Elle s’ajoute à l’oppression et à la précarité pour des millions de jeunes, de travailleurs et de chômeurs.


Le refus de l’instrumentalisation est un argument qui suffirait à lui seul pour s’opposer à cette loi. Mais même du point de vue des motivations «  officielles  », défendre l’oppression dont sont victimes ces femmes est pour le moins contreproductif. On n’émancipe pas par la force. Le fait divers de l’automobiliste portant le niqab verbalisée à Nantes préfigure les dérapages qui vont avoir lieu alors même que la loi n’a pas été votée.

 

Brice Hortefeux a demandé la déchéance de la nationalité française de l’époux de l’automobiliste, déversé dans tous les médias les préjugés racistes classiques sur la polygamie ou les allocations familiales comme seule ressource de «  ces familles  ». Quant aux intégristes musulmans, cela leur a permis de se victimiser, d’en profiter pour développer leur propagande pour la charia.


Le voile est une forme d’oppression des femmes. La burqa et le niqab sont au cœur d’un projet fondamentaliste et intégriste contradictoire en tous points avec nos valeurs. Mais c’est d’abord en luttant toutes ensemble pour le droit à disposer de leur corps que les femmes s’émancipent.

 

Ce gouvernement ose invoquer les droits des femmes alors que le droit à l’avortement, à un véritable emploi, à une retraite complète, est remis en cause par les politiques libérales et que l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes est entretenue. Ce gouvernement ose invoquer la laïcité alors qu’il subventionne largement l’enseignement privé confessionnel.


Alors que les arguments ne manquent pas pour s’opposer clairement à cette loi, le PS tergiverse, ce qui accroît les marges de manœuvre du pouvoir.

Notre combat est celui de la solidarité. Solidarité avec les femmes qui ne veulent pas qu’on leur impose le port d’un voile, quel qu’il soit. Et solidarité avec les victimes de toutes les formes de racisme et d’exclusion. Et c’est aussi celui de l’unité du monde du travail face à ceux qui précarisent, licencient, exploitent et discriminent.


Fred Borras


* Paru dans Hebdo TEAN # 56 (20/05/10).

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 08:42



Une conductrice nantaise vêtue d'une burqa et verbalisée de ce fait le 2 avril pour « conduite mal aisée » a contesté son amende de 22 euros au cours d'une conférence de presse donnée trois semaines plus tard. Le geste n'était pas innocent. Pour cette femme convertie à un islamisme extrémiste et son mari, il s'agissait manifestement de faire admettre que le port de la burqa est une chose anodine.

Mais ce simple fait divers est devenu par la volonté du ministre de l'Intérieur et, selon Le Parisien, du conseiller en communication de Sarkozy, une affaire d'État faisant les gros titres des médias plusieurs jours de suite.

En effet Hortefeux a déclaré que l'époux de cette contrevenante au code de la route était soupçonné de polygamie et de fraude aux allocations familiales. Pour faire bonne mesure, le ministre a ajouté que, si les faits étaient avérés, le coupable présumé serait déchu de la nationalité française. Besson, ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, a bien commencé par remarquer que les délits concernés n'étaient pas passibles de déchéance nationale. Mais, ne pouvant pas contredire son collègue, il a fini par proposer, afin qu'on puisse « dénaturaliser » plus facilement, de faire modifier la loi !

Qu'y a-t-il donc de certain dans ce dossier ? Cet homme est manifestement un fieffé réactionnaire, partisan du voile intégral, c'est évident. Il n'est pas polygame, puisqu'il n'est marié civilement qu'à une seule femme. Il a certes plusieurs maîtresses en dehors de son épouse légitime mais, si on devait retirer la nationalité française à tous ceux qui sont dans ce cas, on dépeuplerait le pays. L'accusation de fraude aux allocations familiales n'est pas juridiquement prouvée.

Cet empressement d'Hortefeux (l'homme qui pense qu'un Maghrébin ça va mais, quand il y en a plus, bonjour les dégâts) à crier haro sur le présumé polygame ne sert que de prétexte à une campagne nauséabonde du gouvernement. À chaque discours gouvernemental contre les « dérives islamiques », à chaque fait divers monté en épingle, ce sont en fait l'ensemble des musulmans et, plus généralement, des immigrés et des descendants d'immigrés qui sont montrés du doigt. Du débat sur « l'identité nationale » jusqu'à cette affaire, Sarkozy, Hortefeux, Besson et consorts font feu de tout bois pour flatter les préjugés racistes.

Ce faisant, ils ne font pas de tort aux islamistes militants qui, de leur côté, font tout pour couper la population d'origine musulmane du reste de la population de ce pays. Ils font au contraire leur jeu.

Car il s'agit évidemment pour le gouvernement de plaire au public d'extrême droite dont il craint qu'il lui échappe. Et au-delà, il s'agit d'insinuer que les responsables de la crise sociale, ce seraient les immigrés et pas l'avidité des capitalistes.. La ficelle est énorme, mais les politiciens de droite ne font pas dans la finesse et pensent que plus c'est gros, plus ça marche.

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 10:41

Par Eros Sana (24 avril 2010)


La priorité avant l’été, ce n’est ni la lutte contre le chômage, ni l’urgence écologique, ni la reconstruction d’une Europe au bord du gouffre, mais le voile intégral porté par quelques centaines de femmes. Un simple fait divers routier vient nous rappeler qu’aucune législation d’exception n’est nécessaire pour faire respecter la loi à celles qui portent la « burqa ».


© Droits réservés


Une jeune femme de 31 ans conduit sa voiture dans les rues de Nantes. Tout de noir vêtu, son corps – à l’exception de ses yeux – est entièrement recouvert d’un voile intégral. Deux membres des forces de l’ordre effectuent un contrôle routier et… la verbalisent. Elle écope d’une amende de vingt-deux euros pour « circulation dans des conditions non aisées », les policiers considérant que son champ de vision est restreint. Cette amende est une excellente chose.


Au surlendemain des élections régionales, l’ensemble de la droite – avec à sa tête un Nicolas Sarkozy affaibli par les résultats de l’UMP, une crise sociale, économique et écologique sans précédent ainsi que des sondages qui frôlent les profondeurs abyssales – choisit d’effectuer un virage encore plus à droite (restons dans la métaphore routière). Ce tête-à-queue vers la droite ultra s’exprime de différentes manières : volonté d’imposer aux forceps une réforme néo-libérale des retraites, retour dans les banlieues de « Sarko simple flic », maintien de la tension sociale suscitée par le débat sur l’identité nationale en faisant feu de tout bois sur le voile intégral.


Islamophobie d’Etat


Le chômage est à l’un de ses plus hauts taux historiques (plus de 10% des actifs). Les procédures de licenciement collectif sont toujours aussi nombreuses. Les enjeux climatiques et énergétiques auxquels la France et l’Europe sont confrontées demeurent d’une urgence impérative. Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy, son gouvernement et sa majorité, comme un seul homme, considèrent que la loi qui doit être « adoptée en urgence avant l’été » est une loi sur l’interdiction générale du voile intégral dans tous les lieux publics.


Reconquête de l’électorat du Front National, expression d’une xénophobie et d’une islamophobie d’Etat, cette future loi s’élabore en dépit de l’avis du Conseil d’Etat, de la majeure partie des juristes et des organisations de défense des droits humains.


L’interdiction totale du port la « burqa » - terme employé à tort par les médias et le personnel politique - reviendrait littéralement à interdire à certaines femmes de sortir de chez elles, de marcher dans la rue, de prendre des transports collectifs ou d’aller faire leur marché. Ce qui serait contraire à de nombreux principes et règles de droit qui figurent parmi les plus importants de notre encadrement juridique : la liberté de circulation, d’expression et de conscience, l’égalité des citoyens devant la loi, et la laïcité (neutralité de l’action de l’Etat et de ses représentants). Si la droite préfère piétiner le droit, la constitution ainsi que les conventions internationales signées et ratifiées par la France, c’est pour endiguer, éradiquer un phénomène qui concerne entre trois cents ou deux milles personnes (les chiffres de la police ne sont pas concordants entre eux). Quelle terrible menace !


Le contrôle de police et l’amende de Nantes sont positifs en ce qu’ils invalident clairement les deux principaux prétextes juridiques derrière lesquels se cachent une droite et une partie de la gauche islamophobe : les femmes portant un voile intégral constitueraient un trouble à l’ordre public et le droit actuel comporterait des lacunes pour gérer cette situation au quotidien.


Les musulmans, citoyens à part entière ou citoyens entièrement à part ?


Les policiers qui ont verbalisé cette dame rappellent que rien dans l’état actuel du droit n’empêche un membre des forces de l’ordre de contrôler ou de verbaliser une femme portant un voile intégral qui aurait commis une infraction.


La conductrice a, de son côté, décidé de contester cette amende, avançant qu’elle est fondée sur une discrimination : ses yeux n’étant pas couverts, son champ de vision était dégagé, et ce n’est que parce qu’elle portait un « niqab » qu’elle a été verbalisée. Elle fait usage d’un droit légitime. Il reviendra à la justice de se prononcer sur l’application de l’article 412-6 du Code de la route qui dispose que « tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent ». La pratique et la jurisprudence démontrent que cet article peut être interprété de façon large par les forces de l’ordre. C’est notamment en se fondant sur cet article que les personnes qui conduisent téléphone portable à l’oreille peuvent être verbalisées.


Les musulmanes, même intégralement voilées, sont des citoyennes comme les autres, comptables comme les autres de leurs actes devant les autorités et la loi. Il n’est donc pas besoin de loi d’exception, de « régime exorbitant du droit commun ». Les musulmanes et musulmans de France sont des citoyens à part entière et non pas des citoyens entièrement à part.


L’amende de Nantes est une histoire profondément banale, quotidienne dans l’histoire de la sécurité routière. Elle doit être traitée comme tout autre affaire de ce genre. Il doit en être de même de tous les musulmanes et musulmans de France, qui doivent être traités avec la même « banalité » que toutes les autres personnes qui vivent dans l’Hexagone.


Eros Sana, Zone d’écologie populaire

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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 11:30
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15 février 2010

 

Présidente de l’association féminine Tighri Ntmettouth de Tizi Ouzou, Nabila Djahnine est assassinée dans la matinée du 15 février 1995. Elle avait 29 ans. Elle est issue d’une famille populaire de Bejaïa, qui lui a enseigné l’ouverture d’esprit et l’a mise en contact avec le monde militant. Elle se radicalise très vite quand la vague obscurantiste qui submerge le pays menace d’emprisonner sa propre vie. Elle rejoint le PST vers la fin des années 80.


Etudiante à Tizi ouzou, elle contribue à la fondation du Syndicat national des étudiants algériens qui s’était constitué après la grande grève générale de 87. Elle prend une part active au travail de construction du deuxième séminaire du Mouvement Culturel Berbère, en 1989, qui fit émerger le MCB comme acteur essentiel de l’ouverture politique.


Membre de la commission femmes de son parti, elle est parmi les membres fondatrices de l’AEF (association pour l’émancipation de la femme) et construit l’association de Tizi ouzou, Tighri ntmettouth (le cri de la femme) qui essayait de faire parvenir le message de l’émancipation jusqu’aux villages les plus enclavés sans déserter les étudiantes de Mdouha ou les travailleuses.

Membre de la direction de ville de Tizi ouzou, elle n’hésitait pas à faire face à une société particulièrement conservatrice.


Elue à la direction du PST en mai 1991, elle s’investit activement dans les débats consécutifs à la victoire électorale du FIS et se retire de son parti au courant de l’année 92 pour se consacrer à son activité féministe locale et à son travail d’architecte.


Après le meurtre de la jeune Katia Bengana, lycéenne de Meftah, tuée le 28 octobre 1994 pour avoir refusé le diktat vestimentaire des intégristes, le lâche assassinat de Nabila a eu un impact considérable parmi celles qui n’avaient pas déserté l’Algérie dangereuse des années 90.


Car elle était de celles qui ont continué à vivre, à circuler, à travailler, à militer refusant d’abandonner les espaces que les femmes avaient conquis dans une Algérie qui restait dominée par le conservatisme patriarcal,

Elle était de celles qui avaient continué à rêver à haute voix d’un avenir meilleur qui bannisse l’oppression des femmes mais qui abolisse aussi l’exploitation sociale et l’oppression politique.


A Katia, à Nabila, à ses adorables parents tous deux morts de tristesse quelques mois après leur fille, et à celles qui ont résisté et tenu à leurs valeurs malgré la peur, nous disons merci pour la part de notre liberté que vous avez préservée. Nous leur devons aussi de continuer le combat contre l’oppression.


Nabila tighri inem naslat, ton cri nous l’avons entendu.

 

 PST (Algérie)




Hommage à Nabila Djahnine

de Hmimiche Ait-Mouloud


mardi 7 février 2006, par OULD HAMOUDA Tassadit


11 années déjà depuis le lâche assassinat de Nabila Djahnine. Elle reste toujours vivante dans le coeur de ceux qui l’ont connue et côtoyée.

Originaire de Bgayet, Nabila Djahnine entame ses études universitaires dans les années 80 à l’Universite de Tizi-ouzou et décroche son diplôme d’architecture en 1989. Nabila a pris part à tous les combats : Elle était membre des comités de Cités et d’Instituts.


Elle a de tout temps été présente et eut un rôle actif dans le M.C.B (Mouvement Culturel Berbère).


Pour défendre ses idées politiques et la classe ouvrière, elle milita dans le P.S.T (Parti Socialiste Des Travailleurs).


Etant revoltée par la situation précaire des femmes, elle passa le plus de ses dernières années à côté de celles-ci. C’est ainsi qu’elle créa en 1989 l’Association "Tighri n Tmettut"(le cri de la femme).


Nabila fut présidente de cette association jusqu’au 15 Fevrier 1995 : jour de son assassinat.


Nabila était la soeur,l’amie et la camarade de toutes et tous ceux qui l’ont connue.


Elle était pleine de vie et un de ses sourires suffisait pour apaiser les peines.

Elle aurait pu s’installer ailleurs et avoir une vie simple et régulière mais elle a choisi de rester au pays au milieu de ses semblables qui avaient besoin tant de gens pleins de coeur et convaincus comme elle.


La lutte pour les causes justes était sa raison de vivre. Elle a tout donné - jusqu’à sa vie - pour un monde meilleur, Un monde où la femme ne sera plus une machine à reproduction, un monde où tout un chacun se sentira être humain à part entière.

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manifestation des femmes

Nabila a été assassinée parcequ’elle a fait de sa vie un defi :

. Un defi lancé à un régime lequel pendant des décennies a confisqué les libertés collectives et individuelles. Un defi aux obscurantistes qui veulent imposer leur dictat par la terreur et la desolation.

. Un défi, en s’imposant par son sacrifice dans une société impardonnable envers toutes et tous ceux qui par leurs actions ou projets progressistes dénoncent une morale réactionnaire teintée d’excès de religion.

. Un défi, en s’insurgeant contre la discriminatioin et le sectarisme sous toutes ses formes.

. Un défi, en refusant le fatalisme dans lequel veulent nous noyer le systeme archaique et sa progéniture fasciste.

. Un défi aux fanatiques qui violent et mutilent les femmes qu’ils enlèvent sous les yeux de leurs enfants et/ou familles impuissants.

. Un défi en étant une éternelle assoiffée de liberté.

Onze ans après, la même douleur : Nabila nous a été ravie comme tant d’autres qui ont fait de leur vie un combat.

Nabila a laissé un vide sans fin dans les coeurs de ceux qui l’ont connue et milité à ses côtés.

Nabila ! rien n’a pu et ne pourra arrêter ton combat et rien n’a pu et ne pourra briser l’amitié que tu as tissé autour de toi.

Tu es toujours vivante parmi nous.
Ton sourire nous manque.


Hmimiche n Tassaft.


Un jour la Colombe...

Cette fureur de vouloir peindre tout silence.
Cette amertume de ne pouvoir arriver

Ce rêve d’achever les caricatures en instance.
Cette asphyxie qui a fini par dissoudre -dans la douleur-l’idée

Ce besoin de crier jusqu’à parfaite raisonnance.
Cet étouffement qui paralyse toute raison d’espérer

Cette rage de voir la flamme s’éteindre en toute innocence.
Cette souffrance de ne pouvoir l’attiser

Ce néant où le monde baigne trainant son inconscience.
Ce monde... Qu’est-ce ce monde où les colombes nous sont ravies.

Février 1996 - Hmimiche.
(1 an après son assassinat)

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