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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 10:49
Didier Poupardin est accusé d'avoir fait bénéficier d'un remboursement à 100 % des patients gravement malades.

Créé le 26/09/2012 à 04h29 -- Mis à jour le 26/09/2012 à 08h16

Didier Poupardin est accusé d'avoir fait bénéficier d'un remboursement à 100 % des patients gravement malades. V. WARTNER / 20 MINUTES

 

Le médecin qui fait tousser la Sécurité sociale

JUSTICE -

Il a pris sa retraite il y a plus d'un an. Et pourtant, Didier Poupardin continue de se rendre quasi quotidiennement à son cabinet médical. Mardi matin encore, au milieu des tours HLM de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), il remplissait les dossiers de plusieurs personnes.


«Je n'ai pas trouvé de successeur, lâche ce docteur. Je constitue des dossiers pour que les patients ne se retrouvent pas sans rien. J'aurai bien continué à exercer quelques années. Mais toute cette affaire m'a dégoûté.» L'affaire en question sera examinée, ce mercredi, par le tribunal des affaires sanitaires et sociales (Tass) de Créteil.

«Fatigué par cette affaire»

Poursuivi par la caisse primaire d'assurance-maladie du Val-de-Marne, il est accusé d'avoir fait bénéficier certains patients d'un remboursement à 100% alors qu'ils n'y avaient pas droit. Le litige –une cinquantaine de malades atteints d'affections de longue durée (ALD)– porte sur les ordonnances bi-zone.

 

Montant du préjudice? 2 612 euros.


«Je n'ai pas touché cet argent, lâche le praticien amer. Je n'ai tout de même pas une tête d'escroc.» Plutôt de militant. Fines lunettes métalliques, longue barbe blanche à la Karl Marx, Didier Poupardin, 66 ans, ne cache rien de son militantisme au sein du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).

 

Sur les murs de son cabinet, une illustration russe de 1905 apprend même comment «préparer la Révolution». «Mais mon combat contre la Sécu n'a rien de politique. C'est la question de l'accessibilité aux soins qui m'occupe. Moi, je ne soigne pas des dossiers. Mais des patients.»


Venus le soutenir à son cabinet, deux d'entre eux se prennent ainsi à espérer à voix haute. «J'espère que le tribunal va le soigner», lâche le premier. «Il en a besoin. Il a l'air fatigué par cette affaire», répond le second.


Vincent Vantighem

Solidarité avec le docteur Poupardin
NPA
20 septembre 2012
 

Le NPA du Val-de-Marne appelle au rassemblement unitaire organisé par le comité de soutien du Dr Poupardin, le 26 septembre à 12 h 30 devant le tribunal de Créteil, en défense du médecin poursuivi par la CPAM.


Didier Poupardin, médecin à Vitry-sur-Seine, est poursuivi en justice par la CPAM du Val-de-Marne, qui lui réclame 2 612 euros à titre de préjudice, plus 4 000 euros de pénalité.

 

Son «  crime  »  : avoir mis toutes ses prescriptions médicales pour les patients en affection de longue durée (ALD) dans la zone haute de l’ordonnance «  bizones  », c’est-à-dire celle remboursée à 100 % par la Sécurité sociale, bref ne pas vouloir faire «  raquer  » les malades. Sachant que les malades risquent de ne pas se payer les medicaments remboursés à 30 % et du coup prennent des risques en rapport avec leur maladie grave. Le corps humain n’est pas bizone  !


Le Dr Poupardin n’a jamais pratiqué le dépassement d’honoraires. Il exerce depuis longtemps dans un quartier populaire où il soigne des malades aux revenus souvent très modestes, parfois en grande difficulté sociale. Les patients en ALD qu’il suit depuis des années auraient, faute d’argent, renoncé aux soins s’ils avaient eu à payer une partie de leurs médicaments.


Alors que la CPAM s’acharne contre le Dr Poupardin, elle fait preuve d’un scandaleux laxisme à l’égard de l’une des plus grandes multinationales pharmaceutiques mondiales, Sanofi, qui a fait 5,7 milliards d’euros de profits en 2011. La CPAM a en effet commis des erreurs effarantes dans une procédure de maladie professionnelle liée à l’amiante à l’usine Sanofi de Vitry-sur-Seine, ce qui fait que le groupe, pourtant condamné par la justice, n’aura pas à débourser un seul centime. Les indemnités (de plus d’un million d’euros  !) seront payées par… la Sécurité sociale.


Le NPA du Val de Marne apporte son total soutien au Dr Poupardin et appelle au rassemblement unitaire, le 26 septembre à 12 h 30 devant le tribunal de Créteil, organisé par le comité de soutien du Dr Poupardin.


Le NPA du Val-de-Marne exige l’arrêt des poursuites judiciaires contre le Dr Poupardin et la suppression des ordonnances «  bizones  » instaurées en 1986. Il dénonce l’austérité pratiquée depuis des années par les gouvernements successifs, la casse des hôpitaux publics, le déremboursement des soins par la Sécurité sociale, la privatisation toujours plus grande du secteur de la santé, etc., qui contraint de plus en plus de malades à renoncer à se soigner.


Les malades doivent pouvoir se soigner selon leurs besoins et non selon leurs moyens. Pour le droit à la santé pour tous.


Rassemblement de soutien le 26 septembre à 12 h 30 devant le tribunal de Créteil


NPA (comités divers)

* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 162 (20/09/12).

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 12:44

Près d'un tiers de la population ne peut dans les faits avoir recours aux soins pour des raisons de coût (dépassements d’honoraires, franchises, forfaits, augmentation des complémentaires-santé…) et de difficultés d’accès aux structures de soins publiques (désertification, fermetures de structures de proximité, délais d’attente, manque de lits…).


Et si des avancées ont eu lieu sur quelques dossiers, les premières annonces gouvernementales apparaissent très insuffisantes par rapport aux enjeux.


Ainsi, la Santé n’a pas été retenue comme une priorité gouvernementale.


- Les Agences Régionales de Santé - outils des restructurations - ne sont pas remises en cause.
- Le refus d’un moratoire global sur les restructurations est inquiétant.
- La fermeture en grand nombre de CIVG et de maternités met en danger le droit des femmes à disposer de leur corps.
- Il n’est question que d’aménagement de la loi HPST et du mode de financement des hôpitaux.
- Il n'est prévu qu'une simple réduction et/ou contrôle des dépassements d’honoraires.
- Rien n’apparaît vraiment concernant l’installation des nouveaux professionnels de santé.
- Rien non plus sur les franchises médicales.
- La situation budgétaire des hôpitaux, de la psychiatrie et des structures médico-sociales devrait rester dans le rouge.


Le changement s’impose et nous pensons qu'il est urgent de nous faire entendre du gouvernement. C’est le sens de la semaine d’action engagée.


Cette semaine se déclinera aussi au niveau européen avec des manifestations à Athènes, Barcelone, Bruxelles, Londres, Madrid, au Pays Basque espagnol, à Varsovie et des initiatives en Allemagne, Italie, Suède…

Elle se terminera par une conférence européenne à Varsovie les 6 et 7 octobre.

 

Notre Santé En Danger


A Paris, la manifestation aura lieu le 6 octobre à 14 h depuis les hôpitaux Cochin-Saint-Vincent de Paul jusque Matignon. Elle sera précédée d'un rassemblement à partir de 12h30, place de l'Observatoire-Palais Royal

 

Toutes les informations sont sur le site : http://www.coordination-nationale.org

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 13:17


 Entretien avec Bernard Coadou, 61 ans, militant associatif, président de l’association girondine « La santé un droit pour tous » et médecin, retraité depuis 2011. Il fait partie des initiateurs du MMS (Manifeste des médecins solidaires) pour la solidarité, contre les dépassements d’honoraires.


Des négociations viennent de s’ouvrir entre l’assurance maladie, les complémentaires santé et les syndicats de médecins libéraux à la demande de la ministre de la Santé pour « réguler » les dépassements d’honoraires. Qu’en penses-tu ?


Le cadre des négociations défini par Marisol Touraine nous semble faire preuve de frilosité en période estivale… Il propose un objectif de lutte contre les dépassements « abusifs ». Pour nous, tout dépassement d’honoraires est abusif intrinsèquement et constitue un outil de démolition de la santé solidaire.


De plus, les dépassements pratiqués à l’hôpital sont exclus des négociations et l’ordre des médecins semble avoir, pour la suite, une haute considération ministérielle… Selon nous, depuis 1980 (date de création du secteur à honoraires « libres »), cet organisme a été inopérant ; il n’a jamais voulu nous préciser le « tact et la mesure » qui en principe doivent s’exercer dans la pratique tarifaire des médecins.


Tu parles de l’hôpital public alors qu’on pense d’abord aux cliniques privées et à la médecine libérale…


Les dépassements sont pratiqués par une minorité de médecins : 7 % des généralistes, 41 % des spécialistes libéraux et 4, 5 % des médecins hospitaliers. Ils existent donc dans tous les secteurs et sont pratiqués par des médecins qui pensent exercer une médecine de qualité supérieure, qui d’après eux doit être payée à son « juste prix »... Ils sont en moyenne plus importants dans le secteur public.


Les dépassements représentent 12 % des honoraires médicaux, soit 2, 5 milliards par an sur un total de 19 milliards. Ils sont un des facteurs expliquant, qu’en 2010, 29 % de nos concitoyens déclaraient avoir renoncé aux soins, ponctuellement ou durablement, pour des raisons financières… soit 14 % de plus qu’en 2009 !


Comment a démarré votre mouvement contre les dépassements ?


Localement, la bataille contre les dépassements d’honoraires a commencé il y a plusieurs années. En 2009, lors d’une réunion de la Coordination santé solidarité de Gironde qui rassemblait 120 personnes, nous avons décidé d’en faire un axe d’intervention. Avec des militants associatifs, syndicaux, mutualistes, politiques (dont le NPA), nous avons organisé plusieurs rassemblements publics pour dénoncer cette pratique, devant différentes cliniques et devant un hôpital. Nous avons aussi organisé des réunions publiques.


Puis, à l’occasion d’affaires locales, en février 2012, nous avons pensé qu’il était utile de montrer que le milieu médical en Gironde est pluraliste, avec une partie importante qui situe la défense de ses pratiques et de ses revenus dans le cadre de la solidarité nationale. Nous avons atteint parmi nos proches la centaine de signataires d’un manifeste. Nous l’avons élargi au plan national en août dernier… les nombreux retours positifs nous font espérer que la frilosité gouvernementale est susceptible d’évoluer dans ce dossier symbolique.


Comment se fait le lien entre cette lutte et celle pour un véritable service public de santé pour que la santé soit véritablement « un droit pour tous » ?


La disparition progressive de tout dépassement d’honoraire reste notre objectif. Mais nous dénonçons simultanément, avec le mouvement « Notre Santé en danger », tous les obstacles à l’accès aux soins pour tous (franchises, forfaits, déremboursements, etc.) ainsi que la démolition du service public de santé qui s’est accentuée dans le quinquennat précédent.


Plusieurs échéances sont prévues, notamment lors de la semaine européenne début octobre pour défendre la protection sociale, l’accès aux soins pour tous et stopper la marchandisation de la santé :


• le jeudi 4 octobre, différentes initiatives sont prévues en régions ;
• le samedi 6 (le même jour qu’à Varsovie) une manifestation est prévue à Paris, partant à 14 heures de la place de l’Observatoire (près des Hôpitaux Cochin et Saint-Vincent-de-Paul) en direction de Matignon.


Nous ne serons pas de trop, tous ensemble, pour impulser l’indispensable sursaut solidaire.


Propos recueillis par Isabelle Ufferte

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 13:57

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Par Ivan du Roy (6 septembre 2012)


C’est le monde à l’envers.

 

Le procès de Jean-Paul Teissonnière, avocat « historique » des travailleurs victimes de l’amiante et de leurs familles s’ouvre aujourd’hui à Paris. Il est accusé de diffamation par l’entreprise de BTP Eternit, celle-là même qui fut le premier producteur d’amiante-ciment en France, jusqu’à l’interdiction de ce matériau très cancérogène en 1997.

 

Eternit avait porté plainte suite à un entretien paru dans Télérama où l’avocat comparait les méthodes d’Eternit France et d’Eternit Italie.


En Italie, deux ex-dirigeants de la firme, le belge Louis Cartier de Marchiene et le suisse Stéphane Schmidheiny ont été condamnés, le 13 février 2012, à 16 ans d’emprisonnement ferme par le tribunal de Turin, lors d’un procès pénal sans précédent.

 

Eternit France se défend d’avoir appliqué les mêmes conditions de travail que sa voisine italienne.


« La contribution des dirigeants français d’Eternit à la dissimulation des effets sanitaires de l’amiante est à l’égal de celle des condamnés de Turin », estiment au contraire plusieurs syndicats et associations de défense des victimes de l’amiante (Fondation Henri Pézerat, CGT Eternit Albi…) qui rappellent que Louis Cartier de Marchiene était également membre du conseil d’administration d’Eternit France de 1977 à 1992.


Eternit France a d’ailleurs été condamnée maintes fois pour « faute inexcusable de l’employeur » dans le cadre des procédures de reconnaissance en maladie professionnelle ouverte par des salariés – ou leurs familles en cas de décès – victime d’un cancer ou d’une maladie respiratoire liés aux poussières d’amiante.

 

L’Inserm estime que l’amiante causera 100 000 morts en France entre 1995 et 2025. « La délinquance industrielle a encore quelques beaux jours devant elle », nous expliquait Jean-Paul Teissonnière, qui est aussi l’avocat des syndicats de France-Télécom dans la procédure ouverte après la série de suicides, lors d’un entretien accordé à Basta !... Dans le scandale de l’amiante, la première plainte a été déposée en 1996. 16 ans plus tard, les victimes attendent toujours un procès pénal de ce côté-ci des Alpes.

 

http://www.bastamag.net/article2610.html

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 11:21
Alexandra Bogaert

 

Annie Thébaud-Mony a refusé la Légion d’honneur que Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, souhaitait lui accorder. Cette directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) alerte depuis trente ans sur l’épidémie de cancers parmi les ouvriers. En vain.

Dans une lettre adressée à la ministre, la chercheuse a expliqué que son refus a pour but de dénoncer « l’indifférence » qui touche, selon elle, la santé au travail et l’« impunité » des « crimes industriels ». Elle en dit plus à Terra Eco.


On vous a proposé la Légion d’honneur pour couronner votre carrière. Vous l’avez refusée. Pourquoi ?


Annie Thébaud-Mony : Il y aurait selon moi une certaine indécence à être décorée alors que cela fait trente ans que je travaille sur la mort ouvrière, que je tire le signal d’alarme sur la situation dans laquelle travaillent les ouvriers, les risques qu’ils encourent pour leur santé, les risques industriels auxquels ils sont exposés, sans constater de réelle amélioration des conditions de travail. Les préconisations que j’ai pu faire n’ont pas été suivies d’effet par les pouvoirs publics.


En tant d’années, il n’y a donc pas eu d’avancées ?


Il y a quinze ans, l’amiante a été interdit en France. On pensait que l’interdiction d’autres produits industriels cancérogènes suivrait, mais pas du tout. Pourtant, les industriels savent que certains des produits qu’ils obligent leurs employés à utiliser sont dangereux et que les conditions de travail sont pathogènes. C’est une mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Et pourtant, les modifications du droit du travail protègent davantage les industriels et les employeurs que les salariés.


Avez-vous des exemples ?


Le tableau 57 des maladies professionnelles du régime général de la Sécurité sociale liste la plupart des troubles musculosquelettiques (TMS). En 2009, une révision du tableau a raidi les critères de reconnaissance des TMS, et donc d’indemnisation des salariés. Vont-ils devoir travailler jusqu’à être handicapés ? Concernant l’exposition des salariés aux cancérogènes, aucune mesure contraignante n’a été prise malgré les alertes.


A Montluçon (Allier) par exemple, l’usine Adisseo, qui produit de la vitamine A de synthèse pour l’alimentation animale, utilise depuis les années 1990 un cancérogène puissant, le chloracétal C5. Moins de dix ans après l’introduction de cette molécule dans la chaîne de production, plusieurs salariés ont développé un cancer du rein. Or, il existe des produits de substitution permettant de créer de la vitamine A sans chloracétal C5, mais l’entreprise ne veut pas en entendre parler car changer sa ligne de production serait coûteux. Et donc, les salariés sont toujours exposés. C’est un crime industriel.


Dans leur ensemble, les salariés français travaillent-ils dans de bonnes conditions ?


Non. Dans les filières de la chimie, de la pétrochimie, de l’automobile, de la métallurgie ou du nucléaire, les conditions de travail sont souvent très mauvaises. Pas tant dans la phase de production, car les mesures de confinement sont plutôt efficaces et beaucoup de procédés sont automatisés, que dans la phase de maintenance, donc de nettoyage et de gestion des déchets. Dans ces phases, les salariés sont directement exposés aux produits cancérogènes.


L’enquête Sumer 2009 du ministère du Travail sur l’exposition aux risques professionnels a évalué à 2,4 millions de salariés [soit 13,5% des salariés, dont 70% sont des ouvriers, ndlr] ceux qui étaient exposés, la semaine précédant l’enquête, à au moins un des 25 cancérogènes listés.


Mais cette évaluation est a minima car il existe plusieurs centaines de cancérogènes non pris en compte dans l’enquête. De même que ne sont jamais pris en compte les produits issus de la dégradation d’un processus industriel : les fumées de combustion, les poussières, les solvants des peintures qui deviennent volatiles quand on nettoie les avions par exemple.


La directive européenne Reach ne sert-elle donc à rien ?


Elle n’est pas vide de sens car elle introduit un principe : les industriels sont censés faire la preuve de la non toxicité d’un produit avant de l’utiliser. Mais il y a un retard abyssal. Seules quelques dizaines de produits sont examinés et aucun n’est interdit à ce stade.


Y a-t-il une épidémie de cancers parmi les ouvriers ?


Oui. Il y a une aggravation des inégalités face au cancer. En 1980, un ouvrier avait quatre fois plus de risques de mourir d’un cancer avant 65 ans qu’un cadre supérieur. En 2000, il en avait dix fois plus ! Et ces cancers sont liés à l’exposition, dans le cadre du travail et sur une longue durée, à de multiples cancérogènes, pas à des spécificités biologiques.


Donc les risques augmentent alors même que les connaissances sur ces risques s’accroissent. N’est-ce pas paradoxal ?


Si. Et c’est aussi lié au fait que les ouvriers n’ont pas le choix. Dans de nombreux secteurs, le mode de fonctionnement dominant est la sous-traitance du travail, avec sous-traitance des risques.


Dans l’industrie nucléaire, 90% du travail de maintenance est fait par des entreprises sous-traitantes dont les employés supportent 80% à 90% de l’exposition aux rayonnements ionisants, dans des conditions de travail catastrophiques. On exige d’eux une grande flexibilité, une mobilité géographique forcée. Leurs conditions d’intervention s’aggravent, leur travail s’intensifie. Pour respecter des délais de plus en plus courts, ils peuvent enchaîner jusqu’au 20 heures de travail dans le bâtiment réacteur d’une centrale. On met donc en péril leur santé mais aussi la sûreté des installations nucléaires.


Quand on évoque le nucléaire, on parle des risques d’accident – présents avec ce mode de fonctionnement –, mais on n’évoque jamais les dizaines de milliers de salariés sacrifiés de cette filière, alors qu’un certain nombre d’entre eux est atteint de cancers entre 45 et 55 ans.


Les pouvoirs publics ont-ils abdiqué ?


Ils sont bernés par les industriels qui, malgré les études et les préconisations des scientifiques, mettent constamment en doute les risques encourus par leurs employés.

Et puis, on a aussi tendance à se représenter les risques professionnels comme étant inévitables et normaux. Ce qui est faux. Quand il y a un accident du travail, on indemnise – très mal d’ailleurs – mais sans remettre en cause le risque industriel responsable de l’accident.


Le développement des métiers dits « verts » va-t-il aller de pair avec une amélioration des conditions de travail ?


Oui, si cela s’accompagne de l’utilisation de matériaux plus verts. Mais reste le problème de fonds de la sous-traitance des salariés, et des institutions représentatives du personnel qui sont systématiquement bâillonnées dans les entreprises sous-traitantes.

Le principal outil de l’amélioration des conditions de travail, c’est l’information des salariés sur les risques encourus. C’était le sens de la réforme du droit du travail mise en place au début de l’ère Mitterrand, mais qui n’a pas été suivie d’effet.

 

Publié initialement sur
Terra Eco

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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 12:17
publié en ligne : 29 août 2012

Suite à l’interpellation du gouvernement par Jean-Marie Le Guen, nos associations rappellent qu’elles demandent l’ouverture de salles de consommation à moindre risque depuis de nombreuses années.

Pourquoi ce dispositif ?

Les actions de réduction des risques existantes ont fait leur preuve en matière de diminution de certains risques associés à la consommation de drogues (transmission du VIH, VHC, infections, abcès, overdose, etc.). Mais toute une partie des usagers et usagères de drogues, les plus précaires, les plus exclu-es, ne peuvent pleinement bénéficier de ces actions.


Expérimentées et validées dans de nombreux pays, les salles de consommation à moindre risque (SCMR) permettent précisément de toucher ce public. En réduisant les risques liés à l’usage de drogues grâce à un environnement sécurisé, elles instaurent un contact avec ces personnes exclues, leur permettant d’intégrer un parcours de soins et des dispositifs sociaux. L’intérêt de l’action va donc bien au-delà de la mise à disposition, par ailleurs nécessaire, d’un environnement sécurisé.

Quand la science contredit les préjugés

L’intérêt des salles de consommation dans les situations identifiées par les associations a été validé scientifiquement par l’INSERM dans une expertise collective, qui s’est appuyée sur la littérature scientifique mondiale et les expériences des salles déjà existantes.

L’INSERM démontre les bénéfices des salles de consommation (page 28 de la synthèse de leur analyse) : les usager-ères à hauts risques sont atteint-es, la consommation est plus sûre, les comportements à risque, ainsi que la morbidité associée au VIH, au VHC ou aux abcès, ou encore les overdoses mortelles diminuent. Enfin, l’accès aux soins est amélioré.


L’INSERM montre aussi que la consommation dans les lieux publics diminue, qu’il n’y a pas d’augmentation de délits associés à l’usage de drogues. Dans certaines structures, comme à Vancouver, l’ouverture de salles de consommation a été associée avec une augmentation des inscriptions dans des programmes de substitution. La science montre bien à quel point on est loin de l’incitation à la drogue, critique martelée sans justification par les opposant-es au dispositif.

Au-delà de la politique politicienne

L’urgence sanitaire que nous constatons sur le terrain mérite bien mieux qu’un débat partisan stérile. A celles et ceux qui parlent sans savoir de « laxisme », d’ « incitation à la drogue », nous demandons de fonder scientifiquement leur avis. À celles et ceux qui voudraient résumer le débat entre la gauche et la droite, nous rappelons que les salles de consommation à moindre risque ont reçu le soutien de personnalités de droite aussi diverses que Roselyne Bachelot-Narquin, Jean-Claude Gaudin, Nadine Morano ou Michel Heinrich. D’autres, André Rossinot ou Alain Juppé par exemple, sans prendre ouvertement position, se sont déclarés ouverts au débat.

Les mots sont importants

Enfin, nous regrettons que les journalistes continuent d’utiliser l’expression « salles de shoot » pour qualifier ce dispositif. Cette expression méprisante et réductrice est utilisée par les opposants à ce type d’action. L’objectivité impose d’utiliser un terme neutre : « salles de consommation à moindre risque », par exemple.

 

 

http://www.actupparis.org/spip.php?article4948


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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 11:45
Social vendredi 31 août 2012

Voilà deux ans que la maternité de Vire est en danger. Depuis juillet, les accouchements ont été suspendus dans l’attente du recrutement de deux gynécologues.


L’avenir de la maternité viroise ne tient qu’à un fil. En juillet, l’Agence régionale de santé (ARS) a décidé de suspendre les accouchements, à la suite d’un incident qualifié de « grave », (une hémorragie lors d’une césarienne). Mobilisé depuis l’été 2010 pour sauver le service, le collectif « Touche pas à ma santé, à mon hosto » donne rendez-vous samedi à 10 h pour une nouvelle manifestation devant la Porte-Horloge de Vire.  

 

« Il faut une forte mobilisation, indique Véronique Legrain, porte-parole du collectif. À Carhaix, en Bretagne, la population est parvenue à faire plier l’administration. »


À Vire, avec un seul gynécologue, le compte n’y est pas. Il manque deux gynécologues-obstétriciens pour relancer l’activité. L’ARS a accordé un délai, jusqu’au 1er novembre, afin de finaliser le recrutement. « J’ai obtenu auprès de la ministre la suspension de l’activité pour recomposer une équipe médicale. Sans quoi, la maternité devait fermer. Profitons de cette opportunité », indique le député PRG Alain Tourret. Pour l’heure, les mamans du Bocage virois doivent accoucher à Flers, Saint-Lô ou Caen. Cette situation n’est pas sans poser problème.


Une maternité en sursis


La direction affirme avoir des pistes « sérieuses ». Ces postes ont été classés prioritaires. Pierre-Jean Lancry, directeur de l’ARS, rappelle : « La sécurité restera notre priorité. Heureusement que l’événement grave, survenu en avril, ne s’est pas soldé par un drame. Il faut que les trois médecins réunissent toutes les garanties. Le réseau régional de périnatalité donnera donc son avis. Le dernier mot revient, bien entendu, à la direction de l’hôpital. » Aucun médecin n’a encore été retenu. Cet été, plusieurs femmes ont accouché en urgence à Vire. « Où est la sécurité ? s’interroge une maman. Accoucher dans une maternité ou au bord de la route ? »


Une ambiance pesante règne dans les couloirs de l’hôpital de Vire. Certains redoutent un démantèlement d’autres services, si la maternité disparaît. Mais après avoir résorbé un déficit en 2011, la direction mène des projets, avec notamment l’extension des urgences. « L’hôpital a une stratégie de développement », souligne Jean-Yves Cousin, maire de Vire et du conseil de surveillance de l’établissement.  

 

« Une maternité ça coûte. On craint que l’hôpital devienne un centre de tri des urgences et une maison de retraite », redoute, quant à lui, un syndicaliste.


Cette affaire a également mis en lumière des tensions dans la communauté médicale. « La concurrence entre hôpitaux est flagrante », admet Véronique Legrain. Une fermeture à Vire profiterait à certains, notamment au pôle femme-enfant de Flers, situé à 30 km de Vire. « Je n’accepterai jamais une fermeture, tonne Jean-Yves Cousin. Admettre cela, c’est accepter la fin d’un service pour la population. Notre détermination est totale. »


Cyrille CALMETS.

 

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Samedi-Vire-se-mobilise-pour-sauver-sa-maternite_8618-2108466_actu.Htm

 

Commnetaire:  Carhaix reste la référence!

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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 09:18

A défaut de respecter leurs engagements, les autorités camerounaises s’en prennent à ceux qui les leur rappellent
publié en ligne : 21 août 2012

Mercredi 22 aout 2012, quinze militants associatifs sont assignés à comparaitre devant le tribunal de première instance de Yaoundé « Pour être entendu en qualité de prévenu d’avoir à Yaoundé participé à l’organisation ou manifestation dans un lieu ouvert au public sans avoir fait la déclaration éventuellement requise après l’interdiction légale ; faits prévus et réprimés par les articles 74, et 231 du code pénal » (sic).

 

En réalité, le crime de ces militants associatifs est d’avoir rappelé aux députés camerounais l’engagement pris par le gouvernement de consacrer 15% du budget national à la santé [1]. Ce procès est une fuite en avant des autorités camerounaises. Ceux qui devraient être à la barre le 22 août sont ceux qui n’ont pas tenu leurs promesses, et non ceux qui les leur ont rappelé.


L’affaire remonte à 2010 : constatant la dégradation de la situation sanitaire du Cameroun – caractérisée notamment par la recrudescence du choléra, du paludisme, de la tuberculose et du VIH-sida – et déplorant la faiblesse de la réponse du gouvernement face aux difficultés d’accès des populations aux soins malgré les promesses faites, des militants associatifs ont décidé de mettre en place la Coalition 15% [2].

 

Ce regroupement, comprenant des organisations de santé et de défense des droits humains, s’est fixé pour objectif d’obtenir du gouvernement camerounais et des députés de l’Assemblée Nationale, l’affectation de 15% du budget national à la santé des camerounais, conformément à l’engagement pris par le Chef de l’Etat en 2001 à Abuja.


Ainsi, en prélude de la session parlementaire budgétaire de 2010, la Coalition 15% a décidé d’organiser une campagne de mobilisation et de plaidoyer dont le clou a été une réunion publique d’information sur l’esplanade de l’Assemblée Nationale le 30 novembre 2010.

 

Bien que cette manifestation ait été déposée selon les procédures légales, une quinzaine de membres de la coalition a été interpelée par la police et retenue dix heures durant au commissariat [3]. Relâchés à une heure assez tardive de la nuit, il leur a été dit que la procédure était arrêtée, mais, depuis le vendredi 9 mars 2012 et contre toute attente, les quinze leaders associatifs membres de la coalition sont assignés à comparaitre devant le tribunal de première instance de Yaoundé.


Ce procès contre la Coalition 15% est en réalité un procès contre l’accès aux soins de millions de camerounais. Il aura une influence négative sur l’éligibilité du Cameroun à la plupart des financements internationaux parce qu’il sera demandé un embargo moral sur le Cameroun où les autorités cherchent à réduire au silence les PVVIH et les militants des droits humains qui demandent au gouvernement de tenir ses engagements.

Nous joignons nos voix à celles des 150 signataires de la « pétition contre le procès 15% au Cameroun » pour exiger :

  • du procureur de la République du Cameroun qu’il renonce aux poursuites à l’endroit de nos camarades au nom des millions de malades du Cameroun
  • du gouvernement, des parlementaires et du Président Camerounais, qu’ils assument leurs engagements et allouent le budget nécessaire pour faire face aux besoins sanitaires de leur population.
Notes

[1] Dans la Déclaration qu’ils ont adoptée au Sommet d’Abuja, qui s’est tenu du 24 au 27 avril 2001, les dirigeants africains se sont engagés, entre autres, à consacrer au moins 15 % de leur budget annuel à l’amélioration du secteur de la santé.

[2] Dans la Déclaration qu’ils ont adoptée au Sommet d’Abuja, qui s’est tenu du 24 au 27 avril 2001, les dirigeants africains se sont engagés, entre autres, à consacrer au moins 15 % de leur budget annuel à l’amélioration du secteur de la santé.

[3] Conformément à la loi n°90/055 du 19 Décembre 1990 portant régime des réunions et des manifestations publiques, la réunion a été déclarée le 26 novembre, soit dans les délais légaux impartis de 3 jours minimum avant la date projetée. Les participants ont été arrêtés sous le prétexte que la réunion était frappée d’interdiction, interdiction qui n’a jamais été notifiée aux organisateurs de la réunion.

 

http://www.actupparis.org/spip.php?article4939


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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 12:28
Quelles conclusions en tirer ? Un dossier du Réseau "Sortir du nucléaire"

Entretien avec Michel Fernex, professeur émérite de médecine et spécialiste des impacts sanitaires des radiations

"Il est temps de cesser de mentir. Il faut reconnaître le danger que représentent les problèmes génétiques qui vont s’amplifier".


Question : Que penser de la méthodologie adoptée et du sérieux de l’étude ?


Michel Fernex : Cette étude consacrée à un papillon bleu commun au Japon montre que les retombées radioactives de Fukushima altèrent le génome de cette espèce animale [1]. C’est un excellent travail de recherche conduit sur le terrain et au laboratoire par sept universitaires. Les photos illustrent bien les altérations congénitales qui étaient déjà présentes deux mois après les explosions chez les papillons femelles, et qu’on retrouve amplifiées dans les deux générations qui ont suivi.


On était en droit d’attendre une telle qualité et une telle rapidité de la part des universitaires japonais. On doit d’autant plus regretter qu’aucune Faculté de Médecine de ce pays hautement qualifié dans ces domaines n’ait eu le même courage. En effet, les autorités cherchent à minimiser ou occulter l’impact de la dissémination des énormes quantités de radionucléides artificiels libérées suite à la catastrophe atomique. Encore aujourd’hui, le pays impose le silence et l’immobilité au corps médical.


Q : Quelles sont les principales conclusions à tirer de cette étude ?


M. F. : Les rayonnements ionisants ont une radiotoxicité qui altère le développement de l’animal. C’est l’effet tératogène [= producteur de malformations]. Les rayonnements sont aussi mutagènes : ils peuvent altérer directement l’ADN des gènes et entraîner la mort ou provoquer des anomalies héréditaires qui ne s’exprimeront souvent qu’après plusieurs générations.


Chez les papillons de Fukushima, les dommages génétiques sont non seulement précoces, mais en plus ils augmentent significativement de génération en génération. Ce phénomène repose probablement sur ce qu’on appelle une atteinte périgénétique : les rayonnements ionisants peuvent altérer certaines parties essentielles de la cellule (cytoplasme, membrane) sans même avoir pénétré dans son noyau. Ces altérations périgénétiques sont directement transmises aux descendants et, phénomène nouveau, vont s’aggraver de génération en génération.


Q : Cette étude confirme-t-elle les précédents travaux sur les impacts de la radioactivité sur les animaux, notamment à Tchernobyl ?


M.F. : Cette étude confirme tous les travaux antérieurs. Ainsi, une étude réalisée de 1986 à 1996 par des chercheurs biélorusses sur 22 générations de campagnols de la région de Tchernobyl avait déjà démontré la poursuite d’une telle aggravation du dommage génétique, découvert dans des zones avec une radioactivité sur les sols de 2 546 000 Becquerels par mètre carré, ce qui est énorme, mais aussi à 300 km de là, près de Minsk, avec seulement 12 000 Bq/m2 [2].


Plusieurs équipes de scientifiques, dont celles d’Anders Møller et Thimothy Mousseau [3], ont étudié la zone de 30 km de rayon évacuée autour de Tchernobyl. Elles ont montré qu’une contamination radioactive importante des sols entraînait encore, plus de 20 ans après, une baisse de la biodiversité et de l’abondance par espèce du fait de la réduction de la fertilité et de la mortalité précoce chez les oiseaux. Dans les régions fortement contaminées, la population des différentes espèces de grands mammifères, des reptiles, des batraciens et des arthropodes comme les papillons, les sauterelles et les bourdons s’est réduite.

Ces mêmes chercheurs ont constaté en 2011 l’impact négatif des rayonnements ionisants à Fukushima chez les oiseaux et les papillons. Seul l’effectif des araignées a augmenté, peut-être parce que l’affaiblissement des proies rend leurs toiles plus efficaces. Ces études quantitatives étant répétées durant 3 années consécutives, les mesures de 2012 confirmeront peut-être cette hypothèse.


Q : Que penser alors des théories abondamment répandues selon lesquelles la nature reprendrait ses droits dans les zones contaminées ? [4]


M.F. : Certes, dans la zone d’évacuation de Tchernobyl, les animaux ne sont plus menacés par leur principal prédateur, l’homme. Mais il est faux d’évoquer une nature luxuriante : les recherches sur la faune font état d’une diminution de population, d’une mortalité accrue et d’une baisse de fertilité chez quasi tous les animaux étudiés, du fait des pathologies héréditaires et de la contamination de leur alimentation, notamment par le césium 137. Les hirondelles connaissent ainsi une quasi-extinction [5].


La théorie d’une "nature préservée" autour de Tchernobyl effectue une grossière impasse sur tous ces travaux, qui restent peu connus du grand public du fait de la censure et de l’arrêt des financements de l’A.I.E.A. . C’est un cliché mensonger destiné à légitimer l’ouverture de la zone d’évacuation à un certain type de tourisme, comme le souhaite l’Ukraine, et bien sûr à nier l’impact réel d’un accident nucléaire majeur.


Q : Dans quelle mesure peut-on en tirer des conclusions sur les conséquences sanitaires pour les êtres humains ?


M.F. : La dernière phrase de ce travail me gêne. Elle prétend que cette étude n’a pas de portée en ce qui concerne les humains, alors qu’elle confirme les risques pour les autres espèces. Or la génétique concerne tous les animaux.

Une telle augmentation des dommages génétiques a en tout cas été observée chez les humains. Le Professeur Yuri Dubrova a pu la mesurer chez des familles d’irradiés de Tchernobyl. Il retrouve cette augmentation sur trois générations, chez les bergers de Sémipalatinsk (Kazakhstan), irradiés par les derniers essais nucléaires aériens russes.


À Fukushima, comme ce fut le cas à Tchernobyl, les autorités n’ont pas évacué les populations à temps. On doit imaginer que les milliers d’habitants évacués trop tard ainsi que les travailleurs qui s’acharnent à réduire la contamination de l’environnement, en particulier de la nappe phréatique, auront des descendants génétiquement plus affectés qu’eux-mêmes.


Par ailleurs, les enfants n’ont pas été protégés par la distribution de comprimés d’iode stable pour éviter l’augmentation des maladies thyroïdiennes, mesure qui a été prise en Pologne pour 10 millions d’enfants, sans effet secondaire notable. Ce qui est également grave à Fukushima, c’est que les familles confinées trop longtemps n’ont pas reçu d’aliments radiologiquement propres, alors que le Bélarus, pays le plus pauvre d’Europe, avait fait cet effort pendant huit ans. Malgré cela, dans les zones contaminées de Tchernobyl, 8o% des enfants sont malades plus de 20 ans après l’explosion.


Q : Est-il difficile de publier une telle étude dans le contexte actuel au Japon ? Et à Tchernobyl ? Quel message devrait être aujourd’hui adressé aux autorités sanitaires ?


M.F. : Les autorités japonaises peuvent penser que les papillons bleus, malades ou non, ne préoccupent pas la population… À Tchernobyl, on a trois pays différents. Dans une certaine mesure, l’Ukraine informe et les deux autres pays (Russie et Biélorussie) se taisent le plus souvent.


Dans tous les cas, il est temps de cesser de mentir. Il faut reconnaître le danger que représentent les problèmes génétiques qui vont s’amplifier. Il est donc nécessaire d’établir des plans de recherches pour découvrir et développer des antimutagènes pour qu’une prévention de ces mutations toujours nuisibles devienne réalisable.

Propos recueillis par Charlotte Mijeon

Notes

[1] http://www.nature.com/srep/2012/120809/srep00570/full/srep00570.html

[2] Travaux de l’équipe de Rosa Goncharova du Genetic Safety Labor de l’Académie Nationale des Sciences de Biélorussie.

[3] Anders Møller, membre du CNRS de l’université Paris Sud, et Thimothy Mousseau de l’université de Caroline du Sud aux USA.

[4] Le reportage "Tchernobyl, une histoire naturelle", diffusé en 2010 par Arte, propageait ainsi la théorie d’une nature luxuriante à Tchernobyl.

[5] Voir les travaux de Thimothy Mousseau sur les mutations des hirondelles à Tchernobyl.

 

http://groupes.sortirdunucleaire.org/Entretien-Michel-Fernex

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20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 12:10

mercredi 8 août 2012

 

 La ministre de la Santé, Marisol Touraine, vient de faire une fleur au géant de l’industrie pharmaceutique Novartis, au détriment de l’hôpital et de la Sécu.

 

L’heureux élu a ainsi obtenu le monopole de fait d’un traitement de choc, efficace mais coûteux, grâce à la mise à l’écart de son concurrent, qui propose un produit équivalent, vendu 16 fois moins cher ! Ce petit cadeau ne va pas améliorer les comptes des hôpitaux et de la Sécu.

 

 A l’origine de cette catastrophe sanitaire et financière, une maladie de la rétine, la « dégénérescence maculaire liée à l’âge », ou DMLA. Laquelle frappe 12 % de la population entre 65 et 75 ans et provoque la cécité de 2 000 à 3 000 personnes par an. Pour soigner ce million de personnes (on en prévoit le double d’ici à 2025), il existe le Lucentis du labo suisse Novartis, à 800 euros l’injection. Mais aussi l’Avastin, un traitement anticancéreux conçu par Roche, à 50 euros la dose, dont les toubibs se sont aperçus qu’il était tout aussi efficace pour traiter ces problèmes de rétine. Du coup, bien que l’Avastin n’ait jamais reçu, pour cette pathologie précise, une autorisation de mise sur le marché en bonne et due forme, les hôpitaux au régime sec l’administrent sans états d’âme, comme le font de nombreux pays européens.

 

 Le Mediator épouvantail


 Ou plutôt l’administraient. Car, le 13 juillet, le directeur général de la Santé a eu un coup de chaud. Depuis l’affaire du Mediator, le principe de précaution a rang de religion dans l’admnistration. Quelques rares pépins ayant été observés avec l’Avastin, les autorités sanitaires ont ouvert un grand parapluie et interdit son utilisation dans le traitement de la rétine. Pour les services d’ophtalmologie, c’est un coup dur.

 

A l’Hôtel-Dieu, à Paris, service de pointe de l’Assistance publique, qui a pratiqué 2 000 injections en 2011, la douloureuse va passer de 100 000 euros à 1,6 million. Et, aux célèbres Quinze-Vingts, la structure de référence pour toutes les maladies de l’oeil, le surcoût sera de 200 000 euros par an. Autant dire qu’à l’échelle nationale le trou de la Sécu va prendre des allures de puits sans fond.

 

 L’oukaze a fait hurler tous les hospitaliers étranglés par les restrictions budgétaires, mais la ministre s’est courageusement défaussée sur le fabricant. Au laboratoire Roche de batailler, a-t-elle suggéré, pour que son produit obtienne l’autorisation de mise sur le marché.

 

 Sauf que Roche et Novartis sont liés. Via sa filiale Genetech, le premier est intéressé au jackpot financier que représente le Lucentis. Il n’a donc aucun intérêt à mettre un rival dans les pattes du second. Et personne n’a expliqué ça à la pauvre Marisol ! Laquelle est pourtant très au fait des us et coutumes du petit monde pharmaceutique : en 2009, elle appartenait encore au Club avenir de la santé, un groupe de pression financé par GlaxoSmithKline, le numéro 2 mondial du secteur.

 

 Pour Novartis, en tout cas, c’est Noël tous les jours, avec un chiffre d’affaires de 50 milliards de dollars, en hausse de 14 % en 2011. Et sa santé ne cesse de s’améliorer : outre son monopole sur le traitement de la DMLA, le labo vient d’obtenir l’autorisation d’utiliser le Lucentis contre les oedèmes du diabète et les occlusions veineuses. A 600 euros la seringue, et à raison de quatre par an.

 

 Le loto, c’est maintenant.

 

 Brigitte Rossigneux

 

Source:  Info secu santé

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