jeudi 7 juillet 2011
Le choix de Lagarde pour le FMI a été entériné. On peut parier que les peuples, comme celui de Grèce, n’en tireront pas bénéfice.
Christine Lagarde a été désignée directrice générale du Fonds monétaire international le jour même où commençait la grève générale de 48 heures en Grèce contre le plan de rigueur imposé au pays par ce dernier. Première femme à accéder à ce poste, elle a inscrit sa candidature « dans le courant de réformes initiées par le précédent directeur général » du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Tout un programme associant droite et gauche contre les travailleurs et les peuples.
Une « victoire pour la France » selon l’Élysée, une « profonde satisfaction » pour Juppé, « immense fierté » pour Bernard Accoyer, les cocoricos d’autosatisfaction n’ont pas manqué pour saluer la promotion de cette ministre des riches qui s’était rendue célèbre pour avoir invité les Français à faire du vélo face à la hausse du prix de l’essence. Toute sa carrière ne peut qu’inspirer une solide confiance à ceux qui l’ont choisie. Avocate au Barreau de Paris dans les années 1980, elle poursuit son ascension dans un cabinet juridique international de Chicago (4 400 employés dans 35 pays), l’une des premières firmes d’avocats au monde. Elle parvient à la tête du groupe, un poste à 600 000 dollars par an. En juin 2005, elle entre au gouvernement Villepin, comme ministre déléguée au Commerce extérieur. Sarkozy la nomme au ministère de l’Agriculture, puis, en juin 2007, au ministère de l’Économie.
Cette brillante ascension subjugue Martine Aubry qui voit dans sa nomination « une bonne chose pour notre pays et pour l’Europe » ! François Hollande reste plus mesuré : « Christine Lagarde est une Française, elle a des qualités. Je devrais donc me féliciter mais elle n’est pas de la même orientation que son prédécesseur et il faut qu’elle comprenne qu’elle n’est plus ministre de Nicolas Sarkozy […] Je lui dis : ‘‘travaillez avec le souci de la continuité’’». Si on en croit Lagarde elle-même, Hollande se fait du souci pour rien.
Sa nomination est d’ailleurs surtout due à l’accord tacite avec les USA qui, depuis 1946, laissent le FMI aux Européens en gardant la main sur la Banque mondiale. Et cela d’autant que la nouvelle
phase de la crise mondiale se concentre sur l’Europe.
Faire payer les peuples
Le FMI a retrouvé un rôle de prépondérant pour orchestrer les plans de sauvetage des banques et imposer aux peuples d’en payer la note. Christine Lagarde a montré son zèle sur cette question,
refusant jusqu’alors toute politique de rééchelonnement de la dette grecque, les banques françaises y étant les plus exposées (environ 65 milliards d’euros). « Si j’ai un message à faire passer
ce soir concernant la Grèce, c’est un appel à l’opposition politique grecque pour qu’elle rejoigne dans une entente nationale le parti qui est actuellement au pouvoir. Il y va vraiment du destin
d’un pays », a-t-elle déclaré le jour de sa nomination et de la grève générale en Grèce. En continuité avec Strauss-Kahn, l’union nationale droite-gauche contre les travailleurs.
Une politique qui a du mal à convaincre les peuples arabes que l’aide du FMI aurait d’autres objectifs que de permettre aux banques occidentales de garder la main sur eux pour continuer le pillage de leurs richesses. Quant aux réformes que Christine Lagarde s’est engagée à poursuivre, elles visent à associer la Chine et les nouvelles puissances économiques que sont le Brésil ou l’Inde à la « gouvernance mondiale » des grandes puissances capitalistes. « Le FMI, écrit-elle, a beaucoup à faire : une reprise mondiale inégale, des déséquilibres mondiaux qui s’aggravent de nouveau, le risque de déstabilisation lié aux flux de capitaux, le chômage élevé, la hausse de l’inflation et des dossiers difficiles dans certains pays », la liste des facteurs d’aggravation de la crise globale est longue… Une crise que le FMI aggrave en n’ayant d’autre réponse que d’accentuer l’exploitation des peuples.
Christine Lagarde a de toute évidence le profil du poste. Les « abus de pouvoirs sociaux » lui sont familiers. Une enquête judiciaire est en cours contre elle et deux de ses collaborateurs pour
avoir exercé des pressions en faveur de Bernard Tapie dans le litige l’opposant au Crédit lyonnais sur la cession d’Adidas en 1993, permettant à ce dernier de toucher 285 millions d’euros dont
une indemnité de 45 millions au titre du préjudice moral !
Yvan Lemaitre
La Cour des Comptes vient de rendre son rapport annuel sur les finances publiques et leurs perspectives. Fin 2010 la dette publique atteignait 1 600 milliards d'euros, soit 82 % du produit
intérieur brut annuel -- la richesse produite en une année selon le mode de calcul officiel.
L'État paye 50 milliards d'euros d'intérêts par an à ses créanciers, soit l'équivalent du budget de la Défense et du Travail réunis. Par le simple jeu du refinancement -- emprunter pour
payer ses dettes -- et de l'augmentation des taux d'intérêt, la dette va grandir et sa charge augmenter. La croissance de l'endettement et sa vitesse dépendent en fait des marchés financiers. Si
les grandes banques internationales, y compris françaises, voient une possibilité de spéculer sur la dette française comme elles spéculent sur la dette grecque, elles le feront.
Dans cette perspective, les recettes proposées par la Cour des Comptes et son président, Migaud, un socialiste nommé à ce poste par Sarkozy, sont celles qu'appliquent tous les gouvernements :
faire payer la population par tous les moyens afin de réduire les déficits. Migaud commence d'ailleurs sa présentation par un coup de chapeau à la réforme des retraites. Mais le rapport évoque
aussi, brièvement il est vrai, les raisons de l'accumulation de la dette : elle serait due pour 40 % aux dépenses engendrées par la crise commencée en 2008 et pour 60 % aux baisses de recettes de
l'État, c'est-à-dire aux diminutions d'impôt accordées aux entreprises, surtout les grandes, et aux particuliers, uniquement les riches. Ces baisses d'impôt comme l'augmentation des déficits ont
commencé bien avant septembre 2008.
Ainsi, le taux d'imposition des bénéfices des entreprises est passé de 45 % en 1986 à 33,3 % aujourd'hui. De plus, par le jeu des dérogations, niches fiscales et crédits d'impôts, les plus
grandes entreprises ne payent en moyenne que 8 % d'impôt sur les bénéfices. Les « dépenses liées à la crise », qui représenteraient 40 % du déficit, sont en fait des cadeaux à ces mêmes grandes
entreprises, sous forme de prêts à bon marché, de commandes ou même de dons. Cet afflux d'argent public leur a servi pour continuer à verser des dividendes et même souvent à les augmenter.
Favorisé comme actionnaire, le riche rentier l'est aussi comme contribuable, car la tranche la plus haute du barème de l'impôt direct est passée, durant la même période, de 65 % à 40 %, compte
non tenu des multiples niches qui permettent de le réduire. Le bouclier fiscal, récemment supprimé car trop provoquant, n'était qu'une (belle) cerise sur un énorme gâteau où la crème s'accumule
depuis près de trente ans.
L'État a donc dû compenser ce manque à gagner volontaire par l'emprunt. Mais la dette publique, officiellement condamnée par tous les gouvernements même lorsqu'ils la creusent, n'est pas un
malheur pour tout le monde. Les cinquante milliards d'intérêts payés cette année ne s'évaporent pas, mais tombent dans l'escarcelle de ceux qui ont les moyens de prêter à l'État... l'argent qu'il
leur avait offert les années précédentes sous forme de diminution d'impôt !
Tout va ainsi dans les mêmes poches, celles de la mince couche de la haute bourgeoisie, qui voit ses avoirs enfler démesurément sans rien faire d'autre que d'exister. Cet énorme transfert se
monte à bien plus que l'encours de 1 600 milliards d'euros, même en considérant le cumul depuis trente ans. Il s'exprime aussi en classes et hôpitaux fermés, suppressions de postes dans la
fonction publique, déficit de la Sécurité sociale, routes non entretenues, privatisations et délabrement général du service public, pénurie de logements bon marché : le capital se paye sur la
bête.
Paul GALOIS
http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2240&id=10
Claudine Quéric, directrice de la CPAM : « La lutte contre la fraude est un axe majeur de l’assurance-maladie dans le Finistère. » Deux milliards d’euros, c’est le montant de la totalité des prestations servies par la caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) du Finistère chaque année. « Chaque jour, on verse 8 millions d’euros à 17 000 destinataires. Les gros jours, c’est 45 millions d’euros, explique la directrice, Claudine Quéric. Cet argent est affecté aux besoins sociaux de 650 000 assurés. Mais c’est aussi une source de revenus pour un peu plus de 5 000 professionnels de santé (médecins, kiné, infirmier, ambulancier, taxi, transporteur…), sans oublier 125 établissements hospitaliers. »
La CPAM du Finistère n’échappe pas aux fraudes. Montant du préjudice chaque année ? 900 000 €. Pour lutter contre les fraudeurs, l’assurance-maladie dispose d’une cinquantaine de contrôleurs et de cinq enquêteurs. Ils passent les revenus imposants au peigne fin.
Les plus gros fraudeurs ? Les professionnels de la santé
Constat de la directrice : « Les fraudes importantes concernent surtout les professionnels de santé »… et non pas les particuliers bénéficiaires de « petites » prestations sociales. La preuve par les chiffres ? En 2010, 36 assurés se sont fait prendre la main dans le sac pour un montant de 140 000 €. Un tout petit nombre d’infirmiers et de médecins ayant raflé à eux seuls 760 000 €.
Le 15 avril dernier, après une enquête de plus de 1 000 heures de la CPAM, la justice a ainsi condamné un infirmier quimpérois de 37 ans à deux ans de prison avec sursis. Préjudice pour la CPAM : 550 000 € !
Note: Encore de la désinformation communiste! Il ya une taupe à Ouest France! Les gens ( de la santé) qui votent à droite sont des gentils! Les pauvres qui n'ont pas d'argent sont des méchants qui fraudent. Voilà comment il faut dire! Gast!
mercredi 11 mai 2011
L’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy a été jalonnée d’appels du pied vers les électeurs du Front national ; ainsi en 2007 Le Pen fustigeait les propositions de l’UMP comme de pâles copies de ses idées.
Les mesures prises par le gouvernement depuis 2007 sont indéniablement les marques d’un recul réactionnaire et raciste quant à la gestion de l’immigration (cf. les dernières mesures annoncées par
Claude Guéant), mais aussi des différents groupes qui composent notre société : stigmatisation des Roms et des modes de vie nomades, diabolisation permanente de l’islam, lois liberticides
etc.
Florence Haegel, directrice de recherches à la fondation nationale des sciences politiques, souligne que « les allées et venues de certains électeurs entre la droite et l’extrême droite sont une
constante », et que la « porosité » est d’autant plus forte que les discours portés par les deux pôles convergent.
Au-delà des mesures antisociales du gouvernement, c’est l’ensemble du débat politique de ces derniers mois qui a été phagocyté par les multiples expressions du racisme de l’équipe
gouvernementale.
La xénophobie de Guéant, les propos à connotation antisémites des Jacob ou Wauquiez à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn, l’accueil triomphal réservé par l’UMP au « brillant intellectuel » éric
Zemmour et les acclamations de sa remise en cause des lois mémorielles, l’islamophobie permanente de Jean-François Copé…, tout cela contribue à banaliser le propos raciste.
De même, le maintien de Brice Hortefeux à son ministère (jusqu’au remaniement de février dernier), alors que la justice l’avait condamné, était un signe fort quant à l’abandon d’une certaine
posture gaulliste longtemps adoptée par la droite traditionnelle.
Vers un éclatement de l’UMP ?
« Droite populaire » et « Droite libre » entraînent les débats au sein de la majorité parlementaire vers une radicalisation continue ; leurs interventions ont pesé sur les questions de
bioéthique, la déchéance de nationalité, ou sur les stratégies et consignes de vote vis-à-vis du FN (communiqué de presse de « Droite libre » du 23 mars 2011). Marianne s’aventure d’ailleurs à
qualifier cette frange de la droite de « pétainiste », sans doute abusivement…
Par ailleurs, le centre droit (autour de Borloo) annonce la création d’une « confédération centriste indépendante ». Le souverainiste Dupont-Aignan évoque une « Union des républicains » cherchant
sans doute à occuper le même créneau que Dominique de Villepin avec « République sociale ».
Cependant, Dupont-Aignan, « garant » de la droite gaulliste, n’hésite pas à s’exprimer sur des sites d’extrême droite et évite soigneusement de condamner les positions de Marine Le Pen, il se
contente de marteler qu’il est un « meilleur candidat de second tour ».
Au sein même du gouvernement, rappelons pour mémoire le passé d’extrême droite du ministre de la Défense, Gérard Longuet, sans parler des « perles » d’Hortefeux et Guéant ou des incitations de
Frédéric Lefebvre à la délation.
On peut cerner le problème avec les différentes interventions de Jean-François Copé, et notamment son refus du front républicain au soir du premier tour des cantonales, rompant avec une posture
historique de la droite traditionnelle.
Cet éclatement possible de l’UMP se traduit dans les affrontements entre le secrétaire de l’UMP et François Fillon qui a choisi d’adopter la posture « républicaine » du refus de l’alliance avec
le FN. Ces divergences se manifestent également dans les interviews de députés qui commencent à se positionner en faveur du Premier ministre pour 2012, bien qu’il ne semble pas envisageable, à
l’heure actuelle, de proposer une alternative à droite à une nouvelle candidature de Nicolas Sarkozy (bien que les intentions soient versatiles, le Nouvel Observateur du 24 février 2011
indiquaient que 69 % des sympathisants de droite souhaitaient la candidature du président).
Cette évolution de la droite de pouvoir est particulièrement inquiétante car elle ouvre des portes à des scénarios qui jusqu’à présent tenaient de la science-fiction.
De glissements en dérapages, l’UMP a été capable d’imposer un ministère de l’Identité nationale et durcit continuellement les lois qui touchent à l’immigration.
Par ailleurs les membres ou ex-membres du gouvernement multiplient les déclarations de tolérance envers la nouvelle figure du Front national. Marine Le Pen incarnerait ainsi un FN plus
présentable. Comment ignorer les propos de l’ancien ministre de l’éducation Luc Ferry déclarant « préférer Marine Le Pen à Olivier Besancenot parce qu’elle au moins est raisonnable » !
Au-delà de l’anecdote, cela permet de considérer Marine Le Pen comme une figure banalisée de la scène politique française, avec qui on peut discuter et donc, a fortiori, s’allier…
Un scénario à l’italienne ?
Après son échec aux élections municipales à Rome en 1993, Gianfranco Fini, secrétaire général du Movimento Sociale Italiano (MSI), a voulu faire sortir son organisation de la marginalité et la
faire peser sur la politique menée par la droite italienne y compris par des alliances de gouvernement. Entré au gouvernement en 1994, il achève le tournant de son parti en créant, en janvier
1995, l’Alliance nationale.
L’Alliance nationale se construit sur la ligne du « post-fascisme », une orientation qui revendique le fascisme comme héritage historique mais non comme une ligne politique à faire perdurer.
En l’occurrence, c’est le berlusconisme qui a fait changer l’ex-MSI en un parti de droite dure, concurrencé sur sa droite par la Ligue du Nord.
Le Front national, s’il désire nouer des alliances, veut le faire sur sa propre ligne politique. En cela il suit la logique des populistes danois du Dansk Folkeparti, qui sur cette base ont
obtenu 25 sièges au parlement national.
Il renoue ainsi avec la stratégie mégrétiste dont on avait pu voir, lors des élections régionales de 1998, l’étendue des dégâts au sein de la droite française.
Sachant que le contexte n’est pas le même, il faut se rappeler que c’est le « cordon sanitaire » ainsi que la mobilisation de terrain qui avaient permis de briser la dynamique frontiste et de
contribuer, en grande partie, aux divisions qui menèrent à l’éclatement du FN.
Cependant, pour un certain nombre d’éditorialistes, d’élus de droite et d’intellectuels souverainistes, la « mue » républicaine est acquise… à titre d’exemple, on peut noter les positionnements
de députés comme Christian Vanneste ou Jérome Rivière, ou les propos de journalistes, comme élisabeth Levy : « Je crois que l’on devrait traiter le FN comme un parti normal ». Selon l’hedomadaire
d’extrême droite Minute, trois élus UMP du sud de la France auraient rencontré récemment Marine Le Pen, une « initiative » serait en préparation.
Ainsi, si « le pire n’est jamais certain », la situation actuelle laisse présager une recomposition de fond pour les années à venir. La droite bouge, et le FN semble prêt à se donner un nouveau
visage, plus « respectable », plus… « crédible ».
Cinq ans paraissent suffisants pour que le scénario d’un ticket gagnant UMP/FN prenne toute l’épaisseur nécessaire.
Lucia de Cleyre
mardi 26 avril 2011
Dans ce livre, recueil d’articles récents, le fondateur de Mediapart s’appuie sur les méfaits de Sarkozy depuis le début de son mandat, pour mettre en
cause le fonctionnement de la ve République qui autorise toutes les dérives du pouvoir.
Fondateur du journal en ligne Mediapart, Edwy Plenel (EP) a eu la bonne idée de rassembler dans ce volume ses chroniques et articles des dernières années. Esprit critique et insoumis, EP met sa
plume brillante et acérée au service d’un objectif important : résister à l’air du temps.
Le fil conducteur du livre c’est « le Président de trop », Monsieur Nicolas Sarkozy – mais aussi, au-delà du personnage, le système du présidentialisme français, cette sorte de monarchie bonapartiste corrompue. La politique du sarkozysme est au service des appétits voraces des plus grandes fortunes de l’hexagone : le nouveau président est leur homme.
Non seulement leur ami, mais aussi leur représentant, leur obligé, leur fondé de pouvoir. Dans ce berlusconisme à la française, le règne de l’argent s’affiche sans vergogne, en forçant le trait dans le tape-à-l’œil et le clinquant. Ce qui rend d’autant plus ridicule le discours des ralliés de la dernière heure, les ministres « de gauche » ; ce débauchage révèle en négatif, souligne EP, les ambiguïtés de la gauche de gouvernement : « une gauche sans question sociale, c’est ce qui reste quand on a renoncé à la question de la justice et de l’égalité » (Daniel Bensaïd, cité par EP).
Tout cela rappelle irrésistiblement Napoléon 3, cette caricature grotesque du premier Bonaparte, dont se réclament, sans complexe, Sarkozy et ses plumitifs. Dans un premier moment, notre
éditorialiste s‘inspire du célèbre pamphlet anti-bonapartiste de Victor Hugo, Napoléon le Petit. Mais, comme il le reconnaitra peu après, cet opuscule vindicatif n’est pas la lecture la plus
éclairante : « on recommande plutôt Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1852) de Karl Marx », ouvrage qui, sans ignorer le rôle néfaste du chef bonapartiste, analyse surtout les affrontements de
classes qui ont conduit à la destruction de la Deuxième République (c’est moi qui ajoute).
Notre auteur passe en revue l’affaire Bettencourt, les manœuvres xénophobes et racistes du président, l’assaut contre les libertés, et autres exemples honteux de cette démocratie de faible
intensité qu’est devenue la France sarkozyenne. Mais il s’intéresse aussi à des personnalités qui allument des contre-feux de résistance : François Maspero, « symbole d’intégrité, de droiture, de
rigueur », Stéphane Hessel, ou Édouard Glissant, dont l’œuvre réunit « l’acuité du visionnaire et la générosité du conteur ». Et il salue, bien entendu, avec enthousiasme, les révoltes du
« printemps arabe ».
Rappelant que Monsieur Strauss-Kahn avait fait l’éloge, en 2008, du « modèle tunisien », sans un mot sur le régime Ben Ali, il observe : l’insurrection tunisienne signifie le retour au premier plan de la question démocratique et de la question sociale, indissolublement. Bref, conclut-il, « le peuple tunisien nous donne l’exemple » !
Michael Löwy
Edwy Plenel, Le Président de trop. Vertus de l’antisarkozisme, Vices du présidentialisme, Paris, Don Quichotte (Éd. du Seuil), 2011, 507 pages, 19, 90 euros.
Pour lire "Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte" (1852) de Karl Marx :
http://www.marxists.org/francais/marx/works/1851/12/brum.htm
lundi 18 avril 2011
Dans les méandres de la nouvelle affaire Tapie, il est parfois un peu compliqué de s’y retrouver, d’autant qu’il faut d’abord se familiariser avec quelques termes techniques abscons tels que « structure publique de défaisance » ou encore « tribunal arbitral »… Essayons donc de faire simple !
Depuis une quinzaine d’année, une série impressionnante de procédures judiciaires oppose Bernard Tapie au Crédit Lyonnais ou, plutôt, au CDR, la structure chargée d’apurer les comptes de
l’ancienne banque publique. À l’origine, il y a le mandat confié au début des années 1990 par Tapie au Crédit Lyonnais : vendre ses sociétés, afin de pouvoir devenir ministre de François
Mitterrand. La banque va alors vendre la société Adidas, le fleuron du groupe Bernard Tapie, en dessous de sa valeur et surtout se la vendre en partie… à elle-même ! Avant de mettre en faillite
et en liquidation le groupe Tapie. Depuis cette époque, Tapie crie à l’escroquerie et tente par tous les moyens de récupérer ses sous.
Entre-temps, le Crédit Lyonnais a été privatisé, en 1999. Une fois de plus, la règle « nationalisation des pertes, privatisation des profits » est appliquée : via le CDR, c’est à l’État qu’il appartiendra d’éponger actifs pourris, créances douteuses et éventuelles indemnités pour préjudice qui pourraient être décidées par la justice. Le ministre qui signe ce potentiel chèque en blanc au détriment des finances publiques n’est autre que Dominique Strauss-Kahn. Côté procédures judiciaires, les rebondissements ont été nombreux : les différentes instances judiciaires donnent alternativement raison (partiellement) à Tapie ou le déboutent.
En 2007, Tapie se prononce vigoureusement en faveur de Nicolas Sarkozy qui, une fois élu, va lui manifester toute sa gratitude. Car, c’est à ce moment que survient la décision à l’origine du
scandale qui vient d’éclater. La « justice de la République » – comme ils disent… – est dessaisie au profit d’une justice privée, un « tribunal arbitral »… qui va s’empresser, en juillet 2008,
d’accorder à Tapie le jackpot : 390 millions, dont 45 pour préjudice moral ! Grande générosité et sens de l’humour…
Deux ans plus tard, un rapport d’information parlementaire ainsi qu’un rapport de la Cour des comptes révèlent le rôle de premier plan joué par la ministre de l’Économie. Ainsi, Christine Lagarde
a autorisé le recours à la procédure d’arbitrage et, une fois l’arbitrage rendu, laissé le CDR renoncer à tout recours en annulation, avant d’assurer elle-même dans les médias le service
après-vente d’une décision qui oblige à puiser dans les finances publiques – pourtant exsangues, non ? – pour arroser le nouvel ami de Sarkozy… Pour faire bonne mesure, les rapports révèlent
également quelques falsifications de documents de la part d’un dirigeant du CDR.
État de classe, président des riches
Quelques mois après l’explosion de scandales politico-financiers ayant accompagné les derniers mois de présence au gouvernement d’Éric Woerth, le mauvais feuilleton de l’indemnisation de Bernard
Tapie a donc un immense mérite pédagogique : éclairer pour un large public la nature de l’État et de ses sommets, ainsi que leur fonction dans la société capitaliste. Traditionnellement,
conservateurs, libéraux et partisans du système présentent l’État comme une institution neutre, garante de l’intérêt général. À quoi, ceux qui se réclament de la pensée critique socialiste –
notamment marxiste – rétorquent qu’il n’en n’est rien et que l’État défend en réalité non l’intérêt général mais des intérêts privés, minoritaires qui plus est : ceux de la classe dominante.
C’est-à-dire, sous le capitalisme, ceux de la grande bourgeoisie, propriétaire des grands moyens de production. Encore, dans cette approche, le terme « intérêts privés » est-il en général pris
dans un sens global, quasi abstrait : l’État est chargé de garantir l’ordre social, le maintien des conditions de l’exploitation capitaliste et, partant, la pérennité des profits pour la
bourgeoisie dans son ensemble, en tant qu’être collectif.
Avec le pouvoir sarkozyste et ses dérives mafieuses, l’avantage est que l’abstraction, le « collectif » et le « global » – qui se cachaient sous les expressions « classe dominante » ou
« bourgeoisie » – s’incarnent en quelques personnages, peu nombreux mais emblématiques, dont la principale caractéristique est d’être riches. Très riches, même. Et avides de le devenir plus
encore ! Désormais, le terme « intérêts privés » est donc à prendre au pied de la lettre, dans son acception quasi individuelle : le pouvoir d’État tout comme les ressources publiques sont
entièrement mobilisés au service de la défense des appétits et des intérêts matériels et financiers immédiats – et considérables – des amis du président. Au détriment, évidemment, des salariés et
des contribuables. Et au bénéfice des Bernard Arnault, François Pinault, Liliane Bettencourt, Martin Bouygues, Vincent Bolloré, etc. Et, plus récemment, de Bernard Tapie, donc. Allez : pour un
peu, on en deviendrait… anticapitaliste !
François Coustal
mercredi 30 mars 2011
Le second tour des cantonales a confirmé les caractéristiques du premier. L’abstention est restée à un très haut niveau. L’UMP a subi un magistral
revers et l’impact du FN s’est renforcé. Quant au PS, il n’a pu crier victoire tant son résultat est en demi-teinte.
Nouvel élément qui renforce les inquiétudes quant au poids de l’extrême droite dans la vie politique en France, son succès du premier tour et la présence de 402 de ses candidats au second tour,
n’a pas provoqué de sursaut « civique » de type anti-fasciste. Pire, si le FN n’a pas autant d’élus qu’il l’espérait1, il enregistre une progression moyenne de 10 % entre les deux tours dans les
cantons concernés. Il a attiré une partie des voix de droite du premier tour lorsqu’il était opposé à un candidat de gauche mais, même si c’est dans une moindre mesure, il a réussi aussi à capter
les voix de gauche du premier tour dans les cas du duel FN-UMP.
Les sondages pour les présidentielles, où l’abstention sera à coup sûr moindre, donnent des résultats supérieurs encore pour Marine Le Pen, ce qui souligne que l’extrême droite dispose de réserves potentielles. Il faut prendre cette menace au sérieux, tout en gardant raison. Le FN progresse, il cherche à provoquer une vaste recomposition politique à droite, mais il n’est fort heureusement pas en position de prendre le pouvoir seul.
La Sarkozye s’enfonce dans la crise. Non seulement les résultats de l’UMP sont très mauvais, mais les réserves qu’il prétendait avoir chez les abstentionnistes n’existent pas. Les voix qu’il
avait siphonnées à gauche et au FN sont retournées au bercail et le doute s’installe sur les capacités de Sarkozy à refaire le coup de 2007 en 2012. Résultat, les divisions apparaissent. Des voix
se font entendre pour préparer une alliance avec l’extrême droite dédiabolisée alors que d’autres préconisent un changement de candidat.
Et à gauche ?
Le PS bénéficie de la situation et le nombre de ses élus progresse. Mais il souffre lui aussi d’un gros déficit de crédibilité. La gestion de ses départements n’en fait pas une base de résistance
contre la politique d’austérité du gouvernement. Il ne parvient pas vraiment à incarner l’espoir de changement et à mobiliser les abstentionnistes. Quand il est opposé au Front de gauche ou à
Europe Écologie, ses résultats ne sont pas bons. Le PCF l’a par exemple emporté contre le PS à Aubervilliers et contre les Verts à Saint-Denis. C’est le signe de la recherche d’une alternative à
gauche du PS.
Le Front de gauche obtient 118 élus à l’issue du second tour. C’est un bon score dans le contexte, mais cela ne représente pas une percée. Les candidats de ce parti n’ont pas réussi à traduire
dans les urnes la puissance de la contestation sociale en mobilisant les abstentionnistes. Si l’on compare de cantonales à cantonales, on peut constater que le PCF parvient à enrayer son déclin2.
En 1979, il obtenait 22, 46 % des voix, soit 558 élus. En 2004 il obtenait 7, 79 % et 108 élus soit cinq de moins qu’en 2011. L’alliance du Front de gauche lui est utile. Pas de quoi tout de même
justifier les déclarations enflammées de Mélenchon.
62, 3 % d’électeurs se sont abstenu ou ont voté blanc et nul. C’est l’autre signe de la colère sociale contre un système en faillite. La facture de la crise du système capitaliste continue de
dégrader les conditions de vie et de travail des salariés. Crise sociale et crise écologique s’ajoutent pour discréditer le système et ceux qui le gèrent. Tout l’enjeu – immense – de la période
est de transformer le rejet individuel en force collective pour organiser la rupture. Cela passe par la mobilisation contre les réformes libérales et contre le nucléaire. Et cela passe aussi par
l’effort permanent d’organisation et de rassemblement des forces anticapitalistes. C’est la seule solution pour enrayer la poussée frontiste.
Fred Borras
1. Le FN obtient deux élus alors que Louis Alliot, bras droit de Le Pen, en espérait entre 10 et 50.
2. Sur les 118 élus que compte le Front de gauche, 113 sont des élus PCF.
Brest
06 42 22 96 37
brest.npa@gmail.com
Quimper
06 59 71 42 21
Le blog sur les
questions maritimes
Le blog de solidarité avec
Pour plus de détails voir les liens:
Soirée prisonniers palestiniens
mardi 16 avril
20H30
Maison des syndicats
Quimper Gourmelen
vendredi 19 avril
8 h 45
Fermez Cofrents
(pays Valencian)
Concert à Lannion
Dimanche 28 avril
Brennilis
Mardi 7 mai
Yves-Marie Le Lay,
Président de
Sauvegarde du Trégor
Douarnenez
Librairie l'Ivraie à 20h00