Pourquoi ? Comment ?
À l'origine de la grève, une histoire d'avancement ?
Oui. Chaque année, les promotions sont un moment attendu chez les pompiers du service départemental d'incendie et de secours (Sdis) du Finistère.
Une commission examine d'abord les candidatures et définit une date à laquelle un agent peut être promu au plus tôt. Jusqu'ici, l'usage voulait que ces nominations interviennent dès cette date,
sans attendre. Mais cette année, Didier Le Gac, le président du Sdis (et également maire de Lampaul-Plouarzel et conseiller général de Saint-Renan), a décidé de les repousser au
1er décembre, puis devant le tollé du personnel, au 1er septembre. Motif ?
« Nos financeurs sont les communes et le conseil général et ils ont des difficultés financières », justifie le patron du Sdis, le
Colonel Gilles Guilloux. Pour la CGT, le syndicat majoritaire au Sdis, ces arguments ne tiennent pas. Car les avancements ne représentent qu'une incidence « de
14 150 € sur un budget global de 150 millions d'euros », tonne Yannick Léal, secrétaire général de la CGT du Sdis. Le syndicaliste
fait aussi valoir que « le recul des avancements fait perdre 9 mois à certains agents. »
Un dialogue de sourds ?
En tout cas, un statu quo. D'un côté les représentants de la CGT déplorent « qu'aucune négociation n'ait été possible depuis le début du mouvement
avec la direction ». De l'autre, le patron du Sdis assure qu'il voudrait bien dialoguer. Mais que dans la mesure où « il n'y a aucune contreproposition, hormis dire
« il ne faut rien changer » », la situation reste bloquée.
Derrière ces histoires d'avancement, un malaise plus profond ?
Les pompiers se plaignent aussi « de gros problèmes de fonctionnement et de management dans les centres de secours, de pressions, de manques
d'effectifs, de souffrances au travail... », égraine Jacques Calvez, représentant CGT du personnel du centre de secours de Quimper. Mais le colonel Guilloux n'en démord pas :
« Il n'y a pas de perte d'emplois dans le département. Nous avons des unités de renfort (9 hommes, N.D.L.R.) qui peuvent intervenir dès qu'un
centre risque des problèmes de sous-effectifs. »
Le droit de grève des pompiers menacés ?
En grève, les pompiers continuent d'assurer les interventions de secours, de même que leur entraînement et l'entretien du matériel. Ils délaissent en revanche les
tâches « technico-administratives ». Et font savoir leur mécontentement par des banderoles dans les casernes... ou des inscriptions sur les véhicules, un point
d'ailleurs peu apprécié par la direction, qui a envoyé un courrier aux agents et un huissier pour constater « ces dégradations de matériel ».
Résultat, les inscriptions à la peinture blanche sur les camions rouges ont été enlevées. Mais Jacques Calvez s'interroge : « D'année en année,
on voit notre pouvoir de revendication diminuer. Bientôt on aura le droit de dire qu'on est en grève, mais on ne pourra plus rien faire. » Réponse du Colonel Guilloux :
« Les pompiers ont le droit de faire grève. Ce sont des fonctionnaires, pas des militaires. Mais sans mettre en cause les symboles ou signes distinctifs du service. Nous tolérons
qu'un sapeur porte un badge « en grève » ou qu'il y ait un panneau dans le fourgon. Mais barioler les véhicules peut amener un risque. »
La grève se poursuit ?
Oui. Hier, les délégués des centres de secours du Finistère se sont retrouvés à Brest. Ils ont décidé de poursuivre le mouvement. Ils ne veulent pas entendre
parler de contraintes budgétaires. « On est déjà le 9e département de France le plus bas en terme de coût par habitant,
insiste Yannick Léal. À force de tirer sur la ficelle, c'est la population qui va en pâtir. »