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Un nouveau chef
Désigné en octobre par la Commission exécutive de la Confédération générale du travail (CGT), Thierry Lepaon, succédera officiellement à Bernard Thibault, cette semaine, à Toulouse, devant un millier de délégués. Cet ancien soudeur de 53 ans, né à Caen, n'était pas le premier choix du secrétaire général sortant. Mais l'ancien cheminot, mis en minorité dans les instances dirigeantes de la centrale, a dû se résigner à un successeur de compromis. Thierry Lepaon aura fort à faire.
Assurer la relève
La centrale syndicale est dans la tourmente, même si elle reste, en voix, la plus puissante de France (33,8 % aux dernières élections prud'homales). « Le premier défi c'est de rendre la CGT accessible aux salariés des PME et très petites entreprises », souligne Thierry Lepaon. « Nous ne sommes pas équipés pour les accueillir. » La CGT est en effet confrontée à une hémorragie de ses adhérents. Ils étaient 2 millions en 1980. Moins de 700 000 aujourd'hui. L'objectif est de revenir à un million. Pas gagné. Un militant sur deux a aujourd'hui plus de 50 ans. En trente ans, le taux de syndiqués a été divisé par trois : il est aujourd'hui inférieur à 8 %.
Se réorganiser
Le congrès, qui se réunit tous les trois ans, doit décider de l'orientation politique (privilégier la lutte ou la négociation) et décider des stratégies d'alliance. L'autre défi du nouveau secrétaire général sera donc de constituer une direction rassurante (qui passera de huit à dix membres), pour apaiser les tensions internes et résorber les divisions.
La CGT doit également gérer ses relations exécrables avec la CFDT. Les deux centrales sont divisées au sujet de l'accord sur la sécurisation de l'emploi. Récemment des délégués CGT ont brûlé des drapeaux CFDT.
Contradictoire
Le nouveau secrétaire général a envoyé jusqu'ici des signaux opposés. D'un côté, soutien aux conflits les plus durs, dénonciation de l'accord du 11 janvier sur la réforme du marché du travail, critique du président socialiste François Hollande...
De l'autre, une double ouverture.
A l'image de cet entretien, la semaine dernière, dans Les Échos : « Je ne veux pas d'une CGT qui se contente de dire non [...] La CGT n'est pas et ne sera pas le bras armé du Front de gauche. » Mais la situation économique pousse ses troupes à la radicalisation. « On ne sait pas où en est la CGT aujourd'hui », résume Guy Groux, spécialiste des mouvements sociaux. La centrale devra très rapidement répondre à la question. Notamment sur la réforme des retraites et celle de l'État.
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